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LES
MOUSTIQUES
MŒURS ET MOYENS DE DESTRUCTION
PAR
E. fiJEQH,
INGÉNIEUR AGRICOLE,
ATTACHÉ AU MINISTÈRE DES COLONIES DE BELGIQUE
(2^ ÉDITION, REVUE ET MISE A JOUR)
DEUX MILLE EXEMPLAIRES DE CET OUVRAGE O^ft JETÉ SOUSCRITS
PAR LE MINISTÈRE DES COLONIES DE BEf.^QUE
-uns I)E^-^MET-VERTE\EU1L, Publ.sber et Printer
' iH.> TKint, HRl^SSELS (Belgivm).
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LES MOUSTIQUES
LES
MOUSTIQUES
MŒURS ET MOYENS DE DESTRUCTION
PAR
E. HEQH,
INGÉNIEUR AGRICOLE,
ATTACHÉ AU MINISTÈRE DES COLONIES DE BELGIQUE
(2^ ÉDITION, REVUE ET MISE A JOUR)
DEUX MILLE EXEMPLAIRES DE CET OUVRAGE ONT ÉTÉ SOUSCRITS
PAR LE MIXISZÊJfiE-^SSr-GQLQNIES DE BELGIQUE
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IJJIIS DEKMKT-VkRTKNEUlL, Publisher & Printer
fio-62. rue TKint, BRUSSET.S (Belgium).
3
AVIS AU LECTEUR
Cette nouvelle édition, publiée â la demande du service
médical de la Colonie, a été revue et mise complètement à jour,
en tenant compte des travaux les plus récents sur la matière.
Elle remplace la première édition, complètement épuisée.
Cette première édition, publiée â Londres en 1918 par les
soins du Service de l' Agriculture du Ministère des Colonies de
Belgique, portait le n° 4 dans la série d'études de Biologie
agricole éditées par ce Département et avait pour titre :
Comment nos Planteurs et nos Colons peuvent-ils
se protéger contre les moustiques qui transmettent des
maladies ?
Bruxelles, le 15 juin 1921.
Préface de la première édition.
Il semblait admis autrefois que le centre de l'Afrique, spéciale-
ment le Congo belge, était une région malsaine, que l'Européen ne
devait aborder qu'avec crainte.
Cette mauvaise réputation n'était nullement méritée. Le Congo
est, au contraire, une des contrées tropicales les plus salubres. Cette
qualité est attribuable à la grande élévation de notre Colonie.
A peine a-t-on quitté Borna et le port de Matadi, que le terrain
s'élève brusquement. Le Congo tout entier occupe un immense pla-
teau, situé à plus de 300 à 400 mètres au-dessus du niveau de la
mer et s'élevant par endroits à 1,000, 1,500 et même plus de
2,000 mètres.
Aussi le climat de la Colonie est-il modéré, agréable et très suppor-
table par l'Européen. Les pluies, même sous l'Equateur et dans la
saison la plus riche en averses, ne tombent en moyenne que tous les
deux jours et pendant quelques heures seulement.
Il y a vingt ans, faute de routes, de moyens de transport, de mai-
sons confortables et de bons aliments, la vie au Congo était dure et
parfois dangereuse. Ces conditions défavorables n'existent plus. Les
chemins de fer, les grands vapeurs, voire même les automobiles et
les bicyclettes, ont supprimé les fatigues des grands voyages. Les
habitations rappellent l'Europe : les hôtels se multiplient ; de nom-
breux magasins bien fournis se trouvent dans tous les centres et pré-
sentent, à des prix abordables, les mille et un objets nécessaires,
utiles ou agréables à la vie d'un homme civilisé.
Plus de 5,000 blancs habitent actuellement le Congo belge ; beau-
coup d'entre eux y résident depuis dix ou quinze ans, même plus,
sans que leur santé ait fléchi, par suite de ces longs séjours sous les
tropiques.
L'excellence du climat du Congo belge est d'ailleurs un sujet
d'étonnement et d'admiration pour les voyageurs étrangers qui s'y
rendent, après avoir eu l'expérience des Indes ou de la Côte occiden-
tale d'Afrique, où les conditions de vie sont bien moins favorables.
En fait, tout le Haut-Congo, c'est-à-dire la presque totalité de la
Colonie, jouit d'un fort bon climat. Et de toutes les villes du Congo,
8
la capitale, Bonia, est la seule où l'Européen rencontre souvent une-
température pénible.
Cependant, quelle que soit la modération du climat d'une région
tropicale, l'Européen doit toujours prendre dans les pays chauds cer-
taines précautions, simples, d'ailleurs, pour se préserver contre les-
indispositions et les maladies. Et c'est pour ne pas avoir pris ou
avoir ignoré ces précautions, que bien des Belges ont souffert autre-
fois de leur séjour dans la Colonie.
L'une des précautions les plus essentielles est d'éviter la fièvre, la
malaria, causée par les piqûres de moustiques. C'est la maladie la
plus commune et l'une de celles qui finit à la longue par nuire sé-
rieusement à la santé.
Les moustiques sont des insectes fort semblables à nos cousins-
d'Europe. Ils sont très répandus, mais leur destruction est relati-
vement facile, si l'on connaît leurs mœurs, les endroits où ils se
tiennent, les méthodes qui permettent de les détruire. Un bidon de
pétrole et quelques mètres de toile-moustiquaire permettent d'éloi-
gner cette engeance et de se préserver de ses attaques ; mais il faut
savoir comment s'y prendre.
11 y a de longues années que l'on combat les moustiques dans
beaucoup de pays d'Europe et dans les régions tropicales. L'expé-
rience acquise est considérable, les renseignements abondent. Mais
ils sont disséminés dans des centaines de livres, de brochures, dc^
revues, la plupart en langues étrangères. Ils sont pratiquement
inaccessibles aux colons.
Aucun ouvrage récent, en langue française, n'a été publié depuis
la guerre, bien que l'art de la destruction du moustique fasse con-
stamment des progrès incontestables.
Il fallait combler cette lacune et mettre entre les mains des colons
et planteurs belges un exposé clair, méthodique, complet, bien illus-
tré, de prix modéré, à la portée de tous.
M. E. Hegh venait d'écrire pour notre collection de biologie agri-
cole une brochure sur les Tsétsés, qui reçut l'accueil le plus flat-
teur dans les colonies voisines, comme au Congo. Il préparait, sur
les Termites, si nuisibles en Afrique, une étude pleine de renseigne-
ments précieux.
Nous lui avons demandé d'interrompre ce travail pen,dant quel-
ques mois, pour traiter d'abord celte question si essentielle pour les
planteurs belges : la lutte contre le moustique propagateur des
fièvres. Il s'est acquitté do cette tâche de la manière la plus con-
sciencieuse.
La lecture de ces pages intéressantes sera, pour les colons, un
enseignement et pour beaucoup d'entre eux une sauvegarde.
Edmond LEPLAE,
Directeur générai
Londres, le 1"" mars 1918.
SOMMAIRE
Pages
Préface 1
Introduction !•>
CHAPITEE I. — Le Danger des Moustiques 17
Quelles sont les maladies transmises par les moustiques? 17
Comment a-t-on découvert que les moustiques transmettaient la
malaria? IS
Quels sont les moustiques susceptibles de transmettre la malaria?... 19
Comment la malaria se développe-t-elle chez une personne piquée
par un moustique Anophèles infecté? : 20
Comment les moustiques Anophèles femelles s'infectent-ils et trans-
mettent-ils l'infection? 22
Quel est le moustique qui transmet la fièvre jaune? 24
Quelle est la distribution géographique du moustique de la fièvre
jaune? Existe-t-il au Congo? 26
Qu'est-ce que la filariose? Quels sont les moustiques propagateurs de
cette maladie et comment la transmettent-ils? 28
Autres maladies transmises par les moustiques 29
CHAPITRE II. — Description et Mœurs des Moustiques (Morphologie
et Biologie) 31
a) Aspect et Caractères distinctifs des Moustiques 31
Que sont les moustiques? 31
Quels sont les caractères particuliers des moustiques? 31
Quelle est la nourriture des moustiques adultes? 32
Les moustiques sont-ils les seuls diptères suceurs de sang? 33
Comment peut-on distinguer les moustiques des moucherons? 33
Comment peu-ton distinguer les se.xes chez les moustiques adultes? 34
Comment piquent les moustiques? 36
Quels sont les caractères intéressants de l'anatomie des moustiques? 37
Comment classe-t-on les moustiques? 38
Quelles sont les principales différences entre les moustiques Ano-
phèles et Culex'l 40
Quels sont les principaux caractères du Stegomyia fasciata et du
Culex {atigans? 43
b) Evolution des Moustiques. — Description et biologie des œufs,
larves et pupes 44
Où vivent les larves et pupes de moustiques? 44
Ponte et œufs de moustiques 52
Eclosion des œufs. Quelles sont les circonstances qui la favorisent
ou la retardent? 54
Quel est l'aspect des larves de moustiques? 56
10
Pages
Quels sont les principaux caractères des larves de Culex, Stegomyia
et Anophelesl Mode de respiration 56
Les larves des moustiques respirent-ellss seulement par les tubes
respiratoires? 60
Quelle est la nourriture des larves de moustiques? 62
Quel lest l'aspect des pupes de moustiques? 63
Comment s'effectue la sortie du moustique adulte? 64
Quelle est la résistance des larves et pupes aux conditions défavo-
rables à leur développement? (Salure, dessiccation, submer-
sion, températures basses et élevées) 66
Quelle est la durée totale du développement (cycle vital) des stades
larvaires des moustiques? 68
c) Mœurs des Moustiques adultes 69
1. — Anophèles ou moustiques de la malaria 69
Quand piquent les femelles d'Anophèles'! 69
La lumière artificielle exerce-t-elle une influence sur les moustiques? 70
Où se cachent les Anophèles pendant le jour? 70
Quelle est la durée normale de la vie des Anophèles adultes? 71
Hibernation et estivation 71
Quelle est la puissance du vol des Anophèles"? 72
Transport des Anophèles par les moyens artificiels 74
2. — Stegomyia fasciata ou moustique de la fièvre faune 75
Où et comment se nourrissent les femelles de Stegomyial 75
Quand les femelles de Stegomyia piquent-elles? 76
Quelle est la longévité des Stegomyial 76
Quelle est l'influence de la température sur le Stegomyia'! 77
Quelle est la puissance du vol du Stegomyial 78
Quelles sont les conditions de l'accouplement et de la ponte chez le
Stegomyia? Influence de l'alimentation sur la ponte 78
Transport du moustiqua de la fièvre jaune par les moyens artificiels. 80
CHAPITRE III. — Moyens de Protection et de Lutte contre les Mous-
tiques 81
a) Moyens de Protection contre la Piqûre des Moustiques 82
Choix d'une localité non infectée 82
Substances qui éloigneiit les moustiques 82
Emploi de lotions empêchant la piqûre des moustiques 82
Substances écartant les moustiques des animaux domestiquias 85
Remèdes contre les piqûres des moustiques 87
Emploi de plantes éloignant les moustiques 87
Moustiquaires et écrans de toile métallique 88
Emploi des moustiquaires 88
Aménagement des habitations sous les tropiques 96
Protection des habitations par des écrans de toile métallique '.î6
Placement d'écrans sur les citernes et autres récipients à eau de
pluie 100
Protection des navires contre les moustiques 105
b) Suppression des Sources d'Infection 10&
Protection des malades 106
Traitement par la quinine : 107
La prophylaxie du paludisme par le bétail 108
c) Moyens de Destruction des Moustiques adultes 110
Emploi des fumigations 110
Poudres de pyrèthre 110
Soufre 112
Mélange de camphre et d'acide phénique 112
Crésil et créoline 113
11
Pages
Cyanure de potassium 113
Autres substances 114
Emploi des pulvérisations de liquides culicides 115
Emploi des appareils de capture des moustiques 117
Pièges à main 117
Pièges fixes 119
Débroussements 121
Protection des ennemis naturels des moustiques adultes 123
d) Moyens de Destruction des Larves et Pupes de Moustiques 127
Recherche et traitement des réservoirs artiliciels 128
Recherche et traitement des réservoirs naturels 132
Différents types de réservoirs 137
Détermination de la présance des larves d'Anophèles dans
une masse d'eau 140
Comblement des dépressions 141
Drainage des parties marécageuses 142
Fossés ou drains 143
Entretien des fossés et conduites bétonnées 149
Drainage par drains souterrains 150
Mode d'exécution des travaux de drainage 150
Nettoyage de la végétation 150
Irrigations et malaria 150
Alternance des écoulements d'eau 151
Emploi du pétrole et d'autres substances larvicides : 151
Action du pétrole sur les larves 152
Choix du pétrole à employer 155
Rapidité d'évaporation du pétrole dans les contrées chaudes.
— Expériences faites en Afrique occidentals 156
Quand faut-il appliquer le pétrole? 157
Quelles sont les quantités de pétrole à employer? 158
Modes d'épandage du pétrole 158
Méthodes continues 159
Méthodes intermittentes ou discontinues 160
iMaintien de la nappe de pétrole 161
Traitement au pétrole des réservoirs artificiels 162
Larvicides autres que le pétrole 162
Savon larvicide employé à Panama 163
Expériences sur l'emploi comme larvicides, du savon mou, de
la naphtaline '8t de l'eau de mer 163
Expériences sur l'action du chlore et du lysol 164
Essais d'autres larvicides 164
Destruction de la nourriture des larves 172
Culture de certaines plantes aquatiques pour la destruction
des larves 173
Ennemis des larves et pupes de moustiques 173
Introduction de poissons culiphages 174
Introduction des « Millions » 174
Les Top-Minnows 176
Autres poissons culiphages américains 178
Procédés de conservation et de transport des poissons culi
phages 179
Poissons culiphages indiens et malais 180
Poissons culiphages africains 181
Oiseaux aquatiques 183
Têtards — Insectes aquatiques 184
Autres 'ennemis des larves — Maladies et parasites 185
Mode d'exécution des mesures antilarvaires 187
Précautions à prendre contre la malaria lors de la construc-
tion des chemins de fer 188
Législations antimalariales 190
12
Pages
CHAPITRE IV. — Quelques Résultats des Mesures prises contre les
Moustiques 191
La campagne contre les moustiques à La Havane 191
Résultats des deux campagnes à La Havane 192
La campagne contre les moustiques dans l'isthms de Panama et ses
résultats 193
CHAPITRE V. — Méthodes de Récolte, de Conservation et d'Etude
des Moustiques 197
a) Récolte, conservation et expédition des spécimens de moustiques... 198
Objets nécessaires 198
Capture des spécimens de moustiques 200
Comment tuer les moustiques capturés? 200
Modes de conasrvalion des moustiques — Nombre de spéci-
mens requis 201
Comment faut-il piquer les moustiques? 201
Conservation à l'état sec sans piquage « 202
Attaque des spécimens par les insectes et les moisissures 202
Récolte et conservation des spécimens d'œufs, larves et pupes
de moustiques 203
Annotation des observations " 204
Emballage et expédition en Europe 205
bj Recherche des moustiques Anophèles infectés. — Elevage des
moustiques au laboratoire 206
Capture et traitement préliminaire des moustiques Anophèles
infectés, en vue de la dissection 206
Dissection des glandes salivaires 207
Examen des glandes 208
Coloration des sporozoïtes 208
Dissection de l'intestin moyen (estomac) 209
Coloration des zygotes 210
Eut de l'élevage des larves de moustiques au laboratoire 210
Récolte des larves et pupes pour l'élevage au laboratoire 211
Transport des larves et pupes 211
Conservation en vie des larves de moustiques au laboratoire. 211
Conservation en vie des moustiques adultes 212
Résumé —
Principales mesures de protection à prendre dans les pays
chauds contre les moustiques qui transmettent des mala-
dies 214
Appendic
Ciel pour la détermination des espèces africaines d'Anophèles. 217
Répartition géographique des espèces africaines d'Ano-
pheles 221
Bibliographie-
1 — Liste des ouvrages et travaux cités 223
2 — Ouvrages généraux 234
3 — Mémoires publiés par l'Ecole de Médecine tropicale de
Liverpool 235
4 — Périodiques 236
IN^TRODUOTION
Celte brochure a pour but de faire connaître les divers moyens de
combattre les moustiques qui transmettent la malaria et d'autres
maladies tropicales.
Comme on pourra en juger par la lecture du chapitre III, ces
moyens sont actuellement fort nombreux et d'ordre très divers. Cer-
tains sont économiques et d'application facile, mais leur effet n'est
que momentané. D'autres sont plus coûteux et d'exécution plus dif-
ficile, mais leur portée est plus générale et ils aboutissent à l'assai-
nissement complet el permanent d'une localité, ou même d'une ré-
gion. Comme toujours, les résultats sont proportionnés aux efforts
et si l'on choisit avec soin le procédé qui paraît le plus approprié,
■si l'on en poursuit l'exécution avec méthode et esprit de suite, la
réussite est certaine.
Mais pour bien connaître les moyens de combattre un insecte nui-
sible, il faut avant tout étudier sa morphologie et ses mœurs. En
d'autres termes, il faut se baser sur l'entomologie. C'est ce que nous
ferons pour les moustiques, dont nous décrirons en détail les carac-
tères morphologiques, l'histoire naturelle et les mœurs d'évolution.
Tant que nous sommes restés dans le domaine de l'entomologie
et de la technique, notre tâche a été relativement facile, mais nous
avons dû inévitablement effleurer tout au moms des questions qui
se rattachent directement aux sciences médicales. Or, les travaux
sur les maladies transmises par les moustiques et surtout sur la
malaria abondent et l'on peut dire qu'il en paraît journellement de
nouveaux. Comment fixer dans un petit traité de vulgarisation un
sujet aussi changeant?
Nous nous sommes donc strictement bornés aux généralités et
nous avons emprunté à des autorités scientifiques reconnues les quel-
ques définitions nécessaires à la clarté de nos explications.
De plus, grâce à l'aimable intervention de M. le professeur Robert
Newstead, de la célèbre Ecole de Médecine tropicale de Liverpool,
M. H. F. Carter, son assistant à la chaire d'entomologie médicale,
qui s'est spécialisé dans l'étude des moustiques pathogènes, a bien
voulu se mettre à notre disposition pour reviser nos premiers cha-
14
pitres. Nous lui réitérons ici nos remerciements pour l'aide précieuse
qu'il nous a ainsi prêtée.
La littérature sur les moustiques qui transmettent des maladies
est très riche. Il existe beaucoup d'ouvrages récents sur ce sujet et
le nombre d'études et d'articles qui paraissent dans les revues spé-
ciales est considérable. Quoique le nombre de travaux de langues
diverses, que nous avons consultés, soit plutôt élevé, nous sommes
loin encore d'avoir épuisé le sujet. Du reste, cela n'était pas, pensons-
nous, nécessaire, notre but n'étant que de donner des indications
pratiques, à la portée de notre public colonial.
Nous devons de vifs remerciements à M. le Dr Guy A. K. Marshall,
dii'ccteur du Bureau Impérial d'Entomologie au British Muséum de
Londres, pour l'assistance qu'il nous a prêtée dans nos études de
documentation et les utiles renseignements qu'il a bien voulu nous
fournir.
Pour la rédaction du chapitre traitant des poissons faisant leur
proie des larves de moustiques, M. le Dr G. A. Boulenger, conserva-
teur au British Muséum, très connu de tous nos coloniaux pour ses
travaux sur la faune congolaise, a bien voulu nous indiquer quelles
étaient les espèces de petits poissons congolais les plus intéressantes
à ce point de vue. No:us le remercions également de nous avoir com-
muniqué les clichés qui accompagnent cette partie de notre travail.
Parm.i les ouvrages qui nous ont été les plus utiles, nous citerons
en premier lieu les traités actuellement classiques de Sir Ronald
Ross et de M. le Dr L. 0. Howard. Nous avons également puisé un
grand nombre de renseignements pratiques sur les moyens de com-
battre les moustiques dans un volume récemment paru, Mosquito •
Control in Panama, où les auteurs, MM. J.-A. Le Prince et A.-J.
Orenstein, exposent d'une façon claire et méthodique, les moyens
qui ont été mis en œuvre avec tant de succès à Panama, pour dé-
truire les moustiques et enrayer la propagation de la malaria et de
la fièvre jaune.
Plusieurs auteurs nous ont fort obligeamment accordé l'autorisa-
tion de reproduire des clichés de leurs ouvrages. C'est à ce titre que
nous devons des remerciements à M. le Dr L. 0. Howard (Washing-
ton), M. le professeur J. W. W Stephens (Liverpool), MM. J.-A, Le
Prince et A.-J. Orenstein (Nouvelle-Orléans), ;M. Malcolm Watson
(Malaisie), M. le professeur William B. Herms (San Francisco), M. le
Dr G. A. Boulenger (Londres), MM. Walter Scott Patton et Francis
W. Cragg (Indes anglaises), la Direction du Bulletin de la Société de
Pathologie exotique, de Paris, la South AIrican anti-malorial Associa-
lion, de Johannesburg (Afrique australe) et la Direction du British
Muséum, Natural History, de Londres.
Afin de permettre au lecteur de trouver de suite les renseignements
qu'il recherche, nous avons divisé les cinq chapitres de la brochure
en un grand nombre de petits paragraphes, dont les titres sont ré-
digés le plus souvent sous forme de question.
De plus, nous avons fait suivre le cinquième chapitre d'un court
résumé indiquant sommairement les principales précautions à.pren-
15
dre pour éviter la contamination par la piqûre des moustiques. Ce
résumé a été fait pour rendre service au plus grand nombre de per-
sonnes possible.
Enfin, la bibliographie qui termine ce travail donne, en plus des
travaux consultés, une liste des ouvrages généraux et des princi-
pales revues périodiques, traitant des moustiques et des maladies
qu'ils transmettent.
Bruxelles, le 15 juin 1921.
E. HEfxH.
CHAPITRE I
LE DANGER DES MOUSTIQUES.
Les moustiques se rencontrent sous tous les climats. Ils sont abon-
dants dans les régions arcliciues comme dans les régions chaudes,
partout où existent des milieux favorables à leur multiplication. Dans
les contrées tropicales toutefois, ils pullulent et sont très nuisibles,
non seulement par leurs désagréables piqûres, mais surtout par la
transmission de fièvres et autres maladies.
Quelles sont les maladies En Afrique tropicale, la principale mala-
transmises par les nions= ^-^ transmise par les moustiques est la ma-
''^"^^ laria ou fièvre des marais. Cette fièvre sévit
avec plus ou moins d'intensité dans toutes les régions à climat chaud,
spécialement après les pluies, et dans le voisinage des terrains maréca-
geux. C'est la plus commune de toutes les affections tropicales et celle
qui, proportionnellement, atteint le plus la population blanche. Elle
affaiblit l'organisme des personnes qui en souffrent et les rend moins
résistantes à d'autres maladies. L'hématurie est une de ses suites les
plus dangereuses.
Une autre affection la lièvre {aune, qui pendant longtemps a été
considérée comme le plus terrible fléau des régions tropicales et sub-
tropicales de l'Amérique, est également transmise par les moustiques,
ou plutôt par la femelle d'une seule espèce, le Stegomyia fasciata ou
moustique tigre, désigné par les Américains sous le nom d'Aedes
calopus, Meig.
Le Congo belge a été jusqu'à présent à peu près exempt de fièvre
jaune (*) quoique la présence du Stcgomya (asciata ait été signalée
en beaucoup d'endroits. Ce moustique est commun dans diverses con-
trées africaines,- et surtout en Afrique occidentale, où la fièvre jaune
paraît régner à l'état endémique (**).
Mais là ne s'arrête pas le danger des moustiques ; ces insectes sont
(») En septembre 1917, quelques cas de fièvre janne se sont déclarés à Matadi, sur
le Bas-Congo. Grâce aux mesures hygiéniques immédiatement prises, la maladie fut
vite enrayée. Aucun cas ne s'est plus produit depuis.
(**) Il paraît actuellement admis que la fièvre jaune est endémique en Afrique
occidentale, ou tout au moins dans certaineiS parties de cette contrée. Elle y existe
probablement depuis un siècle ou plus.
2
18
encore responsables de la transmission de la lilariose, dont une des
formes, Véléphantiasis, est commune dans les régions tropicales de
l'Afrique et occasionne notamment un développement anormal de
certaines parties du corps, et de la lièvre denguc, sorte de grippe
épidémique, qui règne également dans notre Colonie.
Comment a=t=on découvert Comme l'indiquent les noms de fièvre des
que les moustiques marais, fièvre paludéenne, paludisme, qui
transmettaient la mala= , ' - » i ' . i T •
fja j sont communément donnes a la malaria,
cette maladie sévit surtout dans les régions
marécageuses, et l'on croyait autrefois que les émanations ou les
miasmes des marais en étaient la cause originelle.
En réalité, la malaria est occasionnée par des micro-organismes
parasites, qui vivent dans le sang de l'homme, se nourrissant des
globules rouges, et qui sont transmis des personnes malados aux per-
sonnes saines, par l'intermédiaire de certains moustiques.
C'est en 1880 que le grand savant français Laveran, alors médecin:
militaire en Algérie, découvrit l'organisme de la malaria. Dix-sept
années plus tard, l'illustre major anglais Ronald Ross (170'') (*), deux
fois, depuis, titulaire du prix Nobel pour sa découverte, se trouvant
aux Indes, démontra d'une manière indiscutable, après de longues et
patientes recherches, le rôle important joué par les moustiques dans
la transmission de la malaria, et l'on peut dire que c'est là un des plus
grands services qui ait été rendu à la cause de l'humanité. (**).
En 1900, mettant en pratique les indications de Sir Patrick Man-
son (137), les docteurs Sambon et Low construisirent à Ostie, dans
la campagne romaine, une hutte protégée contre les moustiques, dans
laquelle ils vécurent, sans contracter la maladie, durant les mois où
la malaria sévissait av(?c le plus d'intensité. Une contre-épreuve fut
faite, en envoyant à Londres des moustiques infectés, capturés à Ostie.
Le fils du D"" Manson, le D'' P. Thurburn Manson, et M. George Warren
se laissèrent piquer et devinrent bientôt malades de la fièvre. La preuve
de la responsabilité des moustiques était définitivement établie.
Il ne nous appartient pas de parler ici des multiples recherches qui,
dans tous les pays civilisés, ont été la suite logique de ces premières
découvertes. Le nombre de travaux actuellement publiés sur la
matière est considérable. Des résultats pratiques d'une importance
exceptionnelle ont été obtenus, puisqu'on possède actuellement des
moyens efficaces de lutte contre le parasite et surtout contre les insec-
tes qui le transmettent.
(*) Afin d'éviter de surcharger le texte par de longues références, nous faisons sui-
vre d'un numéro d'ordre, les noms des auteurs cités. Ce numéro d'ordre correspond au
classement des travaux dans la bibliographie qui termine \e présent ouvrage.
(**) D'après M. C. Nicolle (157) le rôle des moustiques dans la transmission du
paludisme était déjà suspecté en 1774. En effet, on peut lire dans » Voyage en Dalma-
tie », par Jean-Baptiste de Fortis, traduction publiée à Berne en 1778 (Vol. II, p. 216-17),
que tous les habitants de la partie basse de la Narenta dormaient sons des tentes
pour se protéger contre les moustiques. Un prêtre dit à l'auteur qu'il soupçonnait que
les fièvres, dont les habitants de ce pays souffraient fortement, avaient pour cause la
piqûre de ces insectes qui, après s'être nourris sur une carcasise pourrie ou une plante-
vénéneuse, venaient attaquer 1*6 hommes.
19
Quels sont les moustiques Quoiqu'on connaisse actuellement environ
S?.",a' malartaf "" l'^OO espèces de moustiques et qu'on en
découvre constamment de nouvelles dans
toutes les parties du monde, la plupart sont inoffensives au point de
vue de la transmission des maladies. En réalité, la malaria n'est pro-
pagée que par les lemellcs adultes d'un genre spécial de moustiques,
1rs Anophèles, et même toutes
les espèces d'Anophèles ne sont
pas susceptibles d'introduire dans
le sang de l'homme le germe de
la fièvre.
Voici une liste des espèces
d'Anophèles connues comme
transmettant la malaria, que nous
devons à l'obligeance de M. H. -F.
Carter, de l'Ecole de Médecine
tropicale de Liverpool.
EuRorE : Anophèles maculipen-
nis, Mg. (voir fig. i) ; A. bilur-
catus, L. ; A. (Myzomyia) hispa-
niola, Théo.
x\siE et Malaisie : Anophèles
(Myzomyia) culicifacies, Giles ;
A. (Myzomyia) Lisloni, Liston;
A. (Myzomyia) lurkhudi. Liston;
.4. (Myzorhijnchiis) barbirostris, v.
der Wulp ; A. (Myzorhijnchus) si-
. ^ , ,. . nensis, Wied ; A. (Myzorhnnchus)
Y\s. 1. — Anophèles macuhpennis , ' rru ' t /v i
Mg. femelle. - L'agent de transmis- umbrosus, Théo; A. (^qjssorhyn-
sion de la malaria dans le Sud de chus) maculipalpis, Giles; .4.
l'Europe. — Dimensions quadruplées. (.\'yssorhynchiis)' Theobaldi, Gi-
les ; A. (Nijssorhynchus) [uligi-
no&ns, Giles ; .4. (\eoceliia) Stephensi, Liston ; .4 (?) (*) lormosaensis,
Tsuzuki ; .4. (Neocellia) Willmori, .lames (**\
Afrique : Anophèles (Mysomyia) hispaniola, Théo ; .4. (Myzomyia)
funestus, Giles; A. (Pyrelophorus) costalis, Loew. ; .4. (Myzomyia)
alg':Ticnsis, Théo; .4. (Myzomyia) cuHcifacies, Giles; A. (Myzo-
rhynchus) umbrosus, Théo; A. (^'yssorhynchus) maculipalpis, Giles;
.4. (Cellia) pharoensis, Théo (***).
Australie : Anophèles (\'yssorhynchus) annulipes, Walker.
(*) La validité et la position systématique d'Anophèles formosaensis Tsuzuki, sont
(«) D'après W. H. Swellengrebel, W. Schuffner ert J. M H. SweUengrebel-De
Graaf, Anophèles Liidlowi est, aux Indes néerlandaises, le plus dangereux agent de
transmission de la malaria. (Meded. BuTgerlijk Geneesk. Dienst, NederL-Indie,
Batavia, 1919, n' 3, pp. 1-64).
(*«) Nous y ajoutons, d'après le Capt P. H. Bahr (U), et d'après G. Storey (196),
les espèces suivantes, signalées en Egypte: A.(Myzomyia)tuTkhudi, Liston ; A. palesti-
nensis (Sergenti), et A. bifurcatus ; ce dernier moustique parait être ua des plus dan-
gereux propagateurs de la malaria.
20
Amérique du Nord : Anophèles punclipcnnis, Say ; A. crucians,
Wicd ; A. quadrimaculatus, Say.
Amérique centrale et du Sud : Anophèles pseudopunctipennis, Théo;
A. (Cellia) albimanus, Wied ; A. (Cellia) argijrotarsis, R. D. ; A. (Cel-
lia) larsimaculatus, Goelcii ; A. (Cyclolep.) iniermedius , Pery ; A. (Arri-
balzagia) pseudomaculipes, Pery.
Parmi les espèces malariales africaines lAnophcles lunestus, Giles
(voir fig. 21) ; A. costalis, Loew (voir îig. 21); A. pharocnsis, Théo;
A. unibrosus,, Théo, et A. maculipalpis , Giles, ont été signalées comme
existant au Congo belge (*). Ce sont donc ces espèces qu'il importe
surtout de combattre dans notre Colonie.
Les caractères qui distinguent les moustiques Anophèles (adultes
et larves) des autres moustiques sont donnés plus loin, pages 40 à 43.
Ils permettront aux planteurs et aux colons de déterminer, dans la
région qu'ils habitent, la présence des insectes suspects de propager
les fièvres.
Pour ceux qui désirent pousser plus loin les recherches, nous don-
nons en annexe, à la fin de la présente brochure (p. 217) une clef
pour la détermination des espèces africaines d'Anophèles, dressée par
M. F. W. Edwards, B. A., F. E. S., du British Muséum (Natural His-
tory) de Londres (59).
Comment la malaria se Les parasites qui occasionnent la maladie
déveioppe^t^eile chez une ^.^^^^^^ j^^ j malaria, fièvre des
personne piquée par un ... . ■,^,
moustique Anophèles in= marais, paludisme, etc., et ses variétés, ap-
fecté ? pelées fièvre intermittente, fièvre rémit-
tente, fièvre pernicieuse ou maligne, sont
des organismes microscopiques, dont le corps est formé d'une seule
cellule et que l'on désigne sous le nom de Plasmodium. Ils appartien-
nent à l'ordre des Protozoaires, classe des Telosporidies, sous-classe
des Hémosporidies, et ont besoin, pour se développer complètement, de
deux milieux : le sang de l'homme dont ils détruisent les globules
rouges, et le corps de certains moustiques.
Voyons d'abord succinctement ce qui se passe dans le sang d'un
homme sain, qui est piqué par un moustique Anophèles femelle infecté
et capable de communiquer la maladie. La description ci-dessous est
(*) MM. Newstead, Dutton et Todd (155), ont récolté Lee Anophèles suivants dans
des localités du Congo belge :
A. costalis, à Zambi, Borna, Matadi, Tumba, Wathen, Léopoldville, Kitoto, Tumba
(au-dessus de Lukolela), Irebu, Coquilhatville, Bamania, Lutongo, Nonvellô-Anvers,
Bokanga, Lisala, Bumba, Yambinga, Stanley-Falls, Benabuningu, Lokandu, Semdwe,
Makuta, Kasongo, Tshofa, Lusambo.
A. marshalli, à Borna, Léopoldville, Coquilhatvil'e, Yambinga.
A. fiinestiis, à Zambi, Borna, Matadi, Wathem, Katombe, Lusambo.
A. mauritianus, à Borna, Léopoldville, Ile Bamu, Bamania, Eala, Barombu, Kum-
ba, Kasongo, Lusambo, Zambi, Borna.
A. pharoensis, à Borna.
D'autre part, M. le D' J. Bequaert (Mission scientifique du Katanga, 1910-12) (14)
a récolté Anophèles funestus à Kasongo, Bukama et dans tout le Katanga, A. costalis
à Nyangwe, et A. Welcomei, à Bukama.
Enfin, M. Le D' Schwetz (181), étudiant les moustiques de Kabinda (Lomami), dit
que les Anophelidés sont relativement très rares dans cette localité (850 m. d'altitude),
tant à l'état adulte dans les maisons et aux alentours de oellos-ei, qu'à l'état larvair*
dans les récipients d'eau stagnante. Les quelques exemplaires qu'il a capturés sont
des A. (Myzomyia) funestus, Giles.
21
empruntée presque complèlcnieul à la brochure « Some Fuels about
Malaria », de M. le Dr L. 0. Howard (95), Chef du Bureau d'Entomo-
logie du Département de l'Agriculture des Etats-Unis.
Par la piqûre, les formes jeunes du parasite sont introduites dans
la blessure, en même temps qu'une certaine quantité de sécrétion
salivaire, et s'échappent dans le sang.
Chacune de ces formes jeunes pénètre ensuite dans un globule
rouge, y vit et y poursuit son développement.
Lorsque celui-ci est terminé, chèque parasite se divise et produit
ainsi un certain nombre de spores qui s'échappent dans le plasma
sanguin et pénètrent dans des globules nouveaux. Ce mode de propa-
gation peut se poursuivre pendant des années.
Quoiqu'il n'y ait que quelques parasites introduits par la trompe
du moustique, le nombre de ceux-ci s'accroît rapidement, jusqu'à ce
que des millions et des millions existent dans le sang.
Au début, lorsque la quantité de micro-organismes est encore faible,
une personne infectée peut rester apparemment en bonne santé, mais
dans la suite, le nombre des parasites étant devenu suffisamment
élevé, elle commence à souffrir de la fièvre.
Les parasites tendent à produire tous en même temps leurs spores,
et c'est au moment où ces spores se répandent presque simultanément
dans le sang, que la fièvre débute.
Cette fièvre est probablement occasionnée par une petite quantité
de poison qui s'échappe de chaque parasite, en même temps que les
spores.
Après une période d'une durée de six à quarante heures et plus, le
poison est éliminé de l'organisme du patient et la fièvre tend à le
quitter.
Entre-temps cependant, une nouvelle génération de parasites, issue
des premières spores, approche de la maturité, et lorsque celle-ci est
atteinte, il y a une nouvelle émission de germes, qui occasionne un
accès de fièvre, analogue au premier. Ceci peut se continuer pendant
des mois et des mois, les accès de fièvre se succédant à des intervalles
réguliers.
Toutefois, il se produit souvent, comme résultat d'infections répé-
tées, que la nouvelle attaque commence avant que la première ne soit
terminée, et dans ce cas, la fièvre continue sans interruption. Il peut
se faire qu'après un certain temps, même sans traitement, le nombre
de parasites diminue et qu'il n'y en ait bientôt plus assez dans le sang
pour provoquer la fièvre ; dans ce cas, l'état du malade s'améliore
temporairement.
Généralement cependant, l'accroissement du nombre de parasites
reprend tôt ou tard, et le patient souffre à nouveau d'une série d'accès
fiévreux. Ces rechutes sont souvent facilitées par la fatigue, la cha-
leur, les refroidissements, les excès et les maladies et peuvent surve-
nir longtemps après la première infection par le moustique, et même
lorsque le patient a quitté les localités infestées pour habiter une région
où la malaria ne sévit pas.
En plus de la fièvre, les micro-organismes de la malaria peuvent
22
encore occasionner, surtout chez les patients ayant déjà subi plusieurs
rechutes, une anémie générale et une hypertrophie de la rate.
Les personnes atteintes de la malaria, ayant un organisme affaibli
par les parasites, résistent moins à d'autres maladies, telles que la
pneumonie et la dysenterie, et en meurent souvent.
Les micro-organismes de la malaria sont au moins de trois espèces,
faciles à distinguer dans le sang, lorsqu'on en fait des préparations
microscopiques. Ce sont : (1) un parasite qui produit ses spores tous
les trois jours et occasionne ce qu'on appelle la fièvre quarte (C'est le
Plasmodium îiialariae de Laveran; ; (2) un parasite qui donne des
spores tous les deux jours et cause la fièvre tierce (Plasmodium vivax,
Grassi et Feletti) ; (5) des parasites qui occasionnent la fièvre maligne
ou malaria pernicieuse, maladie de marche très irrégulière, entraînant
souvent des complications dangereuses (Plasmodium lalciparum,
\\ e\ch^ Lavcrania malarise, Grassi et Feletti).
Il est à noter que des parasites semblables se rencontrent fréquem-
ment dans le sang d'autres mammifères, spécialement des singes,
ainsi que dans celui de nombreuses espèces d'oiseaux.
Administrée en temps utile, la quinine tue les micro-organismes de
la malaria, mais généralement la destruction des parasites dans le
corps n'est complète que si le remède est appliqué pendant plusieurs
mois, à doses suffisamment fortes. Aussi longtemps qu'un seul para-
site reste dans le sang, des rechutes sont à cz^aindrc.
Comment les moustiques Nous venons d'examiner comment le
Anophèles femelles s'in- micro-organisme de la fièvre malariale vit
fectentuls et transmet^ , ,,^, , , , .. ^
tentais l'infection ? ^^ se développe dans le sang des patients.
Voyons maintenant, en suivant toujours la
description du C Howard (93), comment il poursuit son évolution
dans le corps des moustiques et comment ceux-ci le communiquent
finalement aux personnes saines.
En dehors des formes produisant des spores, il arrive un moment
où le parasite de la malaria se développe en individus mâles et femelles
(formes sexuées en croissant), et lorsqu'un des moustiques Anophèles
femelles, susceptibles de transmettre la malaria, se nourrit sur un
malade dont le sang contient ces micro-organismes, ceux-ci sont aspi-
rés, en même temps, dans l'estomac du moustique.
Si les formes sexuées sont présentes, celles de sexe différent s'unis-
sent aussitôt. Le parasite subit ensuite certains changements dans
l'estomac de i'insecte, et l'œuf fertilisé ou zygote qui en résulte, devient
mobile et, passant au travers des parois stomacales, va se fixer fina-
lement sur la surface extérieure de ces dernières. Dans cette situation,
il se développe très fortement et, si les conditions sont favorables,
produit après une semaine, un nombre considérable de spores libres
et mobiles.
Ces spores s'échappent dans la cavité générale du corps du mousti-
que et atteignent les glandes salivaires. Ces glandes sécrètent un fluide
irritant, qui est injecté sous la peau humaine, lorsque le moustique
commence à se nourrir.
Ainsi donc, un moustique Anophèles femelle, qui s'est nourri sur
un malade dont le sang contient les formes sexuées du parasite, peut,
23
une semaine plus tard, en piquant une autre personne, injecter sous
sa peau et généralement dans son sang, et la salive et les spores viru-
lentes. Ces dernières occasionnent ou peuvent occasionner une infect-
tion ou une réinfection de la seconde personne.
Donc les parasites malariens passent d'homme à homme par l'in-
termédiaire de certains moustiques Anophèles, et il en résulte que la
malaria est une maladie infectieuse transmise des personnes malades
aux personnes saines, par ces insectes, et que ce n'est que de cette
façon que la maladie peut être contractée.
Comme nous l'avons dit, on croyait autrefois que c'étaient les
miasmes ou les émanations des marécages qui occasionnaient le
paludisme.
Des recherches minutieuses dans l'air, l'eau, la végétation décom-
posée et le sol des régions contaminées, n'ont jamais permis de décou-
vrir les parasites malariens, et des essais d'infection à l'aide de ces
agents n'ont jamais réussi. Mais il est vrai, d'autre part, que les
moustiques qui transmettent les parasites passent leurs stades de
larve et de nymphe dans l'eau des marais, des étangs et des cours
d'eau, et que c'est de ces milieux de développement qu'ils émergent
à l'état parfait, pour entrer dans les demeures voisines et se nourrir
la nuit sur les habitants, piquant l'une personne après l'autre, et
vivant pendant des semaines ou des mois.
S'il se fait qu'une personne atteinte de la fièvre malariale se trouve
dans l'une de ces habitations, les femelles d\Anopheles s'infectent et
peuvent ainsi communiquer la maladie à d'autres personnes et dans
les maisons voisines. Ainsi toute une localité peut devenir malariée.
Il est facile, dans de telles localités, de trouver les parasites de la
malaria dans les moustiques des espèces propagatrices. Parfois jusqu'à
25 pour cent et plus des spécimens disséqués sont infectés.
Dans les localités malariées, les moustiques Anophèles piquent les
enfants sains et infectent bon nombre d'entre eux. Si ces enfants ne
sont pas soignés d'une façon rationnelle, ils restent contaminés pen-
dant des années, peuvent devenir anémiques, avoir la rate hypertro-
phiée et servir de foyer d'infection pour d'autres.
L'on a trouvé que dans ces localités malariées, presque tous les
enfants contiennent dans leur sang les parasites de la malaria et
ont une rate anormalement développée.
Par conséquent, dans de telles localités, les parasites sont constam-
ment transmis par l'intermédiaire des moustiques, des enfants les
plus âgés ou des personnes adultes aux enfants nouveau-nés, et l'in-
fection malariale peut rester y subsister pendant de nombreuses
années, voire même indéfiniment.
De même, une personne nouvellement arrivée dans ces endroits
malariés s'infectera probablement bien vite, surtout si elle dort, ne
fût-ce qu'une nuit, dans une maison contaminée, à l'époque où les
mousliques volent et piquent. D'autre part, une localité n'est malariée
que si elle habitée par des personnes qui possèdent dans leur sang
les parasites de la malaria, et s'il y a un nombre suffisant de mousti-
ques des espèces propagatrices, pour transmettre l'infection aux per-
sonnes saines.
24
Quel est le moustique qui
transmet la fièvre jaune?
La fièvre jaune est une maladie particu-
lière aux régions tropicales. Son origine est
douteuse : l'opinion anciennement admise
est qu'elle aurait pris naissance au Mexique ou aux Antilles et qu'elle
se serait propagée, par l'intermédiaire de la navigation, dans toutes
les régions continentales voisines : Sud des Etats-Unis, Amérique cen-
trale. Panama, Amérique du Sud, ainsi que dans certaines parties
de l'Afrique (Afrique occidentale). D'autres auteurs sont d'avis, que
c'est cette dernière contrée qui est le lieu d'origine de la fièvre
jaune (*). Quoi qu'il en soit, cette maladie est caractérisée par une
fièvre de plus en plus intense, ainsi que par des maux de tête et des
douleurs de dos ; dans la plupart des cas, la fièvre est suivie, au bout
de trois ou quatre jours, par une coloration jaune de la peau (d'où son
nom de fièvre jaune) et par des vomissements noirs (vomito-negro).
Jusqu'en ces tout derniers temps, l'étiologie de la fièvre jaune
était encore inconnue. Il semblait prouvé qu'il s'agissait non d'un
virus, mais d'un organisme vivant, invisible par les moyens actuels,
qui se développe dans le sang et le détruit en l'envahissant brusque-
ment, après une courte incubation allant d'un à quatre jours.
Fig. 2. — Les deux sexes du Stegormjia lasciata, le moustique de la fièvre
jaune, fortement agrandis. — A gauche, le mâle, insecte inoffensif, se
nourrissant du suc des plantes. — A droite, la femelle, avide suceuse de
sang et qui est seule responsable de la transmission des germes de la
fièvre jaune. — Les principales différences sexuelles se trouvent dans les
antennes et la longueur des palpes maxillaires. — En dessous, les deux
iasectes grandeur naturelle.
(*) Comme Ta fait remarquer M. G. A. K. Marshall, l'imniunité vis-à-vis de la ma-
ladie dont semblemt jouir les noirs, et l'abondance des espèces du genre Stegomyia en
Afrique, sont deux preuves em faveur de l'origine africaine de la fièvre jaune.
25
Cependant les recherches du savant D"" Noguchi, de l'Institut
Rockfeller, signalées tout récemment (janvier 1921), dans la presse
médicale, semblent avoir abouti à la découverte de l'agent pathogène
de la fièvre jaune. Ce serait un leplospire dénommé Leptospira
icteroïdes (*).
Mais si la vraie cause de la maladie est encore discutée, il est actuel-
lement démontré avec certitude, qu'elle est transmise des personnes
malades aux personnes saines, par la femelle d'une espèce de mousti-
que très répandue sous les climats chauds : le Stegonnjia fasciata =
Aedcs calopus, Meig. (voir fig. 2). et que le meilleur moyen d'enrayer
la dispersion de la fièvre jaune consiste à détruire cet insecte et à
protéger les habitants contre ses piqûres.
Ainsi que l'ont prouvé les travaux de la commission américaine
à Cuba et de la commission française au Brésil, le Stegomyia ne
devient infectieux que s'il pique un malade pendant les trois premiers
jours de la maladie ; après cette période, le sang ne semble plus con-
tenir de germes capables d'évoluer. D'autre part, un Stegomyia n'est
capable d'infecter une personne saine, que douze jours après avoir
piqué un patient souffrant de la fièvre jaune, mais il reste alors
infectieux durant toute sa vie et peut ainsi transmettre la maladie à
un grand nombre de personnes.
Nous donnons plus loin (p. 45), les principaux caractères morpho-
logiques qui permettent de distinguer le Stegomyia lasciata des autres
moustiques. Au point de vue des mœurs, le Stegomyia est un insecte
essentiellement domestique, qui ne quitte pas le voisinage immédiat
de l'homme et dont la larve se développe presque uniquement dans les
petites quantités d'eau accumulées dans des récipients se trouvant à
l'intérieur des habitations ou dans leurs dépendances (**).
Depuis le début du présent siècle, la lutte contre le Stegomyia a été
menée avec énergie par les Américains. Elle a abouti à la suppression
de la fièvre jaune à la Havane, dans le Sud des Etats-Unis et dans
la zone du canal de Panama(***). Les moyens de destruction du mousti-
(*) Voici quelques-unes des raisons pour lesquelles Leptospira icteroïdes serait
l'agent étiologique de la fièvre jaune :
a) Ce Leptospire a été trouvé dans des cas de fièvre jaune ;
b\ Il a été cultivé à partir de cas de fièvre jaune, à Guayaquil, à Mérida et au
Pérou ;
c) L'inoculatiojQ de cultures de Leptospires provoque la maladie avec tous ses
symptômes chez le cobaye ; l'organisme se retrouve alors sur cet animal et peut en
être isolé ;
d) Ses propriétés et ses caractères coïncident avec les propriétés bien connues du
virus de la fièvre jaune ;
e) Il est transporté par le moustique Stegomyia et devient ainsi susceptible de
reproduire l'affection.
(**) En Afrique occidentale et au Congo, on a trouvé des larves de Stegomyia
fasciata se développant dans l'eau accumulée dans des cavités d'arbres ou entre lee
racines de ceux-ci (voir p. 52).
(**«) A La Havane, la campagne contre la fièvre jaune et son agent de transmis-
sion, le Stegomyia, a débuté en février 1901, et la même année, le nombre de décès dus
à cette maladie tomba à 18, contre 310 en 1900, 103 en 1899, 136 en 1898, 858 en 1897 et 1,282
en 1896. En 1902, il ne se produisit plus aucun cas mortel de fièvre jaune ;l La Havane.
D'autre part, dans la zone du canal de Panama, la lutte contre le Stegomyia et la
fièvre jaune commença en juin 1904, lors de l'arrivée du colonel Gorgas et de ses col-
laborateurs. En septembre 1905, se produisit le dernier cas de fièvre, et depuis îors,
grâce aux mesures préventives prises, cette maladie a été complètement extirpée de la
région.
26
<]uc sont actuellement en usage dans presque toutes les contrées où
sévit la maladie. En Afrique occidentale anglaise, une commission
spéciale de la fièvre jaune (Yellow Fever Commission, West Africa)
fonctionne depuis quelques années, et nous aurons à signaler dans
la suite de ce travail, les résultats de ses recherches sur les mœurs et
les moyens de destruction du Stegomyia lasciata.
On peut dire que l'histoire naturelle de ce moustique est actuelle-
ment mieux étudiée que celle de n'importe quelle autre espèce de
Culicide et peut-être d'insecte. Les observations et expériences faites
à ce sujet par les entomologistes médicaux américains, anglais et
autres sont très nombreuses et nous aurons souvent à en citer les
résultats, pour mieux expliquer certains faits de la biologie des
moustiques.
Quelle est la distribution Le Stegomyia lasciata = Acdes calopus,
géographique du mous= ^.^^ ^^^ ^^^ espèces de moustiques les plus
tique de la fièvre jaune? , ^ - j i i . '
Existe=t=il au Congo ? largement répandues dans les contrées
chaudes du globe. Sa zone de dispersion ne
dépasserait pas, paraît-il, le 40™'' degré de latitude Nord et le
40"^ degré de latitude Sud. Il se rencontre surtout dans les régions
tropicales et, aimant l'humidité, est principalement abondant au bord
de la mer et le long des grands fleuves.
L'habitat d'origine du moustique de la fièvre jaune serait, d'après
les uns, les Antilles et les contrées continentales voisines ; d'après
d'autres, l'Afrique (Afrique occidentale). Ce qui semble confirmer
cette dernière hypothèse, c'est qu'il existe en Afrique, beaucoup plus
d'espèces de Stegoinyia que dans une autre partie du monde (voir
la note, p. 28). Le Stegomyia lasciata aurait été importé en Amérique
par la traite des esclaves.
D'après le mémoire de la Commission américaine de la fièvre
jaune à Cuba, la femelle de Stegomyia pique toute la journée par des
températures allant de 26" à 35°C. Entre 19" et 25°C. clic pique peu
et refuse de piquer entre 14° et 18°C. Cette observation est importante,
car elle explique le fait que la fièvre jaune ne sévit toute l'année que
dans les contrées très chaudes, alors qu'elle est simplement estivale
dans les régions plus tempérées.
C'est ainsi qu'aux Etats-Unis on distingue deux zones bien tran-
chées de distribution du Stegomyia. Celle appelée par M. le D"" Ho-
ward (94) la zone permanente, comprend l'extrême Sud du territoire
(régions bordant le golfe du Mexique). Dans cette zone, il ne se pro-
duit jamais de gelées et l'insecte peut, par conséquent, se développer
sans interruption. La seconde zone, appelée zone temporaire estivale,
comprend tout le reste du territoire ; le moustique ne s'y propage que
pendant la saison chaude et il y est exterminé, chaque année, par les
premiers froids auxquels il est très sensible. Il y est introduit, en été,
par les moyens artificiels de trans{)ort : navires, chemins de fer,
bagages, etc.
Le Stegomyia lasciata existe également dans toutes les régions qui
27
bordent la Méditerranée {*), en Caucasie russe sur les côtes de la mer
Noire, aux Indes anglaises, en Malaisie, en Indo-Chine (**), en Chine,
au Japon, aux Indes néerlandaises, en Nouvelle-Guinée, aux îles
Hawaii, aux îles Philippines, etc. . Sa présence a été de même signa-
lée au Queensland, en Nouvelle-Galles du Sud et dans les territoires
australiens du Nord.
En Afrique, le principal habitat de ce moustique est la côte occi-
dentale. On le trouve notamment en Nigérie du Sud (Lagos), Côte
d'Or (***), Sierra-Leone. Gambie. Togo, Dahomey, Sénégal, etc. Cet
insecte existe également dans d'autres contrées africaines (****), telles
que, par exemple, le Maroc, l'Egypte, l'Afrique Nord-Est et certaines
parties de l'Afrique du Sud. Il se rencontre aussi à Madagascar.
Depuis quelques années, on sait que l'habitat du Stegomiiia fas-
ciata s'étend au Congo belge. MM. Newstead, Dutton et Todd (155),
en 1907, ont signalé sa présence à Matadi, Léopoldville, Sendwe,
Kasongo, Tshofa et Lusambo. M. le D"' J. Rodhain a récolté fin 1914.
des larves de Stegomyia, à Dungu (Uelé), en pleine saison sèche, dans
des creux de rochers, parmi les petits rapides du Kibali. M. le D"" van
den Branden a trouvé ces mêmes larves à Léopoldville, dans l'eau
séjournant à la base des Flamboyants. Enfin, M. le D'' Schwctz (181),
en 1915, rapporte qu'à Kabinda, station très saine, située à 850 mètres
d'altitude, dans le district du Lomami. les Stegomyia fasciata étaient
(*) D'après M. R. Blanchard (19) (1917), Stegomyia laxciala doit être considéré
désormais comme faisant partie de la faune entomologique de la France méridionale.
Il y a probablement été introduit par te troupes noires venant du Sénégal. De même,
L. Piras signale que de grandes quantités de ces moustiques ont infesté le port de
Gênes (maisons et navires), de juin à septembre 1917.
D'autre part, suivant J. Waterston (208), le Stegomyia fasciata serait extrêmement
abondant à Salonique, particulièrement dans les habitations.
Il paraîtrait même qu'il peut s« rencontrer occasionnellement en Angleterre, puis-
que M. Mac Gregor 135) a récolté, dans un creux de hêtre d'Epping-Forest (X. E.
de Londres), des larves de plusieurs espèces de moustiques, parmi lesquelles celles de
Stegomyia fasciata.
(**) En 1915-16, des recherches concernant la présence du moustique de la fièvre
jaune furent entreprises dans divers ports de rExtrême-Orient : Bangkok (Siam), Sai-
gon (Cochinchine), Haiphong (Tonkin), Canton (Chine du Sud), Batavia, Samarang
et Soerabaia (Java), Makasser (Célèbes) et Tjilatjap (.Java). Suivant Stanton A. T.
(195) Stegomyia fasciata était abondant dans tous ces ports et cela pendant toutes les
saisoas de l'année. Même là où la lutte avait été entamée contre lui, il était com-
mun ; ailleurs il constituait un véritable fléau.
('-»*) Au laboratoire d'Accra, MM. Scott Macfie et A. Ingram fl30) ont ana-
lysé entomologiquement 417 échantiillons d'eau contenant des larves de moustiques.
Ces échantillons constituaient )e.s prélèvements faits pendant un an par le.s inspec-
teuns sanitaires de la Côte d'Or dans les agglomérations indigène<5. Dix espèces de
larves y furent trouvées : Stegomyia fasciata dans 88.44 p.c. des échantillons, Culer
fatigans dans 14.86 p.c, Anophèles costalis dans 0.95 p. c, Ciiîex decens et CuUciomyia
nebiilosa, chacun dans 0.71 p.c , Stegomyia hiteocephala et S. metallica, chacun dons
0.47 p.c, et C!(7e.r invidiosus, C tigripes var. fiiscus et Stegomyia uvilineata, chacun
dans 0.23 p. c.
(«*-*) D'après M. le Dr Andrew Balfour, directeur des Wellcome Research Labo-
ratories, à Khartoum, le Stegomyia fasciata a été rencontré en diverses localités du
Soudan anglo-égyptien. Ce moustique était autrefois assez abondant à Khartoum
même, mais il y est rare actuellement, par suite de la gue^rre san.s merci qui lui a
été faite durant sept années. Le Dr Balfour ajo.ite qu'il est possible que Stegomyia
fasciata puisse transmettre au Soudan le virus de la Horse Sickness.
D'autre part, d'après M. R. B. Drake-Brockman, 1© moustique* de la fièvre
jaune est très abondant pendant toute la saison d'hiver, dans les localités côtières dn
Somaliland anglais. Sa lan/e se multiplie dans toujs les récipients à eau des maisons
arabes et indiennes. Par contre, d'avril à septembre, la chaleur torride et les vents
chauds et violents détruisent presque tous les moustiques. (Extrait d'une not-e
parue daus le Bull, of Entom. Res., Vol. II, Pt. 2., p. 179).
28
très communs à l'intérieur des habitations et autour de celles-ci,
principalement vers le soir, et que des larves de ces moustiques ont
été trouvées dans l'eau contenue dans de vieilles boîtes à conserves
et autres récipients vides, tout autant chez les Européens que chez
les indigènes ( ).
L'existence au Congo belge du moustique propagateur de la fièvre
jaune présente un certain danger, et il sera donc prudent de poursui-
vre la destruction de cet insecte, tout autant que celle des Anophèles.
Qu'est=ce que la filariose? La filariose est un terme général appliqué
- Quels sont les mous= ^ j^g maladies tropicales affectant le sys-
ce«e' ZZâ Tlom" tème lymphatique de l'homme et occasion-
ment la transmettent- nées par des vers nématodes, à corps long
ils ? et grêle, appartenant au genre Filaria, dont
les embryons sont transmis par les mousti-
ques. Cette maladie se manifeste par un développement souvent énorme
des régions inférieures du corps, et particulièrement du scrotum. Le
stade le plus avancé, désigné sous le nom d'éléphantiasis, est une
affection indigène bien connue dans notre colonie.
Quoiqu'il existe plusieurs espèces de filaires du sang, la seule qui
ait une grande importance pathologique est Filaria Bancrolti, Cobbold.
Son embryon : Microlilaria Bancrofti (voir fig. 3), habite le plasma
sanguin et se présente sous l'aspect d'un ver très mince, ayant à peu
près le diamètre d'un globule rouge et 0.3 mm. environ de longueur,
enfermé dans une gaine très délicate.
Ces microfilaires ont une très curieuse
propriété, celle de la périodicité. Ils
sont abondants la nuit dans le sang pé-
riphérique et en disparaissent durant
le jour, se réfugiant dans les poumons
et les gros vaisseaux sanguins. Man-
son (137) dit qu'à minuit il n'est pas
rare de trouver de 300 à 600 de ces
microfilaires nocturnes dans chaque
goutte de sang.
Les filaires adultes sont des vers
très minces, semblables à des che-
veux, habitant les conduits et les
glandes lymphatiques. Les mâles me-
surent environ 40 mm. de longueur
et les femelles de 85 à 90 mm. Ces
dernières sont ovovivipares et expulsent des myriades de microfilaires
dans les sinus lymphatiques. Ceux-ci, peu après, envahissent le sang,
Fig. 3. — La filariose. — JWi-
cro filaria Bancrolti, dans le
sang humain. — Très forte-
ment agrandi. (D'après W. B.
Herms.)
(•) D'autres espèces d« Stegomyia ont également été signalées au Congo bel g«
et dans ks colonies africaines voisines. Ce sont : Stegomyia africana, Theob. (Congo,
eic.\;S. luteocephala, Newst. (Congo, etc.) ; S. powen, Theob. (Congo, etc.) ; S.alba-
marginata, Newst. (Congo); S. sugens, Wied. (Angola, etc.); S. pseudomgeria, Theob.
(Angola) ; S. apicoargentea, Theob. (Ouganda, etc.) ; S. fraseri, (Ouganda) ; S. simp-
soni Theob. (Angola, etc.); S. metallica, Theob. (Afrique occidentale, Soudan); S.
unil'ineata (Côte d'Or') et S. argentovenlralis. Theob. (Afrique occidentale).
29
occupant donc surtout les poumons le jour, et les vaisseaux périphé-
riques la nuit.
Il est évident que l'envahissement nocturne du sang périphérique,
par des milliers et des milliers de microîilaires, offre à ces organismes
une excellente occasion de passage dans le corps des insectes suceurs
de sang et principalement des moustiques.
Une fois parvenus dans l'estomac de ces derniers, ces embryons
perdent leur gaine ; ils émigrent ensuite dans les muscles thoraciques,
où ils poursuivent leur évolution et, au bout d'un laps de temps,
variable suivant la température ambiante et l'espèce de moustique,
deviennent des larves, qui se frayent un chemin vers le labium ou
gaine de la trompe, où elles s'accumulent. Quant le moustique pique
l'homme, la gaine de la trompe, bourrée de larves, se rompt et ces
dernières pénètrent à travers la peau et gagnent les vaisseaux lym-
phatiques où elles se développent, se différencient en mâles et femel-
les et s'accouplent.
Plusieurs espèces de moustiques, dont certains Anophèles qui dis-
séminent également la malaria, peuvent servir de moyen de transport
aux embryons de filaires. Voici, d'après le guide spécial n° 7 du Bri-
tish Muséum (Xatural History), une liste des espèces de moustiques,
connues comme propageant les diverses formes de filariose. Les espè-
ces africaines y sont marquées par un astérisque :
* Anophèles macidipennis, Mg. ; A. (Myzorhynchus) sinensis. Wied,
var. nigenimus, Giles et var. niinuius, Theob. ; A. (Myzomyijj rossii,
Giles ; *.l. (M.) lunestus, Giles ; *A. (Pyretophorus) costalis, Loew. ;
.4. (Cellia) argyrotarsis, Rob. Dcsv. ; *Culex latigans, Wied ; *Stego-
inyia lasciata, Fabr. ; Stegomyia pseudo-scutellaris, Theob ; *Manso~
noides unijorniis, Theob. ; Taeniorhynchus titillans, Walk. et T. pseu-
dotitillans, Theob.
Le plus important de ces moustiques, au point de vue de la trans-
mission de la filariose, paraît être Culex latigans, Wied., qui est
largement et abondamment répandu dans les régions tropicales et
subtropicales (*) (voir fig. 28).
Autres maladies transmi- La Dengue est également transmise par
ses par les moustiques, j^g niousfïques. C'est une maladie épidé-
niique, infectieuse, semblable à rinfluenza,qui règne dans les régions
tropicales et subtropicales. Elle existe au Congo belge.
Ses caractères sont une fièvre aiguë, qui débute soudainement,
après un à trois jours d'incubation et est accompagnée de douleurs
musculaires, articulaires et lombaires et de céphalalgie. Cette mala-
die est bénigne, de courte durée, et est produite par un virus invisible,
filtrant, qui envahit le sang et y est introduit par la piqûre de cer-
tains moustiques, notamment Culex fatigans, Wied. (quiiiquefascia-
tus, Say) et Stegomyia lasciata, F. (**).
(*) Suivant Curwen H. (44) et Aders W. M. (2), à Zanzibar, Culex fatigans
fréquente surtout les vieilles agglomérations arabes. Il y est l'agent de transmission
de Microfilaria Bancrofti. Trente pour cent environ de la population Indigène sont
atteints de filariose.
(**) En Australie (Queensland et NouvelJe-Galles du Sud), la dengue est tran»-
mise par Stegomyia fasciata et la filariose par Culex fatigans. (Voir J. B. Cleland,
B. Bradley et W. Me Donald, dans Med. Jl. Australia, Sydney, n" W-U, 2-9 sept.
1916 et 7th Rept. Microbiol. Lab. for 1916, pp. 185-252).
30
Enfin, comme Ta prouvé Sir Arnold Theiler, il est presque cer-
tain que les- moustiques sont des agents de propagation de la « Horse
Sickness » ou maladie des chevaux de l'Afrique du Sud, et il est fort
possible que ces insectes transmettent encore les germes d'autres
maladies affectant l'homme ou les animaux domestiques (*).
Nous croyons avoir suffisamment démontré le danger que présentent
les moustiques. Il est donc essentiel qu'au Congo, nos agents, nos
colons et nos planteurs, de même du reste que toute la population
blanche de la Colonie, apprennent à se prémunir contre leurs atta-
ques. C'est là une mesure d'hygiène générale, qui est intimement liée
au développement économique et agricole du territoire.
Il ne suffit pas, en effet, de traiter les personnes atteintes de mala-
ria, mais il faut empêcher que celte maladie ne se propage et ne soit
communiquée aux peisonnes saines. Or, si les mesures curatives sont
exclusivement du domaine de la médecine, il n'en est plus ainsi, lors-
qu'il s'agit de combattre l'agent de transmission du mal, le moustique.
La collaboration de l'hygiéniste et celle de l'entomologiste sont alors
indispensables.
Celle de l'entomologiste surtout, car ce n'est que grâce à la con-
naissance presque parfaite qu'on a acquise actuellement de l'his-
toire naturelle des moustiques propagateurs des maladies : Anophèles,
Stcgomyia, Culex, qu'on est parvenu à découvrir et à introduire
dans la pratique, une grande variété de moyens tendant à détruire
ces insectes ou tout au moins à éviter leurs piqûres.
La description des procédés efficaces de protection et de lutte contre
les moustiques, dont l'adoption est à conseiller dans notre Colonie,
a fait l'objet principal du présent travail, et le chapitre III lui est
entièrement consacré.
Mais pour bien comprendre les principes sur lesquels sont basés
ces moyens préventifs, il faut que le lecteur acquiert au préalable,
une connaissance suffisante de l'histoire naturelle des Culicides,
c'est-à-dire de la façon dont ils vivent, se nourrissent, se repro-
duisent et se développent. CVst pourquoi, nous avons donné, dans le
chapitre II, un aperçu de la morphologie et de la biologie de ces
insectes.
D'autre part, dans le chapitre IV, nous exposons brièvement les
résultats magnifiques obtenus à Cuba et à Panama, grâce à une lutte
énergique contre les moustiques, et enfin, dans le dernier chapitre,
nous donnons quelques indications utiles pour les personnes qui
désirent faire des recherches sur la biologie et la distribution des
moustiques dans notre Colonie.
(*) M. E. Blanchard (19) rappelle à ce sujet que le Stegomyia fasciata est
considéré comme un agent pos.sible de transmission mécanique du trj-panosome de la
maladie du sommeil.
CHAPITUE II.
DESCRIPTION ET MŒURS DES MOUSTIQUES
(Morphologie et Biologie.)
Ce chapitre contient en premier lieu quelques indications générales
sur l'aspect des moustiques, leur classification et les caractères dis-
finctifs des espèces qui nous intéressent. Vient ensuite l'étude de
l'histoire naturelle de ces insectes, divisée en deux parties. La pre-
mière, consacrée à l'évolution des moustiques, c'est-à-dire au dévelop-
pement des stades larvaires : œufs, larves et pupes et la seconde aux
mœurs des individus adultes.
A. — ASPECT ET CARACTÈRES DISTINCTIFS
DES MOUSTIQUES.
Que sont les moustiques ? Les moustiques, OU plus vulgairement les
cousins, sont de petites mouches à deux
aileSf appartenant à l'ordre des Diptères et à la famille des Culicidx.
Cet ordre des Diptères groupe toutes les mouches à deux ailes
transparentes et membraneuses, dont le type le plus connu est la
mouche domestique. Ces insectes subissent des métamorphoses com-
plètes, c.-à-d. que leurs stades jeunes sont entièrement différents de
l'insecte adulte ou mouche. Cette dernière pond des œufs, d'où éclo-
sent des vers ou larves apodes, c.-à-d. sans pattes. Après une période
d'alimentation et de développement, ces larves se transforment en
pupes ou nymphes qui, dans la plupart des cas, sont totalement immo-
biles. Au bout d'un temps variable, les adultes sortent des pupes,
s'accouplent et de nouveaux œufs sont pondus par les femelles. Ceux-
ci donnent à nouveau naissance à des larves, et ainsi le cycle vital de
l'insecte est complété.
Quels sont les caractères A l'état adulte, les moustiques se distin-
particuHers des mous. ^^^^^^ suffisamment par les caractères sui-
"^"" ■ vants (voir fig. 4.) : leur petite taille ; leur
grande trompe ou organe suceur, munie d'organes piqueurs (stylets) ;
leurs deux palpes maxillaires plus ou moins développées; leurs
antennes longues, minces ou plumeuses ; leur corps allongé ; leurs
pattes longues et grêles, terminées par un tarse à cinq articles de plus
en plus courts et dont le dernier porte deux griffes, tantôt égales,
tantôt inégales, et, enfin, leurs deux ailes membraneuses, transpa-
rentes, à nervures recouvertes de petites écailles minuscules, visibles
à la loupe (*). Deux petits organes spéciaux,' en forme de massue, les
haltères ou balanciers, sont insérés de chaque côté de l'extrémité du
(*) Ces petites écailles recouvrent également le corps des monstiqaes. Elles pré-
sentent de grandes modifications de forme et de disposition suivant les espèces et
sont donc très utiles pour la classification.
32
thorax, à la place de la seconde paiio d'ailes, l/on |iourra se rendre
compte de leur forme, en
examinant la fig. 22 (*).
Il n'y a pas beaucoup
d'autres Diptères qui res-
semblent aux moustiques.
Seuls les vrais moucherons
(famille des Chironomi-
dae), les moucherons des
chamnigiions (Mycelophi-
lidaef ei les Tipules (Ti-
pulidae), ont une appa-
rence à peu près sembla-
ble, mais la confusion
n'est vraiment possible
qu'avec certains mouche-
rons ou Chironomides(**).
Les membres de toutes
les autres familles de Dip-
tères sont de formes très
variées et un bon nombre
d'entre eux ressemblent
plus ou moins à la mouche
domestique (Musca domes-
tica). Parmi les types les
Fig. 4. — Aspect extérieur d'un moustique
(Culex femelle). — Dessin schématique mon-
trant les différentes parties du corps. —
Dans le coin de droite, le moustique gran-
deur naturelle.
plus connus, citons la grosse mouche bleue ou mouche à viande (Calli-
phora), les mouches tsétsés (Glossinae), les mouches de cheval ou
taons (Tabanidae), les oestres (Œstridac), les mouches planantes (Syr-
phidae), les mouches bourdons (Bombijlidae), les Asilidac, etc.
Quelle est la nourriture \ul n'ignore, — car qui n'a pas été
des moustiques adultes? pjqué par les moustiques ou cousins, même
sous nos climats tempérés — que les mous-
tiques se nourrissent avidement de sang (***). Ce qu'on sait moins,
c'est que, chez ces insectes, rhabitude de sucer le sang est particulière
au sexe lernelle. Les femelles de moustiques ont, en fait, besoin de sang
pour le développement de leurs œufs. Toujours, les mâles sont inoffen-
sifs et se nourrissent du suc des plantes (****).
(•) Les haltères aident à maintenir le corps ^e l'insecte en équilibre durant le
vol ; on suppose qu'ils agissent aussi comme organes des sens. Ils peuvent, comme
les ailes, exécuter des vibrations rapides.
(»») On confond cependant aussi assez souvent avec les moustiques, les mem-
bres de la famille des Tipulidae (« Daddy long legs, » des Anglais). Les espèces les
plus communes de tipules se caractérisent d'habitude par la présence, snr le dos du
thorax, d'une suture en forme de V et par leurs pièces de la trompe émoussées, non
perforantes. Les ailes sont presque toujours dépourvues d'écaillés ou de poils.
(***) Tous les moustiques ne sucent cependant pas le sang ; les Megarhinini, par
exemple, en sont incapables. Beaucoup de moustiques des espèces hématophages
n'ont jamais l'occasion d'obteilir une ration sanguine et sont probablement forcés
de se nourrir du nectar des fleurs, du suc des plantes, etc. Tel e^st le cas, par exem-
ple, pour les moustiques vivant dans les régions arctiques. Pour quelques formes
cependant, telles Stegomyia fasciata, le sang paraît absolument nécessaire à la
propagation de l'espèce.
(****) Il n'y a, en effet, aucune preuve certaine que des mâles puissent piquer
l'homme et leur innocuité est généralement admise.
33
D'n[)rés Mnnson (137), les moustiques femelles se gorgent non seule-
ment '■iH l'homme, les mammifères et les oiseaux, mais encore parfois
sur les reptiles, les poissonsetmème sur d'autres insectes et leurs larves.
Les moustiques sont=ils Les moustiques ne sont pas, à beaucoup
les seuls Diptères su= -g j^g seuls Diptères hématophages ou
ceurs de sang .-* j t ' j * • i *
suceurs de sang. L ordre compte également
ccrîaiiis moucherons hématophages de la sous-famille des Ceratopogo-
ninae (famille des Chironomidae], les mouches de sable du genre Sirnu-
lium (Simuliidae), les Phlebotomes (Psychodidae), les Taons (Taba-
nidac, les mouches Tsé-tsés (Glossinae), les mouches d'étable (Sto-
moxys), les Lypcrosia, Haematobia, Shjgeromijia, etc., enfin, les
Ilippobosques (Hippoboscidac), mouches spécialement adaptées à une
vie parasitaire sur les mammifères et les oiseaux. A l'état parfait, les
mâles et femelles de Glossina, Stomoxijs, Lyperosia, Haematobia, Styge-
romyia et Hippoboscidae sucent le sang. Chez les Ceratopogoninae, Si-
iHulium, Phlcbotomus. Tabanidae, les femelles seules sont hémato-
phages.
Comment peut=on distin= Les seuls Diptères suceurs de sang qui
guer les moustiques des ressemblent plus ou moins aux moustiques,
moucherons ? , , . ^ , j i c n j
sont certains moucherons de la famille des
Chironomidae. Les autres Diptères hématophages sont suffisamment
différents, pour rendre toute erreur impossible.
Tout le monde connaît les essaims de moucherons qui, chez nous,
d'avril en août, voltigent par les
beaux soirs et font présager, d'après
la croyance populaire, du beau temps
pour le lendemain. Ces essaims sont
exclusivement composés de mâles qui
attendent les femelles. Aussitôt qu'une
de celles-ci s'approche de la bande,
Ficf. 5. _ Un^lnoucheron su- l'union sexuelle se produit, et le cou-
ceur°de sang de l'Ouganda : pie s'éloigne.
Culicoides brucei, Aust?n, de Ces moucherons sont, en règle ge-
la famille des Chironomidae. - ^^^^,3, complètement inoffensifs ;
Agrandi douze fois. ,; , ^ n r -, . r^
seul chez les genres Culicoides et Ce-
ratopogon (sous-famille des Ceratopogoninae) (voir fig. 5), on rencon-
tre des femelles avides de se nourrir de sang (*).
Les différences les plus saillantes entre les individus adultes de
moustiques et de moucherons sont les suivantes :
MOUSTIQUES (Culicidaej MOUCHERONS ( Chironomidae j
Trompe longue. Trompe courte, à peine visible.
Ailes à nervures couvertes d'écaillés; Ailes nues ou uniformément revê-
bord postérieur des ailes, avec tues de poils fins,
longue frange d'écaillés allon-
gées, plumeuses.
Pattes postérieures levées au repos. Pattes antérieures levées au repos.
(") On coMiaît actuellement plus de cinquante espèces de Ceratopogon de l'Eu-
rope, de l'Amérique, des Indes et de l'Australie. D'après Austen, Ceratopogon (Forci-
pomyia) castaneus Walk est un moucheron hématophage, commun en Nigérie du Sud.
Le genre Culicoides compte environ 80 espèces, répandues dans diverses parties
du monde. Culicoides brucei Austen, se rencontre dans l'Ouganda. La femelle, repré-
sentée fig. 5, suce le sang.
34
Les larvos des moucherons soiU aquatiques ou terrestres ; toutes
les larves des moustiques
sont exclusivement aqua-
tiques. Les larves des
moucherons, qui vivent
dans l'eau, sont vermi-
formes, à tête longue et
étroite, à coloration rou-
geâtre ou blanchâtre. Un
simple examen de la fi-
gure 6, qui représente la
larve du Chironomûs plu-
mosus, une espèce de moucheron fort commune en Belgique, montrera
mieux qu'une longue description, combien elle diffère d'aspect des
larves de moustiques. (Comparez avec fig. 54).
Fig. 6. — La larve aquatique d'un mouche-
ron : le Chironome plumeux, fortement
agrandie. — En dessous, dimensions natu-
relles. — Comparez avec une larve de mous-
tique (voir fig. 34). (D'apr. le Dr F. Brocher.)
Comment peut=on distin^ Etant donné que probablement chez tous
guer les sexes chez les j^ moustiques (et par conséquent chez tou-
moustiques adultes ? , , A ,■^^ < ,
tes les espèces susceptibles de transmettre
les fièvres), c'est la femelle seule qui suce
le sang, il est nécessaire de savoir quels sont les caractères qui per-
mettent de distinguer les sexes chez ces insectes (voir figures 7
à 10.)
Fig. 7. — Différences entre mâie et femelle d'Anophelcs (Ai^o-
pheles quadrimaculaiusj. — A gauche, le mâle, avec les antennes
plumeuses et les palpes maxillaires à dernier article divergent eb
couvert de poils. — A droite, la femelle, avec les antennes fili-
formes, h touffes de poils très courts et les palpes maxillaires
droites, parallèles à la trompe sur toute sa longueur. — En des-
sons, un moustique grandeur nalui'elle. (D'après M. L. O. Howard.)
35
Ordinairement les moustiques mâles ont des antennes plumeuses,
formant des touffes sur le devant de la tète (sauf chez certains genres,
tels que Dcinoceritcs et Sabelhes, chez lesquels les antennes des mâles
ne sont pas plumeuses). Les antennes des moustiques femelles sont,
par contre, longues, filiformes et presque glabres, n'ayant que des
touffes de poils très courts à la base des articles.
Fig. 8. — Têtes de Culex mâle (A) et femelle (B). — Voir les différences
dans les antennes et les palpes maxillaires. (D'après Patton et Cragg.)
Fig. 9. — Têtes d'Anophèles mâle (A) et femelle (B.). — Voir les différences
dans les antennes et les palpes maxillaires. (D'après Patton et Cragg.)
Un autre caractère différenciel se trouve dans les palpes maxillaires,
fort visibles des deux côtés de la trompe. Chez les Culex et Stegomyia,
les palpes maxillaires de la femelle sont très courtes et très simples ;
celles du mâle sont plus longues que la trompe et ont quelque peu
l'apparence de brosses (voir fig. 8). Il n'y a toutefois pas de touffes de
poils distinctes sur les palpes du mâle de Stegomyia.
Chez, les Anophèles des dcu\ sexes, les palpes maxillaires sont
aussi longues que la trompe,
..Ante^nti 'liais chez le mâle, l'article
terminal est renflé, couvert
de poils et est divergent,
tandis que chez la femelle,
les palpes 'sont droites, fili-
formes et absolument paral-
lèles à la trompe sur toute
sa longueur (voir figures 9
et 10.)
Au point de vue de l'as-
pect extérieur des organes
génitaux, le mâle de mous-
tique présente une arma-
ture génitale, qui sert à
maintenir la femelle pendant
l'accouplement ; cette dernière possède un oviscape.
. Ani-fnnt
A//»*-» —
rrorr,/,^ -- -
Fig. 10. — Têtes d'Anophèles vues
latéralement. — En haut, mâle, en bas,
femelle, montrant les différences dans
les antennes et les palpes maxillaires.
Comment piquent les Comme on peut le voir par la figure 11,
moustiques ? q^j représente une tète d'Anophèles femelle,
dent toutes les pièces de la trompe sont bien
séparées pour mieux se rendre compte de leur aspect, et par la fig. 12,
qui représente une coupe de la trompe des moustiques, celle-ci se
J^ntennas
o.j
Fig. 11. — Dessin schématique, montrant toutes les pièces de la
trompe d'un moustique Anophèles femelle. (D'après Manson.)
compose d'une lèvre inférieure ou gaine de la trompe (labium), qui
loge les six organes perforateurs ou stylets, c'est-à-dire deux mandi-
bules, deux mâchoires, l'épipharynx ou labre et l'hypopharynx.
L'épipharj'nx ou labre, généralement long, mince et pointu, est
parcouru à sa face inférieure par une rainure, dans laquelle s'emboîte
l'hypopharynx, inséré immédiatement en dessous ; ces deux organes
forment l'appareil suceur ; la salive venimeuse est injectée par un
37
-/
canal situé dans l'hypopiiai ynx. Les doux mâchoires et les deux man-
dibules sont d'égale longueur ; les extrémités des mâchoires et parfois
celles des mandibules, sont pourvues cf
de dents fines.
De chaque côté de la trompe, Ton
remarque les palpes maxillaires, dont
nous avons déjà parlé plus haut.
Lorsque le moustique femelle pi-
que, la lèvre inférieure ou labium,
qui est munie, à son extrémité, de
deux lobes charnus, les labelles, ne
pénètre pas dans la peau, mais forme
une boucle sous la tête de l'insecte.
Les stylets sont ainsi dégagés de leur
fourreau, tout en restant guidés par
les labelles appliqués sur le tégument.
La fig. 13 nous montre la tête d'une
femelle de moustique occupée à pi-
quer. En A, l'on voit l'aspect de la
trompe au début de l'opération ; en B,
Fig. 12. — Coupe schématique
de la trompe d'un moustique
Anophèles femelle. — a. Inhre
ou épipharynx; b. mandibules;
c. hypopharynx; d. mâctioires;
e. lèvre inférieure ou gaine de
la trompe; /. canal salivaire;
a. muscles; h. trachées. (D'après
Xutall et Shipley.)
la disposition des différentes
parties, lorsque les stylets ont pénétré quelque peu dans la peau.
Fig. 13.— Dessin schématique, représentant un moustique femelle
occupé à piquer. — En A, les stylets commencent à pénétrer dans
la peau; la gaine de la trompe ou lèvre inférieure s'incurve. —
En B, la pénétration est complète; la gaine forme boucle. — Re-
marquez les labelles qui dirigent les stylets.
Pendant toute la succion, qui dure d'une à trois minutes, les mous-
tiques évacuent, par l'anus, à différentes reprises, un liquide clair.
Chez les moustiques mâles, les mandibules sont absentes ; les mâ-
choires sont très courtes et ne peuvent être utilisées comme instru-
ments perforants.
Quels sont les caractères
intéressants de l'ana^
tomie des moustiques ?
Seul, l'appareil digestif des moustiques
présente de l'intérêt, au point de vue qui
nous occupe (voir fig. 14). Le tube alimen-
taire peut être divisé en trois parties. La' partie antérieure comprend
d'abord un phanjnx (b) très musculeux, situé dans la tête du mous-
tique et qui constitue l'appareil qui aspire le sang par le tube formé
par l'épipharynx et l'hypopharynx. II est suivi de Yœsophaqe (c) avec
trois jabots accessoires (d), servant de réservoirs alimentaires. Vient
ensuite la partie moyenne, c'est-à-dire l'estomac vrai (i), qui est
38
Fig. 14. — Coupe schématique d'un mous-
tique adulte, montrant la disposition anato-
mique du tube digestif. — a) trompe. —
b) pharynx. — c) œsophage. — d) un des trois
diverticulum ou jabots accessoires. — e) par-
tie étroite de l'estomac. — /) canal salivaire.
— g) réservoir salivaire. — h) glandes sali-
vaires. — i) tubes de Malpighi. — j) partie ren-
flée de l'estomac. — k) l) m) intestin propre-
ment dit. (Reproduit d'après M.W.-B. Herms.)
étroite antérieurement et en forme de sac postérieurement ; elle occupe
le thorax et une bonne partie de l'abdomen et est séparée de la por-
tion postérieure du tu-
be digestif, par l'inser-
tion des tubes de Mal-
pighi (i). Enfin, l'ni-
tcstin proprement dit
(k, l, m), qui forme la
partie terminale, est
recourbé sur lui-même
et prend fin par le rec-
tinti.
Comme organes an-
nexes du tube digestif,
nous avons :
1° — Les glandes
salivaires (h), au
nombre de deux sé-
ries et qui sont lo-
gées dans la partie
antérieure du thorax ;
chaque série est formée de trois glandes qui se vident dans un con-
duit commun, lequel, en se combinant avec le conduit de la série
opposée, forme le canal salivaire (I), passant au travers de la tête
et aboutissant à l'hypopharynx ; 2° — les tubes de Malpighi (i), au
nombre de cinq, et qui constituent l'appareil excréteur.
L'appareil reproducteur de la femelle de moustique est situé dans la
partie postérieure de l'abdomen; il se compose de deux ovaires et de
deux oviductes et se termine dans le vagin. Les spermatèques (*)
sont présents et, chez une femelle fécondée, contiennent des myriades
de spermatozoaires. Lorsque les ovaires sont mûrs, ils occupent la plus
grande partie de l'abdomen.
Comment classe=t=on les Divers caractères distinctifs ont été utili-
moustiques? g^^ p^j^, |gg auteurs, pour la classification
des moustiques. Le système de nervation
des ailes n'a d'importance qu'au point de vue de la famille. Les dis-
tances relatives entre les nervures transversales, les points de bifur-
cation, n'ont qu'une valeur spécifique. La nervation des ailes des
Culicidae est très constante, le seul caractère de quelqu'importance
étant la longueur de la première cellule fourchue. Chez les Megarhi-
ninae et les Uranotaeninae, cette cellule est très courte.
D'autres caractères de plus d'importance se trouvent dans les
écailles. Celles de la tête et du corps sont de plusieurs variétés (voir
fig. 16). La structure de ces écailles et leur arrangement sur la tête,
le thorax, l'abdomen et les ailes, constituent un bon moyen de diffé-
renciation (voir fig. 17). Enfin, les ongles ou griffes des tarses ont
également été utilisés pour la classification.
Il ne nous appartient pas d'entrer ici dans le détail des classifica-
(*) TJn seul spermathèque chez les femelles d'Anophèles, trois chez celles de Culeic et
de Stegomyia.
lions établies par les divers enlnmologislcs. Theobald ('205), qui a
Fig. 15. — Aile de moustique (Culex pipiensj fortement agrandie
(xl6), montrant la nervation :
/a). Portion de nervure (deuxième longitudinale) fortement
agrandie, pour montrer le revêtement d'écaillés : (aj écailles mé-
dianes: (bj écailles latérales.
ih). Portion du bord postérieur de l'aile, fortement agrandie pour
montrer la frange : (aj écailles du bord; (bj écailles de la frange.
fait de grands travaux sur les moustiques, les divise en dix sous-
familles : Anophclinae, Megarhini-
nae, Culicinae, Heptaphlebomyi-
nac, Aedinac, Uranotaeninae, Dei-
noccratinae, Trichoprosopninae,
Dendromyinac et Limatinae. Ces
dix sous-familles groupent plus de
cent genres.
Il nous semble cependant intéres-
sant de dire quelques mots de la
classification adoptée en 1912 par
M. F. W. Edwards, B. A., F. E. S.
(58-59) du British Muséum (Natu-
ral Hystory) de Londres. Elle a, en
effet, été établie en se basant sur
['étude systématique des mousti-
ques al.ricains.
M. F. W. Edwards groupe l'énorme majorité des espèces de mous-
tiques, dans la sous-famille des Culicinae. Sont seuls exceptés, les
genre Cluiooonis (Corctlira) et Dixa (*).
Les Culicinae comprennent quatre tribus : celles des Anophelini,
des Megarhinini, des Culicini et des Sabethini ; seules celles des
Anophclini et des Culicini sont importantes.
La tribu des Anophelini se subdivise à son tour en un genre : Ano-
- Quelques formes
d'écaillés de moustiques. — a.b.c.
écailles de la tête. — cl. e. /. g. h.
écailles du thorax. (D'après Ste-
phens et Christophers.)
(') ChaohoTiis et Dira ne sont pas des moustiques. Ils peuvemt être placés dana
la famille des Culicidae, mais ne possèdent pas un« trompe longue et distincte, pro-
pre à perc-er. S'ils sont inclus dans la famille, les vrais moustiques sont limitée à la
sous-famille des Culicinae.
40
pheles et un certain nombre de groupes d'espèces : Mijzomyia. Myzor-
hynchus, Nyssorhynchus, Cellia, A'eoccllia, Pyretopliorus, Christya
et Fcltinella ; elle com-
prend en tout (1912),
42 espèces africaines.
La tribu des Culicini
comprend 20 genres,
représentés en Afrique
par une ce^ntaine d'es-
pèaes (1912). Le gen-
re Steyornyia compte
12 espèces et le gen-
re Culex 29 espèces
africaines. D'autres
genres importants pour
l'Afrique sont : Ochle-
rotatus (29 espèces) et
Uranotaenia (Il espè-
ces). Viennent ensuite :
Mucidus, Banksinclla,
Howardina, Mansonioidcs, Acdomyia, Taeniorhynchus, Mimomyia,
Ingramia, Harpagomyia, etc., qui ne comptent chacun qu'un petit
nombre d'espèces africaines.
Fig. 17. — Tètes de moustiques, mon-
trant l'arrangement des écailles :
En A, tête de Stegomyia;
En B, tête de Culex;
En C, tête d'Anophèles.
(D'après Stephens et Christophers.)
Quelles sont les princi=
pales différences entre
les moustiques Anophe=
les et Culex ?
Point n'est besoin de donner ici les carac-
tères distinctifs des nombreux genres de
moustiques que nous venons de citer. Les
seuls caractères qui intéressent, au point
de vue pratique, sont ceux qui permettent de distinguer les mous-
Fig. 18. — Femelles de Culex et d'Anophèles fortement agrandies. —
Remarquez : 1° les ailes tachetées chez VAnopheles, claires chez le Culex;
2o les palpes maxillaires aussi longues que la trompe chez VAnopheles et
très courtes chez le Culex. — Sur le côté, les deux moustiques grandeur
naturelle. (D'après L. O. Howard.)
41
tiques Anophèles des aulrcs moustiques. .\ous savons, en effet, que
les moustiques qui servent d'agents de transmission à la malaria
appartiennent tous au groupe des Anophèles. Par contre, la majorité
des moustiques domestiques, trouvés dans les habitations, fort dés-
agréables par leurs piqûres, mais qui ne transmettent pas de ma-
ladies, sont des membres du groupe des Culicines. A ce groupe,
appartiennent toutefois : Slegomyia lasciata ( = Aedcs calopus), le
moustique de la fièvre jaune, et Culcx latigans, le principal agent de
transmission de la filariose.
Voyons dono comment se différencient les individus adultes d'.fno-
pheles de ceux de Cxilex.
La figure 18, reproduite d'après M. L. 0. Howard, permet de com-
parer une femelle de Culex à une femelle àWnopheles .
Une première différence se voit dans les ailes. Celles de la femelle
de Culex sont ordinairement claires, sans taches ; celles de la femelle
à' Anophèles sont presque toujours plus ou moins tachetées (*). De
même, les palpes maxillaires, situées des deux côtés de la trompe,
diffèrent chez les deux types ; elles sont courtes chez Culex femelle,
presque aussi allongées que la trompe chez Anophèles lemelle (voir
aussi fig. 8 et 9).
Fig. 11). — Position de repos des moustiques adultes. — (Dimen-
sions quadruplées.)
En .1, Anophèles au repos, le corps formant un angle avec la
surface du mur, la trompe, le thorax et l'abdomen étant en ligne
droite.
En B, Culex au repos, le corps parallèle à la surface du mur.
L'aspect est bossu, le thorax est voûté et la ligne de la trompe forme
un certain angle avec l'axe de la partie postérieure du corps.
Un troisième caractère distinctif, très tranché, se trouve dan? Taiii-
tude des deux insectes au repos, représentée dans la fig. 19. A et H
(A, femelle de V Anophèles nuiculipennis au repos ; B. femelle du Cu/ex
pipiens au repos).
( -') Il y a Mpendant des exceptions : ainsi le Culex mimeticus a des ailes tache-
tées, tout comme les Anophèles, et par contre VAnopheles bifurcatus, a des ailes sans
taches, comme un vulgaire Culex.
42
Dans celte attitude, les Anophèles se tiennent obliquctinMil par
rapport au plan sur lequel ils sont posés. La trompe, le thorax et
l'abdomen sont placés en ligne droite et cette ligne fait un certain
angle avec le plan de support.
Par contre, en général tout au moins, les Culrx au repos ont
l'abdomen plus ou moins parallèle à leur support. Vus latéralement,
ils ont un aspect quelque peu bossu, le thorax étant voûté et la ligne
de la trompe formant un certain angle avec l'axe de la partie posté-
rieure du corps.
Enfin, une dernière différence se trouve dans le revêtement de
l'abdomen de ces deux catégories de moustiques : l'abdomen, chez
les Culcx, est complètement recouvert d'écaillés analogues à celles
de l'aile d'un papillon, certaines de ces écailles formant, chez nombre
d'espèces, des bandes transversales blanches très nettes, à la base
de chaque segment. Chez les Anophèles, par contre, l'abdomen ne
possède souvent pas d'écaillés distinctes et est, par conséquent, sans
marques bien définies (*).
Pour permettre de déterminer rapidement la présence d'Anophèles
dans une localité contaminée par la malaria ou susceptible de l'être,
nous avons résumé, dans le tableau ci-dessous, les principaux carac-
tères qui distinguent ces moustiques des Culcx. Nous y avons joint
les différences que présentent les œufs, les larves, ainsi que les lieux
de développement de Cies deux catégories d'insectes. De plus amples
détails seront donnés, à ce sujet, lorsque nous parlerons de l'évolu-
tion des moustiques.
ANOPHELES
Adultes (voir fig. 18).
Ailes ordinairement tachetées.
Palpes maxillaires aussi longues
que la trompe chez les deux sexes.
Abdomen souvent sans marques
bien définies.
Attitude au repos : le corps formant
un angle avec la surface du mur
(voir fig. 19).
Œufs.
Œufs déposés S('p;i rément sur l'eau
(voir fig. 32).
Larves.
Tubes respiratoires presque nuls,
réduits à une protubérance.
Au repos : corps étendu horizonta-
lement sous la siu-face de l'eau et
lui étant parallèle (voir fig. 37).
CULEX
Adultes (voir fig. 18).
Ailes claires, ordinairement sans
taches. Palpes maxillaires beau-
coup plus courtes que la trompe
chez la femelle; longues chez le
mâle.
Abdomen souvent marqué de
bandes.
Attitude au repos : le corps paral-
lèle à la surface du mur ou tou-
chant presque celle-ci (voir fig. 19).
Œufs.
Œufs flottant en une masse sem-
blable à un radeau, formée de
plusieurs centaines d'œufs placés
les uns à côté des autres, leur
extrémité la plus pointue dirigée
vers le haut (voir fig. 35).
Larves.
Longs tubes respiratoires (siphon)
à l'extrémité du corps.
Au repos : corps suspendu sous la
surface de l'eau, la tête en bas,
dans une position se rapprochant
plus ou moins de la verticale,
(voir fig. 37).
(*) Divers Anophèles ont cependant l'abdomien presque couvert d'écaillés, par ex..-
A. (Neocellia) Stephensi, A. (Cellia) pharoensis, A (ArHhalzagia) macuUpes, etc.
43
Pupes.
Trompettes nspiràtoires souvent à
large ouverture. Suspension se-
mi-horizontale à la surface de
l'eau (voir fig. 40).
Lieux'de développement des larves.
Mares. — Flaques temporaires
d'eau de pluie. — Bord des ri-
vières à cours lent. — Etangs,
marais et bord des lacs. — Ri-
goles, etc.
Pupcs.
Trompettes respiratoires d'ordi-
naire plus minces ot relative-
ment plus longues. Suspension
verticale à la surface de l'eau
(voir fig. 40).
Lieux de développement des larves.
Ordinairement dans les petites ac-
cumulations d'eau, dans les par-
ties habitées. — Réservoirs arti-
ficiels tels que : tonneaux, boîtes
a conserves vides, bouteilles, etc.
Quels sont les principaux Comme le Slegomyia lasciala (calopus),
caractères du Stegomyia ^, , moustique de la fièvre jaune, existe au
fasciata et du Culex îa- ,. i i » '-i * i * j i j-
tigans y Congo belge et qu il est prudent de le dé-
truire partout où on le rencontre, nous don-
nons également ci-dessous, en un tableau, les principaux caractères
morphologiques et biologiques qui permettent de reconnaître ce
moustiaue.
Fig. 20. — Femelle adulte du Stegomyia {asciata, le moustique
de la fièvre jaune, dans l'attitude de repos, les pattes de derrière
relevées. — Fortement agrandie. — En dessous, la même, gran-
deur naturelle. (D'après L. O. Howard.)
STEGOMYIA FASCIATA = AEDES CALOPUS, Meig.
Adultes (voir fig. 2 et 20).
Longueur : 4 à 5 mm;
Ailes transparentes;
Palpes maxillaires courtes chez la femelle, longues et annelées de blanc
chez le mâle;
Coloration générale foncée. — Thorax avec marques blanc d'argent en
forme de lyre à deux cordes. — Abdomen avec bandes blanc d'ar-
gent. — Taches de même coloration de chaque côté des segments
abdominaux. — Pattes alternativement marquées de noir et de
blanc pur (*);
Attitude au repos : le corps parallèle à la surface du mur, comme chez les
Culex. Les pattes postérieures s'élevant et s'abaissant alternativement;
.A.spect au vol : de couleur grise et ressemblant à un brin de duvet.
Œu/s (voir fig. 31).
Pondus séparément et déposés sur les parois des récipients, Immédiate-
ment au-dessus de la surface de l'eau. Occasionnellement la ponte
peut se faire dans des creux d'arbres, dans lesquels de l'eau s'est
accumulée.
Larves (voir fig. 38).
Tubes respiratoires assez longs. — Au repos : attitude semblable à celle
des larves de Culex, mais suspendue plus perpendiculairement sous
la surface de l'eau.
(*)
coloration et ses marques l'ont fait appeler le moustique tigré ou tigre.
44
Lieux de développement des larves.
Tous les récipients capables de contenir de l'eau, se trouvant à l'intérieur
des habitations ou dans le voisinage immédiat de celles-ci : boîtes à
conserves vides, vieilles casseroles, tonneaux, citernes, gouttières,
puisards, fosses d'aisance, culs de bouteilles renversées, coquilles vides,
coques de noix, pirogues abandonnées, abreuvoirs, auges, etc. Il
est à remarquer qu'il suffit à la larve du Stegomyia, d'une très petite
quantité d'eau pour se développer.
Mœurs du moustique adulte.
Moustique essentiellement domestique, ne quittant pas le voisinage im-
médiat de l'homme. — Vol puissant et silencieux. — Le moustique
femelle est extrêmement prudent et se cache dans tous les coins som-
bres. — Vole et pique le jour aussi bien que la nuit. — Est fort sen-
sible aux différences de température et est tué par le froid. — Est
surtout actif au voisinage de 28°-30° C. — Est facilement distribué
au loin par les bateaux et les trains.
Quant à Culcx fatigans, Wied ( quinquefasciatus , Say), le mous-
tique qui paraît le plus important au point de vue de la transmission
de la îilariose, ses caractères morphologiques principaux sont : une
taille moyenne (5 mm. environ), une coloration générale d'un brun-
rougeâtre ou foncé, avec des pattes foncées et des bandes trans-
versales blanchâtres sur rabdomeii (voir îig. 28). Il est de mœurs
domestiques et pique exclusivement la nuit, ce qui facilite la trans-
mission des microfilaires. Sa larve se développe dans n'importe quelle
eau fraîche stagnante, qu'elle soit claire ou sale.
B. ~ EVOLUTION DES MOUSTIQUES.
^Description et biologie des œufs, larves et pupes.
Où vivent les larves et l^ yje des larves et pupes de tous les
pupes de moustiques ? moustiques se passe dans l'eau. Dans l'en-
semble, les accumulations d'eau que les
moustiques choisissent pour évoluer sont des plus diverses. Pour cer-
taines espèces, elles sont d'un caractère tout à fait spécial, telles
les formes qui se développent seulement dans l'eau séjournant dans
les creux d'arbres (*), les plantes épiphytes, les urnes (ascidies)
(*) M. W. R. Greening (79) a signalé (1917), qu'à Messina (Transvaal), des
larves de moustiques Anophèles furent trouvées dans des creux d'arbres, bien après
la fin des pltiies. Il en était ainsi notamment pour le maroola et le baobab. Un
maroola fut abattu, qui oonieuait une couple de gallons d'eau, dans lesquels les
larves pullulaient. D'autre part, des recherches en vue de déterminer la fréquence
de l'adoption des creux d'arbres comme lieu de développement des lai-ves d'Atiopheies
plumbeiis Steph., ont été faites récemment aux environs de Liverpool, par MM B.
Blacklock et H. P. Carter (18), qui viennemt d'en publier les résultats (juin 1920).
Deux mille cinq cents arbres ont été examinés,' jusqu'à une hauteur de 8 mètres, dans
le district de Liverpool et dans la forêt de Delamera (Chesihire) ; 83 trous et SI four-
ches et crevasses contenant de l'eau furent découverts. Dans 16 ca^, ils hébergeai.ent
des larves A'A, plumbeus et dans 19 cas des larves d'Ochlerotatus geniculatus. En
13 cas, les larves d'A. plumbeus et 0. geniculatus étaiemt associées. Jusqu'à la hau-
teur de 2 mètres il fut trouvé 39 places contenant de l'eau, dont 4 avec des larves d'A.
plumbeus et 6 avec des larves d'Ô. geniculatus. Au aessusde2 mètres, 96 creux remplis
d'eau, dont 12 avec larves d'A. plumbeus et 13 avec larves d'O. geniculatus.
La plupart des creux contenant des larves appartenaient à des ormes, marron-
niers d'Inde eu érables sycomores. Les chênes, châtaigniers et sapins n'avaient que
peu de creux contenant de l'eau et aucune lan'e n'y fut découverte.
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46
LIEI'X DE développement: DES LARVES DE MOUSTIQUES.
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V\'^. 22. — Dans la zone du canal de Panama. — Végétation aquatique
abritant des larves de moustiques. (Cliché A.-J. Le Prince et J.-A, Oren-
slein.)
Fift-. 23. - En .Afrique du Sud. ~ Un bon endroit pour le développe-
ment des larves d'Anophèles. — Cachées par les herbes, ces petites mares
sont souvent très difficiles à découvrir. (Cliché J.-C. Faure.)
47
LIEUX DR DKVKLOPPKMENT DES LARVES DE MOUSTK^tKS.
Fig. 24. — En Afric|ue du Sud. — Pools rocheux à Kaapmuiden, dans
le bas Veld. — Dans les endroits où l'eau est tranquille, les larves de
moustiques Anophèles sont abondantes. (Cliché J.-C. Faure.)
«^
f*
■m
[ IL .'") ~ Au Congn. — Envii-ii- i, I ..-iK.ldville. — \i -lais à r.'in-
lil.iM'i'. — I n autre gite à larves d'Aiioi>lirirf< de la malaria. ,Cliché .J.-E.
Dutton et J.-L. Todd.)
48
i
LIEUX DE DEVELOPPEMENT DES LARVES DE MOUSTIQUES.
Kig. 'iG. — A la Cùle d'Or. — Arbre creux dans \ci\uc\ de l'eau s'accu-
mule, servant do gîte au\ larves de nioustniues. Il y fut récolté des larves
de Stegomyia melallica et de S. unihncala, espèces parentes de SIpc/o-
myia {asciata. — C'est dans des creux d'arbres semblables, que l'on
trouve ail Congo, des larves d'Anophèles. (Cliché J.-W. Scott Macfie et
A. Ingram.)
Fig. m. — Au Katanga (Congo belge). — Un coin de la forêt. — Plu-
sieurs de ces arbres, ont des branches brisées au ras du tronc, laissant
des creux (voir fig. 29) remplis d'eau par les pluies, où les larves de mous-
tiques se développent. (Cliché Leplae.)
des Népenthes, la hase des feuilles des Rromelias (*). bananiers,
ananas, etc.. les souches des bambous coupés ou dans les trous faits
pa»- les crabes dans le sable de la plage. D'autres espèces sont de
mœurs plus générales et se déve-
loppent dans n'importe quelle ac-
cumulation d'eau, fraîche ou stag-
nante, propre ou sale, réunie na-
luroUemcnt ou par Tintervention
(le l'homme. Certaines larves, en-
fin, peuvent vivre dans l'eau for-
tement salée (voir p. 66).
Au point de vue qui nous occu-
]jc, nous avons surtout à envisa-
ger les lieux d'évolution des larves
(ï Anophèles et des larves de Culi-
ciiips et ceux-ci sont assez bien
différenciés.
En effet, les larves des Culicines
les plus connus (Culcx, Stegomyia,
etc.), vivent plutôt dans les peti-
tes accumiulations d'eau se trou-
vant à l'intérieur des habitations
ou dans leur voisinage (**), tan-
dis que les larves à'Anoplielcs se
rencontrent presque exclusive-
ment dans les agglomérations
naturelles d'eau : mares, cours
d'eau, etc.
C'est ainsi que les larves des Anophclcs propagateurs de la malaria
peuvent se développer abondamment le long des rives herbeuses des
lacs, étangs et lagunes, ainsi qu'au bord des rivières à cours lent ;
dans les parties de terrain inondées : prairies, rizières, etc. ; dans
les mares et dans les marais où les poissons ne sont pas abondants ;
dans les flaques temporaires d'eau de pluie, qu'on rencontre dans
les champs et le long des routes ; dans l'eau séjournant au fond des
rivières asséchées et entre les pierres formant le lit des torrents ; aux
endroits où les eaux souterraines sourdent à la surface ; dans les
rigoles, fossés et drains remplis de mauvaises herbes ; dans l'eau sé-
journant dans les empreintes faites eri terrains détrempés par les
sabots des chevaux et bestiaux ; dans les ornières des routes ; dans
les excavations créées au cours des travaux de terrassement ; dans
les abreuvoirs et les petits bassins des sources ; dans les creux de
rochers ; dans les bassins ornementaux ; dans l'eau séjournant au
fond des vieilles barques et pirogues échouées sur les rives, et, en
général, dans tous les creux de terrain où de l'eau s'accumule. Dans
Fig. 28. — Culèx faligans Wied,
femelle. — Dimensions quadru-
plées. — Le principal agent de
transmission de la filariose (Elé-
phantiasis,.
(*) D'après MM. H. G. Dyar et F. Tînab (55-56), des larves de plusieurs espèces
d'Anophèles de l'Amérique centrale et méridionale ont été trouvées dans l'eau séjour-
nant à la base des feuiJIes de Broméliacées.
(**) Suivant M. G. A. H. Bedford (15), des larves de Cuîex decens ont été
trouvées récemment dans une mine de houille du Transvaal, à cent mètres de pro-
fondeur. ^
50
l'ensemble, cependant, les larves d'Anophclcs préfèrent un léger cou-
rant d'eau claire, avec une quantité modérée de végétation (*).
Exceptionnellement, l'on trouve également les larves d'Anophèles
dans des réservoirs artificiels, tels que tonneaux et citernes pour
l'arrosage des jardins, puisards, cuveaux, etc.
Manifestement, les Anophèles sont plus abondants dans les régions
marécageuses, surtout lorsque les chutes de pluies sont suffisantes
pour maintenir de l'eau dans les innombrables mares et flaques.
C'est pour cette raison, du reste, que la malaria est endémique dans
les endroits bas et humides. Néanmoins, les larves d'Anophèles se
développent aussi dans des régions relativement sèches, et le lait qu'il
n'y a pas de marais dans un endroit n'est pas suHisant pour con-
clure que les Anoplulcs ne s'y multiplieront pas (**).
Nous avons dit, plus haut, qu'au contraire des Anophcles, les Culi-
cines — du moins ceux les plus communs et les plus connus (***) —
choisissent surtout comme milieu de développement pour leurs larves,
les petits dépôts d'eau se trouvant dans le voisinage immédiat de
l'homme. La plupart des Culicines sont inoîfensifs au point de vue
de la transmission des maladies, mais il n'en est pas ainsi pour le
Stegomyia ^asciata, ou moustique de la fièvre jaune.
Ce dernier insecte est essentiellement un moustique des villes, un
moustique domestique, dont la larve se rencontre exclusivement là
où habitent les hommes. On peut affirmer que la larve du Stegomyia
n'existe pas dans les marais, les mares ou les flaques d'eau tempo-
raires, alors même que ceux-ci sont très proches des maisons.
Les lieux choisis par le Stegomyia ^asciata pour se développer
sont, du reste, très divers et varient d'après les circonstances et
d'après la nature des occupations de la population : on peut dire
qu'il faut à cette larve une très minime quantité d'eau pour vivre et
qu'un volume de ce liquide équivalent à celui contenu dans une
cuiller à thé peut être suffisant. En général, cette eau est propre,
mais occasionnellement elle peut être sale. Voici quelques-uns des
endroits habituels de propagation (****) :
Les grandes jarres de terre utilisées sous les tropiques pour la con-
servation de l'eau de boisson ; les vases à fleurs, cruches et aiguières ;
les tonneaux et citernes d'eau de pluie ; les boîtes à conserves vides
de toute espèce, les vieilles casseroles et les vieux pots jetés aux
ordures et dans lesquels s'accumulent de petites quantités d'eau ; les
gouttières obstruées ; les puisards et fosses d'aisance ; les réservoirs
de W.-C. ; les bouteilles renversées utilisées dans certaines contrées
comme bordures de parterres et dans le cul desquelles de petites quan-
(») Pour se rendre compte de la quantité vraiment énorme de larves d'Anophèles
pouvant exister dans certaines agglomérations d'eau, rappelons que le Dr J B. Smith
a trouvé qu'une mare mesurant environ 180 mètres carrés de surface contenait
10,636,700 larves d'Aiiopheles crucians, soit environ 58,000 par mètre carré.
(**) D'après L. Léger et G. Mouriquaud (115), la plus grande altitude à laquelle
des larves d'Anophèles ont été trouvées dans les Alpes est 1,500 mètres. A des ni-
veaux plus bas, les gîtes deviennent plus fréquents : A. bifurcatus et A. maculipennis
se rencontrent en grand nombre à 1,100 mètres.
(**») On ne peut, en effet, dire ceci des Culicines en général. Cette remarque est
basée sur l'étude des mœurs de certaines des espèces les mieux connues et les
plus répandues, telles que C. pipiens, C. fatigans, etc.
(*■***) Pour plus de détails, voir p. 138 : « Recherche et traitement des réservoirs
artificiels. » •
51
Fig. 21). — Un cas fré-
([uent dans les forêts du
Ivatanga (Congo belge).
— Branche cassée au ras
du tronc. — Un creux se
forme,dans lequel de l'eau
s'accumule. — Les larves
d3 moustiques s'y déve-
loppent (voir fig. 27).
tités d'oau séjournent ; les auges des chevaux ; les urnes funéraires
des cimetières ; les coquilles vides et
les coques de noix de coco ou de cale-
basses, répandues aux alentours de cer-
tains villages indigènes ; les pirogues
échouées ; les abreuvoirs des poulail-
lers et les bacs des meules à repasser ;
les cuveaux et, en général, tous les ré-
cipients artificiels dans lesquels de pe-
titcs quantités d'eau peuvent se trou-
ver, soit occasionnellement, soit en per-
manence.
D'autre part, il est également trè?
fréquent, en Afrique, de trouver les
larves de moustiques pathogènes :
Anophèles et Slegomyia, dans les creux
d'arbres remplis d'eau par les pluies.
C'est ainsi qu'à Accra (Côte d'Or),
MM. J. W. Scott Macfie et A. Ingram
(129) ont récolté, dans l'eau claire,
mais de coloration brun-foncé, conte-
nue dans une cavité d'un arbre (voir
fig. 26). des larves de Slegomyia melallica Edw. et de S. uniiineata,
deux espèces parentes du moustique de la fièvre jaune, ainsi que des
larves de Culiciornyia nebulosa ( ).
Dans les forêts du Sud-Katanga, beaucoup d'arbres ont une ou
plusieurs branches brisées par le vent au ras du tronc : aux points
d'insertion de ces branches, des creux se forment (voir fig. 29),
dans lesquels l'eau s'accumule et sert de milieu de développement
aux larves de moustiques. Il paraîtrait que des larves à" Aiwpheles se
rencontrent fréquemment dans ces réservoirs (voir également fig. 27).
Enfin, certains arbres ont une partie de leur enracinement hors du
sol. Dans l'enchevêtrement de ces racines trayantes, se trouvent de
petits creux, qui, remplis d'eau par les pluies, constituent autant de
bassins naturels, où les larves de moustiques abondent. C'est ainsi
(") Les divers gîtes à larves de moustiques de Lagos (Nigérie) ont été rçcher-
chés tout récemment par M. J. M. Dalziel (Bull, of Eut. Research, déc. 1920). En
voici rénumération :
Trous à crabes : 14 espèces de larves y furent trouvées : Ochlerotatus irritans
54.Ô p. c. ; Culex decens 15.7 p. c. ; Vranotaenia annulata 15 p. c. ; Stegomyia fasciata
7.3 p. c. ; Anophèles costalis 7.3 p. c, etc.
Creux d'arbres : ils contenaient six espèces de larves de moustiques dont deux
importantes: Stegomyia luteocephala, (figuiers des Banyans 13 ; Poinciana regia 7;
Maiigifera indica 3 ; Albizzia lebbek 3 ; Sideroxylon dulcificum 2 ; Enterolobiutn dulcis
1; Dialium guineense 1; Terminalia catappa 1; Anacardium occidentale 1; Carica
papaya 1), et Stegomyia fasciata (figuiers des Banyans 6 ; Poinciana régia 3 ; ilangi-
fera indica 1 ; Albizzia lebbek 1 ; Artocarpus incisa i ; StercuUa barteri 1 ; Cocos
nucifera 1 ; Pandanus sp. 1).
Puits : 12 espèces de larves, dont 51.3 p. c. de Stegomyia fasciata, 14.7 p. c. de
Culex decens et 13.2 p. c. d' Anophèles costalis.
Bateaux et canots : 10 espèces, principalement Anophèles costalis et Stegomyia
fasciata.
Vases indigènes (agbo) : 5 espèces: 88 p. c de Cv.liciomyia nebulosa et 11 p. c
de Stegomyia fasciata.
(iouttiêres des toitures : 6 espèces : 55.5 p.c. de Stegomyia fasciata et 17.4 p. c. de
S. luteocephala.
52
qu'à Lcopoldville (Congo bclgo). M. le D'' Van den Branden a trouvé
Fig. 30. — Dessin schématique de l'enracinement superficiel d'un
Flamboyant (Poinciana régla). Dans l'enchevêtrement des racines
au-dessus du sol, existent de petits creux qui se remplissent d'eau
par les pluies. Dans ces bassins naturels, l'on a trouvé des larves
du Stegomyia, le moustique de la fièvre jaune.
dans le creux des racines des Flamboyants (Poinciana rcgia), des lar-
ves de Stegomyia lasciata qui s'y développaient librement (v. fig. 30).
Ponte et œufs des mous= ^'*^^^ »P'^^^ '^ *^o^ ^""^ "^^'f ^"^ moustiques
tiques. nieurent et les femelles fécondées, après
s'être gorgées de sang, à une ou plusieurs
reprises, cherchent un endroit favorable pour pondre.
D'habitude, les œufs des mous-
tiques sont déposés, la nuit, à
la surface de l'eau, sur laquelle
ils flottent. Les œufs de quelques
espèces de moustiques s'enfoncent
dans l'eau. D'autres espèces dépo-
sent leurs œufs sur la vase ou le
sable au bord de l'eau. D'autres
«ncore, les déposent dans des creux
du sol, où ils sont submergés par
l'eau des pluies ou celle provenant
de la fonte des neiges. Le mode de
ponte et la forme des œufs varient
d'après les différentes espèces (*).
Chez les types les mieux connus
de Culex infestant les maisons,
(Culex latigans et C. pipiens, par exemple), les œufs sont déposés
31.
Types d'œufs de mous
ticjues, fortement agrandis.
En A œuf d'Anophèles avec Ilot-
teurs latéraux.
En B, œuf de Culex. A la base
l'appareil micropylaire.
En C, œuf de Stegomyia fasciata.
(*) C. Strickland (197) a fait l'observation suivante, qui dénote une curieuse
adaptation aux conditions de mili«u, d'un moustique malais.
Un Chaetomyia (Leicesteria) flava capturé, portait attaché à sa patte posté-
rieure gauche une masse d'œufs ; de chacun de ceux-ci sortait la tête d'une jeune
larve. Le moustique, placé dans une bouteille contenant un peu d'eau, vola immé-
diatement à ia surface de celle-ci et y plongea méthodiquement sa patte gauche.
Les larves sortirent et s'échappèrent en nageant.
Il est supposé que l'acie de pondre sur sa propre patte est un moyen employé
par le moustique pour déposer ses œufs dans une eau inaccessible ou pour les sauver
d'un danger qui peut se produire si le dépôt est fait directement dans l'eau.
53
sur l'eau en une masse navifornie, sorte de radeau composé d'un
grand nombre d'œufs (souvent de 200 à 400) dressés les uns à côté
des autres, leur extrémité la plus pointue dirigée vers ,1e haut (voir
fig. 51 et 55) (*). Individuellement, chaque œuf de Culcx s'effile très
régulièrement à la par-
tie supérieure et se
termine à la base par
un organe globulaire,
appelé appareil micro-
pylaire (voir fig. 51b)
Tout au contraire,
les femelles d'Anophe-
les pondent séparé-
ment, sur l'eau, de
75 à 150 petits œufs
noirâtres (****), qui
restent isolés ou flot-
tent en lignes ou grou-
pes facilement disner-
sés par le vent. Ils
surnagent à plat, au lieu
Fig. 32. — Œufs d'Anophèles flottant sur ^'^[^q dressés comme
l'eau (Anophèles quairimaculatusj. — Forte- „ i„ r ;" r . ^ (•„
ment agrandis. (D'après L. O. Howard.) <"eux des Culcx. Ces œufs
d Anophèles sont munis
chacun d'une paire de flotteurs, petites poches remplies d'air,
qu'on peut voir fig. 51a, représentant un œuf isolé, et fig. 52, repré-
sentant, d'après M. L. 0. Howard, un groupe d'œufs à'Anopheles
quadrimaculatus (espèce nord-américaine), flottant à la surface de
l'eau.
Chez les Sfegomyia, les œufs sont également pondus séparément.
Les œufs du Stegomyia fasciala sont petits, très allongés, de couleur
noirâtre et parsemés de petites protubérances d'une sécrétion blan-
châtre (voir fig. 51c). Ils sont pondus isolément, mais par lots, dé-
posés chacun, par la femelle, à des intervalles de plusieurs jours.
On les trouve normalement sur les parois des récipients contenant
de l'eau, un peu au-dessus de la surface de celle-ci, de façon à pou-
(*") L'appareil hydrostatique ou flotteur que possède chaque œuf de Culex a été
epécialement étudié par A. B. Lischetti (121). Il permet à la masse d'œufs de flotter
oomm© un radeau. L'action combinée de tous les flotteurs donne une telle stabilité
à la masse d'œufs, qu'il est presque impossible de la submerger. Môme si cette opé-
ration est faite mécaniquement, un petit volume d'air est retenu entre la bas* des
œufs et les flotteurs, ce qui permet à toute la masse de revenir à la surface, dès
que la pression cesse.
(**) Des données intéressantes ont été recueillieG par F. Glaser (76), sur la capa-
cité de reproduction de Culex pipiens.
Dans deux canaux de vidange d'une tannerie, ayant chacun un mille de lon-
gueur, 167,760 radeaux d'œufs de Culex furent détruits, en nettoyant les canaux
deux fois par semaime, à raison de 3 heures par nettoyage En estimant, ce qui est
très modéré, le nombre d'œufs de chaque radeau à 200, l'on a détruit ainsi 33 millions
d'œufs de Culex pipiens par semaine.
(»**) Les femelles de Mansonia déposent leurs œufs en radeaux, comme le« Culex.
(****) D'après Duprée, la femell° d'Anophèles pvnctipennis Say dépose de cent
à trois cents œufs par ponte. Ils flottent sous la surface de l'eau et parfois sur
celle-ci, le côté concave dirigé vers le bas.
54
voir facilement être submergés par la moindre élévation de niveau.
On les a également trouvés sur une feuille flottante. La ponte de la
femelle du Stegomyia à la surface même de l'eau paraît rare et ne
se produit sans doute que dans des circonstances anormales, telles
que la captivité de Tinsecte. Une femelle de Slegomyia pond ordinai-
rement 70 à 80 œufs.
Fig. 33. — L'éclosion d'une
larve d'Anophèles. — Forte-
ment agrandie. (D"après W. B.
Hermsj.
Eclosion des œufs. — Dans des conditions normales, c'est-à-dire
?.anc':s%^r!a'SvS; P-- "" '?»P^ tavo,...blo les œufs d'^no-
OU la retardent ? ptieles mûrissent en û6 a 48 heures. D après
M. L. 0. Howard, il faut à l'œuf de Culex
latigans, de 16 à 24 heures pour éclore par temps chaud. Les larves
des Anophèles sortent en fendant l'œuf (voir fig. 53), celles des Culi-
cines en poussant l'extrémité de la
coque. Dans leur très jeune âge, c'est-
à-dire au début de leur vie aquati-
que, toutes ces larves se réunissent
d'ordinaire autour des amas de dé-
bris ou d'écume flottant sur l'eau.
Les circonstances qui influent sur
l'éclosion des œufs de moustiques
ont surtout été bien étudiées pour le
Stegomyia faseiata. Dans des condi-
tions favorables (27° à 29° C), les
œufs du Stegomyia éclosent souvent le
deuxième ou le troisième jour après
la ponte (*). D'après M. L. 0. Ho-
ward (94), les œufs de ce moustique,
ordinairement placés immédiatement
au-dessus de la surface de l'eau, se développent mieux après avoir
été desséchés pendant quelque temps. En fait, il semble qu'à sec, ils
conservent leur vitalité pendant six mois et plus. La congélation ne
détruit pas la fertilité des œufs. La durée de l'incubation, lorsque
les œufs sont déposés sur l'eau, est d'environ deux jours. Déposés
au-dessus du niveau de l'eau, ils éclosent promptement, dès qu'ils
sont submergés. Flottant sur l'eau, la moindre agitation les fait
couler et lorsqu'ils sont sous l'eau, l'éclosion est retardée et, sou-
vent même, certains des œufs n'éclosent pas, surtout si la tempé-
rature de l'eau est assez basse. Enfin, submergés peu après avoir été
pondus à la surface de l'eau, les œaifs périssent généralement (**).
(*) Il résulte d'essais faits récemment par MM. E. E. Atkins et A. Bacot (6),
que la présence de bactéries, levures et ferments, exerce une action stimulante sur
les œufs du Stegomyia Jasciata et les force à éclore plus vite.
(**) Des expériences très intéressantes sur l'action de !a dessication, de la tempé-
rature et de la submersion sur l'éclosion des œufs du Stegomyia faseiata, et la con-
servation de leur vitalité ont été faites en igi-t-lS, en Afrique occidentile, par la
Yellow Fever Commission. En voici les principaux résultats, d'après M. A. W.
Bacot (8).
L'éclosion peut se produire lorsque l'œuf flotte, lorsqu'il est attaché au bord,
juste en dessous de la surface de l'eau et lorsqu'il gît sur le fond. îa mortalité
paraît plus grande pour les œufs submergés dans ane petite quantité d'eau. Il a
été noté que la période qui s'écoule entre le moment où les œufs sont immergés et
le moment de l'éclosion, peut atteindre quatre à cinq mois, si elle n'est pas inter-
rompue par une période sèche intermédiaire. Il y eut un plus grand déchet parmi
55
Une expérience très curieuse au siijel du pouvoir de résistance
des œufs du Slrgomii'm lasciala à la dessiccation, fut faite par M. R.
Newstead en 1906.
Des œufs de Slegomyia récoltés à Manaos (Brésil), par le Dr H. W.
Thomas, furent envoyés en Angleterre. Ils avaient subi, au préala-
ble, une dessiccation de 24 heures et étaient emballés dans des tubes
de verre soigneusement bouchés.
Les notes suivantes nous donnent les résultats de cette expérience :
9-11 septembre. — Œufs pondus à Manaos (Amazone);
26 octobre. — Arrivée en Angleterre ; placés dans de l'eau à
25° C. ;
27 octobre. — Douze larves écloscs pendant la nuit précédente et
une après 12 heures d'immersion ;
28 octobre. — Début de la première mue ;
50 octobre. - — La première mue est terminée pour toutes les
larves ;
4 novembre. — Les larves se transforment en pupos ;
7 novembre. — Sortie du premier imago : un mâle. Ce moustique
est resté en vie six jours ;
8 novembre. — Sortie d'un mâle et d'une femelle.
Le bocal d'élevage fut conservé dans un incubateur, à une tem-
pérature uniforme de 25° C. Les insectes étaient, la plupart du
temps, dans une obscurité complète. Un peu de lumière était admise
occasionnellement durant le jour.
les œufs conservés, que parmi ceux qui furent immergés immédiatement on pen
après la ponte. Il semble que la matière sur laquelle les œufs ont été déposés, exerce
une influence déterminante sur la conservation de leur vitalité pendant les périodes
de sécheresse.
L'action des températures basses et élevées sur le taux d'éclosion fut également
étudiée. Un refroidissement à des températures allant de 23.5o à 27oC a eu, dan'' la
plupart des cas, une influence stimulant.} sur l'éclosion, mais quelques œufs résis-
tèrent. C'est probablement le refroidissement qui amène l'éclosion, lorsque des œufs
desséchés sont immergés ou lorsque de l'eau fraîche est versée sur des œufs en cours
de maturation. Une élévation de température allant de 27' à 35°C. a en pen d'effet
sur l'éclosion. Des œufs conservés pendant 50 heures dans l'humidité firent ordi-
nairement éclosion trente minutes après immersion subséquente ; ceux séchés pendant
une période variant d'un à sept jours, éclorent après incubation, lorsqu'ils furent im-
mergés, dans une proportion allant de &4 à 54 pour cent, et cela en un à quatre jours
Les conditions de sécheresse ou d'humidifé ont donc une influence directe sur l'éclo-
sion des œufs, en provoquant immédiatement celle-ci ou en la retardant.
Des œufs conservés à sec, pendant 262 jours, ont donné des larves, lorsqu'ils
furent immergés dans l'eau. Des œufs ayant déjà subi l'incubation furent soumis
à diverses températures, pour déterminer leurs effets sur l'éclosion. Une exposition
pendant 24 heur.^s à — 1°C., suivie d'immersion dans une eau à 24'C. et d'un examen
des œufs, donna, après 128 heures, 81 pour cent d'éclosions ; une exposition h ?4 C
80 pour cent ; à 55"C., 28 p. c. ; et à sg'C, 12 pour cent. Aucune éclosion n? so pro-
duisit, après une exposition des œufs pendant 24 heures, à 42°C
Un chauffage à 4€°C. pendant 30 minutes détruisit la vitalité d'œufs pondu»
depuis 15 à 16 heures; des œufs semblables, exposés à une température de 36°C
éclorent normalement.
D'autre part, des essais d'immersion faits par M. Baeot (9) à Freetown (Sierra-
Léone) ont prouvé qu'après 7 à 9 mois de conservation hors de l'eau, ies œufs de
Stegomijia peuvent donner 80 à 90 pour cent d'éclosions. Après 10 mois, ce pourcen-
tage est beaucoup moindre et il n'est plus que d'environ 5 p.c. après 11 mois.
Après 12 mois un lot de 600 œufs ne donna plus que 5 larves, qui sortirent après
5 à 6 heures d'immersion. Après 15 mois, 1,000 œufs ne donnèrent plus qu'une seule
Urve et après 14 et 15 mois il n'y eut plus aucune éclosion.
5Ô
Quel est l'aspect des larves Les larves aquatiques de moustiques sont
de moustiques ? généralement de coloration verdâtre, vert-
brunâtre ou brune, parfois rouge ou bleue
et ont environ 7 à 8 mm. de longueur, La tête est ronde, bien sé-
parée du reste du corps. Le thorax est arrondi, renflé ; l'abdomen est
allongé, articulé, et le huitième segment est pourvu, tout au moins
chez les Culex, Acdes, Stegomyia, Megarhini, Mansonia, etc., d'un
siphon ou tube respiratoire bien développé (voir îig. 34).
Fig. 34. — Larves de moustiques, de dimensions quadruplées :
aj larve d'Anophèles maculipennis Mg. — bj larve de Stegomyia
fasciata F. — cj larve de Culex fatigans Wied.
Le corps des larves de moustiques est garni de longs poils raides
et espacés et leur extrémité caudale est munie d'appendices servant
de rames. L'habitude de ces larves de remonter plus ou moins fré-
quemment à la surface de l'eau pour respirer et de s'enfoncer ensuite
soudainement, lorsqu'elles sont alarmées, par un mouvement rapide
et saccadé ou un tortillement du corps, permet aisément de les re-
connaître.
Quels sont les principaux Les dessins, fig. M à 38, représentent
caractères des larves de ^, j ^ ^ ; j Stegomyia lasciata
Culex, Stegomyia et , ,, - , , t ■ • i i-pr. j
Anophèles ? Mode de ^t d Anophèles. La pnncipaie dillerence de
respiration. conformation se trouve dans l'organe respi-
ratoire. Chez les Culex (fig. 34c et 36a),
c'est un tube ou siphon très long, inséré à l'extrémité anale du corps ;
chez les Stegomyia (fig. 34b et 38), ce tube est moins développé et
chez les Anophèles (fig. 34a et 36b), il ne constitue qu'une simple
protubérance.
L'attitude des larves de Culex et d'Anophcles au repos est égale-
ment très différente.
Lorsqu'elle respire, la larve de Culex est suspendue sous la sur-
face de l'eau, la tête en bas, le corps légèrement incliné par rapport
à la verticale et l'extrémité du siphon touchant la surface de l'eau
(voir fig. 57). La larve de Stegomyia prend à peu près la même posi-
tion, mais le corps est suspendu plus verticalement. Par contre, la
57
larve d'Anophèles, au repos, flotte, étendue horizontalement sous la
surface de l'eau, contre laquelle elle s'appuie ; son organe respira-
toire, très court, placé à l'extrémité anale du corps, atteint ainsi
juste le niveau de cette surface (voir fig. 37).
Larves de Culex. — Dans le bas de la figure 35, sont représentées
des larves de Culex dans différentes attitudes : en mouvement, c'est-
à-dire se déplaçant dans l'eau, ou bien dans la position habituelle
de repos, c'est-à-dire suspendues sous la surface du liquide.
Dans cette dernière attitude (voir fig. 37), la larve adhère à la
surface par la cupule respiratoire hydrofuge, qui se trouve à l'extré-
mité du siphon. Ce siphon est parcouru dans toute sa longueur par
deux tubes trachéens qui aboutissent à la cupule hydrofuge. Lorsque
la larve amène contre la surface de l'eau l'extrémité de son siphon,
cette cupule s'ouvre passivement, par le fait de l'attraction capillaire
et adhère à la surface (D'" F. Brocher [27]).
Le corps reste sous la surface, suspendu à celle-ci, sans que
Fig. 35. — Evuhilion des Culex. — En haut, au milieu, masse
d'oeufs de Culex, en forme de radeau ou nacelle. — A gauche,
œufs isolés, la partie effilée dirigée vers le haut. — A droite, larve
de Culex (le petit trait sur le côté indique la longueur réelle). — En
bas, attitudes diverses des larves de Culex dans l'eau. — Forte-
ment agrandis. (D'après L. O. Howard.)
l'animal ait aucun effort à faire pour garder cette position. Pour se
nourrir, la larve produit dans l'eau, à l'aide de ses palpes rotatoires,
un double courant, convergeant vers la bouche et qui lui amène les
particules nutritives. Ce courant est produit un peu au-dessous de
1 eau et non, comme chez les lar^-es (VAnophelcs, à la surface de
celle-ci.
Alarmée, la larve ferme ou détache sa cupule respiratoire. L'at-
traction capillaire de la surface cesse et le corps, étant plus lourd
que l'eau, descend par son propre poids.
Toutefois, la larve ne reste jamais longtemps au fond. Elle remonte
bientôt et nage en se contorsionnant, en donnant de forts coups
58
avec l'extrémité postérieure du corps, pourvue d'une rangée de poils
qui servent de rames.
La cupule respiratoire est constituée par cinq valves qui s'écartent
'^..H
Fig. 36. — Dessins schématiques, fortement agrandis, d'une larve de
Culex (A.j et d'une larve d'Anophèles (Bj. — A. Tête. — B. Œil. —
C. Antennes. — D. Brosses. — E. Thorax. — F. Abdomen. — G. Siphon
(Culexj. — H. Valves du siphon (Culexj. — /. Orifices stigmatiques (Ano-
phelesj. — /. Papilles anales. — A'. Gouvernail (Culex}.
Fig. 37. — Positions caractéristiques des larves de moustiques respirant
à la surface de l'eau. — Fortement agrandies et grandeur naturelle.
A gauche, larve de Culex suspendue à la surface de l'eau par l'extré-
mité de son siphon et dans une position plus ou moins verticale.
A droite, larve d'Anophèles étendue horizontalement sous la surface de
l'eau et lui étant parallèle. L'adhérence à la surface, a lieu à Textrémité
anale, par une courte protubérance.
59
l'une de l'autre et se renversent en dehors. Chacune de ces valves
est pomvue d'une courte soie rigide, destinée à rompre la pellicule
d'eau qui pourrait rester tendue entre elles, lorsqu'elles s'écartent.
Cette pellicule, en recouvrant la cupule hydrofuge. l'empêcherait
d'entrer en contact avec l'air (Dr F. Brocher [27]).
Larves de Stcgomyia fascinta. — Les larves de Slegonviia fasciafa
(voir fig. 38) ressemblent fortement, comme conformation et atti-
tude, aux larves de Culex. Leur siphon est plus court (un quart de
la longueur de l'abdomen) et plus large et lorsqu'elles sont suspen-
dues à la surface de l'eau pour respirer, elles pendent presque verti-
calement. Elles sont très vite effrayées et vont rapidement au fond,
où elles séjournent pendant un temps considérable. Elles peuvent
d'ailleurs vivre longtemps sous l'eau, sans remonter à la surface.
Lorsqu'on vide l'eau d'un récipient contenant ces larves, celles-ci se
réfugient promptement au fond et leur présence peut passer inaper-
çue. Elles restent si près du fond, qu'il faut rincer et laisser s'égout-
ter les vases pour les en expulser. De même, il n'est pas facile d'en
débarrasser un tonneau ou baril, en en vidant simplement le contenu.
La durée de la période larvaire du
Stegomyia fasciata, par temps suffi-
samment chaud, varie, d'après Mit-
chell (140), entre huit et treize jouis.
Francis donne une période minimum
de sept jours, dans de l'eau à une
température uniforme de 26.5° C, et
Xewsfeail de neuf jours, dans de
l'eau à 25° C.
Larves dWnopheles. — Les larves
d'Anoplielcs flottent donc immobiles
sous la surface de l'eau, appuyées
contre celle-ci, et ayant leur cuips
étendu horizontalement. A la face
dorsale du huitième segment se trou-
vent, sur le devant d'une petite élé-
vation en forme de carré irrégulier,
les stigmates ou ouvertures respira-
toires, qui constituent la terminaison
des grandes trachées latérales, par-
courant le corps de la larve dans tou-
te sa longueur (voir fig. 56b).
Pour respirer, la larve pousse la
pi'otubérance contre la surface de
l'eau. N'étant pas mouillable, celle-ci
y adhère et maintient le corps en po-
sition, suspendu par sa face dorsale.
Les trachées sont ainsi librement en
conumiiiuation avec I an-, par les ouvertures respiratoires (voir
figure 57).
Les poils palmés, placés le long de la jiartie doisale de l'abdomen.
Fig. 38. — Larve de Sle-
gomyia lanckila, le mous-
tique de la fièvre jaune,
fortement agrandie. — Le
trait sur le côté donne sa
longueur normale. (D'après
L. O. Howard.)
l'ai
GO
pegnettent également à la larve de maintenir sa position horizon-
tale contre la surface de l'eau.
La larve des Anophcles est plus lente que celle des Culex. Lors-
qu'elle est au repos, la tête est complètement immergée et la bouche
est dirigée vers le bas. Pour la nutrition, la tête effectue une rota-
tion de 180°, ce qui ramène sa face ventrale du côté dorsal. Les deux
brosses alimentaires se mettent alors à vibrer et créent à la surface
de l'eau deux courants, qui convei'gent vers la bouche et lui amènent
les petits organismes (animaux et végétaux) flottant près de la sur-
face. Ces corps sont triés au fur et à mesure de leur arrivée, ceux
jugés trop gros ou mauvais étant rejetés de côté par un brusque coup
de tête. Lorsque l'alimentation a cessé, c'est-à-dire lorsque la vibra-
tion des brosses alimentaires est arrêtée, la tête reprend sa position
normale, la bouche tournée vers le bas.
Les mouvements des larves à'Anophelcs sont bien plus saccadés
que ceux des larvçs de Culicines, qui se déplacent plutôt en serpen-
tant. De même, les premières ne sont pas aussi visibles dans l'eau
que les secondes, probablement par suite de leur position parallèle
à la surface. Si l'on entre dans un marais, on ne voit aucune larve
à'Anopheles, mais en regardant en arrière, dans l'eau devenue
boueuse, on les distingue très bien, leur forme se détachant sur le
fond sombre.
La croissance des larves d'Anophèles est plutôt rapide et, par
temps chaud, elles peuvent atteindre leur plein développement,
moins de deux semaines après la sortie de l'œuf (*).
Les larves des moustiques Cette question présente une assez grande
respirent=elles seulement irrportance pratique, à cause de son rapport
toires" " ^^ ^^^^" direct avec l'action destructrice des sub-
stances huileuses (pétrole, etc.), que l'on
épand sur les eaux où les larves se développent.
On croit généralement que la respiration des larves de moustiques
est strictement aérienne, ce qui explique la nécessité pour ces larves
de retourner fréquemment à la surface de l'eau et de s'y suspendre
pour absorber de l'air. La conséquence serait que toute larve de
moustique que l'on empêche d'accéder à l'air libre, meurt prompte-
ment, asphyxiée.
Cela n'est pas tout à fait exact, car, comme il est prouvé ci-
dessous, les larves respirent également, en plus de l'air libre, l'air
dissous dans l'eau.
M. A. da Costa Lima (45) a fait, en 1914, à l'Institut Oswaldo Cruz,
de Rio de Janeiro (Brésil), quelques expériences sur des larves d'es-
pèces de Limatus, Stegomyia et Culex, en vue de déterminer combien
(*) En dehors de la présence et de la longueur du tube respiratoire ou siplion, i!
existe encore d'autres différences entre les larves des divers groupes de moustiques.
C'est aiinsi que la tête de la larve est plus grande chez Cidex que chez Anophèles,
tandis que chez Stegomyia, la tête et le thorax sont relativement p«tits. Chez cette
dernière larve, les antennes sont faibles, alors que les papilles sont souvent bien
développées. Chez les Culex, Les antennes sont très variablei^ suivant les espèces. Les
larves canniba'es de Culex (C. concolor) diffèrent fort des autres larves de ce groupe.
Leur siphon est court et elles flottent presque horizontalement sous la surfaœ de
l'eau, avec la tête un peu plus bas que celle-ci. Dams cette position, eJles restent
immobiles, dans l'attente de leur proie (larves d'autres moustiques'», qu'elles sai-
eisisent à l'aide de leurs brosses alimentaires, transformées en organes prédateurs.
61
de temps ces larves peuvent vivre dans différentes sortes d'eau (eau
de rivière, eau de pluie, eau bouillie, etc.). lorsqu'on les empêche
de respirer directement l'air en remontant à la surface.
M. da Costa Lima constate que si, d'une façon générale, les larves
de moustiques respirent l'air libre, elles absorbent également, tant
par les feuillets branchiaux que par tous les téguments du corps
(respiration cutanée), l'oxygène en dissolution dans l'eau. Au plus
la larve est jeune, au plus facilement elle acquerra l'habitude de se
suffire avec l'air en dissolution. Les larves plus âgées, privées d'air
libre, meurent en moins d'un jour. Les petites larves, pourvues de
suffisamment de nourriture, peuvent se développer et devenir des
pupes sans accéder à la surface, mais ces pupes meurent au bout
de peu de temps, si elles n'entrent pas en contact avec l'air. Les
feuillets branchiaux n'aident en rien la locomotion, et ne servent
que pour respirer l'oxygène dissous. Leur ablation force les larves
à remonter plus fréquemment à la surface. Les larves de Stegomyia,
privées de leurs feuillets et sans contact direct avec l'air extérieur,
restent vivre quelque temps. Toute larve introduite dans un flacon
expérimental, dans lequel l'air n'avait pas accès et qui contenait
de l'eau bouillie (c'est-à-dire privée d'une grande partie des gaz en
dissolution), est morte au bout de quelques heures. L'eau qui con-
tient des larves n'ayant à leur disposition pour la respiration, que
les gaz dissous, doit être fréquemment aérée. Enfin, les larves sont
asphyxiées sous une couche de pétrole, non seulement parce qu'elles
ne peuvent atteindre l'air libre, mais parce que l'huile adhère à leur
corps, empêchant la respiration cutanée.
Les expériences de M. da Costa Lima ont été vérifiées par celles
faites par M. J. W. Scott Macfie (127), qui ont porté principalement
sur l'action du pétrole sur les lai'ves de diverses espèces de mous-
tiques. Ces expériences, sur lesquelles nous reviendrons dans la
suite, ont prouvé notamment que les larves de certains moustiques,
y compris Stegornyia lasciata, sont capables de s'adapter à la vie sub-
mergée et peuvent continuer à se développer jusqu'à la nymphose.
Celle-ci, toutefois, est ordinairement empêchée, et, si elle se produit,
le moustique meurt, la pupe étant incapable de vivre sans accès
direct à l'air libre.
Un autre fait intéressant constaté, est que, lorsque des larves de
Culcx latigans n'ont pas d'accès à l'air libre, elles vivent quatre fois
moins longtemps dans l'eau contenant des matières organiques que
dans l'eau distillée, les matières organiques employant l'oxygène
dissous et réduisant ainsi la quantité disponible pour les larves (*).
(») Il faut rapprocher de ces diverses expériencea les observations faites par
M. S. K Sen (184), (Indian Jl. Medic. Res. Calcutta, Jan., JQli), sur la conisom-
matioin d'oxygène ciiez les moustiques. Cet auteur a constaté notamment : 1 — Que
le taux moyen de consommation d'oxygène chez Ciilex silieyis était par heure de
1.1 cm3 chez la larve complètement développée, 1.9 cm3 chez la pupe et 25 cm3 chez
l'adulte ; 2. — Que la quantité d'oxygène absorbée par la larve et la pupe est à peu
près la même ; 3. — Que dans l'acte resipiratoire de la larve et do la, pupe, le rôle
de l'air dissous est faible et négligeable et que l'ablation des branchies semble avoir
peu d'effet sur la respiration larvaire, et enfin : 4. — Que la pupe ressent plus for-
tement et plus rapidement le manque d'oxygène que la larve, et est, par conséquent,
plus vite asphyxiée.
62
Quelle est la nourriture Los aliments sont indispensables aux lar-
des larves de mousti- ^,^,g ^j^ niousliques pour se développer. Ces
t|"eS ? 1 . t • . 1 J'
aliments peuvent consister en algues d eau
douce • certaines de ces algues sont très sensibles aux changements
de densité et de teneur en sels solublos de l'eau et probablement
aussi à la longueur d'ondes de la lumière qui pénètre jusqu'à elles.
En élevant des Anophèles punctipcnnis en captivité. Marchand
(158) a constaté qu'une algue verte, monocellulaire, de surface, placée
dans l'eau claire, constituait la meilleure nourriture pour les larves.
Il a également été établi qu'au Soudan des algues microscopiques
d'eau douce formaient le principal aliment des larves à'Anopheles.
La nourriture des larves de Culicides a été surtout étudiée pour
celles de Stegomyia lasciala, le moustique de la fièvre jaune. D'après
M. L. 0. Howard (94), ces larves se rencontrent surtout dans l'eau
claire : barils d'eau de pluie et récipients servant à conserver l'eau
de boisson dans les maisons.
L'eau de tels récipients contient toujours plus ou moins de ma-
tières animales et de détritus végétaux, formant la base de l'alimen-
tation des larves. Celles-ci descendent au fond de l'eau, même à une
profondeur relativement très grande, pour se nourrir du sédiment
organique qui s'y trouve. Des larves tenues en captivité ont été
observées dévorant les insectes morts et les peaux de mue des larves
et pupcs. Elles sont parfois de mœurs cannibales, les grandes larves
dévorant les petites (*).
. Le développement de la larve du moustique de la fièvre jaune
est activé par la présence dans l'eau d'une petite quantité de ma-
tière fécale. Lors de la guerre cubaine, des observateurs ont constaté
à la Havane, que les larves qui se trouvaient dans les tonneaux de
vidange servant à transporter les déjections humaines provenant des
hôpitaux, se développaient très rapidement, et d'autres observateurs
ont signalé le fait, qu'en ajoutant de la matière fécale à l'eau conte-
nant des larves, leur développement était accéléré et leur cycle vital
complété en six à huit jours.
D'autre part, suivant Sir Hubert Boycc, F. R. S. (23), en Afrique
occidentale, la larve de Stegomyia lasciata en captivité se nourrit
surtout de matières amorphes, de restes macérés de petits crustacés
(Cyelops sp., Diaptoinus sp., etc.), de petits fragments de plantes
aquatiques et occasionnellement de diatomées et plantes monocellu-
laircs.
Enfin, nous notons dans le rapport pour 1914-1915 de la Yelloir
Fever Commission in West Africa, dû à M. A. W. Bacot (8), les obser-
vations suivantefi, relatives à la nourriture des mêmes larves de Stego-
myia fasciata.
Les larves se développent promplcment dans de Feau contenant
en abondance des matières organiques, telles que feuilles mortes,
blanc d'œuf bouilli, riz, insectes morts, etc. Dans l'eau de robinet,
la première mue ne s'est effectuée qu'après addition de matière orga-
nique. Une quantité insuffisante de nourriture a provoqué une forte
(*) D'après Waterston (208) les larves d'Anophèles bifurcatim sont également
cannibales, les larves complètement développées faisant leur proie des plus jeunes
63
nioitalilé cl a prolongé la péi-iode larvaire des imlividus survivants.
Dans certains cas, celle-ci a perduré soixante-dix jours. Dans des
conditions favorables, par contre, le développement des stades pri-
maires fut complété en quatre jours et des moustiques mâles appa-
rurent le cinquième. Des bactéries ont sans doute été assimilées par
les larves et ont peut-être joué un rôle essentiel dans leur développe-
ment. 11 n"a pas été observé de cas de cannibalisme parmi les larves,
quoique les corps de celles qui moururent dans les récipients d'éle-
vage furent dévorés par les survivantes.
Quel est l'aspect des pu= Après trois mues successives, la larve de
pes de moustiques ? moustique complètement développée cesse
do se nourrir et la nymphe ou pupe sort par
une fente de la face dorsale (voir fig. 59). Les pupes de moustiques
sont presque aussi actives que les larves et leur ressemblent d'une façon
générale (voir fig. 40). Elles ont quelque peu la forme d'un point
d'interrogation. Toutefois, chez la pupe, la tête et le thorax sont
réunis en une seule masse,
le céphalothorax, qui mon-
tre sur ses faces latérales et
antérieure les rudiments
des ailes, des pattes et de la
trompe. Du côté dorsal, se^
projettent deux cornets ou
tjrompettes respiratoires,
sem.blables à une paire de
cornes, qui permettent à la
pupe de respirer à la sur-
face de l'eau, tout comme la
est composé de neuf articles, est muni à son
Fig. 39. — Dernière mue d'une larve
3e Culex. Sortie de la pupe ou nymphe. —
Dans le rectangle en-dessous, la pupe
grandeur naturelle. (D'apr. R.Blanchard.)
larve. L'abdomen, qui
Fig. 40. — Pupes de Culex et d'Aiiopheles fortement agrandies. — Chez
la pupe de Culex, les trompettes respiratoires sont minces et longues.
Elles sont plus larges et plus ouvertes chez la pupe d'Anophèles. Cette
dernière pupe est suspendue semi-horizontalement à la surface de l'eau,
tandis que la suspension est verticale chez la pupe de Culex. — Voir en-
dessous de la pupe cV Anophèles, une pupe grandeur naturelle. (Dessin
reproduit d'après M. L. O. Howard.)
64
segment terminal, d'une paire d'organes transparents, en forme de
nageoires. La fig. 40 représente, d'après M. L. 0. Howard, deux pupes
de moustiques fortement agrandies. A gauche, une pupe de Culex
et à droite une pupe d'Anophcles. Comme on pourra s'en rendre
compte, il n'y a pas de grandes différences entre ces deux formes
de pupes. Toutes deux, au repos, flottent sous la surface de l'eau,
leurs trompettes respiratoires en contact avec l'air, mais elles peu-
vent également nager avec rapidité, par un mouvement saccadé de
l'abdomen pourvu, à son extrémité, des deux organes natatoires dont
nous avons parlé plus haut. Comme l'a signalé Christophers, la posi-
tion et l'aspect des trompettes respi-
ratoires varient cependant d'après les
groupes de moustiques. Chez les pu-
pes à'Anopheles, elles sont courtes,
s'ouvrent largement et sont situées
sur le milieu de la partie dorsale du
thorax. Chez les pupes de Culex, elles
sont placées à la partie supérieure du
thorax, sont plus minces et relative-
ment plus longues et leur ouverture
est quelque peu oblique (*). De plus,
les pupes d'Anophelcs sont suspen-
dues plus horizontalement à la surfa-
ce de l'eau, car le céphalothorax est
plus long et pèse par conséquent plus
lourd (**).
Une autre figure (fig. 41), égale-
ment reproduite d'après M. L. 0. Ho-
ward, nous montre une pupe forte-
ment agrandie du Slegomyia lasciata, le moustique de la fièvre jaune.
Cette pupe ressemble, comme aspect général, aux précédentes. Les
trompettes respiratoires sont courtes et larges et leur ouverture a
une forme triangulaire.
La durée de la période de nymphose des moustiques varie d'après
l'espèce et aussi d'après la température. Suivant M. L. 0. Howard,
elle est, chez Culex latigans, Wied., de deux jours au minimum, et
chez les Anophèles de trois jours et plus. Chez Slegomyia lasciata,
elle varie d'un à cinq jours : Mitchell (149) donne un à cinq jours
et Newsfead deux à trois jours, à la température de 23° C.
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Fig. 41. — Pupe de Slego-
myia lasciata, le moustique
de la fièvre jaune, fortement
agrandie. (D'après Howard.)
Comment s'effectue la sor=
tie du moustique adulte?
Après un nombre variable de jours, le
moustique adulte sort donc de son enve-
loppe nymphale. Lorsque le moment de la
sortie est venu, la pupe devient moins vive ; elle quitte moins volon-
tiers la surface de l'eau, s'immobilise, son abdomen s'étale et on
{*) En fait, les différences entre les trompettes respiratoires des pupes A'Ano-
phelex et celles des pupes de Culex ne sont pas aussi tranchées. Les vairiations die
forme, dimensions et longueur de ces organes sont, en réalité, très nombreuses,
d'après les espèces.
(**) Cinq pupes à'Anopheles de l'Afrique occidentale ont été décrites. Cellee
d'à. cosîalis, A. pharoensis et A. mauritianus, par Wesché; celle d'A. funestus, par
Baeot, et celle d'A. marshalli, par A. Ingram et J. W. Scctt Macfie (129).
65
voit s'ouvrir une fente sur le dos du thorax émergé, entre les deux
trompettes respiratoires. Par cefte ïentc, l'adulte sort; le thorax appa-
raît d'abord et immédiatement toute la coque de la pupc se remplit
d'air, ce qui lui donne une grande stabilité (voir fig. 42). Peu après,
sortent la tête, les pattes, les ailes, puis l'abdomen ; les ailes se dé-
ploient et se dessèchent et lorsqu'elles sont bien étalées, l'insecte
Fig. 42. — Trois phases de la sortie de l'adulte d'Anophèles maculi-
pennis, fortement agrandies. — En A, la pupe ou nymphe, vue de profil,
peu avant la sortie de l'adulte. Dans le rectangle en dessous, dimensions
naturelles de la pupe. — En B, début de la sortie de l'adulte. La nymphe
ou pupe s'est remplie d'air et constitue une nacelle flottante, qui peut
supporter l'insecte. — En C, sortie de l'adulte (mâle). (D'après E. Brumpt.)
s'envole. L'opération entière ne dure que quelques minutes, rare-
ment plus de dix ou quinze. Il semble qu'elle exige une eau très
tranquille, quoique, d'après M. le Dr Brocher (27), la chute sur
l'eau du moustique en train d'éclore n'est pas un accident fatal.
L'insecte flotte sur la surface, sans que l'eau le mouille, et dans
cette position, il achève de se dégager.
Quelle est la résistance de Les facteurs qui peuvent influencer le dé-
larves et pupes aux con; vcloppement normal des larves et pupes de
ditions défavorables a ' \. . i i ' j i j i»
leur développement ? moustiques sont le degré de salure de 1 eau,
la dessiccation, la submersion, ainsi que
l'action des températures basses et élevées.
Résistance à la concentration saline de l'eau. — Les larves de
diverses espèces de moustiques sont connues comme pouvant vivre
et se développer dans l'eau salée ou saumàtre. D'après Dutton, les
larves d'Anophèles (Pyretophorus) costalis peuvent vivre dans 75 p. c.
d'eau de mer ; suivant de Vogel, les larves d'Anophèles vagus n'ha-
bitent que les petits étangs côtiers des Indes néerlandaises, conte-
nant 25 à 30 grammes de sel au litre ; expérimentalement, elles
peuvent vivre dans de l'eau renfermant 87.4 grammes de sel par
litre. Les larves d'Anophèles (Piiretophorus) Chaiidoyei ont été ré-
coltées (Foley et Yvernault) dans les mares salées du Sahara, ayant
un degré de concentration de 40 grammes au litre (*), et d'après
AI, Ed. Sergent, les larves d'Acartomyia mariae vivent dans les creux
de rochers du littoral méditerranéen, où la proportion de sel atteint
60 grammes au litre. (D'après E. Brumpt [29]).
Suivant M. J. W. Scott Macfie (125), à Accra (Côte d'Or), Ochlero-
latus initans se développe dans de l'eau contenant 14 pour mille de
chlore, Culex fatigans dans de l'eau en contenant 16 pour mille et
C. decens, 20 pour mille (soit 5.28 de x\aCl.). Des expériences ont
prouvé que Stegomyia fasciata, ou bien refuse de pondre dans de
l'eau contenant 2 p. c. de sel, ou bien que la vitalité des œufs qu'il
y dépose est bien vite anéantie.
D'après M. L. 0. Howard (94), des larves de Stegomyia fasciata
ont été trouvées en vie dans de l'eau saumàtre contenant 35 p. c.
d'eau de mer. Avec 40 p. c. d'eau de mer, les larves survivaient
encore et complétaient leur cycle vital en donnant naissance à des
imagos. Il a été prouvé que, dans la nature, les larves de ce mous-
tique peuvent rester en vie dans de l'eau ayant acquis, par le fait
de l'évaporation, une forte concentration saline, et que si, dans la
suite, cette eau est suffisamment diluée par les pluies, ces larves
peuvent achever leur développement (**).
(*) Suivant M. Langeron (lOS) Anophèles turkhudi List (Pyretophorus Chau-
doyei Théo) se rencontre dans les oasis du Nord de l'Afrique. Il a été trouvé en
Algérie et en Tunisie. De nombreuses larves et nymphes ont été récoltées dams les
eaux fortement minéralisées des oasis sahariens et lybiens. L'eau y était claire, le
fond sableux et il n'y avait aucune trace de végétation.
(**) Les effets de divers sels sur les larves de Culex pipiens ont été expérimentés
par M. Gofferje (77).
Les milieux d'élevage dans lesquels furent placées les larves étaient constitués
par des solutions normales de chlorures, nitrates et sulfates de sodium, de potassium,
de calcium et de magnésium. La durée moyenne de la vie de la larve fut prise comme
base et il fut possible ainsi de diviser les solutions en « fatales » (occasionnant la
mort dans les 24 heures), " enrayant le développement » et « non activeis ».
Le premier groupe (fatales) comprend toutes les solutions diluées de moitié et
les solutions au quart de nitrates et de chlorures de potas.sium et de magnésium.
A l'exception du nitrate de potassium, tous les sels, à la dilution de 1/32 ou 1/64
étaient inactifs ; le sel de cuisine était inactif à 1/16. Le développement des larves fut
enrayé par les chlorures et sulfates de sodium et de potassium. Dans des solutions
de chlorure de sodium à l'32 et 1/64, une larve vécut 76 jours ; dans une solutioa de
chlorure de potassium à 1/3-2 57 jours ; dans une solution de sulfate à 1/64 37 jours ;
et dans une solution de sulfate de potassium, 38 jours en moyenne.
67
Résislance à la dessiccation el ù la submersion. — Le degré de
résistance des larves et piipcs à la dessiccation varie d'après les
espèces et d'après le climat, f/est ainsi que, d'après M. L, 0. Howard
(94), sous un climat sec, les larves de Slcgonujia fasciala meurent
rapidement, lorsque l'eau dans laquelle elles se trouvent est versée
sur le sol, tandis que, sous un chmat humide, elles peuvent, si les
circonstances sont favorables, rester vivre hors de l'eau pendant un
temps considérable, et les pupes montrent une grande résistance à
la dessiccation.
Des expériences faites par M. Peryassu au Brésil ont montré que,
lorsque des larves de Stegomyia furent placées sur du papier filtre,
aucune ne survécut plus de neuf heures. Placées sur un sol humide,
elles restèrent vivre, suivant le degré de température et d'évapora-
tion, jusqu'à treize jours et, remises ensuite dans l'eau, se dévelop-
pèrent en imagos. Des pupes séchées sur du papier filtre survé-
curent neuf heures,, et trente minutes.
En ce qui concerne la résistance à la submersion, il est dit dans
le mémoire de Mitchell (149) (Alosquito Life, 1907), que Duprée a
découvert que les jeunes larves de Stegomyia sont remarquablement
résistantes à la vie sous l'eau ; elles supportent trois heures de sub-
mersion complète el, dans certains cas, furent rappelées à la vie,
après être restées cinq heures sans venir respirer à la surface (*).
D'autre part, les larves adultes supportent, pendant une heure el
demie à deux heures, une immersion totale et cette résistance leur
permet de se nourrir au fond des citernes qui ne sont pas trop pro-
fondes et de rester sans rapport avec l'air extérieur pendant des
périodes très longues. D'après M. A. W. Bacot (8) (Report Yellow
Fever Commission, 1914-15), toutefois, les larves et pupes de-
Stegomyia ont été incapables de supporter, pendant vingt heures,
une submersion complète.
Résistance aux températures basses et élevées. — La résistance
des larves et pupes aux variations de la température diffère égale-
ment d'après l'esnèce. Pour Stegomyia (asciata, il n'a pas été direc-
tement prouvé que les larves supportent une température de 0° C,,
quoiqu'elles aient été trouvées par temps de gel, par Francis, à Mobile,
Alab. (Etats-Unis), vivant dans des baquets abrités, alors que l'eau
des récipients exposés à l'air libre était couverte d'une couche de
glace de plus d'un centimètre d'épaisseur. Il est en tout cas certain
que les larves de Stegomyia peuvent supporter des températures rela-
tivement très basses. D'après Bacot (8), les larves et pupes de ce
moustique, exposées pendant deux à trois heures à une température
d'environ 4 1/2° C, passent de la vie active à la vie latente, les
lai-ves se trouvant alors au fond du récipient et les pupes restant à
la surface. Les pupes recouvrent leur activité à 15° 0. et les larves
à 27° C. Quant à l'action des températures élevées, la vitalité des
larves de Stegomyia s'est maintenue, durant une exposition à la
chaleur du soleil, lorsque la température de l'eau variait entre 24°
(*) Comme nous l'avons vu, page 60, ces larves utilisent l'air en dissolution dans
l'eau (respiration branchiale et cutanée).
et 40° C. De l'eau chauffée à 46° C. fut mortelle aux larves et aux
pupes.
Quelle est la durée totale Dans les conditions normales, la durée
de ''vUai7^dS^°stldIs ^^^ développement des stades larvaires des
yrvaires des^' m'oustl! moustiques est très courte. Par temps
ques? chaud, elle est en moyenne de dix à quinze
jours, et il en résulte que plusieurs géné-
rations de ces Diptères peuvent se succéder en une seule saison.
Le rôle essentiel est joué par la température, qui retarde on accélère
l'éclosion des œufs, le développement des larves et la sortie des
imagos.
Le Dr L. 0. Howard a trouvé qu'aux Etats-Unis, la durée mini-
mum du cycle vital de Culcx fatignns, Wied, était de dix jours, soit
16 à 24 heures pour l'éclosion des œufs, sept jours pour la période
larvaire et deux jours pour la période pupale. Toutefois, le temps
nécessaire pour le développement d'une génération est indéfiniment
prolongé, si la température est froide. Il y a également lieu de sup-
poser que la chaleur raccourcit par contre cette période (*).
Pour les Anophèles, dans des conditions normales, c'est-à-dire par
un temps favorable, les œufs éclosent en 56 à 48 heures, la période
larvaire dure de 11 à 14 jours et la période de nymphose, 2 à 3 jours,
de sorte que l'ensemble du cycle vital prend de 14 jours et demi à
19 jours. Par des températures défavorables, toutefois, cette période
peut être prolongée jusqu'à 36 jours et plus.
D'après M. S. A. Smith (192), la durée de développement des larves
à'Anopheles piinctipennis, Say (Etats-Unis), varie entre 21 et 25 jours
et la période de nymphose est d'environ deux jours. D'après M. J.
Zoîek (214), dans la zone du canal de Panama, le cycle vital d'Ano-
phfles tarsimaculatus prend de 7 à 9 jours. Il y a donc de grandes
différences, suivant l'espèce d'Anophcles et suivant la température.
Quant à Stegomyia lasciata, le moustique de la fièvre jaune, les
effets des diverses températures sur la durée de développement des
stades larvaires ont été étudiés avec précision par la Commission
américaine à Cuba et par la Commission française à Rio de Janeiro,
et les résultats obtenus par ces deux commissions sont concordants.
Le cycle vital le plus court, observé par Reed et Carroll à Cuba, par
un temps d'été, fut de neuf jours et demi, soit deux jours pour l'in-
cubation, six jours pour la période larvaire et 36 heures pour la
période de nymphose. Toutefois, ceci est, croit-on, exceptionnel. Par
une température d'été moyenne, le temps requis pour une métamor-
phose complète varie ordinairement entre 11 et 18 jours. Les obser-
vateurs français à Rio de Janeiro ont trouvé que l'époque la plus
favorable pour un développement rapide était lorsque les tempéra-
tures nocturnes allaient de 26° à 27.25° C. et les températures diurnes
(*) M. A. W. J. Pomeroy (164) établit qu'à Dar-es-Salam (Afrique orientale), le
cycle vital minimum de Culex fatigans est de moins de 8 jours (192 heures), se dé-
composant comme suit : éclosion des œufs : 24 heures maximum ; stade larvaire :
120 heures maximum ; stade pupal : 48 heures maximum.
(le 27.7,') à ôl" C. Ils constatèrent que certaines des larves de mous-
liques atteignaient le stade de nymphose sept jours après l'éclosion
ilcs œufs, et l'état adulte le neuvième jour, et que, généralement, la
jthipart des larves provenant d'une même ponte produisaient des
imagos environ vers le dixième jour.
C. — MŒURS DES MOUSTIQUES ADULTES.
1. — Anophèles ou Moustiques de la Malaria.
Quand piquent les fe= Dans les. régions inhabitées, les espèces
malles d'Anophèles? d'Anophèles se nourrissent sans doute du
sang des mammifères et oiseaux, du suc
des plantes et des fruits et probablement aussi du pollen de certaines
fleurs. Plusieurs observateurs pensent que le sang est la nourriture
normale des femelles d'Anophèles et que celles-ci ne prennent d'autres
aliments que si elles n'ont pas de source de sang à leur disposition.
Il semble bien que les Anophèles femelles soient plus avides de sang
que d'autres moustiques et, fait à noter, certaines personnes et cer-
tains animaux les attirent plus que d'autres (*).
En règle générale, les moustiques Anophèles sont de mœurs noc-
turnes et les femelles ne piquent qu'après le coucher du soleil ; leur
piqûre ne produit qu'une légère irritation. Aux Etats-Unis, cepen-
dant. Anophèles criicians Wied. et .4. punctipeniiis Say, ont été
observés, en de rares occasions, attaquant en plein jour. Le fait n'a
pas été constaté pour A. qitadrimonilatus, Say., autre espèce nord-
américaine.
Dans leur remarquable ouvrage Mosquito Control in Panouja, paru
en 1916. MM. J.-A. Le Prince et A.-.l. Orensteiii (117) font observer
que, durant les années 1904 à 1912, aucun cas de piqûre en plein
jour par les différentes espèces d' Anophèles infestant la région du
canal de Panama, n'a été signalé (**). En 1912, toutefois, à Gatun,
(*) Suivant M. \V. Marchand (138), il a été démontré, par des observations, que
l'instinct de piquer est surtout guidé chez Anopliele^ punctipennis par le th-ermotro-
piiSme, c'est-à-dire l'attraction de la chaleur. Les femelles réagissent plus fortement
que les mâles. L'odeur ne joue aucun rôle dans l'attraction.
(*'■) Les espèces d'Anophèles les plus importantes de l'isthme de Panama sont les
suivantes :
1. — Anophèles albimanus, Wied., abondante, très malariale et fréquentant beau-
coup les habitations ;
2. — Anophèles tarsimaculatus, Goeldi, également très susceptiblei d'infection mala-
riale ;
3. — Anophèles pseudopunctipennis, Théo, commune, mais infestant moins les mai-
sons que les deux premières. Importance moindre au point de vue' de la malaria ;
4. — Anophèles malefactor, D. K., commune dans les maisons, pique avec vi-
gueur, mais ne paraît pas propagatrice des fièvres ;
5. — .Anophèles argyrotarsis, R. D.
Les autres espèce® d'Anophèles : A. franciscanus, Me Crack, A. apieimaculata,
D. K., A. gorgasi, D. K.. A. crnzii, D. K., A. punctimactila, D. K., A. eiseni. Coq.,
n'ont pas d'importance pathologique.
Pour se rendre compte de l'abondance relative des diverses espèces de moustiques
dans l'istiime, disons que, d'après RusscJl (173), le laboratoire du Board of
Health avait capturé à Panama, durant 1916, 391,300 moustiques, dont 242,900 Manso-
nia titillons, 55,365 Anophèles albimanus, 3,813 A. tarsimaculatus, 4 A. argyrotarsis,
45 A. pseudopunctipennis, 19 A. apicimnculata, 114 .4. malefactor, 265 Mansonia fas-
ciolatus, 67 .¥. nigricans, 2,154 Ochlerotatus taeniorhynrhiis, 45 Aedomyia squami-
pennis, 3 Lutzia allostigma. 2,068 Stegomyia fasciata, 76,145 Culex sp., etc.
En 1919, M. C. S. Ludlow a signalé comme nouvelle espèce d'Anopheles de Pa-
nama : Ahopheles niveopalpis.
70
ils furent attaqués, en pleine lumière du soleil, par six ou huit
femelles d'Anophèles tarsimaculatus et A. alhimanus. Dans l'obscu-
rité, la lumière d'une lanterne protège les parties éclairées du corps,
et des observateurs se trouvant dans les rayons directs d'une lampe
a acétylène n'ont pas été piqués. Toutefois, la plus légère ombre,
même celle projetée par un doigt, suffisait pour provoquer une atta-
que immédiate d'.4. alhimanus. Les Anophèles sont plus voraces au
crépuscule et aussitôt après la tombée de la nuit, et les attaques
exceptionnelles en plein jour, à Gatun, peuvent probablement s'ex-
pliquer par un besoin urgent de nourriture. Quoique des centaines
de Culicines furent trouvés morts dans les globes des lampes élec-
triques, l'éclat de celles-ci n'attira presque jamais les Anophèles (*).
La lumière artificielle H semble cependant que la lumière arti-
exerce=t=elle une iii= ficielle exerce une attraction sur les mousti-
fluence sur les mousti= a i , • -, c -^ •
quggv ques. A la troisième conférence sanitaire
pour les Indes, tenue à Lucknow en janvier
1914, M. G. A. Brentley (26), a exposé les résultats d'expériences
faites sur l'attraction que la lumière des lampes exerce sur ces
insectes. Sa conclusion générale fut que les moustiques réagissent à
la lumière émanant de sources artificielles et que, par conséquent,
celle-ci les attire dans le voisinage immédiat de l'homme. Gette con-
statation explique peut-être le fait observé par Fry et d'autres au
Bengale, que, dans certains districts malariés, les villages entourés
d'une végétation très vigoureuse sont moins atteints que d'autres, ne
possédant qu'une végétation moins dense. De même, elle confirme
l'hypothèse de King, qu'un écran d'arbres intercepte l'accès des
moustiques et de la malaria. II est probable que les bungalows bril-
lamment éclairés des Européens attirent souvent au loin les Ano-
phèles, et le fait ne devra pas être perdu de vue, dans la construc-
tion des maisons protégées contre les moustiques, spécialement dans
les localités reconnues comme malariées (**).
Où se cachent les Ano= Durant le jour, on peut trouver les femel-
pheles pendant le jour? j^g d'Anophèles immobiles dans leur atti-
tude si caractéristique, le corps formant
avec la surface de repos, un angle de 25" à SS"" (***), dans tous les
coins sombres des habitations, derrière les rideaux, sous les lits,
sur les parois des huttes indigènes ou sur les arbres. Ces moustiques
sont très délicats ; le vent et les pluies torrentielles leur sont né-
(*) D'après M. I. Di Paci (50), Schoo a observé, en Hollande, que des moustiques
nourris sur des fruits acides n'étaient pas infectés et, en Italie, Celli a signalé que
la malaria était rare dans les districts où l'on cultivait les tomatee.
(**) M. B. Galli-Valerio (72) a constaté à Vidi (Lausanne) que, la nuit, les
moustiques semblent plutôt attirés par l'intensité de la lumière que par sa coloration.
D'après les observations de l'auteur, les adultes de Culex pipiens se réunissaient tou-
jours sur les carreaux, ou vitres les plus fortement illuminés. Pendant le jour, cepen-
dant, ils étaient attirés par les surfaces foncées. Il semble donc à conseiller d'em-
ployer des abat-jours foncés dans les districts infestés par les moustiques.
(***) L'angle est surtout ouvert, lorsque le moustique s'est posé au plafond, car
alors la pesanteur agit fortement sur l'abdomen, relativement très lourd.
Par contre, l'angle formé par le corps de l'insecte est beaucoup plus faible, lors-
que celui-ci se trouve sur une table ou toute autre surface horizontale.
Yl
fastes et, immédiatement après un mauvais temps, il est difficile d'en
découvrir. Au Congo, les cases des indigènes constituent une des re-
traites favorites des femelles d'Anophetes. Celles-ci restent cachées
le jour dans les nombreuses fissures qui se trouvent dans les toits de
chaume et on ne les y découvre que par des recherches attentives.
D'après MM. J.-A. Le Prince et A.-J. Orenstein précités (117), on
trouve, dans la zone du canal de Panama, les Anophèles au repos,
sur la partie du tronc des arbres située à l'abri du vent, à moins de
130 centimètres au-dessus du sol ; de même, on les trouve, réunis en
grand nombre, sur les écrans de toile métallique garnissant les fenê-
tres et autres ouvertures des maisons, du côté non exposé au vent,
alors qu'ils sont absents de l'autre côté (voir fig. 55).
Les crevasses du sol et les petits amas de foin ou d'herbe sèche
accumulés dans les soubassements des maisons surélevées, forment
également un des refuges favoris des Anophèles, pendant le repos
diurne.
Quelle est la durée nor= H est difficile de déterminer expérimenta-
TeTes'^adultis?'''' ^""^ ''^"^^"^ ^^ '^"^^^ normale de la vie des femel-
^ s a u s. j^g j^ moustiques dans la nature. Leur
longévité dépend d'un grand nombre de
facteurs : conditions climatériques, alimentation, ennemis, etc. Sui-
vant certains auteurs, la femelle de moustique meurt, en règle géné-
rale, peu après la ponte. Cependant, d'après Kulagin, l'accouplement
d'Anophèles punclipennis, Say, de l'Amérique du Nord, se produit
en automne ou rarement après l'hibernation, et les femelles déposent
leurs œufs durant le printemps et l'été suivant. D'après Duprée,
des spécimens femelles de cette espèce, en captivité au laboratoire,
ont effectué, par intervalles, six ou sept pontes de cent à trois cents
œufs.
En nourrissant les moustiques en captivité à l'aide de bananes
mûres et de sang, il a été possible de les conserver en vie durant
deux mois, mais cette période dépasse de beaucoup la moyenne. Gé-
néralement, presque toutes les femelles meurent au bout de deux
ou trois semaines et la longévité des mâles ne dépasse pas trois ou
quatre jours. M. William B. llerms (90), se basant sur une estima-
tion de l'abondance relative des Anophèles dans un district où des
mesures sérieuses de destruction ont été prises, évalue la durée
moyenne de la vie d'une femelle adulte de moustique, à trente ou
quarante jours. Ceci, bien entendu, lorsque la température est favo-
rable.
Hibernation et estivation Sous les climats tempérés, les femelles
d'Anophèles fécondées hibernent, c'est-
à-dire passent l'hiver à l'état de repos, ce qui prolonge beaucoup
leur longévité. Celle-ci peut alors atteindre six à sept mois. En au-
tomne, ces insectes pénètrent dans les maisons, les étables, les gran-
ges, les dépendances, ou dans d'autres cachettes bien abritées et y
restent jusqu'au printemps. On les trouve souvent, en hiver, réunis
en grand nombre dans les caves des maisons, où on peut les tuer
72
par (ics ïiiniigalions. L'iiitcnsilé du l'ruid n"a aucune influence sur les
moustiques hibernants. D'après M. W. B. Herms (90), les moustiques
Anophèles qui viennent de se réveiller de leur sommeil hibernal, sont
actifs, même en plein midi, et piquent avec férocité.
Quelques espèces de moustiques, telle l' Anophèles bifurcatns^
hibernent, paraît-il, à l'état larvaire (*).
D'autre part, sous les tropiques beaucoup d'espèces de moustiques
passent les mois secs et chauds en état d'immobilité (estivation), soit
à cause du manque d'eau, soit encore à cause de la sécheresse de
l'atmosphère et de l'élévation excessive de la température, toutes con-
ditions défavorables à la ponte et à l'incubation des œufs. Les adultes
qui survivent de cette façon sont, pour la plupart, des femelles.
D'après MM. J. E. Dutton, M. B. et J. L. Tood, B. A. M. D. (54).
il règne, aux extrémités nord et sud de notre colonie, une saison
sèche qui dure plusieurs mois et pendant laquelle il n'y a pas de
chutes de pluies ; les milieux favorables à la reproduction des
moustiques y sont alors très rares, ou même n'existent pas. Pour-
tant, les adultes peuvent résister longtemps : les uns sont plongés
dans un état d'indolence et d'inactivité ; les autres restent actifs.
En cherchant bien, on peut trouver les premiers dans les coins
fibscurs des chambres abandonnées, dans les anîractuosités des toits
des huttes indigènes, dans les encoignures obscures où on ne vient
pas les déranger. Dans ces circonstances, ce sont les mâles qui vivent
le moins longtemps. Les femelles prêtes à pondre ont une vie plus
longue. Il n'est pas douteux qu'un moustique puisse vivre ainsi de
5 à 6 mois, peut-être même davantage.
Quelle est la puissance H est d'observation courante, que les
de vol des Anophèles? Anophèles adultes n'ont pas un vol puissant.
Ils ont les ailes faibles et ont besoin d'her-
bes et de buissons pour s'abriter du vent (**).
Si l'on constate la présence d'Anophèles, écrit M. W. B. Herms
(90), on peut être certain que le lieu où se développent leurs larves
n'est pas éloigné ; il se trouve généralement à moins de deux cents
(*) Suivant Griffitts T. H. D. (82), les espèces nord-américaines: Anophèles cru-
cians et A. punctipennis passent également l'hiver à l'état larvaire.
(**) En décembre 1918, M. E. Eoubaud (175) a fait une importante communication
à l'Académie des Scienoes de France, sur les rythmes physiologiques et le vol spon-
tané, chez VAnopheles maculipennis.
Le vol d'Anophèles maculipennis semble répondre avec une précision mécanique
à certaines lois. Dans le laboratoire, ce moustique reste immobile, apparemment insen-
sible durant tout le jour, à de brusques altemative® de lumière et d'obscurité, mais
au commencement du crépuscuile, il se lance soudainement en plein vol. Ceci se pro-
duit toujours au même moment et si exactement qu'il est possible de s'en servir
pour régler une montre, si bieai entendu les condiftions de lumiiosité restent les
mêmes.
La période de vol, qui est le momient dangereux au point de vue de la transmis-
sion d© la malaria, ne dépassait jamais, en captivité, les deux premières heures
d'obscurité; pondant le restant de "la nuit, le moustique restait immobile et il ne
montrait aucune velléité de reprendre son activité à l'aube. Par conséquent, dans les
oon/ditions normales, A. maculipennis passe 20 à 22 heures sur 24, dans un état de
repos absolu.
En ce qui concerne la note musicale caractéristique que les Anophèles émettent
en volant^ celle-ci, d'après les observations faites par M. T. Darling (47), à Panama,
sur Anophèles malefactor, serait associée à la vibration de la trompe.
73
nièfres. Ces iiiseotes no volonl pas à plus crun millo. Ccpoiulant. s'il va,
entre la mare d'origine et les habitalions, des herbages courts, régu-
lièrement espacés, ceux-ci facilitent le voyage el augmentent le rayon
de vol des Anophèles. D'autre part, il semble qu'une ceinture d'arbres
agisse plus ou moins comme barrière contre les moustiques.
D'après M. J.-A. Le Prince ol A.-J. Orenstein (117), parmi les
huit espèces d'Anophclcs les plus communes dans la zone du canal
de Panama, Anophèles albimanns vole habituellement contre une lé-
gère brise et s'éloigne beaucoup plus de ses lieux de développement
qu'yl. pseudopunctipcnnis ou A. malelactor. Des observations très
intéressantes et très ingénieuses ont été faites à Gatun. Elles ont
montré l'existence d'un vol direct d'i. tarsimaculatus et d'.l. albi-
manus, des mares d'origine vers les habitations de Gatun. Ce vol
commençait à la tombée de la nuit et durait de 50 à 45 minutes. Il
y avait également un vol de retour, de Gatun vers les marais, com-
mençant à l'aurore et durant environ 30 minutes. Ce vol de retour
s'effectuait à une plus grande élévation et était beaucoup plus
rapide (*).
L'accouplement se i)roduisait sans doute durant le vol du matin. On
trouvait plus de mâles, près des marais, durant ce dernier vol, que
durant celui de la soirée.
Il semble que dans les endroits très peuplés, les femelles ûWno-
pheles ne volent pas au delà de l'endroit le plus proche où elles trou-
vent à s'alimenter. Dans d'autres contrées, où les lieux habités sont
assez distants des mares servant de milieu de développement aux
moustiques, il est probable que ces insectes effectuent des vols de
longue portée. En tout cas, plus la femelle d'Anophèles doit aller loin
( *) Pour déterminer le vo! d'aller et de retour des moustiques, on a eu recours
au marquage d'un certain nombre de spécimens, d'après le procédé de M. J. Zetek.
Des larves ou plutôt des pupes d'Anophèles, furent récoltées, élevées, et les individus
adultes placés dans des cages, à l'ahri du soleil et du vent, puis marqués par un«
tache faite à l'aide d'une solution aqueuse de tein-
tude d'aniline. Des solutions aqueuses d'éosine, de
bleu de méthylène, etc., furent également employées,
à raison d'un gramme de teinture sèche par 50 cm'
deau. Un jet très fin était dirigé sur les moustiques,
à l'aide d'un at<omisateur, de façon à ne les toucher
que par quelques fines particules de liquide. Les
moustiques marqués furent libérés à des distances
connues, et tous les moustiques trouvés dans les mai-
sons furent ensuite soigneusement récoltés. Chaque
spécimen fut traité par une petite quantité d'une so-
lution dissolvant la teinture des individus marqués
et permettaait de les reconnaître. Cette solution dis-
solvante était formée de trois parties d'alcool,
trois parties de glycérine et une partie de chloro-
forme.
D'autre part, M. B. F. Quimby a également inventé
un appareil très ingénieux pour enregistrer la direc-
tion du vol des Anophèles. Cet appareil (voir fig. 43)
consistait en quatre plaques de verre, agencées dans
un châssis de métal monté sur un trépied. Les pla-
ques étaient placées à angle droit, de façon à pou-
voir être dirigées vers les quatre points cardinaux.
Le verre était enduit d'un mélange de résine et
d'huile de ricin, transparent, mais capable d'en-
gluer tous les moustiques entrant en contact avec
Fig. 43. — Appareil de
M. E. F. Quimby, per-
mettant d9 déterminer
la direction du vol des
moustiques Anophèles.
(D'après J. A. Le Prince
et A. J. Orenstein.)
74
pour trouver la ration de sang qui lui est nécessaire, plus ses chances
de périr sont grandes (*).
Transport des Anophèles Les Anophèles ne voyagent pas aussi aisé-
^ciels'^^ moyens artifi= ^^^^^ ^^^ ^^^ q^^ 'd'autres moustiques
(Stegomyia), bien qu'on cite comme exem-
ple, leur transport de Bombay à Trieste. D'après M. A. Raiïour (13),
les navires qui font le trajet de la Guyane anglaise à la Barbade sont
souvent envahis par les moustiques, lorsqu'ils quittent Georgetown,
mais on n'en trouve plus, à l'arrivée à Bridgetown, le vent les ayant
sans doute balayés de toutes les parties exposées du bateau, tandis
que ceux qui se tiennent dans la cale ne paraissent pas capables
de survivre au roulis pendant 36 heures (**).
Quant au transport artificiel par voie de terre, il paraît qu'à Pa-
nama, les moustiques, non seulement pénètrent dans les trains pour
piquer les gens, mais encore restent séjourner pendant toute la durée
de la nuit dans les wagons de voyageurs, et ne les quittent qu'au
lever du soleil.
Les Anophèles, se posant également sur les vêlements, peuvent ainsi
être transportés à de grandes distances et même être introduits dans
les maisons protégées par de la toile métallique et communiquer la
malaria aux personnes qui s'y trouvent.
(*) Voici quelques observations relatives au vol des Anophèles, publiées de 1917
à 1920, dans les revues scientifiques :
D'après M. le major B. E. Wright (213) (Journ. Boinbay N. H. Soc. janv. 1918),
des essaims d' Anophèles (Cellia) pulcherrimus envahirent un bateau hôpital se trou-
vant dans le Chatt-el Arab, à 15 1/2 milles de la côte. Aucun réceptacle à larves
n'existait à bord et durant le trajet de Bombay au point d'ancrage aucun moustique
n'avait été signalé.
Dans le sud des Etats-Unis, Anophèles qnadrimaculatus est probablement le
principal agent de transmission de la malaria. MM. J. A. A. Le Prince et T. H. D.
Griffitts (119) firent en 1916 des expériences sur la portée de vol de ce moustique,
analogues à celles faites à Panama sur A tarsimaculatus et A. albimanus. Les
insectes capturés furent marqués à l'atomisateur, avec une solution aqueuse d'éosine
à un pour cent. Au cours d'un premier essai, un spécimen marqué fut repris le troi-
sième jour à environ 1,700 mètres du point de départ; un autre le quatrième jour à
850 mètres et deux autres !e sixième jour à 1,000 mètres. Dans un second essai, la
distance de vol atteignit 930 mètres dont 240 mètres au-dessus des eaux d'une rivière.
Durant l'été 1918, des expériences sur la portée de vol d'Anophèles crucians fu-
rent faites par M. C. W. Metz (145) en Alabama (Etats-Unis). Il fut constaté que le
rayon de disipersion des A. crucians autour des mares d'origine pouvait atteindre
2,100 mètres. Au delà de cette distance les Anophèles n'étaient plus en nombre suffi-
sant pour présenter de l'intérêt au point de vue sanitaire.
Enfin M. C. S. Banks (16) dans le Philippine Jl. of Science, Manila, de septem-
bre 1919, relate des observations détaillées qu'il fit en mars 1919, aux Philippines, STir
les essaims d'Anophèles subpictus Grassi. Le 6 mars, à 18 h. 15 quelques mâles furent
d'abord observés et en dix minutes trois essaims comptant plusieurs milliers de
mâles s'étaient formés. Entre 18 h. 30 et 18 h 40 une cinquantaine de femelles environ
se joignirent à l'essaim et furent saisies par des mâles, les couples volant lentement
mais directement hors de l'essaim. Dix minutes plus tard, tous les moustiques s'étaient
dispersés.
Fait remarquable, une forte brise soufflait à ce moment, ce qui prouve que les
Anophèles peuvciut maintenir leur position et voler aisément dans n'importe quelle
direction, par un vent de 8 à 9 milles à l'heure,
(**) D'après M. Bousfield (22), il existe à Khartoum un grand trafic de steamers,
bateaux indigènes et trains, venant de districts fortement contaminés.
Dans ces dernières années, par suite du manque de charbon, les transports de
bois par bateaux indigènes se sont également multipliés.
Ces bateaux descendent lentement le Nil. venant de districts malariés. Pendant
qu'ils sont amarrés à la rive, la nuit, ils sont envahis par les moustiques, qui, après
s'être nourris sur l'équipage indigène, se ca-chent dans la cargaison et y restent
tranquilles jusqu'au moment du déchargemenjt. Ils portent ainsi la contamination
d'un port fluvial à l'autre.
2. — StEGOMYIA FASCIATA OU MoUSTIQUE DE LA FlÈVRE JAUNE.
Le caractère essentieilement domestique du Stegomyia lasciata el
son importance comme propagateur de la fièvre jaune font que ce
moustique a été mieux étudié que tous les autres et que sa biologie
est actuellement très bien connue. Il est donc intéressant d'entrer
dans quelques détails à son sujet.
Où et comment se nour= Le Stegomyia est, comme nous l'avons
rissent les femelles de ^^ moustique de mœurs domestiques
Stegomyia? . -.i • • i • • • -a,.
qui ne quitte jamais le voisinage immédiat
de l'homme, dont le sang est préféré par la femelle à celui de n'im-
porte quel animal. C'est la nécessité de se nourrir de sang humain
et de s'abriter contre les abaissements de température, qui retient
la femelle de Stegomyia près des maisons. Elle attaque silencieuse-
ment, alors que les autres moustiques émettent un bourdonnement
ou un son aigu. Elle s'approche furtivement par derrière et se retire
à la moindre alerte. Ses points d'attaque favoris sont les chevilles
et la face inférieure des mains et des poignets des gens qui sont
assis à table. Elle est extrêmement prudente et se cache partout où
elle le peut, se réfugiant sous les vêtements, dans les poches, sous les
pans d'habit, et pénétrant sous les culottes, pour piquer aux jambes.
Dans les maisons, elle se cache dans les coins sombres, sous les
cadres des tableaux et derrière les têtes de lit d'ancien modèle.
D'après M. L. 0. Howard (94), la femelle de Stegomyia suce le
sang là où elle le trouve. En captivité, elle a été conservée pendant
longtemps en vie, en la nourrissant de miel ou d'autres substances
sucrées. Elle est attirée par les parties du corps couvertes de trans-
piration. Elle pique 18 à 24 heures après être sortie de la pupe. La
femelle vierge pique, mais celle fécondée est plus avide. Après absorp-
tion du sang, elle est très paresseuse, vole avec difficulté et cherche
une cachette où elle peut effectuer sa digestion. Celle-ci dure plu-
sieurs heures. Cet acte accompli, la femelle est de nouveau anxieuse
de se nourrir. Normalement, cette espèce opère de fréquentes prises
de sang et une femelle a été observée, piquant 12 fois en 31 jours.
Il est évident qu'en attaquant un certain nombre de personnes, ses
chances d'infection par la fièvre jaune et de transmission de la ma-
ladie sont fortement accrues.
La femelle de Stegomyia lasciata peut se nourrir du sang de n'im-
porte quel animal à sang chaud, mais, comme iî est dit plus haut,
ses préférences vont au sang humain. Elle choisit plutôt les hommes
de race blanche, que ceux de race noire, et parmi les blancs, elle
attaque surtout les personnes jeunes, vigoureuses, à peau fine et à
coloration saine. Les personnes âgées ou anémiques sont moins re-
cherchées. Elle suce également le sang des oiseaux, et on en a trans-
porté vivantes du Brésil en Europe, nourries sur des canaris. Ce
moustique a été également observé piquant des cadavres.
D'après M. A, W. Bacot (8), la fécondation et la première prise
de sang des femelles adultes se produisent aussitôt que possible après
76
la sortie de la pupe. Le temps sec a une influence retardalrice sur
l'alimentation, tant à l'intérieur des maisons qu'à l'extérieur. Il se
peut que la sécheresse supprime les émanations odorantes, et qu'ainsi
l'insecte ne peut reconnaître la présence de l'hôte.
Quand les femelles de l\ est admis que la femelle de Stegomyia
Stegomyia piquent= h aichement éclose pique nuit et jour ; plus
^* tard, elle ne piquerait qu'au coucher du
soleil et avant son lever, ce qui fait que la fièvre jaune ne se gagnerait
que le soir (*).
L'opinion de M. L. 0. Howard (94) diffère quelque peu à ce sujet ;
nous la résumons dans les lignes suivantes :((La femelle du Stegomyia
» lasciata n'est ordinairement active et ne pique que pendant le jour,
» quoiqu'elle puisse attaquer occasionnellement la nuit, dans une
» chambre éclairée. Elle a un vol silencieux et se dépose de préfè-
» rence sur des corps noirs ou foncés. Elle est spécialement vorace,
» tôt le matin, vers le lever du soleil, et tard dans Taprès-midi. En
» pleine clarté solaire, elle ne pique pas hors des maisons, mais,
» par temps couvert, elle attaque à tout moment. Les lotions der-
» miques employées la nuit contre les moustiques ne sont pas aussi
» efficaces contre le Stegomyia que contre les autres moustiques
» semi-domestiques, tels que Culex faligans et Anophèles, sp. La
» raison en est qu'au moment où la personne qui s'est ainsi protégée
» est le plus profondément endormie, c'est-à-dire vers les premières
» heures du matin, la lotion est en grande partie évaporée. Or, c'est
» précisément ce moment, lorsque les premiers rayons du soleil
» entrent dans la chambre, que le Stegomyia choisit pour son
» attaque. »
Le Stegomyia fasciata est, sans nul doute, un des moustiques les
plus communs à b-ord des navires. Comme il y trouve des conditions
favorables : obscurité, chaleur, humidité, il peut y rester caché pen-
dant des semaines, dans les soutes, chambres de machines, etc.,
C'est le motif pour lequel il est essentiel, dans les contrées infestées
par la fièvre jaune, de munir d'écrans de toile métallique les bateaux
qui font le trafic sur les fleuves et rivières et d'insister pour que les
navires soient mouillés, dans les ports infestés, à la plus grande dis-
tance possible de la côte.
Quelle est la longévité D'après M. L. 0. Howard (94), des femel-
des Stegomyia? j^^ adultes de Stegomyia faseiata ont été
conservées en vie, pendant de longues pério-
des, en les nourrissant de bananes ou autres fruits, de miel, de mé-
lasse ou autres substances sucrées. Au delà du quarantième jour, la
mortalité devient grande. Ces femelles survivent toutefois plus long-
temps dans une atmosphère humide que sèche. Guiteras, à Cuba,
a réussi à tenir en vie, pendant 101 jours, cinq moustiques femelles
(*) En effet, d'après Marchoux et Simond (139) les femelles de Stegomyia venant
d'éclore piquent Le jour et la nuit. Plus tard, cependaJit, elles n'attaquant plus qu'au
crépuscule.
77
adultes infectés de fièvre jaune (*). Cette période fut même prolongée
jusqu'à 154 jours, pour un de ceux-ci. Le plus vieux mâle conservé
en captivité a vécu Tl jours.
Quant au temps pendant lequel le Slegomyia peut transmettre le
virus de la fièvre jaune, nous savons déjà que l'incubation de la ma-
ladie dans le corps du moustique demande douze jours et que ce n'est
qu'après cette période que le Stegoiinjia infecté devient dangereux.
Il le demeure probablement alors, ajoute AI. L. 0. Howard, aussi
longtemps qu'il est capable de piquer (plus de deux mois, d'après
Brumpt [29]).
Quelle est l'influence de Le mousticiue de la fièvie jaune adulte
Steiomy^?*"'' '"' ^' ^^^^ t"<^ P^^ .'« ^^^'^' ^'^^^ ^"^ "^«^^^ P«"^
lequel les épidémies qui sévissaient dans le
Sud des Etats-Unis cessaient à l'apparition des premiers froids, en
novembre-décembre (**).
Suivant M. le Dr L. 0. Howard (94), le Stcgomyia lusciata est, en
fait, extrêmement sensible aux variations de la température. Il montre
la plus grande activité, lorsque le thermomètre est dans le voisinage
de 28° C. Lorsque la température s'élève ou s'abaisse de quelques
degrés au-dessus ou en-dessous de ce point, son activité est forte-
ment réduite. Au delà de 39° C, la chaleur lui est fatale. Lorsque
la température tombe en dessous de 17° C, le moustique devient lent
et paresseux et ne cherche plus à se nourrir. De 12° à 14° C, il
s'engourdit, vole avec difficulté et vacille sur ses pattes. Il meurt rapi-
dement, lorsque la température descend à 0° C. Exposé, pendant une
courte période, à une température de 9.5° à 10° C, et placé ensuite
dans une chambre chaude, il revient à la vie, mais meurt si une
température de 4° C. est maintenue pendant plus d'une heure. Il
peut être conservé en vie pendant quelque temps, à des températures
allant de 7° à 9° C. (***).
(*) D'après Fielding (65), (expériences précitées faites en Australie), la durée
de la vie des adultes de Stegomyia faf^ciata varie fortement avec l'alimentation.
Pour les individus non nourris, 7 jours constituent un maximum; ce dernier atteint
93 jours pour ceux qui reçoivent en suffisance du sang et des bananes.
Aucune ponte ne se pro<lui.';it chez les femelLes recevant une autre nourriture que
du sang, sauf dans le cas où ce dernier était remplacé par de la peptone et du sucre.
(") D'après M. P. C. Flu. ((icnccsk. Tijdschrift, Ned. Indië, n" 5, 1920) (68), des
essais ont été faits dans Les chambres frigorifiques d'un steamer. Une température
un peu inférieure à 0' tue Stegomyia fasciata en 24 heures. Le même résultat s'ob-
tient dans une chambre où !a température ne s'élève pas au-dessus de 6' C. A une
température oscillant entre 7 et 10° C, le moustique s'engourdit très vite, mais ne
meurt qu'au bout de 4 jours.
D'autre part, M. J. W. Scott Macfie (132), dans les Ann. Trop. Med. and Parasit,
de Liverpool, du 30 juin, 1920, dit qu'il résulte d'expériences que c'est :ia stade d"œuf
que la résistance du Stegomyia fasciata à des expositions soudaines, pendant 6 mi-
nutes, à des températures élevées, est la plus grande ; elle est un peu moindre au
stade nymphal et minimum aux stades larvaire et adulte. De plus, les effets de la
chaleur variaient grandement suivant le mode d'application, le temps employé pour
atteindre la température expérimentée et la durée pendant laquelle celle-ci était
maintenue. Dans une atmosphère sèche, les moustiques adultes semblaient plus sen-
sibleis à l'action de températures élevées.
(**'■) Suivant Le rapport de la commission française de Rio-de-Janeiro (Brésil),
entre 29° et 35 C, le Stegomyia pique à toute heure de la journée et surtout à partir
de 11 heures du matin ; entre 19 et 25°, il pique peu et refuse de piquer entre 14°
et 18° C. Par des température? de 30", il pique avec acharnement et, après s'être repu,
fait sa digestion, qui dure soixante heures !
78
Quelle est la puissance Le Stegomvia îasciala a un vol très puis-
du vol du Stegomyia? ^^^^^ j^gjg g^g ^^^^^^ domestiques font qu'il
ne se transporte pas très loin en une fois et
qu'il est rarement trouvé en dehors des habitations. Il vole plutôt par
étapes et ses déplacements sont facilités par le couvert des arbres
ou par une longue rangée d'habitations ou de huttes. Il peut ainsi
passer d'un point à un autre, tout en étant abrité du vent et de la
pluie. Ce moustique ne vole pas très haut et se rencontre principale-
ment aux étages inférieurs des habitations. L'effet des forts courants
d'air sur cette espèce est encore très discuté. D'après certains obser-
vateurs, ceux que produit un ventilateur mécanique sont sans action
sur le vol du Stegomyia, tandis que, d'après d'autres, on ne trouve
jai>i:iis (■■■ ;^.|ll!^,' ' '
Il existe une relation entre le rayon de vol du Stegomyia lasciata
et la' distance de la côte à laquelle les vaisseaux doivent être ancrés
dans les ports infestés de fièvre jaune. Toutefois, lorsqu'un navire
est ancré à une certaine distance de la côte, il est difficile de déter-
miner si les Stegomyia trouvés à bord s'y sont transportés par leurs
propres moyens, ou s'ils ont été introduits par les personnes venues
du port, pour visiter le navire. Dans ce dernier cas. ils peuvent s'être
réfugiés sous le col des habits ou s'être cachés dans d'autres parties
des vêtements. Il est à peu près certain que des vaisseaux mouillés
à plus de 800 mètres de la côte ne peuvent être visités par des mous-
tiques de la fièvre jaune venus par la voie des airs.
Quelles sont les condi- Chez le Stegomyia, l'accouplement se pro-
tions de l'accouplement ^^-^ ordinairement durant le vol, quoique
et de la ponte chez le c • i c n , i
Stegomyia? — Influence pariois la icmeile se pose avant que la copu-
de l'alimentation sur lation ne soit terminée. L'acte ne demande
la ponte, qu'une fraction de minute. La température
a une grande influence sur l'activité
sexuelle. En dessous de 20° C, l'accouplement s'opère rarement. Le
même mâle peut avoir de fréquents rapports avec diverses femelles,
et ceci à intervalles rapprochés.
Il semble certain, dit Al. L. 0. Howard, que le développement des
œufs chez la femelle du Stegomyia ne peut se produire que lorsque
celle-ci est gorgée de sang. La ponte s'opère quelques jours après la
prise de nourriture. Si une femelle fécondée est nourrie de substances
sucrées, les œufs ne se développent pas, mais si, après 15 ou 20 jours
de ce régime, elle reçoit une ration de sang, les œufs se forment aussi-
tôt. L'alimentation sanguine hàle le développement des œufs, mais
raccourcit la vie du moustique ; une ration de miel, d'autre part,
empêche la formation des œufs et prolonge sa vie. Le plus court
intervalle entre la prise de sang et la ponte, paraît être de deux
jours, et le plus long de sept (*).
(*) D'après S. K. Sen (185), (Agric. Jl. India, Pusa, octobre 1918), des expériences
ont permis de formuler les conclusions suivantes :
1. La cliakur, tout en engagieant les moustiques à piquer, ne les jwusse pas à
sucer ;
2. La teneur du sang en sels et en sucre n'est pas ce qui engage les moustiques
à sucer ;
3. Le sang de chièvre n'attire pas les moustiques.
L'hypothèse que le sang est nécessaire à la production des œufs est contredite par
79
Voici ce qu'écrit M. A. W. Bacot (8) précité (Ycllow Fcver Com-
mission, West Alrica, 1914-1915). à propos de l'influence de l'ali-
mentation sur la ponte, chez les femelles de Slegomyia (asciala :
L'accouplement et la première prise de sang se produisent chez les
femelles adultes, aussitôt que possible après la sortie de la pupe.
Le dépôt d'œufs fécondés, après la première ration de sang, ne se
fait que s'il y a de l'eau ou des surfaces humides à portée de la fe-
melle. Des femelles vigoureuses se nourrissent 24 heures après la
ponte, et à nouveau le jour suivant. Les chèvres, chiens et rats con-
stituent une bonne source de sang. A deux reprises, des œufs isolés
furent déposés par des femelles nourries respectivement d'un mélange
de sang et de miel et de sang et de sirop. Sans alimentation, le stade
adulte dure six à huit jours, douze au maximum. L'humidité favorise
davantage la prolongation de ce stade que la sécheresse ou l'alimen-
tation de sang. Par temps défavorable à la ponte, la durée moyenne
de vie de la femelle adulte s'est prolongée jusqu'à 51 jours, avec
74 jours comme limite extrême. Des expériences faites en vue de
provoquer la ponte sans prise de sang préalable, donnèrent des ré-
sultats négatifs. Dans un cas, une femelle ayant vécu sans pondre
pendant 56 jours, sur du miel et du blanc d'œuf, reçut ensuite trois
rations de sang et déposa des œufs fertiles, quatre jours après la pre-
mière. La période maximum pendant laquelle les spermatozoïdes res-
tèrent actifs fut de 62 jours ; la femelle en question pondit encore
plusieurs fois des œufs après ce laps de temps, mais ceux-ci furent
stériles. Un mâle a fertilisé dix femelles sur vingt et une, mais cea
femelles ne pondirent que peu d'œufs. Ce fait peut être dû à une
alimentation insuffisante pendant la période larvaire. La sécheresse
de l'air a surtout été fatale aux adultes.
Enfin, dans les observations de M. J. W. Scott Macîie (125), en
Afrique occidentale (1915). nous relevons ce qui suit sur le même
sujet :
Des adultes de Slegomyia, récemment éclos, furent tenus en capti-
vité dans des récipients de verre contenant au fond un peu d'eau.
Du sang humain leur l'ut fourni journellement. Les mâles vécurent
au maximum 28 jours et les femelles 62 jours. La première prise
de sang fut faite par la femelle le deuxième ou le troisième jour
après la sortie de la pupe. Il y eut d'abord fécondation, puis prise
de sang, puis ponte. Les œufs furent pondus le sixième ou le septième
jour, et, régulièrement, la femelle se gorgeait de sang, aussitôt après
chaque ponte. Ces dernières se succédèrent à des intervalles de trois
ou quatre jours, pendant toute la vie, le nombre d'œufs déposés lors
de chaque ponte variant dans de fortes proportions. Une femelle
non fécondée conserva son pouvoir reproducteur pendant 43 jours,
et il a été démontré par Goeldi, que des œufs fertilisés peuvent être
le fait qu« des femelles fraîchement écloses de Stegomyia albopicta ont pondu après
avoir été nourries de lait et de peptone, édulcoré par du sucre de canne ou même
de sucre de canne seul.
Il est probable que l'odeur des aliments joue un rôle important dans 1 attraction
des insectes. En ce qui concerne les moustiques, cette odeur est probablement celle de
la sécrétion sébacée.
retenus pendant 102 jours dans Fabdonieii d'une femelle à jeun.
Une température de 57° C. semble raccourcir la vie de la femelle du
Stegotnyia lasciata, diminuer son avidité pour le sang et annihiler
sa fécondité. Finalement, des expériences d'élevage ont montré que
des Stegomyia adultes provenant d'une même ponte, peuvent se fé-
conder et se reproduire entre eux.
Transport du moustique L^s Stegomyia peuvent souvent être trans-
de la fièvre Jaune par ^.g ^ j^ grandes distances, par des
les moyens artinciels. ' ,■<••■,
moyens artiliciels.
C'est ainsi que ces moustiques, introduits à bord des bateaux par
les vents de terre ou à l'occasion de l'embarquement des marchan-
dises diverses (*), peuvent être transportés en des ports très éloignés.
On a trouvé des Stegomyia à New-York, sur des navires venant de
Vera-Cruz, et les épidémies de fièvre jaune qui se sont produites
autrefois à Philadelphie et dans d'autres villes du Nord des Etats-Unis
sont imputées au transport par les navires des Stegomyia infectés.
Les wagons de chemins de fer servent également à la dissémina-
tion des moustiques, qu'ils transportent souvent en grand nombre.
Au Mexique, l'aire d'action du Stegomyia fasciata fut étendue de la
côte (Vera-Cruz) vers l'intérieur (Cordoba, puis Orizaba), par la voie
ferrée et, presque chaque été, aux Etats-Unis, ce mousliniie est trans-
porté par trains, de la Nouvelle-Orléans, Mobile et autres villes du
Sud, jusqu'à AVashington. Baltimore et New-York.
(*) Les moustiques provenant d'une ville infestée de fièvre jaune sont descendus
Jans les soutes àes navires, avec les fruits le sucre et les divers produits d'expor-
t«ition.
Arrivées à destination, ces marchandises sont déchargées; les moustiques, à
ieûn depuis longtemps et vivant dans l'atmosphère chaude et humide des bateaux
à vapeur s'empressent de piquer et de transmettre le virus de la fièvre jaune, qu'ils
peuvent conserver plus de deux mois. (D'après E. Brumpt (29).
CHAPITRE III
MOYENS DE PROTECTION ET DE LUTTE
CONTRE LES MOUSTIQUES.
Les conuaissancos précises acquises actuellement sur l'évolution et
les mœurs des moustiques, ainsi que sur la manière dont ils trans-
mettent la malaria et d'autres maladies, ont eu comme heureux ré-
sultat la découverte d'un grand nombre de moyens efficaces de lutte
contre ces terribles Diptères.
Parmi ces moyens, les uns visent simplement à empêcher la piqûre
des moustiques et à éviter ainsi la transmission des maladies. Ils
n'éteignent pas les foyers du mal, mais enrayent leur extension.
Les autres, d'une portée plus générale, ont pour but la destruction
des moustiques eux-mêmes : adultes. et larves. Grâce à eux, une région
infestée par la malaria peut devenir salubre et être désormais à l'abri
de la contagion.
Les moyens de protéger les personnes contre la piqûre des mous-
tiques femelles sont des moyens mécaniques, tels que l'emploi de
lotions, l'utilisation de moustiquaires et d'écrans de toile métalli-
que, etc. Pour être vraiment efficaces, ces moyens doivent marcher
de pair avec les mesures prophylactiques tendant à rendre la piqûre
des moustiques inoffensive, par la suppression des sources d'infec-
tion. Ces dernières mesures — qui sont entièrement du domaine de
la médecine — consistent, pour la malaria, dans le traitement systé-
matique par la quinine des habitants des régions contaminées, jus-
qu'à ce que la maladie s'éteigne d'elle-même."
En Italie, les procédés de protection contre les piqûres ont fait
baisser le taux de la malaria de 65-70 à 14 pour cent, et l'adoption
subséquente de la médication à la quinine a permis de réduire ce
dernier taux à 4 pour cent.
Les moyens de destruction des moustiques s'attaquent aux insectes
adultes et aux larves. Supprimer les adultes par fumigation, asper-
sion, capture, etc., est certes une mesure très utile, mais d'une portée
assez restreinte ; la vraie méthode, celle qui atteint le mal dans sa
racine, consiste à détruire les larves et pupes des moustiques, en
supprimant, en rendant inhabitables ou en empoisonnant les agglo-
mérations d'eau qui leur servent de milieu de développement. La
destruction des larves a donné des résultats excellents dans diverses
contrées tropicales et subtropicales et a abouti à une modification des
plus heureuses de leur état sanitaire.
82
Avant de passer à l'étude défaillée des diverses catégories de me-
sures préventives et curatives proposées contre les moustiques, nous
attirons l'attention des coloniaux sur le fait que l'application pra-
tique de ces mesures dépend des circonstances locales. Certains
moyens sont d'une efficacité parfaite, mais leur exécution entraîne
des dépenses initiales assez élevées. D'autres n'aboutissent qu'à des
résultats partiels mais sont, par contre, faciles à employer et yeu
coûteux. Qu'on commence par ces derniers ; le bien qui en résultera
fera mieux comprendre la' nécessité de mesures plus générales, à
exécuter en commun ou qui demandent l'intervention des organismes
officiels.
Une chose paraît certaine, c'est qu'au Congo belge, l'état actuel
des connaissances sur les moustiques est encore trop peu avancé
pour pouvoir faire des distinctions parmi ces insectes. Pour aboutir
à un résultat pratique, il laut donc détruire indistinctement tous les
moustiques, tant ceux qui hantent les habitations et se propagent
dans le voisinage immédiat de l'homme (Culex, Stegomyia), que ceux
dont les larves se développent dans les mares et autres masses natu-
relles d'eau (Anophèles). Si tous les moustiques ne sont pa's dange-
reux, au point de vue de la transmission des maladies, leur soif
de sang en fait toujours des êtres éminemment incommodes, rendant
le séjour sous les tropiques anémiant et diminuant la capacité de
travail de ceux qui ont à souffrir de leurs attaques.
A. — MOYENS DE PROTECTION CONTRE LA PIQURE
DES MOUSTIQUES.
Choix d'une localité non Pour ise protéger contre la malaria, le
infectée. meilleur moyen consiste évidemment à s'é-
tablir dans ue localité saine, où personne
n'est atteint de la maladie et qui n'est pas visitée par les moustiques
propagateurs.
Dans les régions malariées, les habitations seront édifiées si pos-
sible à plus d'un kilomètre de marais, terrains irrigués, mares, ri-
vières ou cours d'eau, susceptibles de servir de milieu de développe-
ment aux larves d'Anophèles. Les populations seront ainsi hors de
portée des moustiques et la contamination ne pourra se produire.
Les établissements habités par les blancs devront également être
placés à bonne distance des agglomérations ou baraquements indi-
gènes. Comme nous le verrons plus loin, page 106, les noirs et sur-
tout leurs enfants constituent de vrais réservoirs d'infection, et les
Anophèles ont vite fait de communiquer le germe de la malaria aux
Européens qui vivent dans leur voisinage.
Substances qui éloignent les moustiques [Culicifuges]
Emploi de lotions empê= L'alcool camphré, frotté sur la figure et
chant la piqûre des jgg ^lains, ou quelques gouttes de ce liquide
moustiques. , ,' 1 ^ i» n -i • »
versées, le soir, sur 1 oreiller, éloignent
pendant un certain temps les moustiques. L'huile de pennyroyal
(pouliot) a les mêmes propriétés répulsives, mais aucune de ces deux
substances n'a une évaporalion assez lente pour agir pendant toute
la nuit. L'huile de menthe, le jus do citron et le vinaigre ont été éga-
lement recommandés, et l'huile de goudron a été utilisée dans des
régions où les moustiques sont spécialement abondants. L'huile de
citronnelle est un excellent agent répulsif, qui éloigne les moustiques
plusieurs heures durant, mais son odeur n'est pas aisément suppor-
tée par toutes les personnes (*). Le mélange suivant est recommandé
par le M. le Dr L. 0. Howard (92), qui en a reçu la formule de
M. C. A. Nash, de New-York :
Huile de citronnelle l once, soit 28 gr. ,
Alcool camphré 1 » 28 »
Huile de cèdre 1/2 » 14 »
Il suffit d'habitude, pour éloigner les moustiques ordinaires des
maisons, de verser quelques gouttes de ce mélange sur un essuie-
mains éponge suspendu à la tête du lit. Lorsque ces insectes sont
très abondants et attaquent avec persistance, on s'en enduira légère-
ment, avant de s'endormir, la figure et les mains. Ce mélange perd
toutefois de son efficacité à la fin d'une longue nuit. A l'aube, lors-
que le sommeil est le plus profond et que le Stegormjia lasciala ou
moustique de la fièvre jaune, commence à piquer, il s'est, assez éva-
poré pour avoir perdu une grande partie de sa vertu culicifuge. II ne
peut donc servir à éloigner ce moustique, à moins qu'on ne s'éveille
en temps pour en faire une nouvelle application.
(*) MM. A. Ba«ot et G. Talbot (10), ont expérimenté pour le War Office, l'effi-
cacité comparée de certains culicifuges, dans les conditions de laboratoire (Pariso-
tology, Cambridge, fév. 1919).
Le moustique employé pour les essais fut le Stegomyia fasciata.
Douze des préparations expérimentées étaient à base de cire, 3 étaient de nature
grasse, 3 liquides et 3 sous forme de savons.
Il fut trouvé que les substances grasses ou les savons étaient d'une application
plus aisée et plus économique, mais que celles à base de cire avaient, par contre, une
action plus persistante. Les liquides, spécialement ceux très volatils, étaient d'un
emploi difficile et les savons durs s'appliquaient le mieux en mouillant d'abord la
peau.
Un culicifuge idéal doit :
1° S'étendre aisément, de façon à être rapidement et facilement appliqué sur les
parties du corps à protéger ;
2° Etre d'une consista,nce telle qu'il adhère énergiquement à la peau ;
3° Eetardcr la volatilisation des principes actifs qu'il renferme.
Les goûts individuels des personnes, en ce qui regarde les odeurs, sont si diffé-
rents et la répulsion pour certaines d'entre elles si intense, qu'il est difficile de dé-
terminer d'une manière générale, parmi un certain nombre de préparations de même
■valeur protectrice, la plus recommandable.
Dans la première série d'essais, huit préparations sur ving-deux donnèrent des
résultats satisfaisants. Les substances actives étaient : huile do casse et camphre ;
huile de casse et menthe ; huile d'eucalyptus et citronnelle avec acide phénique ;
naphtaline brute (fours à coke) et camphre ; parasitox brut et huile légère de bois ;
huile de térébenthine ; composé culicifuge de Lawson. Aucune de ces préparations,
essayées plus do 2 heures, ne donna une protection complète ; celles relativement
les plus efficaces étaient l'huile de casse avec camphre, l'huile de térébenthine. l'huile
de casse avec menthe, l'huile légère de bois et le naphtaline brute avec camphre.
Des observations sur la manière de se comporter des mouEtiques durant les essais
semblent prouver que la protection n'est pas due a la répulsion des insectes pour les
culicifuges, mais au fait que ces substances masquent l'odeur humaine.
84
M. E. II. Gane, de New-Yoï'k. recommande la formule ri-dessous :
Huile de ricin 1 once, soit 28 m\
Alcool 1 » 28 ^)
Huile de lavande 1 » 28 »
Ce mélange a été préparé en vue d'éviter l'odeur de l'huile de citron-
nelle.
Une autre formule est due à M. Oscar Samoslz, d'Austin (Texas) :
Huile de citronnelle 1 once, soit 28 gr.
Vaseline liquide 4 » 112 «
Ce mélange ralentit fortement l'évaporation de riiuile de citron-
nelle. M. B. A. Reynolds a employé, avec succès, à la \ouvelle~
Orléans, un mélange de vingt gouttes d'huile de citronnelle par once
(28 gr.) de vaseline.
— Le British Muséum (Natural History), dans ses affiches de vulga-
risation : The Mosquilo Danger^ mentionne également les prépara-
tions suivantes :
I. — Eucarcit, composée de 2 onces (56 gr.) d'huile d'eucalyptus,
•4 gouttes de solution alcoolique saturée d'acide phénique et 2 onces
(56 gr.) d'huile de citronnelle. Mélanger intimement les trois liquides.
Agiter avant usage. Quelques gouttes seront étendues sur les mains,
la figure et le cou, avant de se mettre au lit ;
II. — Préparation recommandée par M. le professeur F. M. Howlett :
une once (28 gr.) d'huile de casse ; deux onces (56 gr.) d'huile brune
de camphre ; trois onces (84 gr.) de vaseline, de lanoline ou d'huile
à salade (olive ou arachide). Bien mélanger et frotter une petite quan-
tité sur la peau, avant la tombée de la nuit (*) ;
III. — Divers produits spéciaux : Paraquit (en lubes) ; Amerind
(en tubes) et Parasitox (en bâtons) ;
IV. — Une once (28 gr.) d'huile de menthe ; deux onces (56 gr.)
de vaseline ou d'alcool et une once (28 gr.) d'huile de casse.
D'après M. F. W. Edwards, B. A. assistant au Département d'Ento-
mologie du British Muséum (Natural History) (61), quelques* autres
formules ont aussi donné de bons résultats :
I. — Huile essentielle d'oranges : 50 gr. ; alcool camphré : 30 gr. ;
'huile de cèdre : 15 gr.
II. — Huile de ricin, alcool et huile de lavande, en parties égales ;
III. — Huile essentielle d'oranges, 50 gr. ; vaseline liquide, 120 gr.
— La Bamber OU est également une excellente lotion contre les
moustiques, employée par les coolies des plantations de Ceylan, etc.
('*) La formule recommandée par M. le prof. F. M. HowMt a été établi* à la
suite d'uû nombre considérable d'expéri©no&s, faites aux Indes, en vue de déterminer
la valeur relative des huiles essentielleis pour l'éloignemeint des moustiques ot autifâ
mouches piqueuses (Simulies).
85
Sa formule est la suivante
Huile de citronnelle 11/2 parties
Paraffine liquide ou pétrole .... 1 »
Huile de noix de coco 2 »
Plus un pour cent d'acide phénique.
Son efficacité dure de quatre à six heures.
Enfin, l'on a encore recommandé une solution à 5 pour cent de
sulfate de potasse, ainsi que diverses huiles essentielles. Le pétrole a
été également utilisé, sur une grande échelle, aux îles Philippines.
H est efficace et recomniandable pour les campements militaires,
mais son odeur est désagréable (*).
Substances écartant les On sait qu'à défaut de sang humain, les
moustiques des ani= moustiques femelles se nourrissent sur tous
maux domestiques. , .^ , i , , ,
les animaux a sang chaud, et notamment
sur ceux qui vivent dans le voisinage de l'homme. Si l'on songe
qu'après chaque prise de sang, le moustique femelle pond un certain
nombre d'œufs et que cette ponte est indéfiniment retardée, tant qu'il
reste à jeun, on en déduira qu'une mesure efficace à prendre pour
combattre la propagation des moustiques, consiste à les empêcher
de se nourrir sur les animaux domestiques (**).
A cette fin, tout d'abord, l'emploi des fumigations pour la destruc-
tion des moustiques adultes, dont il sera question plus loin, pourra
s'étendre à tous les locaux servant d'abri au bétail. Les écuries et
étables seront, de plus, nettoyées à courts intervalles, les murs se>
ront badigeonnés à la chaux ou à un autre enduit de couleur
claire (***) et les ouvertures seront garnies de toile métallique. H y
aura lieu, en outre, d'envisager l'application au bétail de substances
protectrices.
Ces dernières substances ne sont pas uniquement destinées aux
moustiques, mais serviront à éloigner des animaux domestiques tous les
(*) D'après M. G. D'Ormea (51), la vaseline contenant 1 pour cent de thymol
est recommandable comme culicifuge, tant à l'intérienr des maisons qu'à l'extérieur.
Toutefois, M. E. Martini (142) fait remarquer que l'onguent au thymol, recom-
mandé par D'Ormea. est sans action sur le Stegomyia fasciata.
Au reste, la manière de se comporter des moustiques vis-à-vis des substances
culicifuges est très variable suivant l'espèce. En 1914, il fut observé que le savon à
la citronnelle et d'autres savons et teintures similaires étaient efficaces contre le
Culex pipiens et sans action sur le Culex nemorosiis.
D'autre part, M. Pomeroy A. W. J. (164), parlant de la lutte contre la malaria à
Dar-es-Salam (Afrique orientale), dit qn'nn mélange composé de 30 grammes de savon
mou, 20 cm. cub. d« parafine et 20 cm. cub. d'huile d'eucalyptus fut reconnn comme
le plus efficace pour éloigner les moustiques. Son emploi n'est cependant pas toujours
à conseiller.
Enfin, M. Eckstein (57), au cours de la lutte antimalariale en Bavière, a eu
l'occasion d'essayer diverses préparations culicifuges. Certaines substances inodores
se montrèrent parfois aussi efficaces que celles ayant une odeur très prononcée.
L'huile de bois de cèdre est meilleure que les huiles essentielle-s provenant de plantes
indigènes. Quoique d'un emploi peu facile, l'huile de foie de morue est plus efficace
que le pétrole.
(•*) Les bestiaux en pâture peuvent, en rentrant à l'étable, apporter sur eux dee
moustiques provenant d'agglomérations d'eau plus ou moins éloignées.
(•**) Il est à noter que les animaux de coloration claire souffrent moins des att«i-
ques des Diptères suceurs, que ceux de coloration foncée.
86
Diptères suceurs de sang : tsétsés, taons, mouches d'étable, etc., ainsi
que les mouches à larves parasites. Il existe un grand nombre de ces
remèdes externes, contenant divers produits désagréables aux mou-
ches. Un bon produit de ce genre, doit pouvoir être appliqué exté-
rieurement aux animaux, sans danger pour eux, et son action répul-
sive sur les mouches doit persister suffisamment longtemps pour qu'il
soit d'usage pratique. Ce dernier desideratum est difficile à réa-
liser (*).
En général, les substances protectrices sont liquides et sont appli-
quées aux animaux à l'aide d'un bain, d'une pompe d'aspersion
ou d'un pulvérisateur.
Il résulte d'expériences faites en 1914;, à l'initiative du Bureau of
Animal Industry du Département de l'Agriculture des Etats-Unis, par
M. H. W. Greybill, D. V. M. (80), que les mélanges suivants sont re-
commandables :
1. ■ — Mélange d'huiles de graines de coton et de 10 p. c. d'acide
phénique brut (21.8 p. c. de phénols) ;
2. — Mélanges d'huile de graines de coton et de 10, 20 ou 50 p. c.
de goudron de pin ;
3. — Mélanges d'huile de graines de coton ou d'huile de Beaumont
et de 10 p. c. d'huile de. goudron (14 p. c, de phénols) ;
4. — • Mélanges d'huile de graines de coton et de 10 p. c. d'huile de
citronnelle, d'huile de sassafras ou d'huile de camphre.
Tous ces mélanges ont une action répulsive très forte sur les
mouches et moustiques et sont inoffensifs pour les animaux lorsqu'ils
sont appliqués légèrement. Leur défaut général est que leur action,
ne perdure pas au delà de 24 heures et qu'ils doivent, par consé-
quent, être renouvelés tous les jours.
— Une application légère d'huile de poisson ou d'huile de foie de
morue agit également d'une manière efficace pendant dix à dix-huit
heures. La poudre de pyrèthre a une action répulsive très marquée,
mais, comme les autres substances, elle ne conserve son effet que
pendant une journée. L'effet de la poudre de tabac est moins intense,
mais plus durable.
— Un mélange de 4 1/2 litres d'huile de poisson, 4 1/2 litres de
pétrole, 4 1/2 litres de lait légèrement suri et 170 grammes d'huile
de citronnelle, forme, d'après M. A. "W. Baker (12), un excellent agent
de protection du bétail. Les proportions recommandées sont d'une
partie du produit pour deux, trois ou quatre parties d'eau. Une
application tous les deux, ou même tous les trois jours, serait suffi-
sante (**).
(•) M. Mârillat L. A. (144) recommande dans Amer. Journ. Veter. Med., de
Chicago, de juillet 1920, 1© mélange suivant, comme susceptible d'éloigner les mona-
tiques et mouches durant les opérations chirurgicales et le traitement des animaux
malades. Faire bouillir dans 20 litres d'eau jusqu'à dissolution complète, 500 gram-
mes de savon ordinaire de ménage; puis ajouter 100 grammes de naphtaline, dissoute
dans 4 1/2 litres de pétrole brut. Le mélange est appliqué, soit à l'aide d'une brosse,
soit tamponné sur les poils avec une éponge ou un morceau de drap.
(•*) La plus importante maladie qui, aux Indes, attaque les chameaux est la surra.
M. H. E. Oross (42) a exposé en 1916-17, les résultats de nombreuses expériences
faites au Punjab et ayant pour objet d'enduire ou d'asperger les chameaux avec
diverses émulsions éloignant les mouches suceuses qui transmettent la surra (Sto-
moxys caîcitrans, etc.).
Une émulsion consistant en 26 grammes de crésol, 50 grammes de liquide de Pir,.
87
Remèdes contre les pi= Outre les risques de Iransmission de mala-
qûres des moustiques. ^-^^^ j^g piqûres des moustiques causent
souvent une irritation intense qui incite le
patient à se gratter ; il peut en résulter un empoisonnennent du sang.
Il paraît, d'autre part, que les personnes qui ont été très souvent
piquées par les moustiques, acquièrent un grand degré d'immunité
contre l'irritation produite. Il n'y a plus alors qu'une inflammation
très passagère ou même nulle. D'après M. le Dr Howard (92), le meil-
leur remède contre la piqûre des moustiques est le savon. Il faut
mouiller un morceau de savon de toilette et le frotter doucement à
l'endroit de la piqûre ; l'irritation disparaîtra bientôt. D'autres per-
sonnes recommandent l'ammoniaque, l'alcool ou la glycérine. Un
de mes correspondants, ajoute M. Howard, frotte la piqûre avec un
morceau d'indigo ; un autre recommande la naphtaline, un autre
encore l'iode (*).
Emploi de plantes élol. Certaines plantes auraient la propriété
gnant les moustiqnes. d'écarter les moustiques. Parmi celles-ci,
on peut mentionner diverses espèces d'euca-
lyptus, le ricin, le mûrier, etc. On a beaucoup écrit au sujet des
plantes éloignant les moustiques et les opinions sont très contradic-
toires quant à la réalité de leur action. En fait, dit M. L. 0. Howard,
tous les essais faits dans diverses contrées par des hommes de science
ont toujours abouti à des résultats négatifs. Il semble plutôt qu'il
s'agisse là d'une croyance populaire, sans fondement sérieux.
Vers la fin du xix" siècle, il était d'usage courant de planter des
eucalyptus dans les districts malariés. On croyait, en effet, que l'huile
essentielle produite par les feuilles de cette plante réagissait contre
200 grammes de savon mou et 1 1/2 litre d'eau avait une certaine efficacité en éloignant
les Tabanides, lorsque les chameaux étaient tenus à l'ombre, mais aussitôt que l'émul-
sion était séchée sur la peau, elle perdait toute action, et chez les animaux exposés
au soleil, l'effet ne perdurait qu'environ une demi-heure.
La lotion de Jensen (4 1/2 litres de pétrole, 100 grammes de naphtaline en poudre,
500 grammes de savon, 18 litres d'eau) n'est pas recommandable pour les chameaux,
car elle occasionne de fortes ampoules.
L'huile de citronnelle empêche pendant quelques heures l'attaque des Tabanides
et des Stomoxys, mais perd toute action après 17 heures.
L'huile de foie de morue est sans effet. L'huile de graines d'anis n'a plus d'effi-
cacité après 2 1/2 heures. Elle protège, cependant, quelque peu, pemdant un temps
très court, contre les attaques des Stomoxys.
Une pinte d'huile de ricin par chameau n'a pas d'effet, quatre pintes emoôc-fcnt
l'attaque des mouches pendant 3 jours et procurent une protection partielle pendant
les deux jours suivants. Cette huile, exposée à l'air, peut s'épadssix et former, sut la
peau, une sorte de vernis, mais elle n'a pas d'action nuisible. Ce traitement œt
trop coûteux pour être pratique.
D'autres préparatioins qui furent également essayées, d'après M. H. E. Cross (43,
furent l'émulsion de pétrole, celle d'huilo d'Erica Sativa et une solution d'asafœtida.
(•) M. H. E. Ewing (62), dans le Jl of Econ. Entomology, d'octobre 1918, expose
des recherches faites sur l'emploi de diverses substances comme remèdes contre lea
piqûres des moustiques. Un tableau donne les résultats des essais effectués avec du
savon, du rhum, de l'alcool à 95°, de l'alcool à 30°, de l'eau oxygénée, de la glyoérloe,
des solutions faibles et concentrées d'ammoniaque et de l'indigo dans de l'eau.
Parmi ces substances, le savon, le rhum, l'alcool et l'ammoniaque dilués ont ea
peu d'effets. Par contre, l'alcool et l'ammoniaque concentrés ont la plus grande
valeur comme palliatifs et diminuent fortement le mal. Le premier peut laisser nn«
induration, tandis que le second rend la peau rude.
les émanations prétcndùnicnt empoisonnées des marais. En réalité,
comme l'a fait remarquer récemment M. S. L. Bostin (20), les euca-
lyptus plantés en régions malariées agissent d'une tout autre façon.
"Par le fait de leur croissance extrêmement rapide et de leur grand
pouvoir évaporatoire, ils extraient du sol des quantités énormes d'eau
et assèchent ainsi les mares et les endroits marécageux, qui servent
de lieux de développement aux larves dWnophcles.
Moustiquaires et Ecrans de toile métallique.
Emploi des moustiquaires Si, dans des régions OÙ régnent les fièvres,
on est obligé de passer la nuit sous la tente
ou dans des maisons imparfaitement protégées contre l'invasion des
moustiques, ou si l'on doit circuler au dehors après la tombée de
l'obscurité, il est indispensable de se servir de moustiquaires à tissu
assez fin pour empêcher le passage des moustiques, sans trop gêner
la vue (moustiquaires de tête), ou empêcher l'aération (moustiquaires
de lit).
Moustiquaires de tête. — Dans des articles parus en 1916 dans le
Bulletin de la Société de Pathologie exotique de Paris, M. le Dr La-
veran (109) a décrit plusieurs moustiquaires de tête, destinées aux
soldats obligés souvent, en temps de guerre, à passer la nuit en
plein air, sans abri, ou mal protégés dans des tentes, où ils sont
particulièrement exposés aux piqûres des Anophèles, qui n'attaquent
que la nuit. Aussi, dit M. Laveran, le paludisme a-t-il occasionné sou-
vent de graves épidémies dans les armées en campagne.
Ces moustiquaires de tête pourraient peut-être servir également
aux voyageurs parcourant des régions malariées et à toute personne
devant sortir, la nuit, dans les contrées infestées par les mousti-
ques. Toutefois, suivant M. E. Brumpt (29), ces moyens sont difficiles
à faire adopter à des individus libres, et les expériences intéressantes
qu'on a pu faire s'appliquaient à des soldats ou à des employés, me-
nacés de peines disciplinaires en cas de non observance des règle-
ments. D'ailleurs, ajoute M. E. Brumpt, les moustiques piquent très
bien à travers les vêtements légers des pays chauds et piquent le dos,
s'ils ne peuvent atteindre la figure ou les mains.
La première moustiquaire de tête décrite par M. le Dr Laveran est
le modèle de M. R. Henry, ingénieur des Arts et Manufactures, repré-
senté fig. -44 et qui se compose d'un sac en tulle de 0™40 de diamètre,
fermé à sa partie supérieure par un morceau de toile circulaire, auquel
est cousu le volant de tulle de 0"30 de haut, qui se prolonge en bas
par un volant de toile, destiné à s'engager sous la capote. Deux cercles
en acier flexible fixés, l'un à la partie supérieure, l'autre à la base
du volant de toile, maintiennent le tulle à distance de la face et
du cou.
Un autre modèle, construit par M. R. Henry, sur les indications
de M. le Dr Laveran, est très simple (voir fig. 44), et se compose
d'un manchon cylindrique en tulle, ouvert à ses deux extrémités,
EMPLOI DES MOLSTIQUAIRKS
M
1
fr.Tl
44. — Moustiquaires de tête. — A <fdu< 1 ,». ...
' ' " "' " "' "" Henry, sur leb uidications du Dr La
M. R.
A droite, modèle exécuté par m. n.
veran. (Clichés reproduits du Bulletin
de Paris.)
IMM U
M.R. Henry.
Henry, sur leb uidications du Dr La-
de la Société de Pathologie exotique
V
IV;i
. IT). -- ■l'i.'iih'-inuu.stiquairo individui'lle frniK'é, poiir soldat m cam-
■. — Modèle employé pour l'armée française d'Orient (Salonique).
apri's M. R. Le groux.) (Cliché reproduit du Bulletin de la Société de
llioloijie exotique de Paris).
90
EMPLOI DES MOUSTIQUAIRES.
Fiu. '.!■
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MU voy.miMir.,. — Modèle
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91
PROTECTION DES HABITATIONS CONTRE LES MOUSTIQUES.
Fig. 17. — Va\ ,\fri(iiic du Sud. — Hulie protégée contre les moustiques
par de la toile métallique. (D'après une photographie de la South african
anti-malarial Association.)
Fig. 48. — En Afrique du Sud. — Tente protégée contre les moustiques,
employée par M. le D"" Turner. — A noter la moustiquaire fermant l'en-
trée. (D'après une photographie de la South african anti-malarial Asso-
ciation.)
92
l'KOTlX'TloN DES HAIUTATIOXS CONTRE LES MOUSTIQUES
Fig. 49. — En Afrique du Sud. — Une maison de laquelle les mous-
tiques sont exclus, grâce aux châssis garnis de toile métallique qui en
ferment toutes les issues. (D'après une photographie de la South african
anti-malarial Association.)
Fig. 50. — A Colon (zone du canal de Panama). — L'hôpital, entière-
ment protégé contre les moustiques par des châssis de toile métallique.
(Cliché A.-J. Le Prince et J.-A. Orenstein.)
93
mesurant 60 cin. ûe haut sur (30 cm. de large. L'ouverture supérieure
est plissée et garnie d'un élastique, de façon à s'adapter à la forme
et aux dimensions de la coiffure. La partie inférieure, simplement
ourlée, est destinée à être rentrée sous le vêtement de dessus. Le
tulle est teinte en cachou, couleur moins salissante et moins visible
à distance, que le blanc. Cette moustiquaire rend de grands services
aux douaniers, qui sont obligés souvent de passer des nuits en plein
air, dans des localités insalubres de la Corse, mais qui, en dehors
de ces nuits de garde, habitent des maisons protégées contre les mous-
tiques, ou couchent dans des lits garnis de moustiquaires.
M. le Dr Laveran (109). a également décrit les moustiquaires de
tète adoptées par les armées des Etats-Unis et du Japon. Le modèle
américain, spécialement employé au Texas, se compose d'un man-
chon en tulle noir, ouvert à ses deux extrémités, mesurant 70 cm.
de haut sur 50 cm. de large. L'ouverture supérieure est garnie d'une
coulisse avec ganse, permettant le serrage sur la coiffure. L'ouverture
inférieure est bordée de toile et garnie d'épaulières également en
toile. Les épaulières ont la forme de triangles tronqués ; la base du
triangle se continue avec le bord inférieur du manchon en tuile ; le
sommet tronqué est percé de deux œillets, dans l'un desquels est
fixée une ganse de 80 cm. de longueur.
Ce type américain paraît un peu compliqué et fragile pour le soldat
en campagne ; le modèle japonais est considéré par l'auteur comme
le plus efficace ; il consiste en un sac cylindrique de gaze verte ou
cachou, soutenu par deux légers anneaux d'acier d'environ 25 cm.
de diamètre, tenus séparés par une spirale du même métal. La partie
supérieure du cylindre est fermée par une pièce de gaze tendue sur
l'anneau ; à l'anneau inférieur est attaché un repli en toile cachou
qui peut être serré hermétiquement autour du cou, à l'aide d'une cou-
lisse, lorsque la moustiquaire est en place. L'appareil se replie sur lui-
même; il a alors un centmiètre et demi d'épaisseur et ne pèse que
50 grammes.
D'ailleurs, toutes ces moustiquaires de tète, repliées, n'occupent
qu'un petit volume et sont facilement transportables dans le sac des
soldats. Elles ne protègent évidemment que la tète et le cou. Pour pro-
téger les mains, on devra avoir recours aux gants. Toutefois, comme
les mains peuvent être cachées sous les vêlements et la nuit sous les
couvertures, elles sont ainsi moins exposées aux piqûres des mous-
tiques. Les cous-de-pieds sont protégés par les chaussettes et les
guêtres.
Sir D. Bruce (28), dans un article : Camping in the Tropics, paru
réoemment, conseille, comme moyen de protection contre les piqûres
des tsétsés, moustiques et autres mouches suceuses, un casque fait
de fibres indigènes tressées, assez semblpble d'aspect au casque de
cotte de mailles porté par les Croisés. Des ouvertures sont ménagées
pour les yeux et pour la bouche. Un morceau de toile à moustiquaire
est cousu sur le treillis de fibres, de façon à empêcher les mouches
d'atteindre la peau avec leur trompe. Un grand chapeau de feutre
peut être porté sur le casque. Des moufles ou gros gants et des gan-
94
tclets en kaki protègonl les mains et complètent l'équipement (*).
Moustiquaires de lit. — Pour les moustiquaires de lit, il est essen-
tiel que le rideau de tulle, gaze ou mousseline soit toujours d'une lon-
gueur suffisante, pour permettre de le replier soigneusement sous les
matelas, et il faudra veiller avec
que tout accroc
iblement réparé, car
ouverture per-
moustiques et
moustiquaire
souvent, lorsqu'on
régions infes-
par les moustiques, do con-
stater que les moustiquaires
des lits d'hôtels de catégorie
inférieure sont en mauvais état,
et il sera bon d'examiner soi-
gneusement le tissu, avant de
se mettre au lit, et d'avoir avec
soi un petit nécessaire de cou-
ture, permettant de réparer tou-
tes les déchirutes, ainsi que les
mailles relâchées. Dans le Trans-
vaal Agricvltural Journal, d'oc-
tobre 1907, M. le Dr F. Ar-
nold (5) a décrit les meilleures
moustiquaires en usage (voir
fig. 51). Le haut de la fig. 51
nous montre les dimensions
maxima des mailles du tissu.
Il semble cependant plus prudent de préférer un tissu plus serré,
présentant une cinquantaine de mailles par centimètre carré, soit
7 mailles par centimètre linéaire.
Il va de soi, écrit M. Arnold, que la moustiquaire sera toujours
tenue en bon état d'entretien, car un trou de la dimension d'un
petit pois suffit à la rendre inutile. On ne laissera jamais pendre les
rideaux sur le sol, car le dessous des lits constitue une des retraites
favorites des moustiques. Il faudra, au contraire, les replier soigneu-
sement de tous côtés, sous les matelas. Plus le tissu est tendu, meil-
leure sera la ventilation. D'autre part, les couvertures et draps de
lit seront simplement étendus sur les matelas et non repliés sous
ceux-ci. De cette manière, les mouvements du dormeur ne pour-
Fig. 51. — Moustiquaires. — En
haut, dimensions maxima des mailles
des moustiquaires (grandeur réelle).
— En bas, un lit de camp protégé
par une moustiquaire. (Cliché de la
South african antimalarial Associa-
tion.)
(*) M. le Profr Simpson a fait breveter, en 1917, une moustiquaire de tête très effi-
cace, baptisée Simpsonette. C'est un dispositif léger, facile à adapter et permettant
une aération parfaite.
La coiffe est placée sur la tête et attachée sous le menton. Les plus longs cer-
ceaux sont placés devant le visage et les bras sont passés dans les cordons qui
pendent de chaque côté de la gaze.
Cetie moustiquaire convient non seulement contre les moustiques, mais également
contre les tsé-tsés et les Simulides.
95
ront, en aucune façon, déranger la moustiquaire. Enfin, le lit sera
suffisamment grand pour qu'aucune partie du corps du dormeur ne
puisse toucher la moustiquaire et recevoir des piqûres au travers des
mailles (*).
Une moustiquaire formée d'un tissu de tulle ou de mousseline
cousu à un cercle, suspendue au plafond, et retombant autour du lit,
est d'usage courant en Afrique du Sud et y est considérée comme très
pratique et très efficace (voir fig. 53). Il est également très important
d'employer une moustiquaire, lorsqu'on dort dans la brousse, en
districts malariés. Quatre baguettes dressées peuvent être attachées
à un lit pliant ou à un lit de camp. Une corde est ensuite passée dans
des anneaux fixés au haut des baguettes, et sur cette corde, on jette
une moustiquaire en forme de boîte (voir le bas de la fig. 51). Ici,
comme lorsqu'il s'agit des moustiquaires employées dans les mai-
sons, le tissu sera soigneusement rentré de tous côtés, sous les. ma-
telas ou les couvertures, au lieu de le laisser pendre jusqu'au sol.
D'excellents lits de camp et tentes garnis de moustiquaires peuvent,
du reste, actuellement, être achetés à des prix raisonnables (**) (voir
fig. 48).
M. le docteur A. Laveran (109) a décrit également, dans les articles
mentionnés ci-dessus, deux modèles de moustiquaires de lit pour
officiers et voyageurs. Le plus recommandable est le modèle cloche,
construit par M. R. Henry, sur les indications de M. Laveran. Il se
compose d'une pièce de toile carrée, de 50 cm. de côté, sur les
bords de laquelle est cousue une jupe de tulle de l^âS de long, plis-
sée à sa partie supérieure. Le pourtour de la toile se fixe sur des
tringles en fer, articulées de manière à former un quadrilatère quand
la moustiquaire est déployée, et à se rassembler en faisceau pour le
transport. Ce cadre maintient les parois de la moustiquaire écartées,
tfne corde fixée au centre de la toile permet de suspendre l'appareil
au-dessus de la tête d'un lit ou d'une couchette, à une hauteur con-
venable pour que la personne couchée puisse rentrer, sous l'oreiller
et sous la couverture, les bords de la moustiquaire (voir fig. 46) (***).
(*) La hauteur de la moustiquaire sera de met. 1.50 à met. 1.75. Sa longueur et sa
largeur seront proportionnées aux dimensions du lit.
(**) En Afrique tropicale, une bonne moustiquaire ne protège pas seulement con-
tre les attaques des moustiques, mais aussi contre celles de beaucoup d'autres animaux
dangereux, tels que : des mouches qui déposient leurs œufs, la nuit, dans la p«aa
du nez, et dont las larves occasionnent parfois des accidents irréparables et peuvent
même causer la mort ; des scorpions et diverses espèces de myriapodes ; des fourmis
venimeuses ; des Coléoptères de divers genres qui mordent, sécrètent des poisons ou
pénètrent dans Les oreilles ; des tiques qui transmettent de sérieuses fièvres ; des
serpents, lézards, rats, etc De plus, si le haut de la moustiquaire est en calicot, il
protège aussi de la poussière et de la saleté, lorsqu'on dort à l'intérieur d'une hutte ou
d'une tente, et de la forte rosée, lorsqu'on couche au dehors.
(***) Pour la campagne de 1917, une mission permanente de prophylaxie antipalu-
dique a été envoyée à Salonique pour les troupes françaises. Comme moustiquaires de
tête, on a fait usage du modèle du prof. Laveran, quelque peu modifié pour rendre
son emploi plus commode et plus efficace, et le prof. Simpson, de Londres, a apporté
le modèle intéressant dont nous avons parlé plus haut. Pour protéger les troupes
en camtonnement pendant le sommeil, l'Institut Pasteur a établi uJi modèle de tente
moustiquaire, qui permet de reposer la nuit à l'abri des moustiques. D'après M. R. Le-
groux (116), (Bull. Soc. Path. exotique, 1917, n° 6), l'avantage de cette tente mousti-
quaire est qu'elle est individuelle, légère (k.il. 2.450 piquets compris), et imperméable;
son inconvénient, impossible à pallier, semble-t-il, sd l'on veut conserver les avantagea
précédemts, est la difficulté de l'aération par les soirées très chaudes. (Voir fig. 45.)
Aménagement des habita= \LM. J. E. Dutton et J. L. Tood (54) recom-
tions sous les tropi- j^^aj^jent de tenir compte des points sui-
vants, dans l'aménagement général des mai-
sons pour blancs sous les tropiques.
« Les moustiques, craignant le vent et recherchant les coins or
règne l'obscurité pour se cacher, se reposer et el'fectuer leur diges-
tion, il faut faire usage de punkas et créer des courants d'air. Il faut,
de plus, badigeonner les murs en couleurs vives — vert tendre ou
gris-bleu très pâle, par exemple — qui sont trop claires pour inviter
les moustiques à s'y poser et qui ne fatiguent pas trop la vue. Pas
de draperies non plus, telles que rideaux épais, habits exposés à
l'air, couvertures de lit tombantes, en un mot, rien qui fasse des plis
pouvant offrir une retraite aux moustiques. Qu'il y ait aussi peu d'en-
droits que possible où la lumière ne pénètre pas, sous les lits, der-
rière les meubles et les cadres, par exemple. Ayez de grandes fenêtres
et assurez l'aération de vos pièces.
» Quant aux maisons, on ne devra les construire que sur des pi-
lastres assez élevés. On devra veiller à ce que l'air circule libre-
ment sous les parquets, avoir soin de tenir cet espace dans un état
méticuleux de propreté et de sécheresse (en le badigeonnant, par
exemple), et, sous aucun prétexte, on ne s'en servira pour remiser
de vieux ustensiles. »
Protection des habita= Un excellent moyen de protection contre
tions par des écrans ^.-^ piqûre des moustiques consiste à empê-
de toile métallique. ,^ . i... i i •
cher ces insectes de pénétrer dans les mai-
sons, en garnissant de toile ou gaze métallique, toutes les ouvertures.
La dépense initiale est assez élevée, mais elle est plus que compensée
par la sécurité et le confort qu'elle procure. Les écrans de toile mé-
tallique ne protègent pas seulement contre l'invasion des moustiques,
mais encore contre celle des mouches domestiques et d'une foule d'in-
sectes : petits coléoptères, papillons de nuit, moucherons, attirés le
soir par la lumière. On sait que les mouches domestiques sont très
dangereuses, qu'elles contaminent les aliments et qu'elles servent
d'agents mécaniques de transmission aux germes de plusieurs mala-
dies très pernicieuses, surtout par temps chaud (dysenterie, fièvre
entérique, diarrhée infantile, fièvre typhoïde, choléra, etc.). Il est
donc important, au point de vue hygiénique, d'éviter qu'elles aient
accès dans les maisons et surtout dans les cuisines et salles à manger.
Choix de la toile métallique. — On emploiera, pour garnir les
ouvertures des maisons, de la toile ou gaze métallique, à mailles
suffisamment petites pour empêcher le passage des moustiques. Les
tissus pour moustiquaires ne conviennent pas pour l'extérieur, car
ils pourrissent trop vite. Les dimensions des mailles constituent un
point important (voir fig. 52). En général, on estime que les toiles
métalliques ayant de 16 à 18 mailles par pouce linéaire (*) (6.2 à
(*) C'est-à-dire de la toile ayant, par pouce d« longueur, 16 à 18 fils métalliques de
O.014 à 0.010 pouce d'épaisseur. Le pouce vaut 25.5 millimètres.
97
7 mailles par ccntinièlrc), >onl suffisantes. D'après des expé-
riences faites à Panama, le tissu de cuivre à 16 mailles laisse passer
— mais avec difficulté — le petit Stcgonujia lasciula ; il arrête com-
plètement les Anophèles ; les
tissus à 17 et 18 mailles ne lais-
sent passer aucun moustique
dangereux. La toile à 16 mailles
est deux fois aussi forte que celle
à 18 mailles, mais elle a moins
de surface ouverte : 60.16 p. c,
contre 65 et 67.39 p. c, pour
les toiles à 17 et à 18 mailles.
La toile en fil de fer galva-
nisé est la moins chère et la
plus facile à obtenir dans le
commerce, mais elle vaut beau-
coup moins que les toiles en
fils de cuivre, de laiton ou de
bronze phosphoreux ; ces der-
nières sont plus solides, résis-
tent plus longtemps et présen-
tent donc une plus grande sé-
curité ; leur seul défaut est
d'être plus coûteuses.
A Panama (voir fig. 50, 58
et 61), on n'a utilisé que la
meilleure toile métallique à
18 mailles, en fils de cuivre de
G.), contenant au moins 90 pour cent de
Fig. 52. — Dimensions normales
des mailles da tissu métallique à
employer pour protéger les habita-
tions contre l'invasion des mousti-
ques. — Toile de cuivre de 16 mail-
les par pouce linéaire (6,2 mailles par
centimètre), empêchant la pénétra-
tion des Anophèles de la malaria.
Pour arrêter le Stegomyia de la
fièvre jaune, il faut des mailles un
peu plus petites (18 mailles par pouce
linéaire, soit 7 par centimètre). (Cli-
ché de la South african antimalarial
Association.)
0.025 d'épaisseur (51 B. W
cuivre et pas plus d'un demi pour cent de fer
Cette toile métallique, dit M. A.-J. Orenstein (159), sera utilisée
dans toute la largeur du rouleau. La portée d'un écran ne devra pas
dépasser 1™50 de hauteur, car autrement, la toile s'affaisserait et
deviendrait trop faible. Pour la fixer, on se servira de clous de cui-
vre, recouverts par une moulure de bois. Le cuivre est nécessaire pour
prévenir la destruction par l'électrolyse.
D'après M. R. H. von Ezdorf (205), la toile métallique de cuivre
ou de bronze, tout aussi bien que celle de fer. devra être vernie ou
peinte, pour éviter qu'elle ne s'oxyde ou ne se corrode sous un climat
humide, particulièrement au bord de la mer. Pour enduire la toile,
on barbouillera légèrement la peinture sur le fil métallique, de façon
à éviter qu'elle ne coule et ne remplisse les ouvertures.
Application aux fenêtres, portes et autres ouvertures. — Les fenê-
tres des maisons sont garnies d'écrans de toile métallique, de la
façon suivante. S'il s'agit de fenêtres à guillotine, on adaptera exac-
tement dans l'embrasure, du côté extérieur, un châssis de Ijuis cou-
vert de toile métallique. Ce châssis sera tenu en place par des cro-
chets et pourra être enlevé, lors des nettoyages. S'il s'agit de fenêtres
avant des châssis sur charnières et s'ouvrant vers l'intérieur, on
clouera simplement de la toile métallique dans l'embrasure, du côté
extérieur ; mais si ces fenêtres s'ouvrent
vers le dehors, le problème devient plus dif-
ficile à résoudre et le meilleur moyen
.^consistera, sans dout'd, à .faire changer
!a disposition des fenêtres.
Pour les ouvertures d'entrée, une simple
porte-écran, se fermant hermétiquement et
dont la toile métallique est toujours tenue
eu bon état d'entretien, suffira dans la
plupart des cas. L'idéal consisterait à avoir
des portes-écrans à fermeture automatique,
précédées, à l'extérieur, d'un tambour
S'arni de toile métallique et fermé égale-
ment par une porte à ressort.
D'après M. A.-J. Orenstein (159), une
porte convenant pour les tropiques devra
être indéformable, s'ouvrir à l'extérieur et
Fig. 53. — Intérieur
d'une chambre. La porte
et la fenêtre sont garnies
d'écrans de toile métal-
lique. Le lit est entouré
d'une moustiquaire. (Cl.
de la South african anti-
malarial Association.)
cile de construire une porte
garnie de toile métallique
qui donne entièrement satis-
faction. Si cette porte est
indispensable, la toile sera
soutenue par un treillis mé-
tallique à larges mailles. Le
châssis devra être renforcé
par une tige de tension. Com-
me indiqué dans la figure 5-4.
une des extrémités libres de
cette tige est fixée dans le
coin supérieur d'un des pan-
neaux de la porte, du côté
des gonds, et l'autre dans le
coin diagonalement opposé.
Si la porte tend à se défor-
mer, le tendeur central per-
mettra d'augmenter la ten-
sion et de remettre le châs-
sis en bon état (*).
refermer immédiatement. Il est diffi-
Fig. 54. — En A, porte garnie de
toile métallique, déformée. En B, la
même porte remise d'équerre, grâce
à une lige de tension, placée diago-
Comme nous le savons, les nalement dans le panneau inférieur
du châssis. (Dessiné d'après un cli-
ché de M. M. J. A. Le Prince et A. J.
moustiques Anophèles
groupent toujours, pour
le Orenstein.
(*) Un article paru dans la Munchener Medizinische Wochcnschrift de décembre
1917, sous la signature de Oberarzt Dr. Brack, traite des moyens employés dans les
campements militaires en Turquie, pour se protéger contre les moustiques. Un procédé
simple et pratique de fermeture hermétique des portes et fenêtres, par un système
de châssis de toile métallique fixes et mobiles, y est décrit.
repos diurne sur la face de la maison située à l'abri du vent.
Il résulte de cette observation que, dans les contrées où il existe,
durant la saison de multiplication des moustiques, un vent do-
minant, la porte principale des habitations devra toujours être
placée du côté exposé à ce vent et pourra ainsi être ouverte lors-
qu'il souffle (voir fig. 55). Enfin, il ne suffit pas, pour assurer
une protection efficace contre les moustiques, de fermer les portes
et les fenêtres des maisons par de la toile métallique ; il faut encore
en faire autant pour toutes les autres ouvertures : fissures de plan-
chers et murs, ventilateurs et bouches d'aérage, espaces ouverts
autour des canalisations en plomb, cheminées. Ces dernières sont
souvent laissées sans protection, ce qui rend nul l'effet d'une ferme-
ture soignée de toutes les autres ouvertures. Si la cheminée est con-
struite en fer, briques, pierres ou autres matériaux ne permettant
pas l'emploi de clous ou taquets, on attachera l'écran de toile métal-
lique, en garnissant de plâtre les bords de la cheminée, sur une lar-
geur de cinq centimètres.
'>,/:^,///,n w,ftN/Ji
\
Vérandas. — Sous les tropiques, les vérandas sont indispensables.
Les châssis des porteset fenêtres garnies de toile métallique sont
enclins à jouer et à se déformer et
souffrent des nettoyages cl, d'au-
tre part, les réparations sont coû-
teuses et souvent insuffisantes. De
plus, l'action chimique de l'air,
de la poussière et de la rouille a
comme résultat final de boucher
les mailles et d'empêcher la pé-
nétration de l'air et de la lumière.
Ces inconvénients sont moins sen-
sibles pour de grandes surfaces,
telles que les vérandas. La dépen-
se première de placement d'écrans
de toile métallique pour une vé-
randa est élevée, mais les dé-
penses d'entretien sont insigni-
fiantes, par rapport à celles né-
cessitées pour l'entretien des
écrans aux portes et fenêtres. Si
l'on ne peut faire les frais de garnir toute la véranda, on pourra tou-
jours en protéger une partie.
Anabhele
AU. refi os .
Fig. 55. — Relation entre la di-
rection du vent dominant et la
pénétration des moustiques dans
les maisons. — Emplacement des
portes. Par temps venteux, les
Anophèles se réunissent du côté
de la maison à l'abri du vent. —
En a et en b, bons emplacements
des portes; en c mauvais empla-
cement.
Entretien des écrans de toile métallique. — - Le travail de place-
ment de la toile métallique aux maisons et autres habitations varie
évidemment dans ses détails, suivant les cas particuliers, et il sera
toujours bien exécuté, si l'on ne perd pas de vue le but essentiel, qui
est d'empêcher complètement la pénétration des moustiques. Un tra-
vail défectueux fait, du reste, plus de tort que de bien, car il donne
une fausse sécurité.
On ne saurait assez faire ressortir les grands avantages d'une bonne
100
protection des habitations contre l'invasion des moustiques. C'est
une mesure d'absolue nécessité, dans les contrées malariées, si l'on
veut éviter la contagion. Il ne faut pas oublier que les Anophèles
piquent la nuit et se cachent le jour dans les coins sombres. De plus,
comme nous l'avons déjà dit plus haut, les écrans empêchent l'entrée
des mouches domestiques.
Mais il ne suffit pas de placer des écrans aux portes, fenêtres et
autres ouvertures, il faut encore veiller soi-
gneusement à ce que la fermeture reste
hermétique, à ce que les trous faits dans la
toile métallique, par suite d'usure ou d'ac-
cidents, soient immédiatement réparés, et
à ce que les ressorts des portes fonction-
nent toujours convenablement. Une porte
ou une fenêtre non hermétiquement close,
laissant une fente ou une ouverture, ne
fût-ce que d"un demi-centimètre, suffit pour
perdre tout le bénéfice du placement des
écrans. Il va de soi qu'il est absurde de
laisser la porte-écran d'une salle à manger
ouverte pendant les heures de repas, car
l'on convertit ainsi cette salle en un vaste
piège à moustiques.
Dans les régions infestées par les mous-
tiques, ceux-ci, à certaines saisons, es-
sayent de se frayer un chemin au travers
des mailles et y réussissent parfois. Lors-
Fig. 56. — Habitation
avec véranda, fenêtres et
portes, clôturées par de
la toile métallique, pour
empêcher la pénétration
des moustiques. (Cliché
de la South african anti-
malarial Association.)
qu'ils sont très nombreux, on frottera légè-
rement la toile métallique avec du pétrole ou
de l'huile de citronnelle.
Placement d'écrans sur
les citernes et autres
récipients à eau de
pluie.
Dans les localités
où la provision d'eau
de pluie est conser-
vée dans de grandes
citernes, comme, par exemple, dans les cités
américaines de la région du golfe du Mexique,
il est nécessaire, pour empêcher les moustiques
femelles de venir pondre à la surface de l'eau,
de placer sur ces réservoirs des couvercles de
toile métallique im.pénétrables aux insectes.
Les tonneaux d'eau de pluie et les puits
seront également protégés de la même façon,
à moins qu'on n'y ait mis des poissons fai-
sant leur proie des larves de moustiques. Un
moyen économique de couvrir les tonneaux
à eau consiste à garnir un grand cerceau
de fer, avec un morceau de calicot solide,
ou de toile à sacs en bon état, sans trous. On
b'ig. bl. — Ton-
neau a eau de
pluie, protégé par
un couvercle, pour
empêcher les fe-
melles du mousti-
que de la fièvre
jaune, de venir
pondre sur les pa-
rois, près de la
surface de l'eau.
101
PKOTKCTIÔX l)i;S HAlilTATloNS CONTin': LKS MOTSTlgrKS
i^^'^âij
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r'~
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^^^^^B^^^ORTi/ll" iJÉiffl^^^n
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lu ")^ \. VlKnll /dllt" (lu ( 111 il (1( l'millll - M llMill-, ,|\i ( \i
iml is o.iinu's (k' toilt iiu I illiinn inuii > iiipi i lu i h jx iii li ilioii dt
iniKiiMii, s iCluh( \ I ! > i'iiin . ( I I \ ()i ii-h III
Fig. oit. - Maison congolaise, bien protégée contre rinvasidii des nn.us-
lii|ik's par (les châssis de toile métallique, édifiée à AlWerla lîmiilia . par
la Sdciélé des Huileri's il.ever, Bros, Ltd . (Cliché I.eplae.
102
DRAINAGE. - PROTEPTION DKS HABITATIONS CONTRE LES MOUSTIQUES
Fig. 60. — l)i.ii'ii_i t|i -. luii^ in.iii < .inriises, en vue de l'élimination
des larves des iiuhisIkiiu-s de la iiiahiria. — Une conduite cimentée dans
les Etats fédérés malais. (Cliché M. Watson.)
Fig. Gi. — A Friiulus (zone du canal do Panama). — Peiile maison bien
protégée par de la toile métallique, contre l'invasion des moustiques et
occupée par un inspecteur sanitaire. (Cliché M. Watson.)
103
ENNEMIS DES Mf)IJSTIQUES ADULTES. — LES CHAUVES-SOURIS.
Fig. 62. — Le perchoir à chauves-souris du D^ Campbell. — Dans cet
abri, une grande quanlilé de chauves-souris loge, durant la journée. Ces
insectivores auraient, paraît-il, presqu'entièrement débarrassé une région
marécageuse du Texas (Sud des Etats-Unis), des moustiques et de la
malaria.
^%
Fig. 63. — Une petite particule d'une déjection de chauve-souris, vue au
microscope et montrant de nombreux restes d'exosqueletfes chitineux
d'insectes, spécialement de moustiques.
104
]AV.V\ DE nKVKLdPPKMKNT DES LARVES DE MOUSTIQUES.
f^
Fig. 64. — Un ciiilinil kIimI pour le développement des larves du mous
tique de la fièvre jaune. — Cour enromhree de toutes sortes de débris. —
A noter les hnriK conlcndiit de l'cui, i|ui ne sont pas recouverts d'un
couv(M"(;l(' piiili(liur D.iiis (le Icls eiidiDils, h^s larves du slfiionnim onl,
en aboiidam I . h s pilihs (|u,iiilihs d i ,iu ipii leur sont m i i ss.nii s pnui
vivre ri SI' ili \i l(ipp( I iD.ipMsl ,lh( In i mili e les moustKpii ^. piilduM p,ii
l'Ecole de Médecine tropicale de Liverpool.)
Fig. 65. — Un village indigène propre. — Aucun endroit favorable au
développement des larves do moustiques. (D'après l'affiche contre les
moustiques, publiée par l'Ecole de Médecine tropicale de Liverpool.)
105 /
peut également !=c servir fl"un couvercle en bois (voir fig. o7) (*).
Protection des navires Dans les contrées chaudes, les navires et
contre les moustiques. embarcations laisant le trafic sur les fleu-
ves et rivières sont souvent infestés par les
moustiques, et les voyageurs sont exposés, non seulement à leurs
désagréables piqûres, mais encore à la contamination par les fièvres
paludéennes.
Nous savons également que les vaisseaux ancrés dans les ports
où règne la fièvre jaune, peuvent être infestés par les Stegomyia-las-
ciata femelles et que ces insectes, cachés dans les coins sombres des
navires, peuvent y séjourner longtemps, être transportés à de grandes
distances et amener ainsi la dissémination de la terrible maladie.
Les vaisseaux qui voyagent dans les régions où règne le paludisme
et ceux qui ancrent dans les ports infestés par la fièvre jaune, devront
au préalable être efficacement protégés contre l'envahissement des
moustiques. Toutes les ouvertures, portes, écoutilles, bouches à
air, etc., devront être soigneusement garnies de toile métallique, et
il devra y avoir à bord une réserve suffisante de cette toile, ou de
tissu à moustiquaires, pour pouvoir fermer immédiatement toutes les
ouvertures accidentelles.
Dans le cas de vaisseaux déjà envahis par les moustiques, l'emploi
de moustiquaires autour des lits et hamacs s'impose. II est difficile
d'entourer complètement un hamac de tulle ou de mousseline, de
façon à rendre la pénétration des moustiques impossible, mais cer-
tains dispositifs pratiques ont été indiqués par divers auteurs (**).
D'autre part, les larves de moustiques se développent souvent en
quantités énormes dans l'eau qui séjourne à fond de cale des steamers
fluviaux. Il en résulte que le nombre de moustiques augmente fré-
quemment dans les stations fluviales, aussitôt après l'arrivée du
steamer.
Pour détruire les moustiques adultes à bord, on emploiera les
fumigations (voir p. 110), notamment celles à l'anhydride sulfureux
et au gaz cyanhydrique. Pour l'anhydride sulfureux, on pourra adopter
le procédé Clayton, d'usage universel pour l'extinction des incendies
et la destruction des vermines.
Quant à l'acide cyanhydrique, M. R. H. Creel (40) a décrit derniè-
rement un appareil générateur de ce gaz, de construction très simple,
utilisable dans la cale des navires et qui a donné toute satisfaction.
(») Sous le titre Yellow Fever Control in Ecuador, Preliminary Report, M. B.
Connor décrit dans Le Jl Amer. Med. Ass., de Chicago, du 6 mars 1920, la campagne
entreprise depuis fin 1918, à Guayaquil, capitale de la république de l'Equateur, contre
le Stegomyia fasciata.
La diminution de la fièvre jaune coïncide avec le placement de couvercles de
bois, de toile métallique ou de fer galvanisé sur les réservoirs et autres récipients
à eau.
Il y avait environ 7,000 réservoirs à eau en usage dans la ville, la distribution
d'eau par conduites souterraines étant insuffisante. De plus, 30,000 autres récipients
durent être inspectés.
(*») Consulter notamment, à ce sujet: D. H. C. Given, ■> The Campaign against
Mosquitoes on board H. M. S. " Cadmus «, Jl. State Medicine, London, XXIV., n. 2,
fébr. 1916, p. 47-51, 2 fig.
106
On en trouvera la description et le fonctionnement dans le n° 49 des
U. S. Public Health Reportf^. Washington, de décembre 1915.
B. — SUPPRESSION DES SOURCES D'INFECTION.
Il est clair qu'au point de vue médical, les moustiques transmet-
tant les maladies sont parfaitement inoffensifs, aussi longtemps qu'ils
ne se sont pas infectés eux-mêmes en piquant une personne atteinte
de malaria ou de fiève jaune. S'il n'existe pas, dans une localité, de
réservoirs humains de ces maladies, des milliers A'Anopheles peu-
vent harceler la population, sans qu'un seul cas de malaria se pro-
duise, des milliers de Stegomyia peuvent hanter les maisons sans
communiquer la fièvre jaune. Les moustiques ne sont réellement que
des agents de transmission, qui transportent les parasites des per-
sonnes malades aux personnes saines.
Des recherches médicales, faites en différentes parties du monde,
ont démontré que, dans les régions malariées, une proportion très
élevée des indigènes hébergeait dans le sang, le parasite de la ma-
laria. Les enfants indigènes principalement sont des réservoirs d'in-
fection pour les Européens qui vivent parmi eux ; après une longue
série d'attaques, la plupart des indigènes sont immunisés contre les
fièvres malariales.
Le Dr L. Bostock, ancien médecin du personnel des chemins de
fer à Komatipoort (Afrique du Sud), a constaté, en examinant le
sang des jeunes indigènes des contrées basses (low veld) du Trans-
vaal, que la presque totalité de ceux-ci possédait le parasite malarien.
Des conditions similaires se rencontrent, sans doute, dans toutes les
zones malariées africaines, et le Congo ne fait pas exception à cette
règle, comme en témoignent les résultats de l'examen du sang tiré
des doigts des enfants à Boma, Matadi, Léopoldville et Lusambo.
D'après MM. J. E. Dutton et J. L. Tood (54), tous les jeunes indigènes,
pour ainsi dire, de 10 à 18 ans, étaient infectés.
La conclusion immédiate à tirer de cette constatation est que,
partout où il y a danger de malaria, on ne peut permettre aux enfants
indigènes de séjourner à proximité des habitations européennes. Le
quartier des blancs devra être séparé de celui des noirs par un inter-
valle d'au moins 400 mètres et, si possible, de 800 ou 1,000 mètres.
Ainsi, les risques de piqûre par un Anophèles infecté par le parasite
seront fort réduits (*).
Protection des malades. • Dans le traitement des malades atteints
de malaria, il faudra veiller avant tout —
et cela au point de vue de l'hygiène de la communauté — à ce qu'ils
soient efficacement et parfaitement protégés contre la piqûre des
(•) Il faut, soit éloigner les noirs des habitations européennes, soit les forcer à
prendre régulièrement de la quinine.
C'est ainsi qu'en Ehodésie, on a constaté une mortalité élevée chez les emfanta
blancs et beaucoup de cas de malaria chez les grandes personnes, uniquement parce
que les domestiques étaient des nègres. Cet inconvénient a disparu, depuis que les
noirs de service habitent des quartiers séparés et que ceux chargés de la garde des
enfants sont obligés de prendre régulièrement de la quinine.
107
moustiques, par des moustiquaires ou par des écrans de toile métalli-
que. Même dans les localités où la malaria ne règne pas habituelle-
ment, il est toujours possible aux moustiques Anophèles de s'infec-
ter, en piquant une personne nouvellement venue d'une région ma-
lariée. De cette façon, un moustique peut transmettre la maladie à
des personnes saines. Il est donc essentiel d'isoler les patients souf-
frant de malaria et d'empêcher, par tous moyens, les moustiques
de les piquer.
Traitement par la qui= Dans beaucoup de régions tropicales, les
°'°*« habitants prennent régulièrement de la qui-
nine, soit à titre curatif pour détruire les
parasites qui se développent dans leur sang ou en réduire le nombre,
soit à titre préventif, pour diminuer les risques d'infection.
En général, cette méthode est considérée par le corps médical
comme la plus efficace. Quiconque doit voyager ou séjourner dans un
district malarié, fera bien d'utiliser la quinine, non seulement lors-
que la fièvre se déclare, mais également comme mesure préventive
avant toute manifestation de la malaria (*).
La méthode à la quinine, appelée méthode de quinquinisation, a
été utilisée sur une grande échelle en Italie et a réduit le taux de la
(•) Le Ouide médical abrégé à l'usage du voyageur au Congo, publié par le Minis-
tère d&s colonies, iasiste sur le fait qu'il est indispensable au Congo de prendre de la
quinine préventive, qui constitue un de^ moyens les plus puissants de prophylaxie
anti-malariale.
Il y a, d'après le guide, plusieurs méthodes préconisées pour prendre la quinine:
1. — On peut prendre journellement une dose minima de 25 centigrammes de qui-
nine. Cette méthode convient surtout pour les régions où la malaria est peu virulente
(hauts-plateaux, Katanga, ete.), et pour les personnes ne faisant qu'un séjour peu
prolongé dans la colonie.
2. — On peut aussi prendre 50 centigrammes de quinine, deux ou trois fois par
semaine, et plus souvent même, quand on a fait des excès de travail, de fatigue,
quand on change d'habitudes, par exemple, quand on échange la vie de station pour
la vie d'expédition ou vice-versa.
Dans ses « Notes on Malaria, for Officers and Men » (Troops in East Africa),
parues dans The Lancet (sept. 1917), M. le Dr. Cuthbert Christy, M. B., C. M. (38),
donne également des indications très judicieuses pour l'emploi de la quinine contre
la malaria. En voici quelques-unes :
41. — La quinine est le seul médicament qui tue le parasite de la malaria. Il en
résulte que la quinine est le seul médicament qui puisse guérir la maladie ;
42. — La quinine étant absorbée dans le sang, tue les parasites fraîchement intro-
duits par le moustique, mais lorsque, après trois ou quatre heures, ces parasites ont
pénétré dans les globules rouges, la quinine a moins d'effet sur eux ,
43. — La quinine sera donc prise aussitôt après chaque risque de contamination,
mais comme il est rare qu'on puisse déterminer avec certitude le moment où l'on a
couru ce risque, il vaut mieux d'en prendre fréquemment ;
44. — Une dose journalière de cinq grains (Î5 centigrammes) après le repas du
soir, est la meilleure manière de se prémunir ;
45. — Une dose de 5 grains prise à 10 heures du soir tuera tous les parasites pou-
vant avoir été introduits par les moustiques durant la soirée et restera suffisamment
longtemps dans le sang pour tuer également tous les parasites pouvant être introduits
jusqu'à six heures du matin. On sait que les Anophèles ne piquent que la nuit.
MM. Edm. et Et. Sergent (189), dans une étude sur la prophylaxie antipaludique
d'une armée en campagne (Orient 1917), parue dans le Bulletin de la Société de Pa-
thologie exotique, de Paris (juillet 1918), recommandent comme moyen préventif de
donner aux troupes une dose journalière de quinine. Il faudra, disent-ils, surveiller
avec grand soin l'exécution de cette mesure, car l'action de la quinine ne perdure
que quelques heures et une négligence d'un jour suffit pour rendre nul tout le traite-
ment. La dose recommandée est de 6 grains (30 centigrammes) de chlorhydrate de
quinine par jour, prise sous forme de tablettes.
108
malaria, déjà abaissé de 65-70 pour cent à 14 pour cent par
les moyens de protection mécanique, à 4 pour cent. La quinine
■a été distribuée gratuitement à tous les ouvriers et aux pauvres
vivant dans les localités malariées. Cette quinine était préparée sous
une forme facile à prendre, par exemple sous celle de tannate de
quinine incorporé à du chocolat. Il est ainsi facile d'amener les
•enfants et les personnes qui ne peuvent supporter les sels ordinaires
de quinine, à prendre le remède sous celte forme édulcorée.
La prophylaxie du _palu= Faisant suite à 'Scs Recherches sur la
disme par le bétail. transmission du paludisme par les Ano-
phèles français des régions non palustres,
parues en 1918 dans les Annales de l'institut Pasteur, le savant
Dr Roubaud a publié en avril 1920, dans les mêmes Annales, une
étude extrêmement importante sur les conditions de nutrition des
Anophèles en France (Anophèles maculipennis) et le rôle du bétail
dans la prophylaxie du paludisme.
L'existence à'Anopheles sans malaria et la régression manifeste
et spontanée du paludisme dans beaucoup de régions anciennement
palustres de l'Europe occidentale et en particulier en France, sont
des questions qui ne peuvent être expliquées par une immunité natu-
relle ou acquise à'Anopheles maculipennis. Il en résulte que si ce
moustique, le plus abondant et le plus généralement répandu en
Trance, n'y exerce pas d'une manière plus intense ses propriétés
pathogéniques, c'est que quelque particularité de sa biologie s'y
oppose, en restreignant au minimum ses rapports avec l'homme.
Il découle des nombreuses observations comparativement poursui-
vies par M. Roubaud en Vendée et aux environs de Paris, que celte
particularité de la biologie à'Anopheles maculipennis est sa préférence
absolue pour le bétail. D'une façon générale, tous les mammifères
d'une ferme, même les lapins, jouent dans l'alimentation sanguine
des Anophèles un rôle incomparablemen! plus important que l'homme.
Le cadre de notre petite étude ne nous permet même pas de tenter
de résumer le beau travail de M. Roubaud. Nous devons nous con-
tenter de donner un aperçu succinct du dernier chapitre, intitulé :
L'éducation trophique des Anophelines et la prophylaxie antipaludique.
Il résulte de ce qui a été dit précédemment que, spontanément,
dans les régions d'Europe où le bétail a été placé dans des conditions
lui permettant d'assurer l'alimentation normale de la faune anophe-
lienne, l'^l. maculipennis a cessé presque entièrement ses rapports de
nutrition sanguine avec l'homme II en est résulté, pour ce dernier,
une protection antipaludique plus ou moins parfaite et, par suite,
l'avènement en dernière analyse d'un état latent d'anophelisme sans
paludisme qui domine aujourd'hui dans la majeure partie de l'Europe.
Partout où la faune anophelienne a pu se nourrir régulièrement
aux dépens des animaux, le cycle des parasites malariens s'est trouvé
rompu et le paludisme suspendu dans ses manifestations d'endémi-
cité. Ainsi s'est réalisée dans la nature une expérience spontanée de
large envergure, et dont l'interprétation paraît singulièrement instruc-
tive pour l'histoire de l'antipaludisme.
M. Roubaud estime ensuite qu'il est possible de reprendre sem-
109
tlable expérience en pays palustre et d'y organiser rationnellement
la prophylaxie animale du paludisme.
Mais la prophylaxie par le bétail ne doit pas simplement consister
à introduire au voisinage des habitations humaines un rideau pro-
tecteur animal purement local et plus ou moins temporaire. Pour
•que cette protection soit efficace, il faut réaliser l'éducation trophi-
que de la faune anophélienne en l'orientant d'une façon permanente
et stable vers la population animale, de manière à développer les
préférences des moustiques pour le bétail et à les amener à une indif-
férence de plus en plus complète à l'égard de l'espèce humaine.
Pour ce faire, il faut que l'alimentation sanguine d'origine ani-
male soit assurée en permanence aux moustiques pendant toute la
■saison d'activité et sensiblement aussi toujours dans les mêmes con-
"ditions.
De plus, pour que l'alimentation normale de la faune anophélienne
puisse être obtenue sans le concours des organismes humains, il con-
viendra, avant tout, de limiter la densité de celte faune par le con-
trôle des lieux de développement. Les grandes mesures antilarvaires
restent donc à la base d'une prophylaxie anti-anophélienne bien con-
duite et la prophylaxie animale viendra surtout là où la faune ano-
phélienne devra son développement à des gîtes de faible étendue.
D'autre part, pour les espèces qui, comme 1'^. maculipennis, sta-
tionnent pendant le jour à côté de leur hôte, les abris à bestiaux
constitueront en même temps de véritables pièges où l'on pourra
■détruire, par des visites périodiques, une énorme quantité à'Ano-
^helcs adultes. Cette chasse systématique sera aisément pratiquée
à l'aide de filets rudimentaires, de balais de paille ou de branchages
enduits de glu ou de goudron, qu'on promènera en tous sens sur
le plafonnement des abris et dans tous les recoins où, le jour,
s'immobilisent les moustiques.
Enfin, il faudra s'inspirer, pour le choix des animaux, des préfé-
rences alimentaires de l'espèce d'Anophèles envisagée. Il est évident
que les grands animaux, le bétail bovin, les chevaux et mulets, dont
le rôle attractif est le plus important à l'égard d'.4. maculipennis,
constitueront dans les régions où cette espèce est dominante, les ani-
maux les plus appropriés à la préservation humaine. Après eux, vien-
dront les porcs ou les chèvres et les moutons.
Mais quels que soient les hôtes protecteurs mis en cause, il faut
de toute évidence rappeler ici que, dans une contrée à Anophèles,
l'introduction du bétail ne constituera un moyen efficace de lutte
■que si celui-ci est placé dans des conditions de stabulation favorables
:à la nutrition des Anophèles, c'est-à-dire, suivant les cas, soit dans
■des abris de nature déterminée, ouverts ou non, solî en plein air.
Ross a classé les moustiques, d'après leurs rapports avec l'homme,
en trois catégories : les moustiques domestiques, qui passent la ma-
jeure partie de leur existence dans les maisons ; les moustiques sub-
domestiques, qui y entrent seulement pour se nourrir de sang, et les
moustiques sauvages, qui n'y pénètrent jamais.
Au point de vue de la détermination précise, non seulement des
préférences alimentaires de chaque espèce anophélienne, mais au<:<:i
7
110
de son comportement à Tégard des hôtes. M. Roubaud propose de
substituer à la classification de Ross, la terminologie suivante, em-
pruntée aux circonstances habituelles de nutrition sanguine, suivant
que celle-ci exige le calme des abris ou le grand air.
On pourrait ainsi diviser les Anophèles en deux groupements
essentiels :
Les Entophiles comprendraient les espèces, domestiques ou non,
qui, comme VA. rnaculipennis, recherchent leurs hôtes à l'intérieur
des habitations ou des abris clos : étables, écuries ;
Les Exophiles, les formes qui attaquent leurs hôtes à l'extérieur,
en plein air, de préférence aux abris clos (A. bifurcatus) ou sous des
abris largement ouverts (vérandas, hangars, etc.).
A ces deux groupements essentiels, on en peut joindre un troi-
sième, celui des Amphophiles, comprenant les espèces non fixées à
un mode d'attaque défini et qui piquent aussi bien à l'intérieur des
abris qu'en plein air.
Voici comment M. Roubaud termine ensuite son travail. « Le bétail
protecteur, dit-il, pour être considéré comme efficient au point de
vue antipaludique devra donc, suivant les cas, être placé dans des
conditions d'attaque correspondant aux différentes catégories biolo-
giques citées plus haut. Il s'ensuit que la prophylaxie animale du
paludisme, et c'est là la prmcipale difficulté à surmonter, devra
s'accompagner d'une modification plus ou moins complète des habi-
tudes locales en ce qui concerne l'élève des bestiaux. S'il s'agit d'es-
pèces Entophiles, les grands troupeaux de bœufs parqués en plein
air à distance des habitations, comme c'est le cas le plus ordinaire
dans les régions chaudes, seront absolument inexistants pour la pro-
tection humaine, tandis que l'habitude prise d'abriter, au moins
partiellement, ces animaux la nuit, pourra offrir les plus heureuses
conséquences, au point de vue antimalarique. On voit donc que, les
principes généraux étant posés, la prophylaxie par le bétail devra
être adaptée aux différentes circonstances et s'inspirer avant tout
étroitement de la connaissance éthiologique des espèces anophéliennes
dominantes. Elle sera dirigée, avant tout, contre celles dont le pou-
voir pathogène local aura été reconnu comme le plus important. Ainsi
comprise, il n'est pas douteux que cette nouvelle méthode prophylac-
tique, lorsqu'il sera permis de l'appliquer, ne contribue, dans une
large mesure et dans les meilleures conditions possibles, à l'assai-
nissement des pays palustres. »
C. — MOYENS DE DESTRUCTION DES MOUSTIQUES ADULTES.
Emploi des fumigations. Toute substance pouvant produire une
fumée dense ou des vapeurs toxiques, peut
être utilisée pour détruire les moustiques adultes. Voici les princi-
paux de ces produits culicides :
Poudres de pyrèthre. — Les poudres de pyrèthre. connues dans
le commerce sous les noms de poudre insecticide dalmate. de poudre
insecticide persane, etc., sont très efficaces, lorsqu'elles sont fraîches
et dépourvues d'impuretés. Les poudres pures sont faites avec les
capitules de deux espèces de plantes du genre Pyrethrum (Compo-
sées), finement moulus. Le principe actif paraît être une huile essen-
tielle, qui s'évapore par une trop longue conservation ou exposition
à l'air. Plusieurs poudres vendues dans le commerce sont apparem-
ment falsifiées, en broyant les tiges du pyrèthre avec les capitules ou
par d'autres moyens. Ces poudres ne sont évidemment pas aussi effi-
caces que les poudres pures (*).
Les poudres de pyrèthre peuvent être employées à sec ou en fumi-
gations. A sec, elles sont insufflées dans les crevasses fréquentées par
les insectes ou disséminées dans l'air du local dans lequel les mous-
tiques séjournent.
Il est d'usage courant de brûler de la poudre de pyrèthre dans les
chambres, à la tombée de la nuit. Dans ce but, la poudre est entassée
en une petite pyramide, que l'on allume au sommet et qui brûle len-
tement, en produisant une fumée dense et piquante. Souvent, la pou-
dre est au préalable mouillée, puis modelée à la main en petits cônes
de la dimension d'une praline de chocolat. Ces cônes sont ensuite pla-
cés dans une casserole plate et sêchés complètement au four. Ils sont
alors prêts à l'usage etj. allumés par la pointe, se consument lente-
ment, en envoyant dans l'air une mince colonne de fumée acre. Ces
cônes sont plus économiques que les pyramides de poudre sèche. Les
moustiques sont stupéfiés par la fumée et tombent sur le plancher
où ils sont balayés, puis brûlés.
Cette fumigation fait peu d'effet si les fenêtres sont ouvertes et
s'il se produit ainsi un renouvellement de l'air, et, pour être efficace-
ment protégé, il est nécessaire d'être entouré d'un nuage de fumée.
La poudre peut également être étendue sur une plaque métallique
placée sur le verre d'une lampe à pétrole allumée. De cette façon,
les vapeurs de l'huile volatile se répandent dans la chambre. Ce
procédé est, paraît-il, très efficace. Il économise la poudre et l'odeur
est légère. Une autre méthode de combustion de la poudre de pyrè-
thre consiste à l'insuffler, à l'aide d'un vaporisateur, dans un jet de
gaz brûlant.
A la Nouvelle-Orléans, on a calculé qu'afin de débarrasser com-
plètement les maisons des moustiques, il fallait brûler le pyrèthre
à raison d'une livre environ de poudre par mille pieds cubes
(25 mètres cubes) d'air.
D'après Sir Rubert Boyce F. R. S. (23), pour détruire Stegomyia
fasciata, il faut brûler trois livres (1,350 grammes) de poudre de py-
rèthre par mille pieds cubes (25 mètres cubes), et l'application doit
durer trois heures. Il vaut mieux de diviser la poudre en trois pots,
contenant chacun une livre, que de mettre le tout dans un seul réci-
pient. Ces pots seront placés dans des casseroles plates contenant un
peu d'eau. La poudre de pyrèthre est utilisée dans les chambres con-
tiguës à celle où repose un malade atteint de la fièvre jaune, car les
(*) La poudre la plus renommée est celle qui est faite avec les fleurs du Pyrèthra
de Dalmatie. C'est aux environs de Sebeolco que cette plante croit en abondance,
dans les terrains rocailleux. La récolte de 1920 fut d'environ 120 wagons pour tout« 'a
Calmatie.
112
fumées produites sont bien moins irritantes que celles dégagées par
une fumigation à l'anhydride sulfureux. Il est toujours à recomman-
der de contrôler l'efficacité de la fumigation par une expérience di-
recte. Dans ce but, on introduit quelques moustiques vivants dans
une boîte couverte de mousseline, placée en queiqu'endroit où ces
insectes peuvent être observés du dehors. Lorsqu'ils sont morts, on
peut en conclure que la fumigation a été efficace.
Soulre. — La combustion de soufre en poudre ou de morceaux de
soufre, dans un petit pot, est un procédé de fumigation très efficace
pour détruire les moustiques suspects d'infection. Sir Rubert Boyce
(23), dit que le soufre est un excellent culicide ; il est bon marché
et se trouve partout. On peut le brûler par petites quantités dans des
pots à soufre ou, pour des fumigations plus importantes, dans des
appareils Clayton. Il faut environ deux livres (900 grammes) de
soufre par mille pieds cubes (25 mètres cubes) d'air. Les pots conte-
nant cette substance seront placés dans des casseroles plates conte-
nant une couche d'eau de 25 mm. Le soufre devra être enflammé
avec de l'alcool et il faudra vérifier soigneusement s'il est bien allumé.
La durée de l'opération est de trois heures. Les vapeurs sulfureuses
corrodant les objets en métal, ces derniers devront être enlevés avant
la fumigation (*).
Mélange de camphre et d'acide phénique. — Ce mélange, appelé
culicide de Mimms, est constitué, par poids égaux, de camphre et
d'acide phénique cristallisé. Les cristaux de l'acide sont fondus par
une chaleur douce, puis la dissolution est versée lentement sur le
camphre qui est absorbé ; il en résulte finalement un liquide clair,
quelque peu volatil, à odeur agréable. Ce liquide est stable, et peut
être conservé pendant quelque temps dans des récipients bouchés.
Il constitue un excellent culicide et n'abîme ni les meubles, ni les
vêtements, ni les objets de cuivre. Il laisse, après usage, une odeur
rafraîchissante dans la pièce.
Pour s'en servir, on volatilise de trois à quatre onces de ce mé-
lange par mille pieds cubes d'air (de 75 à 100 gr. par 25mètres cubes).
L'opération dure deux heures. Le liquide est versé dans une casserole
plate, placée sur une lampe à alcool ou à pétrole. Ce liquide est in-
flammable ; la vapeur dégagée est blanche, mais n'est pas explosive ;
elle n'est pas dangereuse pour l'homme, sauf lorsqu'elle est très
épaisse, mais elle donne, lorsqu'elle est trop librement respirée, des
(•) MM. C. H«derer et M. Sellier (86) ont décrit dans les Arch. Med. Pharm.
navales de Paris, (2 août 1919), un nouvel appareil portatif à sulfuration, inventé par
le vétérinaire major Lochon. Dans cet appareil, une combustion rapide d'une grande
quantité de soufre est obtenue par un moyen très simple. Ordinairement, on ne
peut brûler que 20 à 25 grammes de soufre par m^, mais avec le brûleur Lochon,
100 à 120 grammes par m^ sont vaporisés en urne demi-heure environ.
Pour l'usage, 6 grammes de poudre oxydante sont a30uté<5 à 100 grammes de
eoufre. Le rôle de cette poudre est de fournir l'oxygène nécessaire pour produire de
l'anhydride snlfurique (SO^) dans la proportion de 0.4 % de la quantité totale de
gaz émise.
Le mélange de SO^ et SO^ a une action microbicide et parasiticide énergique et
n'entraîne pas la décoloration et la détérioration produite par l'anhydrique sulfureux
employé seul. ^
L'appareil de M. Lochon peut également être employé pour vaporiser du formoL
113
maux de lèLe. Les chambres à enfumer à l'aide du culicide de Mimms
doivent être hermétiquement fermées.
Crésyl et créoline. — MM. Bouet et Roubaud préconisent l'emploi,
pour tuer les moustiques, de fumigations à l'aide du crésyl.
Les vapeurs de crésyl stupéfient presque immédiatement les insectes,
et si ceux-ci reviennent plus tard à la vie, les lésions qui leur sont
infligées les empêchent de devenir nuisibles. Une dose un peu plus
forte ou une action plus prolongée amènent la mort. Ces vapeurs
étant inoffensives pour les hommes et pour les animaux, on peut
pénétrer dans une chambre, après une fumigation à l'aide du crésyl.
Le seul inconvénient est une légère irritation de la conjonctive. Ces
vapeurs n'endommagent pas les objets de ménage, les métaux et les
dorures. Il n'est pas nécessaire d'agiter artificiellement l'air, car
le crésyl est très volatil.
D'après MM. Bouet et Roubaud, la dose efficace est de 5 gr. de
crésyl par mètre cube d'air, et l'enfumage d'un espace de 25 mètres
cubes revient à moins de dix centimes. Il n'est pas nécessaire de bou-
cher hermétiquement les petites ouvertures. Le crésol, produit plus
purifié que le crésyl, est plus efficace, mais il coûte plus cher (*)
D'après M. R. Legroux (116), l'Institut Pasteur a établi le modèle d'un
appareil simple et peu coûteux pour l'emploi des vapeurs de crésyl.
C'est une gamelle réglementaire, placée sur un cylindre de tôle per-
forée finement (trous de quatre dixièmes de mm.), afin d'éviter l'in-
flammation des vapeurs produites ; une lampe à alcool, sans mèche,
évapore le crésyl (voir fig. 66).
Suivant M. G. Moniz (151) (Brazil Medico), la créoline serait plus
efficace, comme culicide, que la poudre de pyrèthre. Cette méthode
de fumigation est surtout recommandable pour les chambres fer-
mées. La dose préconisée est de 6 ce. par mètre cube d'air. La
substance est mise dans un récipient posé sur un trépied, se trou-
vant lui-même dans un baquet d'eau placé sur le plancher. Il faut,
pour vaporiser 600 ce. de créoline, 270 ce. d'alcool. Comme la vapeur
est très lourde, il n'est pas nécessaire de mastiquer les fissures des
murs et du plancher. Il suffit de tenir portes et fenêtres fermées
pendant trois heures ; au bout de ce temps, tous les moustiques sont
tués (**).
Cyanure de potasshun. — ■ Le gaz cyanhydrique est plus irritant et
plus toxique que l'anhydride sulfureux et l'oxyde de carbone. Il est
C) Dans les petits locaux (chambres et tentes), une cuillère* à thé de crésol.
chauffée jusqu'à vaporisation totale, chasse complètement les moustiques.
(**) Une nouvelle méthode de fumigation des habitations infestées par les mousti-
ques a été essayée expérimentalement à Accra (Côte d'Or), par M. D. AJexander (3)..
et a donné de^ résultats très satisfaisants. La créoline fut d'abord employée, pui*
l'Izal et ensuite un mélange des deux substances. L'appareil consistait en un récipient
émaillé pouvant contenir suffisamment de produit pour enfumer une chambre de
80 ra3, et en une lampe capable de vaporiser cette quantité en 3 heures. Quelque»
minutes après la réouverture des portes, l'atmosphère ét^iit suffisamment épurée pour
qu'on puisse pénétrer dans le local. Cett-e méthode est bien moins coût*us« que la
fumigation au soufre.
114
produit rapidement et facilement, n'abîme pas les objets et ne pré-
sente que peu de danger en des mains expérimentées (*).
D'après MM. R. H. Creel et F. M. Faget (41), la quantité de cyanure
de potassium requise pour traiter
25 mètres cubes d'air et détruire les
moustiques, est de 10 grammes en-
viron; la durée d'action doit être de
lo minutes. La destruction des mous-
tiques au gaz cyanhydrique est neuf
fois moins coûteuse que celle à l'an-
hydride sulfureux et demande beau-
coup moins de temps. De plus, après
diffusion du gaz toxique, sa dilution
est telle, qu'il n'y a pratiquement plus
de danger pour la vie humaine.
Comme nous l'avons vu, les fumi-
gations à l'acide cyanhydrique sont
employées pour la destruction des in-
sectes à bord des navires.
Etant donné le grand danger que
présente l'emploi du cyanure de po-
tassium, surtout si les quantités de
cyanure employées ne sont pas très
bien dosées, nous conseillons une ex-
trême prudence dans toutes les ma-
nipulations du produit. Si l'on a tou-
ché le cyanure avec les doigts, on se
lavera soigneusement et immédiate-
ment les mains. Avant de pénétrer
dans la place fumigée, on l'aérera
largement pendant une demi-heure.
L'idéal serait de pouvoir ouvrir les
fenêtres de l'extérieur.
Fig. 66. — Emploi des va-
peurs de crésyl pour enfumer
les moustiques adultes.
Vaporigène (gamelle) à cré-
syl, dont les différentes pièces
sont disjointes :
1. Gamelle où se verse le
crésyl, au moyen de la me-
sure B;
2. Cylindre de tôle perforée;
3. Lampe à alcool, qu'on
remplit au moyen de la me-
sure A. (D'après R. Legroux.)
Autres substances. — D'après le Dr John B. Smith, la poudre de
Datura stramonium peut être avantageusement brûlée dans les mai-
sons. Il faut huit onces (225 grammes) de poudre par 25 mètres
(*) Mode opératoire :
Pour produire l'acide cyanhydriqu«, on fera agir de l'acide sulfunque dilné sur
du cyanure de potassium.
Ces substances s'emploient dans les proportions respectives suivantes : 1 parti*
en poids de cyanur* pour 1 1/2 partie d'acide sulfunque du commerce et deux
parties d'eau.
Dans une large terrine em terre vernissée, on verse la quantité d'eau calculée et
mesurée, puis on y fait couler l'acide en un mince filet, en agitant constamment.
Jamais on ne versera l'eau dans l'acide, ce qui occasionnerait des projections dan-
gereuses. La terrime contenant l'acide dilué est placée sur le eol au milieu du local.
La dose de cyanure est enveloppée dans un petit morceau de papier buvard mince ou
de papier de soie et déposée dans l'acide. Sitôt cette opération faite, on ne s'attard_era
pas un instant à voir ce qui ae passe, à constater si l'acide pénètre dans le papier,
si le gaz se dégage ou non, mais on siortira immédiatement de la place dont on fer-
mera la porte.
Après fumigation et aération, on jettera le liquide à l'égoût en évitant de respirer
les gaz dissous qu'il peut dégager encore lentement.
115
cubes d'air (mille pieds cubes). Pour rendre le produit plus com-
bustible, il est recommandé de le mélanger avec du salpêtre ou nitrate
de potasse, dans la proportion d'une partie de salpêtre pour trois de
poudre. Les vapeurs ne sont pas dangereuses pour l'homme et n'abî-
ment pas les objets en métal ; cette poudre peut être utilisée sans
danger ; on peut la brûler dans une casserole étamée ou sur une pelle.
D'après M. A. Celli (53), M. D. Marras a expérimenté, en 1912, en
Italie, l'utilisation, comme culicides, des vapeurs ou fumées produites
par la combustion des graines de diverses plantes indigènes et exoti-
ques. Il résulte de ces expériences qu'aucun rapport n'existe entre
l'action irritante de ces fumées sur la muqueuse nasale et leur effica-
cité. Certaines de celles qui avaient le moins d'effet sur les êtres
humains, possédaient la plus grande action sur les moustiques (*).
Enfin, un docteur japonais recommande de brûler des pelures
d'oranges sèches pour éloigner les moustiques (**).
Emploi des pulvérisations Les méthodes d'aspersion (Konspersions
de liquides culicides. nicthode) avec liquides culicides, des locaux
envahis par les moustiques, préconisées par
Giemsa en 1911, se sont montrées efficaces, et des recherches sont
actuellement faites en vue de les perfectionner et d'obtenir des liquides
culicides bon marché. M. G. Giemsa (75). dans un article paru en
1914 dans Archiv. fur Schil^s und Tropen-Hygiene, conseille l'emploi,
pour l'aspersion, d'une solution à 2.5 pour cent de savon potassique
(*) M. Y. Hayashi (85) a décrit une méthode de fumigation employé© à Formoee
par les autorités militaires, pour la destruction des moustiques.
Des cordes de papier saupoudré au préalable de 25 grammes de poudre insecti-
cide ordinaire (probablement le pollen d'Aster Sinensis), sont suspendues à un sup-
port incombustible et allumées, ou bien elles sont jetées sur un brasier de charbon
de bois.
— M. A. Pickels (162) signale un moyen efficace de détruire les moustiques, em-
ployé en Nigérie, spécialement dans les huttes d'argile à toit de chaume.
Il consiste à pratiquer une douzaine de trous dans le fond d'un pot indigèae, à
placer ce fond sur trois pierres et à faire en dessous un bon feu de cîiarbon de bois.
Des brisures de tabac indigène sont entassées sur le fond et, au-dessus, on place
nn sac en papier rempli de poivre noir.
Ceci constitue un excellent appareil de fumigation qui doit rester pendant 24 heu-
res dans la hutte, rendue, au préalable, aussi étanche que possible.
En ouvrant la hutte, on trouve morts ou anesthésiés sur le plancher tous les in-
sectes : moustiques, mouches, etc. ; ceux-ci sont alors balayés et brûlés.
(•*) M. W. Moore a exposé, dans Jour, of Aoricult. Research, Washington, d'août
1917, les résultats de ses recherches sur les rapports entre la toxicité et la volatilité
des insecticides. En règle générale, ce sont les produits les moins volatils qui sont les
plus toxiques pour les insectes. C'est ainsi que l'alcool éthylique détruit mieux les
insectes que l'alcool méthylique, ce qui est le contraire de ce qui se passe avec ces
deux produits, chez les animaux supérieurs. M. W. Moore explique comme suit cette
différence : La vapeur présente dans l'air est introduite dans les trachées des insectes
et est condensée lorsqu'elle atteint les plus fines divisions de ces organes. Il en résulte
que, si un composé est très volatil, il s'évaporera et sortira facilement du corps d«
l'insecte, tandis que, s'il n'est que faiblement volatil, il y restera, pénétrera dans les
tissus et provoquera des réactions toxiques. Chez les animaux supérieurs, au con-
traire, lorsque le composé se trouve dans les poumons, il eu est rapidement enlevé
par le sang, qui le transporte dans toutes les parties du corps, lui donnant ainsi
l'occasion de réagir chimiquement sur les tissus.
Préalablement, M. W. Moore (152) avait publié, dans le même journal de juin
1917, les résultats de ses expériences sur la toxicité, pour les insectes, des vapeurs
d'une série de 28 dérivés de la benzine. Le but était de trouver une substance qui,
tout en tuant les insectes, n'était nuisible ni aux animaux domestiques, ni aux
plantes.
116
(savon mou). De bons résultats ont également été obtenus avec une
solution à 1.5 pour cent de savon médical pur à la soude. Il n'est
guère probable que des solutions aussi faibles puissent endommager
l'ameublement et les garnitures, mais des essais préalables peuvent
être faits dans les huttes indigènes, les étables, etc. Il est à remar-
quer que, par l'addition de savon, les propriétés culicides de diversea-
substances sont rendues beaucoup plus actives. Il en est ainsi no-
tamment pour la teinture de pyrèthre, le formol, etc. Une solution
de cinquante grammes de formol commercial dans un litre d'eau,
occasionne une forte irritation des poumons, mais ne détruit pas les
moustiques ; de même, une solution de cinquante grammes de savon
potassique dans un litre d'eau est sans action culicide, mais si les-
deux liquides sont mélangés, il suffit de la moitié des quantités indi-
quées plus haut pour tuer instantanément tous les insectes. Lorsque
l'odeur du formol n'est pas trop prononcée, on la dissipe facilement
dans une chambre, en laissant s'évaporer une petite quantité d'am-
moniaque. Au point de vue pratique, nous relevons dans les conclu-
sions de M. Giemsa que : 1° le savon constitue une excellente base
pour les solutions culicides d'aspersion ; 2° une réussite complète a
été obtenue au laboratoire, avec les préparations suivantes : 56 gram-
mes de savon potassique à l'alcool (Pharm. Germ.) dans un litre
d'eau ; 38 grammes de savon médical dans un litre d'eau ; 14 gram-
mes de savon médical dans un litre d'eau contenant 52 grammes de
formol commercial (35 p. c.j, etc. ;5'' il faut employer de l'eau pauvre
en calcaire, si possible de l'eau de pluie ; 4° les solutions savonneuse»,
contenant du formol agissent très énergiquement sur les moustiques ;.
sous des formes plus concentrées, elles tuent la mouche domestique
et la mouche d'étable (Stomoxyn) et peuvent même être employée»
contre les tsétsés et les tiques ; 5° ces solutions, ayant de puissantes
propriétés bactéricides, peuvent également servir comme désinfec-
tants ; 6° ces méthodes sont peu coûteuses et on peut les employer
facilement partout.
Le liquide du Dr J. Malinin est un autre produit culicide, employé
en aspersion dans Les locaux et notamment dans les baraquements de
soldats, et qui a été expérimenté en Russie (Tiflis), dans la lutte
contre la malaria.
Ce liquide est un mélange de cinq parties de térébenthine russe et
cinq parties de pétrole, avec une partie de poudre persane (pulvis^
persicum) ; à ce mélange sont ajoutés de l'acide phénique cristallisé,
5 pour cent d'essence de cannelle spécialement préparée et 1.5 pour
cent d'huile de cannelle. La méthode de préparation, passablement
compliquée, a été résumée d'après une étude russe du Dr A. X. Gri-
goriew (83), dans la Review of applied Entomoiogy, Ser. B, de juillet
1915. Elle procède par extraction, décantation, pression et filtration.
Le liquide obtenu a, en couche mince, une teinte jaune-verdâtre et
présente, sous plus forte épaisseur, une couleur brun-noiràtre. Au
contact des métaux, il devient vert-émeraude, mais ce changement
n'altère en rien ses qualités. L'odeur faible, particulière, de goudron
de bouleau, devient plus forte si, avant usage, on dissout le liquide
dans du pétrole. Cette odeur n'est pas désagréable. En aspersion, le
117
liquide du Dr Alalinin cause d"abord une sensation d'oppression, mais
celle-ci dure peu, étant remplacée par une sensation agréable de
fraîcheur (*),
Emploi des appareils de Nous donnons ci-dessous la description
capture des moustiques, succincte de quelques-uns des pièges, sou-
vent fort ingénieux, inventés pour capturer
les moustiques adultes.
Ces pièges sont de deux types, les uns pour la capture à la main,
les autres destinés à être placés dans les locaux infestés par les
moustiques.
Pièges ù main. — Un piège très simple et facile à fabriquer, est
fort en usage dans certaines parties des Etats-Unis. Sa manipulation
est commode et son efficacité très grande. Ce dispositif consiste en
une petite coupe de fer blanc, très peu profonde (le couvercle d'une
boîte à cirage, par exemple), clouée à l'extrémité d'un long bâton.
Fig. 67. — Piège à main de M. T. H. D. Griffilts, pour la
capture des moutiques.
En A, coupe longitudinale du tube.
En B, les deux extrémités du tube, montrant le dispositif de
capture.
Pour l'emploi, on y verse une petite quantité de pétrole ; après quoi,
à l'aide du bâton, la coupe est appliquée au plafond, de façon à
recouvrir, tour à tour, chacun des moustiques s'y trouvant au repos.
Le moustique ainsi capturé essaie de s'envoler et est pris dans le
pétrole, qui le tue. Par ce moyen, la plus grande partie des moustiques
(») Dans les Trans. of the Soc. Trop. Mrd. and Hyg.. de Londres, du 16 mai
1919, M. H. Maxwell Lefroy (111) décrit, en détail, des essais d'aspersion contre les
mouches, faits à l'aide de nombreuses substances.
La formule suivante s'est montrée la plus efficace : 2 livres i920 grammes) do
pyrèthre, 1 gallon^ (4 1/2 litres) d'alcool, 1 gallon de safrol et suffisammeit de savon
pour que le mélange s'émulsionne (environ 280 grammes!. Ce mélange est dilué à
1 pour 30.
Sous les climats chauds, la formule ci-dessus n'est efficace que si l'on y ajout©
de 1/2 à 2 p. c. d'huile de ricin.
118
Je trouvant le soir dans une chambre à coucher et certainement tous
ceux posés sur le plafond, peuvent être détruits, avant de se mettre
au lit.
M. Griîfitts, T. H. D. (81), dans le Jl. Americ. Med. Ass. de Lhi-
eago (1916), a donné la description d'un autre dispositif du môme
genre, qu'il a imaginé (voir fig. 67) et qui consiste en un tube de
verre ou de celluloïd (c), d'environ 2.5 cm. de diamètre et 12.5 cm.
de longueur, fermé à une des extrémités par un bouchon fait de
liège ou d'une autre substance (d). A l'autre bout, on introduit égale-
ment un bouchon de liège d'un centimètre d'épaisseur (a), ayant une
perforation centrale de 12.5 mm. de diamètre ; dans cette perforation
s'ajuste exactement un second petit tube de verre ou de celluloïd (b)
d'environ 20 mm. de longueur, de la forme d'un cône tronqué,
l'extrémité tournée vers l'extérieur ayant 12.5 mm. de diamètre et
celle tournée vers l'intérieur, 10 mm. L'entrée des moustiques peut
être observée au travers du verre ou du celluloïd. En faisant une cap-
ture, l'extrémité large du petit tube est placée de façon à recouvrir
le moustique au repos. En moyenne, chaque capture demande trois
secondes. Ce piège peut surtout servir pour capturer des moustiques
vivants, destinés à des expériences de laboratoire. Lorsqu'une diznine
de moustiques ont été capturés de cette façon, ils seront introJait^i
dans un autre récipient.
Dans la zone du canal de Panama, suivant MM. J.-A. i.e Prince
et A.-J. Orenstein (117), la capture à la main des moustiques s est
faite de la façon suivante : Un tube de verre d'environ 12 cm. île lon-
gueur et 2.5 cm. de diamètre est garni, au fond, d'une couche de
2.5 cm. d'épaisseur, de petites bandes en caoutchouc, tenues en plac?
par un tampon d'ouate absorbante qui, à son tour, est recouvert d'un
disque de papier buvard. Ce disque facilite l'enlèvement des mous-
tiques et empêche qu'ils ne s'accrochent dans l'ouate. Quelques Ci'nti-
mètres cubes de chloroforme sont ensuite versés dans le tube, qui
est bouché, et le chloroforme est absorbé par les bandes de caoutchouc.
Un tube ainsi préparé, conserve son efficacité pendant plusiea-s jours.
L'usage en est moins dangereux que celui du tube à acide cyanhydri-
que. Pour capturer un moustique, le bouchon est enlevé et on place
vivement le goulot sur l'insecte au repos. Au bout de quelques instants.
il tombe au fond du tube.
Muni d'un de ces pièges, d'un battoir fait d'un morceau de toile
métallique de 15x15 cm., fixé à un bâton de 60 cm. de longueur,
et, si nécessaire, d'une lampe portative électrique ou autre, un
ouvrier ou un boy est bien équipé et sera vite assez habile pour cap-
turer un nombre surprenant de moustiques. Dans les habitations,
cette chasse est facilitée, lorsque les murs sont blancs ou de coul'jur
claire. Les Anophèles se reposent, durant le jour, dans les coins les
plus sombres ; il faut donc les chercher soigneusement, car sur les
parois foncées, ils sont presque invisibles.
Tôt le matin, aussitôt après le lever du soleil et au crépuscule, les
Anophèles se réunissent ordinairement sur la toile métallique des
vérandas, portes, fenêtres, et sont plus faciles à détruire qu'à l'mte-
119
rieur. Toutefois, ici, le tube à chloroforme ne réussit pas aussi bien
et il faut employer en plus le battoir (*).
Pièges fixes. — M. H. Maxwell-Lefroy (110), professeur au Collège
des Sciences à Londres, auparavant entomologiste du Département
de l'Agriculture des Indes anglaises, a construit un piège consistant
en une boîte de bois, garnie de drap vert foncé et ayant une porte à
charnières. Ce piège a 0.30 m. de longueur, 0.30 m. de largeur et
0.22 m. de profondeur. Un petit trou recouvert par une pièce de bois
ou de métal tournant sur un pivot est ménagé au haut de la boîte.
Le principe de ce piège est basé sur l'habitude des moustiques de re-
chercher, pour se repo-
ser, un endroit frais et
éclairé, tel qu'un coin
sombre de la chambre,
les tablettes d'une biblio-
thèque ou toute autre
place de ce genre. Si
donc le piège est placé
dans une partie du local
très fréquentée par les
moustiques et si ceux-ci
Fig. 08. - Le piège à moustiques adultes de sont chassés, autant que
MM. Bath et Proctor. — Ce piège a donné possible, de tous les au-
d'excellents résultats dans toute la zone du très endroits sombres, à
canal de Panama. - Six de ces appareils, y.^-^^ ^^^^^ plumeau ou
employés journellement, ont permis de captu- , - ■ a t u -i
rer en 60 jours, 37,000 moustiques Anophèles, ae lumee de tabac, ils en-
— Voir la description du piège, p. 120. treront dans le piège,
pour y passer la journée
au repos. La porte est ensuite hermétiquement fermée et une petite
quantité de benzine est introduite dans l'ouverture du haut. Cette
substance tue tous les moustiques qui se trouvent dans la boîte.
Cette dernière est ensuite complètement aérée et remise en place.
Grâce à ce piège, M. Maxwell-Lcfroy a réussi à détruire beaucoup de
moustiques dans les chambres ; à un certain moment, il en captura,
en moyenne. 83 par joui.
Un autre dispositif, dû à M. le major S. P. James (103), est em-
ployé à Ceylan pour capturer les moustiques migrateurs. Il consiste
en une cage rectangulaire, faite de châssis de bois recouverts de
tulle ou de gaze, une extrémité étant fermée par une porte à char-
nières. Les dimensions de cette cage sont 1.50 m. de longueur, sur
0.90 m. de profondeur et autant de largeur.
(*) Un rapport de M. L. H. Dunn (52) sur la capture des moustiques à la main,
dans les habitationis de la zone du canal de Panama, du 1" février 1916 au 51 jan-
1 vier 1917, a été publié récemment dans les Ptoc. Mcd. Assoc. Istmian Canal Zone.
I Le travail était fait par des nègres, à l'aide de grands tubes à essai, contenant
' nn tampon imbibé de chloroforme. En tout, 391,019 moustiques furent capturés au
j cours de l'année, dont 251,552 Teeniorhynchus titillans. Parmi les Anophèles, les plus
nombreux furent les Anophèles albimanus ; puis venaient, par ordre de fréquemce :
A. tarsimaculatus, A. maleiactor, A. pseudo-punctipennis, A. epicimaculata et A.
] aravrotarsis.
120
Ta, le
Des pièges de ce genre sont placés sur le sol, dans un coin om-
bragé du jardin, et recouverts de toile d'emballage ou de toile gou-
dronnée, de façon à en rendre l'intérieur obscur et frais. Deux ou
trois plantes en pots sont introduites dans le piège et plusieurs autres
placées à l'extérieur, près de la porte entr'ouverte. Les pièges restent
toute la nuit et le matin suivant, vers huit ou neuf heures, on secoue
la végétation voisine et on allume de la paille et des torches en
papier, dans toutes les constructions et dépendances environnantes,
de façon à en chasser les moustiques. Ceux-ci découvrent bien vite
les refuges frais formés par les pièges et y pénètrent. Une demi-heure
plus tard, les portes sont fermées et les
moustiques sont tués, soit en exposant les-
boites pendant une ou deux heures au so-
leil brûlant, soit en faisant récolter les in-
sectes dans des tubes à essai, par un boy,
qui pénètre à cette fin dans les pièges. Il
ne faudra pas employer, pour détruire les
moustiques, du soufre ou une autre sub-
stance à odeur forte, car les pièges seraient
ainsi rendus inefficaces (*) (**).
MM. Bath et Proctor, inspecteurs du ser-
vice d'hygiène de la zone du canal de Pa-
ruima, ont inventé un appareil de capture
des moustiques adultes, qui a donné d'ex-
cellents résultats et qui a été adopté dans
toute la zone. Il consiste essentiellement
en des cages de toile métallique emboîtées,
formant labyrinthe, et supportées par un
châssis de bois. La figure 68 de la page 119'
nous représente ce piège. Les détails de con-
struction en sont donnés dans l'ouvrage
Mosquito Conlrol in Panama, de MM. J. A,
Le Prince et A.-J. Orenstein (117), et dans
un article Inscct Trap, paru dans le Cana[
Record, d'Ancon, fév. 1914 (***). Le but de
ce piège est de capturer les moustiques
qui essayent de pénétrer dans une chambre
et. à cette fin, il est appliqué intérieure-
ment, contre une fenêtre garnie de toile métallique, l'ouverture tour-
née vers le dehors (voir fig. 69). Pour capturer les Anophèles, ce
He tj-llL f^
Fig. 69. — Emplacement
du piège de MM. Bath et
Proctor. — Ce piège est
destiné à capturer les
moustiques qui essaient
de pénétrer dans une
chambre et, à cette fin,
il est appliqué à l'inté-
rieur, contre une fenêtre
garnie de toile métalli-
que, l'ouverture tournée
vers le dehors.
Le schéma ci-d3ssus
représente le côté exté-
rieur de la fenêtre, avec
l'entrée du piège.
("*) Un piège fixe pourrait être placé dans les W.C. ou latrines. Il semble que-
les Anophèles soient spécialement attirés par le voisinage des matières fécales. C'est
ainsi que M. H. Werner (210) a signalé que, d'après des obs.ervatioins faites durant
le printemps et l'été de 1916, dans les districts marécageux de la Russie blanche, les-
Anophèles avaient une préférence marquée pour les latrines. Il n'en était pas de même-
pour les divers'es espèces de Culex. Dans certaines localités, les Anophèles n'étaient
trouvés que dans les latriines.
(**) M. E. R. Richardson (169) décrit un piège pour la destruction des mousti-
queis adultes, employé en MaJaisie (Malacca), et consistaat en un étang artificiel ât
niveau variable. La surface huilée est vite couverte des moustiques qui s'y déposent.
Un tei piège doit être installé dans Le voisinage des lieux de multiplication.
(»**) Insect Trap, Canal Record, Ancon, VII, n' 25, 11 féb. 1914, p. 239-40.
121
piège doit être attaché du côté de la construction situé à l'abri du
vent, car s'il est fixé du côté exposé au vent, il contiendra surtout
des Culex.
Le nombre de moustiques qui se font prendre dans ces cages est
très grand, et il n'est pas rare d'avoir, en une nuit et dans un seul
piège, plusieurs centaines de captures. Six de ces appareils, employés
journellement, pendant soixante jours, donnèrent un chiffre total de
37,000 Anophclcs capturés, et. en une nuit, un seul piège récolta
1,018 de ces moustiques. Le prix de revient des appareils de MM. Bath
et Proctor était, en 1914, de dollar 1.25 pièce, fabriqués à la main
et par douzaine.
Enfin, citons encore les pièges à moustiques construits par M. Et.
Sergent, qui, d'après M. R. Legroux (116), ont été en usage dans
l'armée d'Orient (Salonique). La figure 70, page 122, permet de se
passer d'une description. Ces pièges seront placés dans les angles
sombres des locaux (*).
Débroussements. Les débroussements faits autour des villa-
ges indigènes et des établissements euro-
péens constituent un bon moyen d'éloigner les moustiques adultes.
Les Anophèles, en effet, ainsi que d'autres moustiques à mœurs noc-
turnes, se réfugient volontiers, pendant le jour, dans la végétation
basse et dense (jungle, brousse, hautes herbes, etc.), qui se trouve
à leur portée. Dans ces retraites, ils attendent le moment favorable
pour pénétrer dans les habitations et renouveler leurs attaques. De
plus, les herbes et buissons présentent encore l'inconvénient de faci-
liter aux Anophèles adultes, à vol faible et peu étendu, le voyage
entre les mares de reproduction et les lieux habités, où ils trouvent
leur nourriture. En supprimant ces gîtes d'étape, on empêche leur inva-
sion nocturne. Toutes les hautes herbes, les buissons et broussailles
devraient être coupés ou supprimés dans un rayon d'au moins deux
cents mètres autour des habitations. D'après M. le major J. L. Marjo-
ribanks (141), aux Indes, certains villages non entourés d'arbres et
de grandes herbes et complètement accessibles aux brises marines,
(*) M. C. W. Metz (146) signale que, dans certaines districts ruraux des Etats-
Unis, de petites porcheries, dont il décrit la construction, ont été employées avec '
succès comme pièges! à moustiques. Les Anophèles étaient suffisamment attirés par
les porcs pour pénétrer dans ces pièges et les habitations voisines étaient ainsi prati-
■quement débarrassées des moustiques.
D'autre part, M. U. C. Loftin (123), da.n.> le Floride Buggist de mars 1920, donne
les résultats d'expériences faites à Gainesville, avec des pièges à moustiques consti-
tués par des flacons ou des boîtes colorés en noir à l'intérieur, ou garnis de tissu
noir. Ces pièges doivent être étroits et profonds et être placés dans une chambre
bien éclairée.
Les moustiques y pénétraient tôt le matin. Les plus fortes captures furent faites
après des nuits calmes et chaudes. Cnle.v fatigans entrait pour 9S p. c. dans le total
et les Anophèles pour près de 2 p. c. seulement.
Ces pièges, ajoute M. Loftin, ne peuvent pas être recommandés pour débarrasser
complètement une place des moustiques, mais, employés judicieusement, Us peuvent
réduire sensiblement leur nombre
Enfin, M. W. O. Owen (160) décrit, dans le 'Neio-York Médical Jl, du 5 avril 1919,
un piège illuminé, consistant en un bocal à fruits contenant une couche de plâtré
au cyanure de potassium. A l'intérieur se trouve une petite lampe électrique. L'en-
semble est enfermé dans une boîte en fer blanc. D'après l'auteur, ce piège est snrtont
utile pour capturer les moustiques.
122
sont absolument indemnes de malaria. Il serait à souhaiter, ajoute
cet auteur, que d'autres villages, moins favorablement situés, soient
également rendus accessibles à ces brises. A cette fin, il faudra encou-
rager les habitants à couper tôt les herbes et à les tenir courtes
dans le voisinage immédiat des maisons et également sur les flancs
de toutes les collines qui dominent le village.
Les avantages du débroussement ont été bien compris à Masindi
(Ouganda). La photographie que nous reproduisons (fig. 84) et que
nous devons à l'obligeance de M. E. Leplae, Directeur général au
Ministère des Colonies, représente l'hôtel de Masindi et ses environs
immédiats. Cette localité a été complètement débarrassée de la ma-
laria et de l'hématurie, depuis que les hautes herbes qui servaient de
refuge, pendant le jour,
aux moustiques Anophè-
les adultes, ont été rem-
placées par du gazon de
Cynodon dactylon (Ber-
muda Grass) tenu bien
court.
Dans certains cas,
l'incendie de la brousse
ou de la jungle entou-
rant l-es agglomérations
humaines serait même
à conseiller, comme
moyen de destruction
des moustiques adultes
qui y ont trouvé refuge.
Enfin, comme nous
le verrons plus loin, les
débroussements facili-
tent encore la découver-
te et la suppression des
petites agglomérations
d'eau : petites mares,
flaques, etc. (v. fig. 23),
qui servent de milieu
de développement aux
larves de moustiques et
que la végétation touffue
cache complètement.
Les fig. 76 à 78 reproduisent, d'après des vues prises par M. le
Directeur général Leplae, lors de son dernier voyage au Congo, trois
aspects des rives du grand fleuve. Ces rives sont encombrées d'une
végétation où pullulent les moustiques et les tsétsés. Elles sont, par
conséquent, malsaines.
Trois autres vues (fig. 79, 82 et 83), nous montrent, au contraire,
des rives assainies par débroussement et nettoyage et où la malaria
et la maladie du sommeil ne se propagent plus.
Fig. 70. — Piège à moustiques de M. Et. Ser-
gent. "— En ^, la petite porte grillagée p est
ouverte pour permettre l'entrée des mousti-
ques. La grande porte pleine P, qui ferme l'au-
tre extrémité, est abaissée. — En B, le même
piège; la petite porte p est abaissée, la grande
P, est soulevée. A travers les deux grillages,
on se rend compte de la présence des mousti-
ques, avant de les détruire par les fumées
d'un feu de paille ou de papier. (D'après R.
Legroux.) (Voir p. 121.)
123
Protection des ennemis Beaucoup d'animaux font leur proie des
ïdnUes! *^'' "*'"'"'*"" moustiques adultes et il convient de les
protéger autant que possible. Il est évident
que ces animaux ne peuvent détruire complètement les moustiques
dans une localité, tuais ils peuvent limiter, dans une certaine mesure,
leur développement excessif.
Les araignées sont, paraît-il, d'utiles destructrices de moustiques
adultes. Plusieurs espèces d'araignées tendent leurs toiles au-dessus
des petites mares où les moustiques effectuent leur développement,
et capturent, dit-on, au passage, les jeunes imagos venant de sortir
des pupes. D'après M. L. iNicholls B. A., M. B. (156), à Sainte-Lucie
(Antilles), de petites mares contenant des larves étaient si bien re-
couvertes par les toiles d'araignées, qu'il était étonnant que les mous-
tiques nouvellement éclos pussent échapper à ces pièges. Ceci était
surtout le cas, par temps sec, pour les petites flaques temporaires.
D'après MM. J. A. Le Prince et A. J. Orenstein (117), à Panama,
il semble plutôt que les araignées capturent les moustiques sans
tendre de toile, mais en bondissant sur eux. Les Anophèles n'ont, en
effet, aucune difficulté à quitter le réseau d'une toile d'araignée qu'ils
ont choisie comme lieu de repos. On peut voir, par contre, des milliers
d'araignées et des millions de fourmis sur les grandes herbes et les
roseaux entourant les mares peu profondes de la région, et ces
insectes détruisent probablement beaucoup de moustiques nouvelle-
ment éclos. Au Nyassaland, les araignées de la famille des Attides
capturent, paraît-il, beaucoup de moustiques dans les maisons (*).
Les libellules sont également de grands ennemis des moustiques
adultes et elles planent au-dessus des pièces d'eau, à la recherche
de leur proie.
M. Nezlobinsky, N. (154), a observé, en 1911, sur les bords du
Dnieper inférieur (Russie), que des libellules ressemblant à Libellula
pectoralis détruisirent, en trois ou quatre jours, tous les moustiques
de la localité, et, d'après M. Charleman, E. (35), au cours des grandes
migrations de libellules (Libellula quadrimaculata L.), qui se produi-
sirent en Russie, durant le printemps et l'été de 1914, ces névrop-
tères prédateurs dévorèrent beaucoup d'insectes nuisibles et notam-
ment des Anophèles.
Toutefois, pour que les libellules constituent un sérieux facteur
de réduction des moustiques, il faut qu'elles soient présentes en
nombre anormal.
Les petites lourmis détruisent les moustiques, partout où elles en
ont l'occasion. Dans la zone de Panama, l'on a observé qu'elles péné-
traient dans les pièges à moustiques. Dès qu'elles avaient découvert
un de ces pièges, un courant continu de fourmis s'établissait, les
unes y allant, d'autres en revenant. Les moustiques morts étaient
d'abord dévorés, puis les vivants étaient attaqués. Une fourmi agri-
pait un moustique à la patte et d'autres venaient immédiatement lui
(*) D'après VAnnual Report of the Department of Agriculture, Nyasaland Proteo-
torate for the Tear ended 31 March 1916.
124
'prêter assistance. Des fourmis furent également observées, attaquant
une larve de moustique se trouvant dans une petite agglomération
■d'eau, à la base d'une feuille de bananier.
M. le major Lalor I. M. S., a signalé récemment qu'en Birmanie,
^une espèce de moucheron hématophage du genre Ceratopogon (Chi-
ronomidae) fait sa proie des Anophcles adultes (A. lutiginosus,
A. karwari et A. ludlowi). Environ 6 p. c. des A. Iuliginosus péné-
trant dans les maisons, étaient ainsi attaqués, les moucherons s'atta-
chant à l'abdomen et au cou des moustiques. Certains des Cerato-
pogon contenaient du sang, puisé sans doute dans l'estomac de leur
proie (*).
D'autre part, M. le Dr Stanton a signalé un autre Ceratopogon qui
attaque de la même façon A. Iuliginosus, A. karwari et A. sinensis,
à Kuala-Lumpur (Etats fédérés malais). Dans ce cas, le moucheron
était invariablement attaché à la face ventrale de l'abdomen du mous-
tique et contenait toujours du sang. Il est probable, cependant, que
la présence de sang dans le Ceratopogon est accidentelle et que la
Traie nourriture de ce dernier est constituée par les liquides contenus
dans le corps du moustique.
Les lézards et les petites grenouilles se nourrissent également de
moustiques. Les petits lézards marqués de couleurs variées, que Ton
trouve à Cuba et dans l'isthme de Panama, sont continuellement
occupés à dévorer des moustiques. Ils se livrent à cette chasse, tant
à l'extérieur qu'à l'intérieur des habitations, et des mesures ont été
prises pour les propager ou tout au moins les protéger autant que
possible. Près de La Havane, ils sortent l'après-midi, se promenant
sur les murs blanchis et ne manquant jamais un moustique qui ose
se poser dans un rayon de 4 à 5 mètres. Ils patrouillent sur les murs,
de 4 heures de l'après-midi jusqu'à la tombée de la nuit, et sont de
nouveau à la chasse, le matin, lorsque les moustiques sortent des
chambres.
Divers oiseaux font une guerre acharnée aux moustiques. Il en
est ainsi notamment pour les hirondelles. Le fait est connu depuis
longtemps. D'après Sambon (180), entre 1790 et 1812, la commune
de Marsciano en Ombrie (Italie), demanda qu'un décret papal « inter-
)) dise de tuer, pour la nourriture, les hirondelles pendant la saison
» des couvées, cette destruction entraînant l'insalubrité de la ré-
» gion, ces oiseaux se nourrissant des petits insectes ailés, si incom-
)) modes et si pernicieux aux hommes et aux animaux. »
A Venise, il semble qu'aussi longtemps qu'il y a des hirondelles,
on n'a pas à souffrir des moustiques, mais lorsque, à la fin de juillet,
ces oiseaux émigrent, les insectes apparaissent en essaims.
(*) Dans le numéro de décembre 1920 du Bull, of Entomol. Research, de Lon-
dreis, M. W. A. Lamborn a décrit les mœurs de mouches du genre Lispa qui, dans
un pool près du lac Nyassa, attaquaient les moustiques fraîchement éclos, en les
saisissant entre les pattes de devant et en plongeant leur trompe dans 1« thorax. Ces
mouches attaquaient également les pupea.
Le fait que les Lispa font leur proie de larves de moustiques a déjà été signalé
par M. J. Mitfond Atkinson (Jl Trop. Med. XII, 1909) qui, à Hong-Kong, observa
• des Lispa sinensis, dévorant des larves presque aussi grandes qu'elles.
125
Dans Fisllimo de Panama, les Night Jars (*) sont les plus inté-
ressants des nombreux oiseaux qui se nourrissent des moustiques,
pendant leur vol. A Gatun, ces oiseaux apparaissent invariablement
dès le début du vol du soir des Anophelf.s, des mares aux habitations,
et ils suivent également, le matin, le vol de retour. Ils disparaissent
ensuite pour le restant de la journée.
Les chauves-souris détruisent également un grand nombre de mous-
tiques, près des maisons. C'est ainsi que, dans la même zone de
Panama, lorsque les habitations n'étaient pas encore protégées par
des écrans de toile métallique, les chauves-souris les traversaient,
de part en part. Depuis que les balcons ont été fermés, elles sont
plus nombreuses entre 6 h. 30 et 7 heures du soir, c'est-à-dire au
moment où les Anophèles s'assemblent sur les écrans. Elles sillonnent
invariablement aussi les vallons abrités du vent et contenant des
buissons, où les moustiques sont plus nombreux que sur les terrains
adjacents plus élevés.
Les chauves-souris semblent ètfe de très intéressants ennemis des
moustiques, surtout utiles pour la destruction des Anophèles à mœurs
nocturnes. Ces animaux devraient être efficacement protégés, et il y
aurait même lieu, si possible, d'en favoriser la multiplication dans
les contrées malariées. Une expérience très intéressante d'élevage
des chauves-souris insectivores a été faite par M. le Dr Chas, A. R.
Campbell, de San Antonio, Texas. M. Campbell (50) a établi, depuis
1911, des abris ou perchoirs à chauves-souris au bord du lac de
San Miguel, servant de déversoir aux immondices de la ville de San
Antonio (Texas), où les moustiques abondaient (**).
Chacun de ces perchoirs (voir fig. 62) a six mètres de hauteur,
o^oO de largeur à la base et l'^SO au sommet. Il est érigé sur quatre
piliers à trois mètres du sol. Sa forme lui donne une grande résis-
tance au vent et son éloignement du sol met ses habitants à l'abri
de leurs plus grands ennemis, les petits mammifères carnassiers et
des serpents. La disposition intérieure est absolument en rapport avec
les mœurs des chauves-souris. La haute fenêtre à volets s'ouvrant sur
un des côtés, sert à l'entrée et à la sortie.
Un an après son établissement, le premier abri hébergeait un tel
nombre de chauves-souris, que celles-ci mettaient plusieurs heures
à sortir, et les moustiques avaient fortement diminué dans la région.
Il semble que les chauves-souris soient à l'abri des piqûres des mous-
tiques, par suite de la conformation particulière de la couche de
poils qui recouvre leur corps et de leur odeur spéciale. Elles parais-
(•) Les Night Jars appartiemnent à la famille des Caprimulgidae. Ce sont d«fl
oiseaux de mœurs principalement nocturnes et leur plumage ressemble à celui du
hibou. Caprimiiïgus europaeus, l'Engoulevent ordinaire, est assez commun en Bel-
gique. Il existe plusieurs espèces africaines de Night Jars. Ceux de l'Amérique tropi-
cale appartiennent à la sous-famille des Nyctibiinae.
(**) La région mexicaine bordant le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes, de-
puis le territoire de Numitana Roo jusqu'au Tamaulipas, est spécialement infestée
par la malaria. Une végétation luxuriante abrite des eaux stagnantes où se déve-
loppent les moustiques.
Le paludisme sévit, du reste, dans tout le Mexique, sauf dans les régions éle-
vées (Mexico et Agnas Calientes).
Le Texas souffre également de ce fléau, tout comme les Etats du Nord du Me-
xique.
126
sent également peu accessibles aux maladies. L'élevage de ces ani-
maux pourrait donc être un bon moyen de détruire les moustiques-
adultes, en régions malariées, et de les convertir en excellent guano..
Une bonne quantité de cet engrais était, en effet, périodiquement
récoltée dans le perchoir imaginé par M. Campbell (*) (**).
Dans le Bvlletin ol ihe American Muséum ol Natural History, de
septembre 1917, a paru une étude très importante sur la collection
de chauves-souris récoltée au Congo belge, par l'expédition Lang-
Chapii). de l'American Muséum, qui a effectué un séjour de six ans
dans notre Colonie (***). La partie de ce travail consacrée à la dis-
tribution tt à l'écologie des Chéiroptères de l'Afrique centrale est
extrêmement intéressante (****). M. M. Herbert Lang et James P.
Chapin (4) y signalent que des spécimens de 68 espèces de chauves-
souris ont été récollés par eux dans notre Colonie, dont la grande
majorité (62), dans 12 localités de la région s'étendant au Nord-Est
de Stanleyville, dans la direction d'Aba, sur une distance, à vol d'oi-
seau, de 450 milles. Sur les 68 formes récoltées, il y avait soixante
espèces insectivores et huit frugivores. Vingt-quatre espèces de
chauves-souris insectivores sont caractéristiques de la grande forêt;
Trente- deux autres espèces ont été trouvées dans la brousse. Cinq
espèces seulement ont une distribution plus étendue et habitent aussi
bien la forêt que la contrée découverte, restant dans le voisinage de
l'homme et vivant, soit dans les plantations indigènes (Pipistrellus
nanus, Mijotis bocagii), soit dans les habitations et aux environs de
celles-ci (Taphozous mauritianus, l\'ycteris hispida. Hipposideros
caller).
Les chauves-souris insectivores ne sont pas, comme les frugivores,
de mœurs vagabondes. Comme les insectes qui leur servent de nour-
riture sont abondants partout, la seule condition nécessaire pour
l'établissement de leurs colonies est un bon endroit de repos, où
elles s'abritent, pendant le jour. On les rencontre donc surtout en
abondance, là où elles ont à leur disposition des cavernes, crevasses
ou gros arbres creux. Les quelques espèces de la famille des Vesper-
(*) M. Campbell a analysé microscopiqueinent les déjections (guano) des chau-
ves-souris habitant le perchoir. Après avoir fait dissoudre le mucus qui agglutinait
la masse, il coastata que le résidu contenait principalement de petites pièces du
squelette des moustiques : trompe, tête, yeux, thorax, abdomen, pattes, ailes et
écailles (voir fig. 63). L'exosquelette chitineux de l'insecte n'est pas digestible et
passe, en totalité, dans les déjections. Par contre, toutes les substances molles sont
digérées. M. Campbell estime que la ration journalière d'une cbauve-souris est de
500 moustiques, au moins.
(*■») M. L. O. Howard (95) vient de publier, dans le n" 31 des Public Health
Reports des Etats-Unis, (30 juillet 1920), son appréciation sur la valeur des chauves-
souri.s comme destructrices de moustiques et l'efficacité des perchoirs recommandés
par M. le Dr. Chas, A. R. Campbell.
L'éminent entomologiste apporte des preuves que les moustiques ne constituent
pas une part importante du régime alimentaire des chauves-souris, qu'il n'y a que
quelques rares espèces de chauves-souris qui vivent en bandes et qu'aucune dimiou-
tioiu du nombre des moustiques ou des cas de malaria n'a été constatée, là où oes-
animaux volent en abondance.
Finalement, M. Howard conclut que l'utilité des perchoirs à chauves-souris n'est
pas suffisamment démontrée.pour justifier la dépense qu'entraînerait leur :Dstcli;it)on.
(***) The American Muséum Congo Expédition Collection of Bats, by J. A. Al-
len, Herbert Lang and James P. Chapin. — Bulletin of the American Muséum of
Natural History, Vol. XXXVII, Art. XVIII, pp. 405-563, New-York, 29 sept. 1917.
(****) Notes on the Distribution and Ecology of central african Chiroptera, by
Herbert Lang and James P. Chapin, Pt, II. p. 479-496
127
tilionidae qui se léunissent en grandes bandes, envahissent volontiers
les maisons et autres constructions, leur offrant les mêmes avantages
que leurs gîtes naturels.
Comme les chauves-souris ne chassent que durant le crépuscule
ou la nuit, il n'y a que les insectes volant à ces moments-là qui
puissent devenir leur proie. Il en est ainsi notamment pour les mous-
tiques Anophèles. Toutefois, la nourriture de chaque espèce de chauve-
souris est, sans nul doute, constituée par une grande variété d'insectes
et diffère d'après les saisons.
Les indigènes du Cong'o belge mangent volontiers les chauves-
souris. Les petites espèces insectivores habitant les arbres creux, les
crevasses ou les cavernes, sont aussi recherchées que les grandes
espèces frugivores. Le fait est regrettable. Les chauves-souris fru-
givores sont plutôt nuisibles et il n'est pas mauvais que les nègres
s'en fassent une ressource alimentaire. Mais il n'en est pas de même
pour les chauves-souris insectivores, qui sont éminemment utiles,
surtout dans les régions infestées par les moustiques de la malaria.
Il serait nécessaire de protéger efficacement, tout au moins ceux de
ces utiles auxiliaires qui vivent dans le voisinage des habitations,
et de prévenir ainsi une destruction irrémédiable.
Un autre ennemi acharné des chauves-souris congolaises est le
rapace Machoerhainphus Anderssoni. Ce faucon existe dans toute
l'Afrique centrale. Il semble qu'il dévore sa proie en plein vol.
* * :î-.
Les quelques renseignements que nous venons de donner suffisent
pour montrer que les ennemis des moustiques adultes sont très
divers et qu'il est très utile de prendre des mesures pour les protéger.
Nous n'avons malheureusement rencontré dans les ouvrages parus à
ce jour aucun autre renseignement sur les animaux qui font leur
proie des moustiques adultes, au Congo belge. II n'y a pas de doute
cependant, qu'ils soient très nombreux et appartiennent à des grou-
pements très différents : insectes prédateurs (névroptères, hyméno-
ptères, coléoptères) ; arachnides ; reptiles et batraciens (lézards, gre-
nouilles, etc.) ; oiseaux insectivores ; mammifères insectivores et
chauves-souris. Il serait très intéressant que des recherches scienti-
fiques sérieuses soient faites à ce sujet. Elles pourraient servir de
base à l'élaboration de mesures efficaces de protection de ces ani-
maux. Pour la détermination de la nature de l'alimentation des
insectes et arachnides, l'observation en plein air ou l'élevage au
laboratoire sont les seuls procédés efficaces ; mais, lorsqu'il s'agif
d'animaux vertébrés (reptiles, oiseaux, mammifères), l'examen mi-
croscopique du contenu de l'estomac et des déjections facilitera
grandement les recherches.
D. — MOYENS DE DESTRUCTION DES LARVES ET PUPES
DE MOUSTIQUES.
Empêcher les moustiques de se mulliplier. en les détruisant aux
stades larvaires (larves et pupes) dans leur milieu naturel de déve-
loppement, l'eau, constitue, sans nul doute, le moyen le plus efficace
128
de lutte contre ces insectes et le seul qui permette d'extirper rapide-
ment la malaria des régions contaminées.
Dans l'étude de la destruction des larves de moustiques, il y aura
lieu d'envisager d'abord la localisation de leurs lieux de développe-
ment : artificiels ou naturels. Ceux-ci connus, on aura recours, sui-
vant les circonstances, à diverses mesures d'élimination des larves
qui sont : la suppression des petites agglomérations d'eau, le drai-
nage des grandes, le nettoyage des berges, l'épandage des huiles mi-
nérales, l'emploi des larvicides, la protection et l'introduction des
ennemis naturels, etc.
Nous avons déjà vu que les lieux de développement des larves de
moustiques sont très variés. Nous savons également que les larves
des moustiques à mœurs domestiques : Culex, Slcgomyia, se dévelop-
pent surtout dans les quantités d'eau, parfois fort minimes, séjour-
nant dans les récipients artificiels les plus divers, tandis que
les larves d'Anophclcs, propagateurs de* la malaria, choisissent plu-
tôt comme milieu de développement les agglomérations naturelles
d'eau : mares et marais, bords des rivières et des étangs, flaques
d'eau de pluie, etc.
Au Congo, il laut détruire tous les moustiques et, par conséquent,
il laut supprimer tous les réservoirs de développement des larves,
quils soient naturels ou artificiels. La localisation de ces réservoirs
n'est pas toujours chose facile ; elle demande une inspection minu-
tieuse et systématique des lieux contaminés et de leurs environs.
Entrons dans quelques détails à ce sujet, en commençant par les
réservoirs artificiels.
RECHERCHE ET TRAITEMENT DES RÉSERVOIRS ARTIFICIELS.
Par réservoirs artificiels, nous entendons toutes les petites quan-
tités d'eau se trouvant dans des récipients divers, à l'intérieur des
habitations ou dans le voisinage immédiat de celles-ci.
Ces réservoirs artificiels sont souvent si bien cachés, qu'on ne
les trouve qu'après des recherches soigneuses et méthodiques. C'est,
par exemple, un tonneau qu'on croyait vide, une vieille boîte à sar-
dines ou à conserves, des débris de verre ou de bouteilles jetés aux
ordures, qui retiennent de petites quantités d'eau, etc., etc. Au fur
et à mesure de leur découverte, tous ces récipients devront être
traités d'une manière appropriée, en vue de supprimer les larves ou
d'empêcher tout au moins qu'elles ne continuent à se développer.
Certains seront, soit détruits ou enterrés, soit vidés, retournés ou
nettoyés. Dans d'autres, qui ne peuvent être ainsi traités, l'eau sera
régulièrement renouvelée, ou bien les larves seront tuées, en versant
à la surface un produit larvicide, tel qu'une mince couche de pétrole.
Enfin, on pourra avoir recours à l'emploi de couvercles en toile mé-
tallique ou à l'introduction de poissons et autres animaux aquati-
ques qui se nourrissent des larves et pupes de moustiques.
129
Dans toutes les régions où une lutte efficace contre le Stegomyia
fasciata, ou moustique de la fièvre jaune, a été entreprise (Cuba,
Panama, Afrique occidentale), il a toujours été procédé, en tout
premier lieu, à l'organisation d'un corps médical et sanitaire, qui
avait pour objectif principal de rechercher et de supprimer tous les
réservoirs artificiels servant de lieux de développement aux larves.
D'après Sir Rubcrt Boyce (23), un corps de ce genre, opérant dans
certaines villes de l'Afrique occidentale anglaise (Sierra-Leone, Côte
d'Or, Lagos), après l'apparition d'une épidémie de fièvre jaune, en
1910, a adopté les mesures suivantes :
Enlèvement et destruction de tous les petits récipients (boîtes, bou-
teilles, calebasses, etc.), susceptibles de retenir accidentellement de
l'eau ;
Suppression des broussailles dans les cours et terrains vagues,
ainsi qu'au voisinage des villes et villages ;
Adoption dans toutes les villes, de jours réguliers de nettoyage,
les habitants étant forcés, à ces jours, de se débarrasser de tous les
débris dans lesquels l'eau pourrait s'accumuler ;
Institution de conférences populaires, d'instructions aux enfants
des écoles, de conseils aux habitants, donnés par voie d'affiches appo-
sées sur toutes les places publiques ; coopération des services pu-
blics, des ministres du culte, etc.
A la suite de ces premières mesures, venaient évidemment la sup-
pression ou le pétrolage des plus grandes agglomérations d'eau
stagnante, le comblement ou le drainage des terrains marécageux, etc.
Il a été constaté partout, en Amérique tropicale et subtropicale,
et dans d'autres colonies à climat chaud, que l'établissement dans
les villes d'un système de canalisation et de distribution d'eau po-
table, est un excellent moyen de combattre les fièvres et d'autre^5
maladies. On supprime ainsi, en tout cas, une foule de lieux de déve-
loppement des moustiques : tonneaux d'eau, citernes, puits, etc. l'ne
autre mesure hygiénique importante consiste à établir, dans les villes,
un système pratique de drainage des eaux d'égout.
Ce sont là, toutefois, des moyens qui ne peuvent encore être apph-
• lués actuellement que dans les localités importantes des colonies
tropicales. Presque partout, la lutte contre la propagation dis mous-
tiques dans les habitations et aux environs de celles-ci devra se bor-
ner à l'élimination des réservoirs artificiels. Voni quelqui'r- indica-
tions pratiques à ce sujet :
Là où les tonneaux et citernes pour la conservation de l'eau de
pluie sont nécessaires, ils devront soigneusement être pourvus d&
couvercles ou d'écrans de toile métallique, empêchant les moustiques-
de venir pondre à la surface (voir p. 100). Autant que possible, dans
les localités de quelqu'importance, on adoptera, pour ces récipients
couverts, un modèle uniforme, recommandi'; ou fourni par la mu-
nicipalité.
130
L'eau qui s'accumule sous les réservoirs à eau devra être réguliè-
rement enlevée. Les puits seront comblés, car ils constituent une
grande source de danger. S'ils sont absolument indispensables, ils
devront, en tout cas, être couverts de toile métallique, ou recevoir
régulièrement une application de pétrole.
Les gouttières des toitures de toutes les habitations et dépendances
devront être soigneusement inspectées, afin de vérifier si elles ne
sont pas obstruées, permettant ainsi à l'eau de pluie de s'accumuler
et de constituer un excellent milieu de développement des larves.
Des accidents de ce genre sont surtout fréquents, là où les branches
de grands arbres surplombent les toitures et où les feuilles et brin-
dilles s'accumulent et pourrissent dans les gouttières. Un bon net-
toyage suffira pour remettre les choses en ordre.
A l'intérieur des maisons, les moustiques se multiplient en des
endroits très divers. Si l'on ne change pas fréquemment l'eau des
vases à fleurs, des cruches, aiguières, pots d'eau potable, etc., on
peut y trouver des larves. Celles-ci se rencontrent également dans
les réservoirs des W.-C. et sous les lavabos, ainsi que, par temps
sec, dans les conduites d'égout où l'eau reste stationnaire, faute
d'un lavage par les pluies.
Les réservoirs à eau placés directement sous les toits et destinés
à alimenter les salles de bain, devront être soigneusement pourvus
d'écrans de toile métallique. Là où les fourmis sont très désagréables,
il est d'usage d'isoler les tables en en plaçant les pieds dans de petites
coupes remplies d'eau (antiformicas), qui constituent, en fait, un
bon milieu de développement pour les larves. Dans ce cas, il faudra
soit renouveler régulièrement l'eau de ces coupes, soit en recouvrir
la surface d'une légère couche de pétrole.
Dans la zone du Canal de Panama, les magnifiques jardins de
l'hôpital d'Ancon avaient été convertis en un lieu de développement
idéal pour les larves de moustiques, en plaçant des baquets peu pro-
fonds, remplis d'eau, autour de tous les arbres et arbustes, pour
les protéger contre les attaques des fourmis. L'épandage réguHer
d'un peu de pétrole, arrêta net la propagation des moustiques.
Dans les fermes, il faudra éviter avec grand soin de laisser de
l'eau séjourner pendant plus d'un ou deux jours dans les auges,
baquets et autres récipients servant aux chevaux, au bétail ou aux
porcs, ainsi que dans les abreuvoirs des poulaillers et les baquets
des chiens de garde.
Les puisards et fosses d'aisance sont d'habitude recouverts de pierres
et de ciment, mais il ne faut pas perdre de vue que la plus légère
fissure dans ce ciment permet l'entrée des moustiques et qu'il en
résulte souvent une multiplication illimitée des larves. Un traitement
au pétrole pourra donc être nécessaire.
Dans les hangars à marchandises et les docks, les moustiques se
développent abondamment dans les seaux à incendie et les tonneaux
a eau, si ceux-ci ne sont pas régulièrement vérifiés, vidés et nettoyés.
Dans les ateliers de réparation et autres, l'eau se trouvant, par
13!
■exemple, dans les baquets des meules à repasser, ne devra pas y
être laissée plus d'un jour ou deux, sans être renouvelée.
L'eau accumulée dans les urnes funéraires et les creux des monu-
ments dans les cimetières. et l'eau des bénitiers des églises, consti-
tuent également, pour les larves, des milieux de développement qu'il
faudra surveiller.
Les boîtes à conserves vides de toutes espèces, les tessons de bou-
teilles, les débris de verre ou d'autres ustensiles de ménage, les boîtes
et récipients de bois ou de métal, les co-
quilles vides, les coques de noix de coco,
calebasses, etc., etc., jetés comme détritus,
forment, lorsqu'ils sont partiellement rem-
plis d'eau par les pluies, d'excellents ré-
servoirs pour la multiplication des mousti-
ques. Il suffit, pour cela, d'une très faible
quantité de liquide ; ainsi une bouteille à
bière, à moitié remplie d'eau, peut servir
de milieu de développement à plusieurs
milliers de larves.
Il faudra donc inspecter soigneusement et
méthodiquement tous les terrains vagues
aux alentours des maisons, villages indi-
gènes ou villes européennes, et les tas d'or-
dures et de décombres, où ces objets se
trouvent souvent en grande abondance. Si
nécessaire, on y pratiquera des débrousse-
ments, pour rechercher ceux qui sont dis-
simulés sous les buissons et les mauvaises
herbes. Tous les débris ainsi trouvés et sus-
ceptibles de servir de réservoirs seront,
soit détruits ou enlevés, soit enterrés ou
lotournés.
Los murs servant de clôture sont souvent
garnis, à leur faîte, comme défense contre
les maraudeurs, de morceaux de verre brisé,
tessons de bouteilles, etc., qui peuvent constituer, après les pluies,
de petits réservoirs pour les larves de moustiques. Il en est de même
pour les bouteilles renversées, servant, dans certains jardins, de
bordures aux chemins et aux plates-bandes à fleurs. Dans les pota-
gers à sol argileux, tous les creux permettant à l'eau de séjourner,
devront être soigneusement comblés et nivelés. Dans les terrains légè-
rement marécageux, les empreintes laissées par les sabots des che-
vaux et bestiaux et remplies d'eau, constituent un des endroits
favoris de développement des larves de moustiques.
Les fontaines, bassins et étangs ornementaux dans les parcs et
jardins, forment souvent aussi, un milieu de multiplication des
larves. 11 suffit, d'habitude, pour éliminer ces dernières, d'y intro-
duire des poissons. Fréquemment, cependant, les larves peuvent
Fig. 71. — Enlevez soi-
gneusenTent des cours et
du voisinage des habita-
tions, les vieilles boitas à
conserves vides, tessons
de bouteilles et autres
objets dans lesquels les
larves de moustiques peu-
vent se développer. —
Abritez également par de
la toile métallique, le des-
sus des tonneaux à eau.
(Cliché de la South afri-
can anti-malarial Asso-
ciation.)
i;{2
échapper à ceux-ci, en cherchant refuge dans la végétation qui croît
le long des bords.
Dans de tels étangs, on trouve souvent des plantes aquatiques à
larges feuilles (Nymphéa, etc.). Lorsque ces feuilles reposent à plat
sur la surface de l'eau, il arrive que l'une d'elle, partiellement sub-
mergée, forme un excellent petit bassin naturel, où les larves de
moustiques peuvent vivre et se développer, à l'abri des poissons.
C'est pourquoi il est nécessaire, pour empêcher le développement des
moustiques dans les pièces d'eau ornementales, d'en tenir les bords
propres, libres de végétation, et de ne pas y placer de plantes aqua-
tiques à larges feuilles flottantes.
Enfin, dans les villes, les fontaines publiques, les abreuvoirs des
chevaux, les réservoirs, devront être régulièrement inspectés, de
même que les rigoles des fossés, car ceux-ci peuvent facilement per-
mettre le développement de diverses espèces de moustiques, y com-
pris les Anophèles de la malaria.
II paraît peu probable que les moustiques puissent se développer
dans les conduites d'égout, mais ils se multiplient, en tout cas, dans
l'eau qui séjourne au fond des bouches d'égout. Celles-ci sont très
souvent placées dans les arrière-cours ou au croisement des rues.
Leur eau n'est renouvelée que par les pluies, ou lors du nettoyage
des surfaces pavées. En saison sèche, la période de stagnation peut
durer plusieurs semaines, et, en tout cas, assez longtemps pour per-
mettre aux moustiques de parcourir leurs stades larvaires. En fait,
ces bouches d'égout peuvent, par temps chaud, produire des millions
de moustiques. On les traitera à l'aide du pétrole ou en les purgeant
à grande eau, une fois par semaine, chassant ainsi dans les égouts
les larves nouvellement écloses.
Enfin, alors que toutes les précautions ont été prises, il est encore
possible que certaines petites accumulations d'eau situées dans le
voisinage des hab-'tations, passent inaperi;ues ou soient inaccessibles.
Il est à conseiller, dans ces cas, en vue d'empêcher les moustiques
femelles de les choisir comme lieu de ponte, de préparer des réser-
voirs-pièges. Des pots de terre ou des entre-nœuds de bambou, rem-
plis d'eau et placés en des endroits ombragés, conviendront pour cet
usage. On les videra aussitôt que sera constatée la présence de jeunes
larves.
RECHERCHE ET TRAITEMENT DES RÉSERVOIRS NATURELS
La recherche et le traitement des réservoirs naturels ont spéciale-
ment pour but de supprimer les larves des Anophèles propagateurs
de la malaria. Nous savons déjà que ces larves se développent, de pré-
férence, dans les accumulations naturelles d'eau, soit permanentes,
soit temporaires, se trouvant dans le voisinage des lieux habités ou
à une distance qui ne dépasse pas la portée du vol des femelles
adultes.
Les lieux d'évolution des Anophèles varient évidemment d'après
les conditions locales (nature du sol, humidité ou sécheresse, etc.),
ainsi que d'après l'espèce et d'après la saison. Voici certains des
plus fréquentés :
133
UEL'X DK Di:Vi;i-<)PrKMKNT I)i;s LAI{Vi:s I)K MorsTIQFK
Fig. 72. — Dans une ville des pays chauds. — L'eau qui séjourne dans
le:^ rigoles, contient de nombreuses larves de moustiques, souvent des
larves d'Anophèles. (Cliché W.-B. Herms.)
Fig. 73. - .A.U Kalanga. — Un canal dans la vallée de la Lubuinbashi. —
E.xcellent milieu de développement pour les larves d'Anophèles. Aussi
ces moustiques y abondaient avant l'assainissem-^nt. (Cliché Leplae.)
134
LIEUX DR DEVELOPPEMENT DES LARVES DE MOUSTIQUES.
Fig. 74. - Un
Hons' Kong (Chii
maciilatu.s. (D'à in
e favoi
~ Lie
Clnrk.l
des Aiioi^lirlrs. — i^uisseau de montagne à
de développement de la larve d'Anophèles
Fig. 75. — Dniis la /m:, du i
cageuse du lerrum pai luiips de plui.
graphie. — Dans ces mares tempoiai
abondantes. (Cliché M. Watson.)
■é-
monlii !■ pal la photo-
larves ù'Ano])h('les sont
135
LIEUX DE DEVELOPPEMENT DES LARVES DE MOUSTIQUES.
Fig. 7G. — Sur le Moyen-Congo. — Une rive malsaine, infestée par les
moustiques et les tsétsés. (Cliché I.eplae.)
1-"i,l;-. 77. — Aiiliv nw iiiiilsainc im
prisi- sur le chenal, à Kinr/.ulu. — Dt
pirogues des indigènes et dans cette
veloppent. (Cliché Leplae.j
ilaria, maladie du .sommeil'. Vue
l'eau séjourne souvent au fond des
au. les larves de moustiques se dé-
138
EFFETS DU DElîR» )US8E.M EXT SIR ].
Fig. 78. — Sur le Congo. — Ancienne station agricole de Lukoiela.
Rive non déboisée, avec moustiques et tsétsés. (Cliché Leplae.)
1 1^. 7'.i. — Le déban-îidi'
assainie, où les mousli(|ii
d'a&sainissement, la missi
par la trypanosomiase (Cli
de KwiUMiMllh.
Lvi)Iae.;
d'une rive
face, faute
lis décimée
137
1. — Les mares et marais, bords des éta}ujs, lacs et lagunes. —
En général, les larves à'Anopheles se développent dans les eaux tran-
quilles, là où elles trouvent une protec-
tion naturelle dans la végétation aquati-
que et les accumulations flottantes de
feuilles mortes, débris et brindilles (voir
fig. 2l2). Une eau ayant plus de 30 cm. de
profondeur et sans protection naturelle,
ne convient pas à ces larves.
Dans l'eau claire, telle que celle des
réservoirs à bords propres et escarpés,
des débris plus ou moins divisés se ré-
unissent et ces amas flottants sont pous-
sés par les vents, d'une extrémité à l'au-
tre de la pièce d'eau. Des larves sont fré-
quemment présentes dans ces amas, où
elles paraissent être à l'abri des petits
poissons.
L'évolution des Anophèles, dans les
pièces d'eau d'une certaine étendue, est
contrariée par l'action des petites vagues,
et là où la direction du vent est uniforme
et continue, la partie de la rive où les
vagues déferlent est exempte de larves,
sauf toutefois s'il y a de petites anses à
malarial Association.) eau plus calme.
2. — Les terrains marécageux ou inondés, permanents ou tempo-
raires. — Les inondations provoquées par les pluies tropicales ou
par les crues des fleuves et rivières, sont de bons milieux de dévelop-
pement des larves àWnopheles. Sous les climats chauds et humides,
la culture du riz de marais favorise malheureusement aussi la multi-
plication de ces insectes. Les rizières demandent, en effet, une inon-
dation annuelle, et l'eau y reste pratiquement stagnante, pendant plu-
sieurs mois. Il en résulte que. dans beaucoup de contrées, le dévelop-
pement de la malaria peut être parallèle à celui de la culture du
riz (*). Les remèdes à cette situation sont l'élimination de tous les
Fiff. 80. — Mare dans
laquëile se développent les
larves des moustiques de
la malaria. — Recher-
cliez-y ces larves et, si
vous en trouvez, com-
blez, drainez, ou bien
recouvrez toutes les se-
maines la surface de
l'eau, d'une mince cou-
ctie de pétrole. (Cliclié de
la South african anti-
(*) D'après M. S. B. Freeborn (70), il a été démontré qu'aux Philippines, les
régions riziooles sont remarquablement indemnes de malaria. La raison en est, que
le moustique qui transmet le plus intensivement le germe: Anophèles minimus
(febrifer), se développe surtout dans les eaux courantes et que ces réservoirs de
propagation sont éliminés par l'introduction de la culture du riz. Par contre, le
moustique dont la larve vit surtout dans l'eau des rizières : A. rossi, transmet peu
la malaria.
D'autre part, il est connu, dit encore M. Freeborn, qu'une culture intensive du
riz de marais, donne relativement peu de moustiques, tandis que des rizières éparpil-
lées, à croissance irrégulières, entraînent la production de beaucoup d'Anophèles.
Suivant M. J. Legendre (114), les rizières en culturvS près d'Antananarivo (Mada-
gascar), constituent le lieu d'évolution favori des Anophèles. En octobre, après la
plantation du riz, on trouve les larves dans les champs en terrasses arrosés par les
cours d'eau et dans les plaines irriguées par des canaux. Les rizières non cultivées,
où poussent les graminées sauvages ne sont jamais infestées avant la fin de février
ou le mois de mars, époque où les Anophèles sont devenus si abondants qu'ils se
répandent partout. Les endroits choisis pour la multiplication sont, par ordre de
préférejice : les rizières, les cressonnières, les champs d'ignames (Colocasia esculenta),
les marais et les jardins maraîchers.
138
réservoirs de développement autres que les rizières, avant, pendant et
après l'inondation de celles-ci, la protection efficace des habitations,
à l'aide d'écrans de toile métallique et l'emploi préventif de la quinine.
Les mares, marais et flaques d'eau servant de lieux de multipli-
cation aux larves à'Anopheles, abondent au Congo. Nous en repro-
duisons une vue, fig. 25.
Au Katanga, par exemple, le dembo de la ferme Marie-José (fig. 90),
le canal de l'Union minière (fig. 73), les sources marécageuses de la
Tsinsenda (fig. 89), constituaient, avant leur assainissement par drai-
nage, de vrais coins à moustiques, fort dangereux pour la propaga-
tion des fièvres.
3. — Les cours d'eau et rivières. — Les cours d'eau, larges ou
étroits, quoique parfois à sec pendant plusieurs mois de l'année, de-
viennent souvent d'importants milieux de propagation. En général,
durant la saison humide, on y trouve les larves le long des rives, en
des endroits tranquilles, abrités par les roseaux, plantes aquatiques
ou par les amas de débris accumulés. Il semble que l'instinct fasse
choisir aux Anophèles, pour déposer leurs œufs, les places les mieux
protégées et les mieux pourvues de nourriture pour les larves. Les
petites mares latérales, les petits bassins naturels formés par les
creux des rochers (voir fig. 24 et 74), ainsi que les endroits des cours
d'eau où la profondeur et la tranquillité permettent le développement
rapide des algues vertes qui retardent le courant, sont également
favorables.
Les grandes rivières à berges escarpées ne conviennent pas aux
Anophèles. Lors des crues, toutefois, des inondations peuvent se pro-
duire, et de même des débris végétaux divers peuvent s'accumuler
par endroits et former des mares d'eau tranquille, hors de l'atteinte
des petits poissons et où les larves se développent.
Les conditions des rivières sont plus favorables en saison sèche (*),
car alors leur cours est plus lent, et elles constituent le seul milieu
de propagation à la disposition des Anophèles, toutes les autres agglo-
mérations d'eau étant desséchées. A cette époque, les larves y sont
donc souvent très abondantes.
4. - — Les llaques temporaires d'eau .de pluie, les empreintes des
sabots des bestiaux et les ornières des routes. — En terrains argi-
leux, les flaques d'eau qui restent subsister quelque temps après les
pluies, de même que les empreintes des sabots des chevaux et bestiaux,
en terrains mous ou détrempés, fournissent d'excellents milielix de
propagation aux larves d'Anophèles. Ces dernières dépressions peu-
vent contenir de l'eau pendant toute la saison humide, et en recevoir
également par les ondées, en saison sèche ; elles sont difficiles à loca-
liser et à traiter, cachées qu'elles sont par les herbes. De même, les
<*) Au cours de sa mission dans le Nord du Congo, M. le Dr. Rhodain a noté
qu'à Dungu et Bambili, sur rUélé, les moustiques étaient plus abondants, en saison
sèche qu'en sai-son des pluies.
Ceci s'explique par le fait que, lors de la baisse des ©aux, il se produit, entre
les rochers du fleuve, des mares dans lesquelles les larves d© moustiques se dévelop-
pent. Lors de la crue des eaux, ces réservoirs disparaissent et le nombre de mousti-
ques diminue d'une façon marquée.
139
ornières des routes peu fréquentées, forment de bons réservoirs à
larves à'Anophelcs et de Culex.
5. — Les eaux souterraines el les eaux des puits artésiens. — Les
endroits où les eaux souterraines sourdent à la surface du sol servent
•également de lieux de multiplication aux larves à'Anopheles. C'est
ainsi qu'on rencontre souvent, au Congo et ailleurs, sur les flancs
et près du sommet des collines enherbées, de petites mares ou des
filets d'eau courante, contenant des larves de moustiques. Ces réser-
voirs sont formés par de l'eau souterraine qui coule sur une couche
de terrain imperméable et sort à l'air libre, aux endroits où cette
couche affleure ou tout au moins se rapproche de la surface du sol.
De même, dans les régions sèches, les puits artésiens, forés en vue
de fournir l'eau nécessaire aux irrigations agricoles, facilitent la
propagation des moustiques. Le débit de ces puits est, en effet, sou-
vent supérieur à la consommation, et il se forme des mares d'eau
stagnante, dans lesquelles les larves se développent.
6. — Les rigoles, fossés, drains et autres excavations faites par
rhomme. — Lorsqu'ils ne sont pas convenablement entretenus, les
fossés de drainage ou autres sont également des endroits très favo-
rnblts à la propagation des moustiques. La végétation qui les encombre
souvent, ralentit ou arrête l'écoulement de l'eau et les Anophèles
femelles viennent pondre en ces endroits tranquilles. Il en est de
même pour les canaux d'irrigation et les fossés et rigoles longeant
les routes et les voies ferrées (voir fig. 75).
Les travaux de terrassement abandonnés, où s'accumulent les eaux
météoriques, ainsi que les excavations faites accidentellement par
l'homme et qu'il néglige de combler ou de niveler, peuvent également
«ervir de réservoirs aux Anophèles. Enfin, à Cuba et Panama, on a
constaté que les larves de ces moustiques se développent également
dans les eaux polluées, à quelque distance de leur sortie des égouts.
Exceptionnellement, on pourra encore rencontrer des larves d'.4no-
pheles dans des réscr\oirs artificiels, qui, ordinairement, n'hébergent
que des larves de Culex. Tels sont les tonneaux et citernes d'eau de
pluie, les abreuvoirs, les pirogues échouées, etc. De même des larves
û'Anopheles ont été trouvées dans les petites accumulations d'eau
retenues par certaines plantes (cavités d'arbres, base de feuilles, ra-
cines superficielles, etc.) (*).
Une fois localisés, tous les réservoirs naturels que nous venons de
passer en revue devront être traités différemment, suivant leur nature
(*) Les larves de V Anopheles(Piiretophorns) costalis Loew, vivent d'habitude dans
les eaux marécageuses et dans les flaques le long des routes, spécialement lorsque ces
dernières sont salies par les excréments des hommes et des animaux Suivant Gra-
ham, à Lagos (Nigérie), elles se développent régulièrement dans les tonneaux et
autres récipients se trouvant dans les liabitations indigènes. On sait que VAnopheles
costalis Loev.- est une des espèces de moustiques les plus répandues dans notre colonie
et qu'elle y transmet la malaria.
Les larves d'une autre espèce malariale d'Anophèles, très commune en Afrique,
surtout en Afrique occidentale : Anophèles (Myzomyia) funestiis Giles, préfèrent pres-
que toujours comme milieu de développement l'eau claire. On ne les rencontre jamais
dans les eaux sales ou marécageuses.
140
et les circonstances qui les ont créés. Les petites dépressions seront
soigneusement comblées. Là où les agglomérations d'eau sont occa-
sionnées par un arrêt dans l'écoulement, l'obstacle sera supprimé
par curage et nettoyage des fossés, rigoles ou drains. Les parties maré-
cageuses seront drainées ou comblées, ou si cette opération est impos-
sible, on aura recours au pétrole ou à un autre larvicide. Les berges
des rivières, étangs et lacs seront débroussées et nettoyées. L'introduc-
tion de poissons ou autres animaux faisant leur proie des larves,
pourra également être essayée.
Nous allons examiner en détail les différents procédés d'élimina-
tion des réservoirs à larves d'Anophèles, mais auparavant, il nous
faut dire un mot de la façon dont on peut déterminer la présence de
ces larves dans une masse d'eau.
Déterminaiion de la pré= Comme nous l'avons VU, on trouve d'ha-
sence des larves d'Ano= ^^jj^^j^ ,çg ^^^^^^ d'Anopheles dans des eaux
pheles dans une masse , . ^ ^ ... '^ . . . .
d'ea„_ relativement tranquilles, parmi les plantes
aquatiques et les amas de débris végétaux.
Ces larves, si elles ne sont ni troublées ni inquiétées, peuvent être
vues au repos, sous la surface de l'eau, mais souvent elles plongent
et se cachent, avant que l'observateur ne soit assez près pour les
apercevoir. 11 est rare de les rencontrer là où la protection végétale
naturelle fait défaut. Avec un peu de pratique, l'œil s'exerce et dé-
couvre facilement les parties d'une pièce d'eau qui contiennent des
larves. 11 est à conseiller d'employer, pour pêcher celles-ci, un petit
puisoir ou une louche en émail blanc. Lorsque les larves sont cachées
parmi la végétation, la louche sera vivement poussée contre les tiges
d'herbes ou de plantes, et l'eau y entrant, entraînera les larves (*).
La présence des larves peut également être décelée par l'application
d'un larvicide, notamment de celui en usage à Panama et dont il
sera question plus loin. Cette substance se répand promptenient dans
l'eau, et les larves, dans leurs efforts pour échapper à son action,
remontent à la surface.
Dans les accumulations d'eau ayant moins de 50 centimètres de
profondeur, on peut encore obtenir d'assez bons résultats, en remuant
la vase du fond, ce qui, généralement, force les larves à remonter.
Lorsque, dans des mares peu profondes, on doit examiner rapide-
ment un grand nombre d'endroits, l'inspection sera faite en se pro-
menant dans l'eau et en remuant, aux points suspects, la vase avec
le pied. S'il y a do la végétation ou des débris, il faudra les écarter,
car une surface claire est indispensable pour un examen consciencieux.
S'il s'agit de dépressions où l'eau a presque disparu et où il ne
reste plus que de la vase molle, des échantillons de cette dernière
seront lavés à l'eau claire, afin de déterminer la présence des larves.
(*) D'après M. W. M. Aders (1), (mai 1917), divers pièges ont été utilisés à Zanzi-
bar, pour récolter des larves de moustiques. Le piège à Anophèles était formé d'un
récipient plat, rempli d'eau de pluie et d'algues, avec une fine couche de terre garnis-
sant le fond. Le piège à Cuîex consistait en un tonneau, rempli d'une eau riche en
matières végétales en décomposition et en matières oriçaniques. Le piège à Stegomyia
était semblable, mais rempli d'eau de pluie propre.
141
L'inspecteur devra se pi-oinencr le long de? cours d'eau, ainsi
qu'au bord des fossés et étangs, et examiner soigneusement tous les
endroits qui paraissent favorables au développement des larves d',4no-
phcles, y compris les débris végétaux flottant à la surface des eaux
profondes. Dans les mares et lagunes encombrées de hautes herbes^
l'examen devra se faire en bateau. Si l'inspecteur ne dispose d'aucune
embarcation, il devra entrer dans l'eau et visiter, un à un, tous les
endroits suspects. A cette fin, le personnel du service sanitaire de la
zone de Panama était équipé de la façon suivante : coslumc en kaki,
gros souliers de cuir et guêtres de cuir de porc.
Dans la recherche des lieux de développement des larves à'Ano-
pheles, il ne faut pas perdre de vue que les parties peuplées de lan'es
d'une pièce d'eau relativement étendue, peuvent être très restreintes
et varier d'après les saisons.
Comblement des dépres= Lorsqu'on entame la lutte contre la mala-
*'*"*• ria, près d'une agglomération européenne
ou indigène, la première mesure à prendre,
consiste à combler toutes les petites dépressions pouvant contenir
l'eau des pluies, y compris les empreintes des sabots des bestiaux,
les ornières, les flaques, les petites mares qui ne peuvent être conve-
nablement drainées et les terrains qui ne s'assèchent pas prompte-
ment après les ondées.
II est évidemment inutile de combler des dépressions qui absorbent
l'eau d'une façon suffisamment rapide, pour être complètement à
sec. avant qu'une génération de larves puisse normalement accom-
plir son évolution aquatique.
Comme Uiafériaux de remplissage, on utilisera de préférence des
terres ou autres matières ayant une perméabilité suffisante pour
laisser passer facilement l'eau de surface. On évitera évidemment les
argiles et terres glaises compactes. Dans la zone du canal de Panama,
on s'est servi, pour le comblement en grand d'excavations, des pro-
duits du dragage. Ceux-ci, réduits à l'état de liquide boueux conte-
nant de 10 à 20 pour cent de matières solides, étaient envoyés sous
pression, à de grandes distances, par l'intermédiaire de tuyaux ou
pipe-lines. Les couches successives de boue hydraulique se crevas-
saient en se desséchant et des précautions spéciales durent être prises
pour que ces fissures ne servent pas de réservoirs aux larves d'ino-
pheles. Environ la moitié de la superficie sur laquelle la ville de
Colon a été bâtie, fut comblée par ce procédé hydraulique, et il en
est de même pour une grande partie des terrains sur lesquels la nou-
velle cité de Balboa a été construite.
Au Congo, à Boma, des dépressions marécageuses ont été comblées
par les boues sableuses draguées dans le fleuve au moyen de suceuses.
Lorsqu'on emploie les sables comme matériaux de i-emplissage, il est
à recommander d'enlever, si possible, au préalable, la terre arable,
pour la répandre h nouveau sur la surface de la dépression, lorsque
celle-ci est comblée.
142
Drainage des parties ma= Sans nul doute, un drainage convenable-
récageuses. ment effectué, constitue la meilleure méthode
de destruction des larves et d'élimination,
de la malaria. C'est donc une mesure grosse de conséquences, au
point rie vue hygiénique, et elle l'est aussi au point de vue économi-
que et agricole, La valeur des terrains marécageux, rendus par le
drainage propres à la culture ou à la bâtisse, est trop connue pour que
nous devions insister sur ce point. Aux Etats-Unis, des travaux de ce
genre ont été accomplis, avec beaucoup de succès, dans diverses ré-
gions, notamment dans les Etats de New-Jersey et de Californie. Par
un système pratique d'écoulement des eaux des marais, le nombre
des moustiques a été fortement réduit, les régions ont été rendues
saines et habitables et la valeur des propriétés a subi une hausse
considérable.
Pour drainer un marais servant de lieu de développement aux
larves de moustiques, on établira un système de fossés, destiné à
permettre l'écoulement des eaux stagnantes. Des rigoles, de section
plus petite, s'embrancheront au canal principal. Il faudra prendre
soin d'établir des fossés aussi droits que possible, d'en consolider
les bords et de les tenir bien propres, c'est-à-dire exempts de mau-
vaises herbes et de tout corps pouvant occasionner une obstruction.
Un fossé mal entretenu, où l'écoulement de l'eau se fait d'une façon
défectueuse, est, en effet, un excellent réservoir pour le développement
des larves.
Un plan parfait de drainage est celui qui enlève des terrains pro-
ducteurs d'Anophèles toutes les eaux stagnantes et élimine également
les eaux de pluies, de telle manière que peu après une ondée, la terre
et les fossés soient à nouveau à sec. Il va de soi que, sous les tro-
piques, ce plan parfait ne peut pas toujours être réalisé, certains fac-
teurs locaux, tels que la composition et la texture du sol et du sous-
sol, la configuration du terrain, la végétation, l'importance et la dis-
tribution des pluies, etc., y apportant des obstacles. L'ingénieur sani-
taire ne devra pas se décourager et, pour réussir, devra souvent sur-
monter de grandes difficultés.
Dans leur ouvrage Mosqnito Control in Panama, MM. J.-A. Le
Prince et A.-J. Orenstein (117) donnent des renseignements pratiques
sur la manière dont les nombreuses opérations de drainage néces-
sitées par l'assainissement de la zone du canal, ont été conduites par
le Service sanitaire spécial mstitué par le gouvernement américain.
Les personnes qui seraient éventuellement chargées, plus tard, d'exé-
cuter dans notre Colonie des travaux semblables, trouveront, dans
le Chap. IX : Attack on Propagation Areas by Drainage (p. 122 à 150),
du dit ouvrage, de très utiles indications. Nous nous contenterons
de résumer ici ce qui se rapporte aux fossés ou drains (*).
(*) La Macédoine étant le foyer de paludisme le plus considérable d'Europe, des
missdous antipaludiques furent envoyées dans ce pays par la France et l'Angleterre,
au cours des campagnes des armées alliées.
Les travaux et les résultats de la mission antipaludique française à l'armée
d'Orient, ont été publiés dans le numéro de juin 1918 du Bull, de la Soc. de Path.
exotique de Paris.
La mission commença ses travaux en mars 1917 ; son quartier général était situé-
143
Fossés ou drains. Les fossés de drainage seront de direc-
tion aussi rectiligne que possible ; leur fond
sera étroit et leurs bords nettement coupés. Ces fossés sont de deux
sortes : ceux qui sont destinés à l'écoulement des eaux pluviales et
s'assèchent, un ou deux jours après les ondées, et ceux qui con-
tiennent de l'eau pendant toute une saison ou même d'une façon
permanente.
Les fossés à écoulement temporaire ont surtout à souffrir de
l'érosion. Celle-ci dépend principalement de la nature du terrain
et de la pente. Toutes autres conditions égales, plus forte est la pente,
plus l'érosion des côtés et du fond est à craindre.
De même les obstructions temporaires occasionnées par des pierres
ou autres matériaux amènent des affouillements du fond et la forma-
tion d'excavations désignées sous le nom de « pot-holes », qui
retiennent l'eau longtemps après l'assèchement du fossé et servent
de lieu de développement aux larves d'Anophèles.
L'obstruction peut également provenir d'une disposition défec-
tueuse des canaux d'écoulement. C'est ainsi qu'au Katanga, comme
nous l'a signalé M. le Directeur général E. Leplae, les fossés longeant
la voie du chemin de fer à Tshinsenda, constituaient d'excellents
lieux de développement pour les larves de moustiques. Ces fossés
étaient, en effet, coupés à intervalles par des barrages de terre, empê-
chant l'écoulement des eaux et formant autant de bassins naturels
pour les larves.
Lorsque les fossés contiennent de l'eau d'une façon permanente ou
pendant une période suffisamment longue pour permettre le déve-
loppement complet des larves de moustiques, ils doivent être inspectés
régulièrement et à courts intervalles (une semaine).
L'inspection est moins nécessaire en saison pluvieuse, lorsque
l'écoulement est continu, qu'en saison sèche. Durant cette dernière
à Salonique. Elle divisa tout le district occupé par les troupes françaises, en secteurs
d'étendue variable suivant la densité de la population militaire. Un médecin au moins-
était affecté à chaque secteur.
La première mesure eut pour but d'établir l'indice endémique des agglomérations
occupées ou traversées par les troupes alliées ; en même temps, les différents travaux
destinés à combattre les larves des Anophèles furent entamés.
On eût recours suivant les cas :
1° A l'assèchement des mares par comblement ou par déversement. Le déversement
peut se produire par perforation du fond de la mare ou par création d'un puits
absorbant, à environ 8 à 10 mètres de la mare ou des petites mares à assécher.
Pour faire le puisard, on creuse un trou de 3 met. carr. de surface jusqu'à 1 m. 20
de profondeur ; oe trou est relié aux mares qu'il faut vider par un caniveau tapissé
de pierres sèches; le puisard à son tour est comblé de pierres, briques et autres débris
solides ; il remplit ainsi le rôle d'un drain de profondeur, d'une véritable éponge
vis-à-vis des mares voisines;
2° A la régularisation de? cours d'eau, qui peut être obtenue suivant l'importance
du courant, par faucardeme.nt ou désherbage des bords et du fond, ou par la réfection
des berges et du lit, véritable canalisation d'un coiir.int d'eau ralenti ;
3° A la dérivation des cours d'eau, définitive par canaux ou momentanée par le
procédé à l'alternance proposé par MM. Ed. et Et. Sergent (voir page 151) ;
4' A l'emploi de larvicides : pétrole lourd et surtout huile de pétrole ou pétrole
ordinaire, qui, par sa fluidité, se répand mieux.
D'autre part, la protection du soldat contre les piqûres de l'insecte adulte fut
assurée par l'emploi de toile métallique fermant hermétiquement les locaux, par
l'utilisation des moustiquaires de lit, etc.
La protection contre les effets du virus fut obtenue par un système de quinini-
satdon.
144
saison, la rapidité du courant est fort ralentie, et les conditions de-
viennent très favorables à l'évolution des larves. Il en est surtout
ainsi pour les drains ouverts, à faible pente. Les berbes et plantes
aquatiques retardent le courant ; du limon se dépose, qui favorise
l'envahissement complet par la végétation et élève le niveau du fond
du fossé. Les larves trouvent, dans ces milieux, abondance de retraites
et de nourriture.
Pour éviter des inspections trop fréquentes et des soins constants
d'entretien, il est à conseiller d'appliquer aux fossés un revêtement
permanent. On pourra, par exemple, donner au fossé une section bien
nette, garnir le fond de pierres et terminer par une coucbe de ciment.
Si la section est en forme de V aplati, il vaut mieux arrondir le
fond, afin d'éviter les obstructions et l'accumulation de débris qui
s'ensuit.
Dans certains cas, on revêtira le fossé -de pierres brutes, réunies
par du mortier de chaux, ou bien on garnira le fond de pierres plates,
les espaces vides étant remplis par de petites pierres et du ciment.
Lorsqu'on a à sa disposition, à bon compte, des criblures de pierres
ou du gravier, on pourra revêtir de béton armé les fossés de faible
section. Une couche de 5 cm. d'épaisseur de béton, renforcée par du
treillis métallique à larges mailles, ordinairement employé pour les
poulaillers, conviendra
pour les petits fossés.
Pour la plupart de ces
derniers, il sera suffi-
sant de garnir de bé-
ton le fond et quelques
pouces de hauteur de
chaque côté des parois,
c'est-à-dire la partie
qui se trouve normale-
ment sous l'eau (voir
fig. 81 en B).
Pour effectuer le bé-
Fig. 81. — Conduites de drainage. tonnage, on étendra
En A. Jonction d'une conduite secondaire ri'nhArH ^nr Ip fond
avecla conduite principale. Celte jonction doit " ^doiu sui it loiiu
se faire à angle aigu ou en courbe et non à prépare, une couche de
angle droit. béton de 2.5 cm. d'é-
En B. Revêtement en béton du fond d'un paisscur sur laquelle
P^"^^°''^- on épinglera la toile
métallique, recouverte à son tour d'une nouvelle couche de béton,
de même épaisseur que la première.
Le gravier de rivière convient aussi bien pour le travail de béton-
nage que les criblures de pierres et le sable. Pour les grands fossés,
les côtés seront inclinés et revêtus de béton sur une hauteur d'envi-
ron trente centimètres au-dessus du fond.
L'eau qui coule extérieurement le long des parois et a une ten-
dance à enlever la terre et à miner le travail de bétonnage, devra pou-
voir pénétrer dans la conduite, par le moyen de trous d'écoulement.
Cette action érosive est également empêchée par l'emploi de petits
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Auii'cfois fiivngiM' par lu niiilaria, acliirllciiiciit l'oi'l salubre.
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-\ I ,i\aiil iilaii, uni' ((iiidiulr dv diaiiiayi g.ii
.e l'rini e et \.-J. Orenstem.^
Di'âiiiagi' dL\s terrains
lai'Ni's dr moustiques,
de tudun. (Cliclié J.-.^.
HO
murs extérieurs, placés à angle droit de l'axe de la conduite et con-
venablement espacés.
Les conduites ou fossés bétonnés ne s'embrancheront jamais à
angle droit, mais à angle aigu, la conduite de faible section étant
incurvée, si nécessaire, dans le sens du courant, au point de jonction
avec la conduite principale (voir fig. 81 A). De cette façon, on évitera
les dépôts sédimentaires. Il est également à conseiller d'élargir quel-
que peu la conduite principale, aux points de jonction et aux endroits
de courbure.
Entretien des fossés et Entretenir un fossé de drainage, consiste
conduites bétonnées. ^ jg maintenir dans des conditions favora-
bles à l'écoulement de l'eau, tout en l'em-
pêchant de servir de réservoir aux larves de moustiques. A Panama,
ce travail comportait le maintien du fond en bonne pente et de la sec-
tion en largeur uniforme ; l'enlèvement de toutes les obstructions
pouvant modifier la rapidité du courant et de la végétation aquatique
et des algues fournissant aux larves la protection et la nourriture.
Il comportait, en outre, l'inspection périodique des fossés et le trai-
tement au pétrole ou à un autre larvicide, de ceux qu'avaient envahis
les larves d'Anophèles.
Les conduites bétonnées sont plus coûteuses que les fossés de
terre, mais elles ont sur ces derniers de grands avantages. La rapi-
dité du courant y est accrue à tel point que les larves ne peuvent y
vivre, sont entraînées par l'eau et détruites. La vitesse de l'eau empê-
che le dépôt du limon. Chaque ondée nettoie la conduite et enlève
généralement toute accumulation de débris. La conduite reste de sec-
tion uniforme et la végétation ne l'envahit pas. Les algues ne s'y
développent que lorsque la pente est très faible et pendant les périodes
où le niveau de l'eau est très bas. Dans ces cas, elles sont facilement
éliminées par un peu de sulfate de cuivre. Il n'y a aucune nourriture
ou protection pour les Anophèles et les femelles de ces moustiques
évitent d'y poudre. Si la ponte est suffisante, il n'y a pas nécessité
d'un traitement au pétrole. Enfin, les inspections de telles conduites
bétonnées devront être moins fréquentes, elles sont plus faciles et
les frais d'entretien sont réduits au minimum.
Il est à noter que. dans un fossé de terre, le moindre obstacle peut
permettre une accumulation de débris et la formation d'une digue
temporaire. Si cet accident se produit dans un fossé à faible pente, il
peut en résulter un dépôt de limon, sable ou argile, qui peut s'étendre
en amont, sur une longueur d'une ou plusieurs centaines de mètres.
Dans un fossé profond, le rétablissement de la pente et le nettoyage
sont coûteux. Lorsqu'un fossé traverse une terre meuble, il peut
s'élargir considérablement par endroits, sous l'action de l'érosion,
et former, en saison sèche, des mares semi-stagnantes, dans les-
quelles les algues et les larves se développent et qui nécessitent un
pélrolage spécial.
Il faut aux fossés une pente uniforme et une direction aussi droite
que le permettent les conditions locales. La largeur ne doit pas dé-
passer celle strictement nécessaire et les parois doivent être escarpées.
9
150
Drainage par drains sou= Un autre système de drainage des parties
terrains. marécageuses, est celui effectué sous le sol,
par le moyen de tuyaux en poterie. Ces
drains souterrains ont, sur les fossés à ciel ouvert, les avantages
suivants : ils sont plus propres, permettent une inspection rapide,
exigent peu de soins d'entretien et sont inaccessibles aux femelles
de moustiques. Malheureusement, leur placement exige un grand
travail et une dépense assez élevée.
Mode d'exécuiion des tra= Le drainage de grandes parties de marais,
vaux de drainage. ggj ordinairement un travail trop coûteux
pour être entrepris par un particulier : plan-
teur ou colon. Lorsque des terrains marécageux se trouvent au voi-
sinage des villes, des établissements industriels ou des voies ferrées,
un excellent parti pourra, par contre, être tiré du drainage, par les
municipalités, les sociétés immobilières, les compagnies de chemins
de fer, minières, etc. En pratiquant le drainage en grand, elles assai-
niront la région par la destruction des moustiques et la rendront
plus habitable. Les dépenses initiales seront certes assez élevées, mais
elles seront plus que compensées par la plus-value donnée aux ter-
rains asséchés, qui seront ainsi mis à la disposition de la culture
ou de la bâtisse.
Nettoyage de la végéta= Le nettoyage des berges des cours d'eau
*'**°' constitue une très bonne mesure antilar-
raive. Il permet d'augmenter la rapidité du
courant et d'éliminer ainsi les larves d'Anophetes qui se développent
surtout dans les petites mares d'eau tranquille formées par les
roseaux et les autres plantes croissant le long des rives. De telles
rives seront donc complètement débarrassées de la végétation, de
façon à assurer un écoulement continu de l'eau, sans arrêt derrière
les touffes de roseaux.
L'herbe connue au Congo sous le nom d' (( herbe à hippopotame »
est très pernicieuse. Elle croît au fond de l'eau et peut traverser une
couche de liquide de lm50 et plus. Elle est d'ordinaire d'une végé-
tation luxuriante et, à distance, on peut facilement confondre avec
la terre ferme ses enchevêtrements de feuilles et de tiges flottant à la
surface de l'eau. Au sein de toute cette végétation, il y a naturelle-
ment un nombre infini de petites portions d'eau, inaccessibles même
aux plus petits poissons et qui forment des milieux particulièrement
favorables aux larves de moustiques. Celte herbe devra, autant que
possible, être coupée au voisinage des lieux habités.
Dans les pièces d'eau, telles qu'étangs, petits lacs, réservoirs,
l'enlèvement de la végétation, des algues et des débris flottants sup-
prime la plus grande partie de la protection et de la nourriture des
larves. De plus, cette opération facilite le pétrolage et permet aux
poissons et insectes aquatiques d'atteindre plus facilement les larves
de moustiques, dont ils font leur proie.
Irrigations et malaria. H est communément affirmé que la mala-
ria fait son apparition avec l'irrigation.
Ceci n'est vrai que si les travaux ne sont pas établis avec les soins
151
voulus. Dans !e Sud de la Caliiornie, il y a beaucoup d'irrigations
et la malaria est rare. Par l'adoption de méthodes appropriées, parti-,
culièrement le drainage et l'emploi de conduites en métal, en pote-
rie ou en béton, on empêche toute production de moustiques. L'eau ne
pourra pas rester stagnante pendant de longues périodes. On sait
qu'une eau qui reste en repos pendant dix jouis et plus, est dange-
reuse, car ce laps de temps est suffisant, en saison chaude, pour que
l'évolution larvaire de certains moustiques puisse s'accomplir.
Alternance des écoule» MAI. Edm. et Et. Sergent (187), ont adop-
ments d'eau. j^^ ^^.ç^ beaucoup de succès, en Algérie,
l'alternance de? écoulements d'eau, comme
principe directeur de mesures antilarvaires. Ils en ont donn^ une
intéressante description dans la Malanologia, de A'aples, 191 Ô. Au
cours de leur campagne antimalariale en Algérie, en 1902, les auteurs
organisèrent des brigades destinées à combattre les moustiques et
celles-ci nécessitèrent une inspection incessante, un grand travail et
une dépense considérable. L'expérience leur suggéra une nouvelle
méthode, qui est extrêmement simple, toujours efficace et très peu
coûteuse, puisqu'il ne faut qu'un ou deux ouvriers, occupés chaque
semaine pendant quelques minutes, pour exécuter les travaux requis.
Cette nouvelle méthode se réduit souvent à cette unique mesure et
elle est basée sur le fait que, dans la région du Tell algérien, c'est-
à-dire la zone de colonisation blanche, les larves à' Anophèles vivent
en général trois semaines. II en résulte que des réservoirs de déve-
loppement peuvent se former sans danger, s'ils sont automatiquement
desséchés en moins de trois semaines, entraînant ainsi la mort des
larves. Pour obtenir ce résultat, il suffit d'empêcher l'eau de séjour-
ner plus d'une semaine au même endroit, en alternant hebdomadai-
rement son écoulement. Chaque source est pourvue de deux canaux de
décharge, au lieu dun seul, et pendant l'été, l'un de ceux-ci sera
d'abord utilisé pendant une semaine, puis fermé par une digue, tan-
dis que l'eau s'écoule par l'autre. Pendant la semaine de repos, le
canal non employé se dessèche et constitue ainsi un piège pour les
larves. En appliquant ce principe de l'alternance des écoulements
d'eau à l'irrigation, les lieux de développement des moustiques sont
rendus inoffensifs, sans aucun préjudice pour les besoins de l'agri-
culture.
Tout récemment (1917). M. Edm. et Et. Sergent (188), ont
apporté une modification à leur méthode. Celle-ci consiste à distri-
buer l'eau alternativement à droite et à gauche d'un même canal,
par le m.oyen d'une série de barrages ou petites digues de terre. L'eau
peut ainsi pénétrer dans le sol, où elle s'évapore en moins d'une
semaine, la même surface n'étant inondée à nouveau qu'après plu-
sieurs semaines. On évite ainsi de devoir creuser deux canaux de
décharge.
EMPLOI DU PÉTROLE ET d'AUTRES SUBSTANCES LARVICIDES.
Le meilleur moyen de détruire les larves de moustiques est évi-
demment de supprimer, par remplissage, drainage ou autres mé-
152
fhodes, les réservoirs, grands ou petits, où elles se développent. Mais
ces procédés ne sont pas toujours applicables et il est alors à con-
seiller de traiter l'eau par un produit qui tue les larves.
' Beaucoup de substances ont été essayées comme larvicides, mais,
en général, aucune ne semble avoir donné d'aussi bons résultats que
le pétrole. D'après M. le Dr L. 0. Hov\ard (92), le pétrole de qualité
inférieure ou celui employé pour le chauffage, est le plus efficace et
le moins coûteux des larvicides.
Action du pétrole sur les Le pétrole répandu sur l'eau, s'étale en
.' larves. ^j^g nappe très mince, sur toute la surface.
Il forme une sorte de pellicule qui établit
une séparation entre les deux milieux, l'air et l'eau. Or. nous savons
déjà que les larves de tous les moustiques doivent remonter de temps
à autre à la surface de l'eau, pour venir respirer. Elles occupent alors
une position plus ou moins verticale (Culex, Slcgomyia) ou horizon-
tale (Anophèles), la cupule hydrofuge qui se trouve à l'extrémité de
teur tube respiratoire, adhérant à la surface de l'eau. Nous savons
également que les pupes flottent sur l'eau, leurs trompettes respira-
toires en contact avec l'air. Dans ces conditions, l'hypothèse la plus
généralement admise est que le pétrole tue les larves et pupes, en
obstruant leurs organes respiratoires. Une autre hypothèse est que
la couche d'huile minérale réduit la tension superficielle de l'eau et
empêche les larves de rester suffisamment longtemps à la surface
pour rompre cette oouche et absorber de l'air. Peut-être les larves
sont tuées par la combinaison de trois causes :
1. — Effet toxique du pétrole sur les larves et pupes ;
2. • — Obstruction des tubes respiratoires par de petites particules
de pétrole ;
5. — Réduction de la tension superficielle de l'eau.
D'après MM. J.-A. Le Prince et A.-J. Orenstein (117), le pétrole
paraît exercer une action toxique sur les larves des moustiques. Ces
auteurs ont observé que beaucoup de larves meurent peu après avoir
été en contact aveo ce liquide. Une simple privation d'air n'entraî-
nerait pas une mort aussi rapide. Dans des cages submergées, des
larves et pupes d' Anophèles survécurent souvent plus d'une heure.
Probablement, ajoutent ces auteurs, des particules de pétrole s'intro-
duisent dans les tubes respiratoires et causent la mort par asphyxie.
Ils ont observé des larves prenant, après avoir été en contact avec le
pétrole, leur siphon respiratoire entre leurs mandibules et faisant,
semble-t-il, des efforts violents pour enlever quelque substance nocive.
L'action du pétrole, en entravant les phénomènes respiratoires, varie
suivant les espèces de moustiques. La larve du Slegomyia fasciata
= Aedes calopus, peut rester longtemps au fond de l'eau, sans re-
monter pour respirer ; par contre, les larves des Anophèles ne quit-
tent la surface de l'eau que lorsqu'elles sont effrayées, et sont donc
plus rapidement tuées par la pellicule de pétrole que les autres larves.
D'autre part, les femelles de moustiques ne déposent que rarement
leurs œufs sur une eau fortement traitée au pétrole.
Comme nous l'avons vu, en parlant de la respiration des larves,
153
M. J. W. Scott Macfic (127), a publié, en janvier 1917, une impor-
tante étude sur l'action larvicide du pétrole (The Limitation ol Kéro-
sène as a Larvicide), dans le Bulletin ol Entomological Research. En
voici un résumé :
L'action du pétrole fut expérimentée sur les larves de diverses
espèces de moustiques. Ce traitement réussit très bien sur certaines
larves, mais pour d'autres, il semble que son efficacité ait été exa-
gérée. En pratique, les plantes aquatiques des étangs peuvent rompre
la couche de pétrole, laissant des espaces libres; de plus, il a été
démontré au laboratoire que la présence de matières organiques dans
l'eau diminue l'action du pétrole brut. Des lots de cinq larves de
Stegouujia lasciata furent introduits dans des tubes à essai conte-
nant, soit de l'eau distillée, soit de l'eau avec matières organiques,
et une petite quantité de pétrole fut versée dans chaque tube. Au
bout de 12 heures, toutes les larves étaient mortes dans l'eau dis-
tillée, tandis qu'elles survécurent à un séjour de 57 heures dans l'eau
contenant des matières organiques.
Le pétrole est supposé agir, soit en annulant la tension super-
ficielle, soit en privant les larves d'air libre, soit en les intoxiquant.
La première hypothèse n'est pas vérifiée par les faits, et la seconde
est plus généralement admise. L'action toxique peut se produire,
soit par dissolution du pétrole dans l'eau, soit par pénétration dans
les tubes trachéens et obstruction de ces derniers ou pénétration
dans les ramifications plus minces et action directe sur les tissus
de la larve, soit encore par introduction des vapeurs de pétrole dans
les trachées, durant la respiration.
Les larves du Stegomyia lasciata peuvent vivre plusieur jours
sous une couche de pétrole, utilisant, sans doute l'oxygène contenu
dans les bulles d'air.
Les vapeurs de pétrole appliquées dans un espace confiné aux
larves du Stego)nyia lasciata et du Culex [utigans, provoquent un
ralentissement de leurs mouvements et peuvent même les tuer. Tou-
tefois, à l'air libre, ces vapeurs sont sans doute rapidement balayées
par les courants d'air et ne séjournent probablement jamais assez
longtemps, immédiatement au-dessus de la surface de l'eau, pour
avoir une action quelconque sur les larves.
Le pétrole tue, en une demi-heure, les larves du Culex ^atigans,
mais si l'on empêche ces dernières d'entrer en contact avec la pelli-
cule huileuse, elles survivent plus longtemps. Des larves ont vécu
aussi longtemps sous une couche de paraffine que sous une couche
de pétrole, lorsqu'elles n'avaient pas avec ces couches de contact
direct, ce qui prouve que, dans ce cas, l'action du pétrole ne fut
pas spécifique, mais tua les larves par manque d'air.
Le pétrole ne p-araît pas avoir d'action directe sur les larves du
Stegomyia fasciata. Ces larves semblent avoir le pouvoir de percer
la pellicule de pétrole, avec les valves fermées de l'extrémité de leur
siphon et d'éviter ainsi la pénétration du liquide dans leurs trachées.
Elles échappent, de cette façon, à l'action physique du pétrole, quoi-
que, si celui-ci pénètre dans le siphon, il agit comme poison direct,
tout comme chez le Culex [atigans.
154
Il a été démontré, par une expérience, que l'huile d'olive et la
paraffine ont le même effet sur les larves, mais que cet effet diffère
de celui du pétrole, ce qui tend à prouver que l'action de ce dernier
n'est pas due à l'obstruction mécanique des trachées, car, dans ce
cas, les trois produits auraient eu un effet identique.
Comme la durée de résistance des larves sous le pétrole et sous la
paraffine a été à peu près la même, il est possible que ces larves ont
échappé à l'action toxique et sont mortes par privation d'air libre.
Des observations ont été faites sur le pouvoir de résistance des
larves maintenues sous l'eau. Celui-ci varie d'abord d'après l'espèce :
les larves du Stegomijia lasciata sont beaucoup plus résistantes à la
submersion que celles des Culex. Le second facteur est Yâge : des
jeunes larves ont survécu plus longtemps que celles complètement
développées. Vient ensuite la iempéralure : un abaissement prolongé
de température ou une élévation de celle-ci, raccourcissent l'existence
des larves de Stegormjia submergées. Enfin, la présence dans l'eau
de matières organiques, qui absorbent l'oxygène dissous, a également
une grande influence sur le pouvoir de résistance des larves submer-
gées, dont elle diminue la vie (*).
Il a été dit, en parlant de la respiration larvaire (p. 60), que les
larves de certaines espèces de moustiques, y compris le Stegomyia
lasciata, peuvent vivre sous l'eau pendant un temps assez long, sans
remonter à la surface ; elles respirent alors l'air dissous dans l'eau
(respiration branchiale et cutanée). Il en résulte qu'en pratique,
Tépandage de pétrole n'est pas toujours efficace, les larves de beau-
coup d'espèces de moustiques passant une grande partie de leur vie
au fond des mares et quelques-unes pouvant rester submergées assez
longtemps pour que la couche de pétrole soit évaporée.
(*) MM. Freeborn A. B. et Atsatt E. F. (71) rapportent dans le Journal of
Econom. Entomology, dp juin 1918, des expériences faites pour vérifier les diverses
théories relatives à l'action du pétrole sur les larves de moustiques.
Les résultats montrèrent : 1° Qu'en ce qui concerne la tensiom superficielle, oelle-ci
est loin d'être annulée, puisque les larves restent à la surface pendant un temps con-
sidérable, soit au repos soit en faisant un dernier effort pour percer le film ; 2° Que
l'étouffement n'a qu'une faible part dans l'action larvicide du pétrole, puisque des
larves qu'on empêchait, par de simples moyens mécaniques, d'accéder à l'air, ont
survécu 30 heures, alors que celles qui se trouvaient sous une couche de pétrole ne
vivaient que 45 minutes-, 3° Que la solubilité du pétrole dans l'eau n'est pas un fac-
teur toxique ; 4" Que l'obstruction des tubes respiratoires même dans leurs plus fines
subdivisions n'est pas la cause de l'efficacité du lan'icide, car, dans ce cas, toutes
les huiles auraient la même action, alors qu'en fait le pétrole tu© en 45 minutes, et
les huiles non toxiques en 4 1/2 heures seulement ; 5" Que l'action directe du pétrole
sur les tissus comme poison de contact n'est pas la cause de la mort, parce que tout
en pénétrant le système trachéen avec graaide rapidité, il n'atteint les tissus que bien
après la mort des larves.
Finalement, des expériences en vue de vérifier l'action toxique des vapeurs de
pétrole conduisireint à la conclusion que la toxicité des huiles de pétrole et leur
action larvicide augmentent avec la volatilité eA. que les constituants volatils des
huiles contiennent les principes qui produisent les principaux effets mortels.
D'autre part, suivant M. A. Takatsuki (2Û0), la mort des larves sous l'action du
pétrole ne serait pas occasionnée par simple suffocation mécanique. L'auteur suggère
que la surface des siphons et des organes respiratoires est recouverte d'une membrane
épithéliale qui aurait une affinité chimique spéciale pour le pétrole. Cette membrane
n'est pas teintée par des solutions colorantes aqueuses, mais l'est, par contre, facile-
ment par des solutions colorantes au pétrole.
L'auteur en conclut qu'il n'est pas nécessaire de recouvrir l'eau d'une pellicule
épaisse de pétrole ; 25 cm. cub. de pétrole par mètre carré seraient suffisants pour dé-
truire presque toutes les larves et pupes durant l'été.
155
M, Scott Macfie a finalement étudié l'action particulière du pétrole
brut sur diverses espèces de larves. Celles des Anophèles costalis,
Culex latigans et C. invidiosus ont été facilement détruites par le pé-
trolage. La lar\'e du Culex thalassins est moins aisément tuée, car,
tout en étant sensible au contact du pétrole, elle peut rester long-
temps sous l'eau, sans remonter à la surface pour respirer. La larve
du Mansonioides africanvs obtient ordinairement l'oxygène qui lui
est nécessaire en introduisant son siphon dans les racines d'une
plante aquatique : Pisfia stratiotcs, mais au laboratoire, d'autres
plantes lui conviennent également. Cette larve se développe et se
transforme en pupe, sous une épaisse couche de pétrole, mais la
pupe meurt avant l'éclosion. Enfin, il a été également prouvé, expé-
rimentalement, que la larve du Slegomyia fasciata peut vivre assez
longtemps sous l'eau, pour que la pellicule de pétrole soit évaporée,
à moins toutefois que celle-ci ne soit anormalement épaisse (*).
Choix du pétrole à eni= Deux qualités principales sont exigées du
P'^y^""' pétrole à utiliser comme larvicide. Il doit
s'étendre rapidement en nappe et ne doit pas
s'évaporer trop promptement.
Les huiles de pétrole les plus lourdes ne s'étalent pas facilement
à la surface de l'eau ; elles s'accumulent par places et la pellicule
formée est d'une épaisseur inutile. De plus, ces huiles sont difficiles
à épandre à l'aide de pompes. Leur avantage est de ne s'évaporer
que lentement.
(*) M. Russell F. F. (173) discutant dans Froc. Med. Assoc. Istmian Canal Zone,
n° 1 de 1917, les travaux exécutés durant l'année 1916 par le bureau d'hygiène de la
zone du canal de Panama, donne divers renseignements sur la laitue d'eau sauvage :
Piitia f.tratiotes. C'est, attaché à cette plante, que le moustique Taeniorhynchus
(Mansonia) titillam passe tout l'état larvaire et pupal sous la surface de l'eau.
Les tubes respiratoires de la larve et de la pupe sont modifiés de telle façon qu'ils
peuvent percer les petites racines de Pistia stratiotes et puiser l'oxygène directement
dans la plante. Les racines ont quelques fois plusieurs pieds de longueur et pendent
verticalement dans l'eau. l'ne quantité de matières végétales en décomposition et de
débris y sont également attachés. C'est dans cette masse de racines filamenteuses
qu'on trouve des larves et pupes de Taeniorhynchus titillans.
A propos du Pistia stratiotes, M. L. H. Dunn (52) insiste sur les dangers que
présente la multiplication de cette plante dans les eaux du grand lac artificiel de
17,3 milles carrés, créé lors de !a construction du c^nal de Panama. A la suite de
l'élévation des eaux du lac, les plantes furent transportées à la périphérie des terres
basses inondées, où la vigoureuse végétation forestière leur offrit une bonne protec-
tion. Conséquemment, elles se développèrent d'une façon si intense que de grandes
tles flottantes furent bientôt formées, couvrant la surface de l'eau en masses de
plusieurs milles de diamètre.
Suivant M. J. Zétek (217), ces îles flottantes et d'autres masses de laitues d'eau
servent de lieu d'élevage aux moustiques. En 1918, en plus de Taeniorhynchus titillans
des larves d'Anophèles y furent trouvées. L'habitat est très favorable : les larves sont
protégées des rayons directs du soleil, des poi-'^sons culiphages, des larves carnas-
sières et du mouvement ondulatoire des vagues. ]\tais l'avantage le plus important est
la présence de l'oxygène dégagé par les laitues d'eau.
Le Pistia stratiotes est une plante qui existe également en Afrique occidentale,
où elle a comme parasite les larves d'un moustique proche parent de Taeniorhynchus
(Mansonia) titillans : Mansonioides ajricanus, Theob. MM. A. Ingram et Scott
Macfie (101) ont signalé, en 1917. qu'en Afrique occidentale, les œuf? de ce moustique
sont déposés par groupes de 150 environ, à la face inférieure des feuilles du Pistia
stratiotes ; celles-ci, devenant presque horizontales lorsque !a plante se déploie, met-
tent ainsi les œufs en contact avec l'eau, leur extrémité pointue dirigée vers le bas.
A l'éclasion, les œufs se fendent horizontalement à l'endroit le plus large et la pièce
détachée, en forme de cône, tombe au fond. La larve en s'échappant, descend égale-
ment au fond et s'attache à une racine de la plante de Pistia, choisi9.sant une radi-
celle délicate et non la racine principale, comme le font les lar^'es plus âgées.
156
Le pétrole ordinaire s'étale mieux, mais disparaît en un temps
relativement court, ce qui nécessite de fréquentes applications.
A Panama, l'huile brute d'asphalte (20° Baume) a été très em-
ployée ; elle est peu coûteuse, mais s'étale difficilement et ne convient
pas pour d'autres climats. En Californie, M. H. J. Quayle a utilisé
un mélange de quatre parties d'Imile lourde de pétrole à 18° B.,
avec une partie d'huile légère à 34° B. Ce mélange s'étale facilement
en nappe et ne s'évapore pas trop rapidement. Il a été appliqué,
soit à l'aide d'une pompe d'arrosage, soit à l'aide d'un pulvérisateur.
Une seule aspersion conserve parfois son efficacité pendant quatre
semaines.
Le meilleur moyen d'avoir une bonne huile minérale d'épandage
consiste à la préparer, en mélangeant, dans certaines proportions,
les huiles lourdes et légères. Sous les climats tempérés, M. W. B.
Herms (90), recommande une densité de 28° à 30° Baume pour le
printemps et l'automne et de 26° B. pour l'été. On trouve sur le mar-
ché des huiles brutes allant de 12° à 18° B., des pétroles de chauffage
variant de 28° à 32°, et du pétrole lampant marquant 40° à 42° B.
Connaissant le poids spécifique de l'huile achetée, il est aisé de
calculer quelle quantité d'huile plus lourde ou plus légèreily aura lieu
d'ajouter, pour obtenir le produit désiré. Si l'on dispose, par exemple,
de pétrole à 42° et d'huile brute à 15°, il faudra employer dix
gallons de l'un pour douze de l'autre. Pour mélanger ces produits,
il sera bon de se servir d'un pulvérisateur. On remplira, autant de
fois que nécessaire, le réservoir de cet appareil avec les deux liquides
versés dans la proportion voulue, puis, y introduisant le bec de la
lance, on fera barboter le mélange pendant quelques minutes.
L'emploi des huiles minérales ne présente pas que des avantages.
Leur application en grand est coûteuse ; la mince pellicule formée
est facilement rompue par des objets flottants ou autres et elle peut
aisément prendre feu par des étincelles, surtout le long des voies
ferrées.
Rapidité d'évaporation du Sir Rubert Boyce, F. R. S. (23), dans son
pétrole ^dans les^ con= rapport sur l'existence et la distribution de
périences laites en Afri= Stegomyia (asciata en Afrique occidentale,
que occidentale. paru en 1911, insiste sur le fait que ce sont
les différentes préparations de pétrole qui
constituent les larvicides les plus économiques, les moins dangereux
et les plus faciles à se procurer et à utiliser. Le pétrole peut être
appliqué aux petites comme aux grandes surfaces. Il peut être dis-
tribué par aspersion ou versé sur l'eau. Il est excellent pour toutes les
aggjomérations d'eau stagnante : mares ou lagunes, et son action
larvicide persiste longtemps aptes le traitement.
Il ne faut pas perdre de vue cependant, que sous l'effet d'un puis-
sant soleil tropical, le pétrole s'évapore en un temps relativement
court et que, par conséquent, le traitement doit être renouvelé au
bout de quelques jours. Sir Rubert Boyce fit des expériences en vue
de déterminer la durée maximum de l'action du pétrole. Dans une
cuve remplie d'eau, ayant un mètre carré de surface environ, il in-
157
troduisit un certain nombre de larves de Stcgomyia, puis répandit
sur l'eau une once (28 gr.) de pétrole. Cette cuve fut ensuite exposée,
tant au plein soleil qu'à l'ombre, et l'expérimentateur prit soigneu-
sement note du moment du début de l'expérience et de celui où les
larves cessaient de se mouvoir.
Première expcncnce. — Surface couverte d'une once (28 gr.) de
pétrole et exposée à un soleil ardent. — • Larves de Slegomyia intro-
duites dans l'eau à midi. — Mortes et la plus grande partie du pétrole
évaporée à 15 heures.
Deuxième expérience. — Faite en vue de déterminer le taiix d'éva-
poration. — Pétrole évaporé à la fin de la troisième heure, ne lais-
sant qu'une légère odeur et huilant à peine un papier buvard.
Troisième expérience. — Une demi-once (14 gr.) de pétrole versée
sur l'eau. — Larves introduites à 12 h. 30, mortes à 13 h. 30. —
A 17 h. 35, pétrole évaporé, à l'exception d'une faible odeur et d'une
Ijégère irisation. Des larves fraîches, introduites alors, sans nouvelle
addition de pétrole, moururent en une heure. — Il semble que la
petite quantité de pétrole dissoute a eu une action larvicide.
Quatrième expérience. — Une demi-once (14 gr.) de pétrole versée
sur l'eau. — Larves introduites à 13 h. 40, en plein soleil. — A
15 h. 15, elles étaient encore vivantes, mais à mouvements très ra-
lentis. — Le pétrole était évaporé.
Ces expériences démontrent qu'en plein soleil, la couche de pé-
trole s'évapore rapidement, mais que la quantité qui reste en disso-
lution continue à exercer une action larvicide. On peut en conclure,
ajoute Sir Hubert Boyce, qu^une once (28 gr.) de pétrole par mètre
carré de surface liquide est suffisante pour tuer les larves, mais que
l'eau devra être traitée de cette façon toutes les semaines, pour que
l'action soit Araiment efficace.
Quand faut=il appliquer Le pétrole sera toujours appliqué, lors-
le pétrole? qu'on constate l'existence de larves, même
si l'on a l'intention de supprimer, par la
suite, le réservoir de développement en le comblant ou en le drai-
nant. Cette application empêchera les larves d'être entraînées en
d'autres endroits, où elles pourraient achever leur évolution. La fré-
quence de l'épandage dépend de la durée de développement des larves
et de la rapidité d'évaporation du pétrole. — deux conditions qui
dépendent à leur tour de la température. C'est pourquoi il faudra des
applications plus souvent répétées, sous les climats tropicaux (toutes
les semaines), et, en été, sous les climats plus tempérés (tous les
12 jours). Lorsque la température est plus fraîche (10° à 15° C), il
suffira d'un épandoge de pétrole toutes les trois semaines.
Le chiffre moyen de douze jours peut paraître, à première vue,
insuffisant, puisque certains moustiques accomplissent leur évolu-
tion aquatique en dix jours, mais il faut se rappeler que le pétrole
détruit, au moment de son application, toutes les larves et pi^pes,
et que la pellicule reste sur l'eau environ deux jours et parfois plus
158
longtemps, empêchant la ponte des moustiques femelles adultes.
Lorsque le pétrole est évaporé, l'élevage des larves peut reprendre,
mais il sera interrompu par le nouvel épandage, avant que le cycle
larvaire de dix jours ne soit complété.
Quelles sont les quantités D'après M. J.-A. Le Prince (118), il est
de pétrole à employer? difficile, dans le traitement au pétrole des
eaux infestées par les larves de moustiques,
d'établir avec exactitude la quantité de ce produit nécessaire par
unité de surface. La densité et les qualités d'étalement des huiles
minérales varient d'un chargement à l'autre, et dans un même fût,
il peut y avoir de grandes différences, suivant qu'il s'agit de l'huile du
haut ou de celle du fond. On utilisera donc la quantité d'huile miné-
rale nécessaire pour former une couche continue sur l'eau. M. le
Dr Howard (92), estime que, par temps calme, une once de pétrole
par 15 pieds carrés, soit environ vingt grammes par mètre carré de
surface liquide, est suffisante. MM. J. E. Dutton et J. -L. Todd (54),
préconisent 10 centimètres cubes de pétrole brut par mètre carré.
D'après la South alricun and-malarial Association, une boîte à lait
condensé remplie de pétrole est suffisante pour recouvrir d'une couche
uniforme une mare de 2m50 de longueur sur 2m50 de largeur.
En l'absence de vent, la nappe huileuse reste subsister pendant
dix jours et plus, et alors même que l'écume irisée semble avoir
disparu, on décèle encore sur l'eau une légère odeur de pétrole. Par
temps venteux, la couche de pétrole peut être poussée d'un seul côté,
mais elle voyage à la première saute de vent et revient détruire les
larves. La nappe huileuse n'est, du reste, pas seulement fatale aux
larves et aux pupes, mais encore à beaucoup de moustiques adultes,
qui se déposent à la surface de l'eau pour boire ou pour pondre.
Modes d'épandage du pé= Les modes d'épandage du pétrole varient
• d'après les dimensions de l'agglomération
d'eau à traiter, mais ils sont toujours très simples.
Comme le pétrole s'étale très bien de lui-même, il peut suffire,
s'il s'agit de petites pièces d'eau, de le verser en un point quelconque
de la rive ou de le lancer à la volée, dans la direction du vent. S'il
faut traiter de plus grandes mares, on utilisera une pompe avec
lance à bec droit, placée sur la rive ou sur une embarcation ; le jet
de pétrole s'enfoncera d'abord dans l'eau, puis remontera et s'étalera
sur toute la surface, de façon à la recouvrir entièrement et sans
pertes (*).
(*) MM. W. L. Mann et E. C. Ebert (140), (1918), recommandent la sciure de
bois imbibée de pétrole, pour a&surer un épandage régulier de ce dernier. La sciure
de bois sèche est trempée dans le pétrole pendant 24 heures et éparpillée ensuite à la
main, à la surface de l'eau à traiter, ou bien encore, elle est mise dans des sacs en
papier liés, puis jetés au hasard dans l'eau. Les auteurs décrivent un système de
barrages pour empêcher la perte trop rapide de la sciure de bois dans les eaux
courantes. Ils décrivent également une sorte de cage renfermant de la sciure de bois
imbibée de pétrole et un barboteur automatique destiné à remplacer les appareils
distributeurs par gouttes.
Le barboteur automatique est disposé de façon à être complètement submergé,
le pétrole remontant à la surface sous forme de bulles. Cet appareil a une capacité
de 2 à 3 gallons (9 à 13 1/2 litres).
159
Dans la zone du canal de Panama, plusieurs méthodes d'applica-
tion du pétrole comme larvicide ont été employnos. Elles peuvent
être classées en méthodes continues et méthodes intermittentes ou
discontinues.
Méthodes continues. — La meilleure de ces méthodes est celle par
laquelle l'huile minérale contenue dans un récipient tombe goutte
à goutte à la surface de l'eau, de façon à y former une couche mince
et continue.
Les appareils distribuant le pétrole par gouttes seront avantageu-
sement employés là où il y a peu d'obstacles à la formation d'une
Fig. 87. — Epandage du pétrole en nappe, sur les eaux courantes.
Distributeur compte-gouttes de pétrole, de construction très simple, placé
sur lin ruisseau. Le clou qui traverse le fond du récipient, permet de
régler le débit. — En usage dans la zone de Panama. (D'après J.-A. Le-
prince et A.-J. Orenstein.)
nappe uniforme de pétrole, c'est-à-dire là où le courant est faible
et où il y a peu de végétation, d'algues et de débris flottants.
Voici quels sont les dispositifs de ce genre en usage à Panama :
Un bidon de pétrole est placé sur une planche, au-dessus du fossé,
du drain ou du petit cours d'eau qu'il faut pétroler. Un clou est en-
foncé au fond du bidon, la têle, entourée de déchets de coton, se
trouvant à l'intérieur du récipient. En enfonçant ou retirant légère-
ment le clou, le débit du pétrole peut être réglé suivant les nécessités
(voir fig. 87).
Pour les huiles plus fluides, un bidon de cinq gallons, avec un ro-
binet d'écoulement en métal, a été employé (voir fig. 95). tandis que
pour les huiles lourdes à base d'asphalte, si largement utilisées à
Panama, on s'est servi d'un bidon muni d'une mèche de lampe plate, •
contenue dans un porte-mèche plat, pouvant être élargi ou comprimé,
de façon à régulariser le débit (voir fig. 88 A et R). Sur les fossés ou
cours d'eau ayant, au niveau de la surface, une largeur moyenne de
30 cm., dix à vingt gouttes d'huile étaient ainsi distribuées par mi-
nute, la quantité variant d'après les conditions locales. Pour les cana-
lisations de grande longueur, plusieurs bidons distributeurs étaient
nécessaires.
Là où l'emploi d'un bidon n'était pas justifié, on plaça, à la source
160
de l'eau, de petits paquets de déchets de coton imbibés de pétrole ; ces
paquets. étaient attachés à une pierre ou à un autre objet fixe et flot-
taient ainsi sur l'eau. Ils étaient imbibés à nouveau de pétrole environ
toutes les semaines. Les huiles les plus lourdes conviennent le mieux
Fig. 88. — Appareil distributeur de potrole à mèche plate.
En A. L'appareil eu place sur un ruisseau;
En B. Détails de la mèche et du porte-mèche.
(D'après un dessin de J.-A. Le l'rlnce et A.-J. Orenstein.)
pour cet usage. En Afrique occidentale, on a employé un procédé ana-
logue pour répandre le pétrole à la surface de l'eau, en se servant de
chiffons imbibés de pétrole et liés à l'extrémité d'un long bâton.
Méthodes inttrmiltentes ou discontinues. — Le but de ces méthodes
est de produire une nappe uniforme de pétrole et de la maintenir en
place suffisamment longtemps pour tuer toutes les larves qui se trou-
vent sous elle. Une couche parfaite doit rester intacte, plusieurs heures
au moins, pour être efficace.
Avant d'examiner les modes d'épandage discontinus, voyons de
quelle façon les énormes quantités d'huiles minérales utilisées à cette
fin à Panama, étaient distribuées dans toute la zone.
Les 600,000 gallons d'huile brute employés annuellement, étaient
transportés de Californie, leur lieu d'origine, par des steamers, qui
déchargeaient leur cargaison dans des réservoirs situés au terminus
du canal, du côté de l'océan Pacifique. De ces derniers, l'huile était
pompée et envoyée, d'un bout à l'autre de l'isthme, au moyen de cana-
lisations ou « pipes-lines ». En divers points, cette huile était déver-
sée dans de plus petits tanks, d'où elle était puisée directement ou
conduite par des canalisations secondaires, dans de nouveaux réser-
voirs, placés plus près des endroits où elle devait être employée.
Une partie de la provision d'huile était aussi transportée directe-
ment, à l'aide de deux wagons-réservoirs, qui étaient remplis aux
dépôts principaux du Pacifique et dont le contenu était déchargé dans
les petits tanks, en divers points de la voie ferrée.
Des réservoirs locaux, l'huile était enfin transportée aiiv iieux de
destination, par tuyaux, ou bien dans des voitures-réservoirs, tirées
par des mules, ou encore à dos de mulet. Si aucun de ces moyens de
161
transporl n'était possible, clic était portée à la main ou à dos d'homme.
Los huiles lourdes, écrivent MM. J.-A. Le Prince et A.-J. Orenstein
(117), s'appliquent le mieux sur l'eau, sous forme de jet. La ten-
dance à former une nappe continue est ainsi beaucoup plus grande.
Toutes les pompes existant dans le commerce conviennent pour cet
usage. Celle qui a donné les meilleurs résultats, dans la zone du canal,
est appelée pompe-baril et est spécialement forte. Les petits modèles
de pompes à main sont également très utiles. Un bon appareil pour
huile lourde doit être simple et solide, avec des soupapes non caout-
choutées (*).
Un pulvérisateur à dos d'homme, du type employé dans les vergers,
a rendu également de bons services (voir fig. 91).
Le pétrole peut aussi être appliqué en employant un tonneau d'ar-
rosage. Pour l'épandage sur les pièces d'eau peu profondes, inacces-
sibles par la rive, on s'est servi de barquettes ou d'un bateau à fond
plat, portant un réservoir rempli de pétrole (voir fig. 92). Ce bateau
pouvait être mû à la main ou par moteur, et il en était de même de
la pompe d'arrosage qui y était installée.
Des charrettes à deux ou à quatre roues, d'une construction spé-
ciale, ont également été employées ponr l'épandage du pétrole dans la
zone du canal (voir fig. 94). Elles consistaient en un réservoir de fer,
d'une capacité de 200 à 500 gallons, monté sur roues et muni, à sa
partie inférieure, d'un tuyau de 5 mètres de longueur, dont le der-
nier mètre était perforé de trois rangées de trous. Ce tuyau d'arrosage
était monté sur un joint universel. Ces charrettes sont spécialement
utiles pour appliquer une épaisse couche de pétrole aux fossés lon-
geant le5 routes et pour huiler la végétation devant être brûlée.
Maintien de la nappe de Lorsque la nappe de pétrole est étalée sur
P^**"**'^" l'eau, il est souvent peu aisé de la maintenir
on place, car sur une pièce d'eau de quel-
qu'étcndue, elle dérive sous l'action du vent et laisse à découvert une
partie de la surface.
II est très difficile d'obvier à la tendance à la dérive. La méthode la
plus simple consiste à fixer des planches, espacées de cinq ou six
pieds et placées perpendiculairement à la direction du vent dominant.
Là où la direction du vent est variable et où celui-ci souffle avec force,
on pourra employer une grille de bois, avec espaces d'autant plus
petits que la force du vent est plus grande (**).
Il faudra également enlever tous les obstacles, tels que souches,
buissons, touffes d'herbes et pierres, autour desquels la nappe d'huile
tend à former, par ses oscillations, des cercles d'eau libre. De même
(*) Dans le Californîa State Bd Health Bull. (Sacramento), de juillet 1918, un
appareil d'épandage de pétrole est décrit. Il consiste essentiellement en un réservoir
à air comprimé, monté sur un châssis moteur qui actionne l'appareil. L'air comprimé
permet de répandre le pétrole en nappe uniforme. Un long tuyau d'arrosage ét«nd
fortement le champ d'opération. .
(•*) M. A. W. Pomeroy (164), (prophylaxie de la malaria à Dar-es-Salam (Afrique
orientale) recommande, pour empêcher la nappe de pétrole épandue sur les grandes
mares de dériver d'un seul côté par la poussée du vent, l'emploi de châssis faits
av«c ks tiges séchées de plantes de sisal (Agave sisalana), entrelacé-es horizontale-
memt; ces châssis sont placés à la surface de l'eau.
162
les algues devront être éliminées, car elles forment avec le pétrole
une sorte d'amalgame (*).
Traitement au pétrole des Le traitement au pétrole peut également
réservoirs artiflciels. gj^^ appliqué aux citernes et aux réservoirs
à eau potable.
Le meilleur moyen de protection, consiste évidemment à recouvrir
ces derniers récipients, d'écrans de toile métallique. Si cela n'est
pas possible, une mince couche de pétrole pourra être versée à la sur-
face, sans nuire à la qualité de l'eau, à condition, bien entendu, que
cette dernière soit en épaisseur suffisante et qu'elle s'^xcule par un
robinet de décharge placé au fond du récipient. Grâce à ce dispositif,
le pétrole :iô sera pas entraîné.
De même, on traitera, à l'aide d'une cuillerée de pétrole, les bou-
ches d'égouts, lorsque, par temps sec, l'eau y reste séjourner, servant
de milieu de développement à des milliers de larves de moustiques.
Laryicides autres que le L'emploi du pétrole ne donne pas tou-
P^*"""'^' jours toute satisfaction comme larvicide. La
lenteur de son action, la difficulté d'obtenir
une nappe parfaite et la grande quantité d'huile minérale nécessaire
à cette fin, le coût de l'épandage, les dangers d'incendie, font qu'on
a recherché d'autres substances qui pourraient fournir un larvicide
plus pratique et plus économique.
Les qualités requises d'un bon larvicide sont :
1. — Grande toxicité. — Une petite quantité de larvicide doit suffire
pour empoisonner un grand volume d'eau ;
2. — Action rapide. — Les larves doivent être tuées rapidement,
pour qu'une pluie ne puisse avoir le temps de diluer ou d'affaiblir le
mélange ;
3. — Possibilité de mélange sans diminution de toxicité, à toutes
les eaux, même saumâtres et alcalines ;
4. — Bonne conservation. — Le larvicide doit pouvoir se conserver
longtemps et résister à l'action de l'air et de la lumière ;
5. — Absence de danger. — En dilution dans l'eau, à la dose active,
il doit être inoffensif pour l'homme et les animaux domestiques ;
6. — Coût peu élevé.
(») M. A. K. Henry (89) recommande une méthode intéressante et économique de
destruction des larves par le pétrole, dans les cours d'eau.
Des planches de longueurs proportionnées aux diverses largeurs du cours d'eau,
sont préparées. On barre ce dernier au moyen d'une première planche placée de
champ, de façon à plonger partiellement eit verticalement de 6 à 8 centimètres dans
l'eau, — oe qui donne une sorte de barrage de surface. Une autre planche est placée
de la même façon 15 à 20 mètres plus bas. Un quart de titre de pétrole est ensuite
versé dans le bief ainsi créé et étendu à l'aide d'un balai, de façon à pénétrer dans
les plus légères irrégularités de® bords. Lorsque toute la section est recnuverte de
pétrole, une troisième planche est placée 20 mètres plus bas et la seconde p^t levée,
permettant ainsi au film, avec son accumulation de larves mortes ou vivantes, de
glisser jusqu'au nouveau bief. Le contact est de nouveau assuré avec les berges par
un vigoureux balayage. On continue ensuite l'opération de la même façon. Par ce
procédé, une grande longueur de cours d'eau peut être traitée à l'aide d'une très
petite quantité de pétrole.
163
Savon larvicide eraplojé Dans la zone du canal de Panama, un
à Panama. larvicide spécial : savon à base de phénols
et de résine, a été très employé, à côté des
huiles lourdes de pétrole. Il se compose de 150 à 200 livres de résine
en poudre ou finement moulue, 50 livres de soude caustique et 150 gal-
lons d'acide phénique brut (densité 0.97), contenant au moins 15 pour
cent de phénols. L'acide phénique est d'abord chauffé à 100 degrés,
dans un appareil spécial, puis l'on y ajoute successivement la résine
et la soude, tout en maintenant l'ébullition et en remuant constam-
ment. Au bout d'un certain temps, on obtient ainsi un liquide savon-
neux, résineux et noir, ne donnant plus de dépôt. Ce liquide s'émul-
sionne facilement dans l'eau fraîche et en solution aqueuse à 1 pour
10,000, il tue les larves d'Anophelcs en moins d'une demi-heure.
Cette destruction se fait en cinq à dix minutes, si l'on mélange une
partie d'émulsion à 5,000 parties d'eau.
Cette préparation est peu coûteuse ; étant très concentrée, elle est
facile à transporter ; sa fabrication est aisée, son action rapide et très
uniforme ; elle n'est pas dangereuse pour les grands animaux et n'est
pas inflammable ; elle tue même les larves enfouies dans la vase et
détruit également les algues et les mauvaises herbes. Par contre, elle
ne s'émulsionne pas et reste inerte dans l'eau saumâtre ; elle néces-
site, pour sa conservation, l'emploi de récipients bien fermés et perd
rapidement sa toxicité, lorsqu'elle est mélangée à de l'eau contenant
des algues ou d'autres matières organiques.
Expériences sur l'emploi M. A. W. Bacot (8), dans (( Report Yellow
comme larvicides, du Pever Commission, \Nest Mrkâ 19U-\91^)),
savon mou, de la napn= , , • . . • , . , ee t a
taline et de l'eau de signale des essais très intéressants eilectues
mer. en Afrique occidentale, dans le but de com-
parer la valeur du pétrole, du savon mou,
de la naphtaline et de l'eau de mer, pour la destruction des œufs,
larves et pupes de Stegomyia lasciala. Le pétrole (1 pour 600) détruisit
en une heure la majorité des larves et des pupes, mais n'eut aucun
effet sur les œufs, ainsi que sur les larves qui en sortirent dans la
suite. Le savon mou (1 pour 600) a tué les larves, les pupes et les
jeunes larves venant d'éclore ; les œufs, par contre, se développèrent
normalement, après une submersion de vingt heures, mais une sub-
mersion continue de huit jours leur fut fatale. A la dose de 1 pour
'8,000, le savon mou a été inefficace, mais le pétrole, à la dose de
1 pour 4,000 agit comme larvicide, si son action persiste pendant
quarante-huit heures. La naphtaline (1 pour 8,000) tua toutes
les larves, ainsi que tous les adultes qui sortirent des pupes le premier
jour et 50 pour cent de ceux qui sortirent le second jour; par contre,
elle n'eut aucun effet sur les pupes même. A la dose de 1 pour 4,000,
les larves, pupes et adultes fraîchement éclos, furent détruits.
Employées sous forme d'émulsions, les substances ci-dessus ont
été plus efficaces et moins coûteuses, qu'utilisées telles quelles. Toutes
les larves et pupes furent tuées par une émulsion de pétrole et de savon
mou, à la dose de 1 pour 16,000 ou par une émulsion de pétrole, savon
mou et naphtaline, à la dose de 1 pour 20,000.
164
L'eau de mer hâte l'éclosion des œufs et détruit, en moins d'une
heure les larves qui en sortent. Par contre, des pupes complétèrent
leur développement, après une submersion de 16 heures dans l'eau
salée. L'eau de mer pourrait être employée dans les villes côtièrcs,
pour rincer les gouttières, conduites d'égout, rigoles, etc., après
nettoyage.
Expériences sur l'action Des essais, en vue de déterminer l'action
du chlore et du lysol. i^rvicide du chlore dissous dans l'eau, fu-
rent faits en 1915, au laboratoire d'Accra
(Côte d'Or) par M. J. W. Scott Macfie (126). Des lots de cinquante
larves de Stfgomyia lasciata furent introduits dans de petites quan-
tités (trois litres environ) d'eau de robinet claire et d'eau contenant
de la vase, des herbes, etc., et formant le milieu habituel de déve-
loppement des larves.
Le chlore fut ajouté, sous forme de solution à 1 pour 550. Aucun
effet ne fut produit sur les larves, lorsque la proportion de chlore
dans l'eau était d'un pour 250,000 ; de même, lorsqu'elle fut succes-
sivement concentrée à un pour 62,500, à un pour 50,000 et à un
pour 25,000, mais à un pour 10,000, il eut un effet très net sur
les larves se trouvant dans l'eau de robinet, qui moururent toutes
au bout de deux heures, ainsi que quelques-unes de celles qui se
trouvaient dans l'eau sale. Au bout de 24 heures, la destruction était
complète. Quelques Cijclops (petits crustacés) furent également tués.
Il ne semble pas qu'en pratique, le chlore puisse servir de larvicide,
même s'il était possible après la mort des larves, d'enlever celui
en excès, à l'aide d'un substance purificatrice.
En ce qui concerne le lysol, des essais ont été faits par M. A.-J.
Salm (179), aux Indes Néerlandaises. L'addition de 1 pour 3,200 de
lysol a tué des larves de moustiques qui se développaient dans les
baquets d'un hôpital. L'addition de 1 pour 5,000 de sulfate de cuivre,
avec une quantité suffisante d'acide sulfurique pour éviter la préci-
pitation, tua également les larves, mais n'empêcha pas l'éclosion
des œufs. Le sulfate de cuivre ne communique pas, comme le lysol,
un goût spécial à l'eau de boisson qui pourrait, dans la suite, être
versée dans le récipient.
Essais d'autres larvicides. Tabac. — M. W. B. Herms (90) a expéri-
menté l'action larvicide de décoctions de
tabac, et il a trouvé qu'elles sont très efficaces, mais trop coûteuses
pour être employées en grandes quantités. Appliqué à l'eau dans la
proportion d'une partie pour 750, le sulfate de nicotine tue toutes
les larves et pupes. Au taux de 1 pour 1,000, son action persiste
pour les larves, mais elle est douteuse pour les pupes.
Smith a trouvé que le produit appelé « ^'icofunle y>, ajouté à l'eau,
dans la proportion de 1 pour 1,500, tue toutes les larves et pupes.
Une destruction plus rapide s'obtient, à la dose d'une partie de nico-
fume pour 750 parties d'eau.
Sulfate de cuivre. — Ce produit ne convient pas, paraît-il, comme
larvicide, mais il est très utile car il détruit les algues qui encombrent
165
ASSAIXISSKMEXT. - DRAINAGE.
l-'i,,- s',i — Au l\;iliii_i — Uuuiiayc lios sources nuirrrii-fUM-s .li; la
Tslirnscnd,!. (|ui rnn>l ilu ih'uI aupriunant d'excellents milieux de déve-
lopi»riiM'nt (les liirws di ludustupus (Cli< hé Leplae.)
Fig. '.in. — Au Knini _
Le dendjû (vallon inai'éc
dembo a été assaini, dan
a suil(% pai
EPANDAGE DU PETROLE SUR LES BAUX DANS LESQUELLES
VIVENT LES LARVES DE MOUSTIQUES.
^m
^^â^i^S^«>*"ti
Fig. 91. — Un lieu de développement idéal pour les larves û' Anophèles.
— L'eau est claire et peu profonde et il y a beaucoup de végétation. - Ce
cliché montre également le mode d'emploi du pulvérisateur havre-sac
destiné à répandre une mince couche de pétrole sur les mares. (Cliché
W.-B. Herms.)
Fig. 92. — Dans la zone du canal de Panama. — Epandage du pétrole,
en barquette, le long des berges d'une rivière. — L'accès par la rive est
trop difficile, à cause de la végétation. (Cliché J.-A. Le Prince et A.-J.
167
ÉPANDAGE DU PÉTROLE SUR LES EAUX DANS LESQUELLES
VIVENT LES LARVES DE MOUSTIQUES
Ti^î '\^ - l'.iiiam.i - \f)f).iiul d CLOulenKMit continu de pétrole, placé
sur un ruisM.iu, (ti p.u^ iu ( ulento. E\ct lient système d'épandage du
pi liolt' sur 1( s (Mux ( ouianlf-- 'CluhcJ. \ !< Prince cl A.-J. Ori'iistein.)
^ -
n
Fig. 'J4. — Panama. - iLpanda.ur .lu iHii.ii .i-n^ ■, - i — -, . i,,im
des routes, à l'aide de charrettes de construcljon spéciale. — Les Amé
ricains n'ont, pas regardé aux frais pour lutter cotitre les moustiques.
Ils en ont été remboursés au centuple. (Cliché J.-A. Le Prince et A.-J.
168
PETITS POISSONS CONGOLAIS QUI SIC NOURRISSENT DE LARVES DE MOUSTIQUES
Fitndiiliis f^ardiicri, Blyr., (SO inm. de longueur. Bas-Nigei
a. Màlc. b. Femelle.
-^^Éï
"^^ — ^^
y
Haplochiliis pinnUiis. Blgr., .^5 mm. de lonfjucur. Lac Tanganyka.
HapUichiliis Lujac, Blgr., 45 mm. de longueur. Kasai-Sankuru.
a. Maie. h. Femelle.
ILiplochUits imtUifasciatitH, Blgr., 4.t mm. de longueur. Kwi
^^^^v>?^,
\
Uaplocli'ilus llulcrcaui, Blgr., Iluplochilus KiiUivçiœ, Blgr.,
3J nuii. ilr Iniiguciii'. llnul-Congo- 25 mm. de loiigucui'.
UclO-Lac Mœro. "" Kainnga.
l'-jg. 95. — Oueh|iirs unes d^s iiniiilirtMiscs csprccs congolaises de petits
poissons de la fainilli' dr.^ ( ;> iirinnddiilidrs, (|ui font leur i)roie des larves
de monsliquos. -- Os |HiisS(ins iMiiiiTjijcnl èU'e inlroduils dans les rcser-
vuirs cl iiianrs ipii ne i i ml iciiii ni pus de grands ],)0issons carnassiers.
(Clichés rcprodinls ^wvr Taulunsalion de M. G. A. Boulengvr.]
certaines eaux stagnantes et empêchent d'appliquer convenablement
le pétrole. Les mares couvertes d'algues seront donc traitées au
sulfate de cuivre, avant le pétrolage.
Huile de lournesol. — D'après M. A. Celli (35), en Italie, on a
conseillé l'emploi de Hniile de tournesol comme larvicide. Celle-ci
est appliquée à la surface de l'eau, sous forme de nappe, par le
moyens de chiffons ou morceaux de toile imbibés d'huile. Il est
surtout à conseiller d'utiliser ce produit dans les jardins pour
les cuves, bassins et autres réservoirs à eau et, en général, partout
où il est désirable d'éviter l'odeur désagréable du pétrole.
Cylline. — Deux autres larvicides utilisables pour de petites
agglomérations d'eau, ont encore été recommandés. Ce sont :
a) La cylline commerciale. Une cuiller à thé ou plus par gallon
(4 litres 54) d'eau. L'eau, remuée à l'aide d'un bâton, doit rester
laiteuse ;
b) Goudron de houille : 1 pinte (0.57 litre) ; térébenthine,
1 pinte et savon mou, 1 once (28 gr.). Ajouter de l'eau pour faire
2 gallons. La quantité sera suffisante pour traiter efficacement
300 gallons d'eau.
Camphre. — Pour les petits réservoirs à larves de moustiques,
M. Zetek (215) écrit que l'expérience a démontré l'efficacité, comme
larvicides, d'une petite quantité de camphre ou de para-dichloro-
benzine (C H* CP).
Dans les petits fossés entourant les planches à fleurs, cette der-
nière substance sera employée sous forme de poudre, à raison d'un
à deux grammes par planche. Le traitement sera appliqué une fois
par semaine en hiver et tous les dix jours en été. Dans les petits
récipients, tels que vases à fleurs, etc., la même quantité de para-
dichlorobenzine, ou bien de camphre solide ou en poudre, sera intro-
duite tous les quinze jours. Pour les bénitiers des églises, un peu
de camphre solide est préférable.
Trioxyméthylène. — Nous lisons dans les C. R. de VAradémie des
Sciences de France (juin-juillet 1920), que M. E. Roubaud (178)
a recommandé l'emploi, comme larvicide, du trioxyméthylène en
poudre. Cette substance, éparpillée uniformément à la surface de
l'eau, tue toutes les larves d'Anophèles qui la dévorent. Elle a, en
fait, une double action sur ces larves ; elle les paralyse et préserve
leurs tissus de la décomposition.
Les étangs, etc., peuvent être traités à intervalles réguliers, pour
empêcher le développement des Anophèles adultes, car cette poudre
ne rend pas l'eau inutilisable ni ne l'empoisonne pas pour les bes-
tiaux ou les poissons. L'opération devra être exécutée autant que
possible par un temps chaud et ensoleillé, lorsque l'activité alimen-
taire des larves est à son maximum.
Acide picrique. — Ayant constaté, en visitant une fabrique de
mélinite en juillet 1918, que les larves d'Anophèles peuvent vivre
dans de l'eau fortement teintée par les boues de l'usine, MM. J. Fey-
taud et E. Gendre (65) entreprirent des expériences en vue de déter-
miner la résistance des larves à des solutions d'acide picrique à
10
170
divers degrés de concentration. Il fut constaté, notamment, que la
résistance de l'Anopheles rnaculipennis est supérieure à celle de
l'A. bilurcalus. Les larves de Culex sont également résistantes. En
pratique, pour constituer un bon larvicide, l'acide picrique pur doit
être employé à la dose d'un d'acide pour 8,000 d'eau.
Formules diverses de M. Kirk. — M. H.-B. Kirk (106) recommande
les formules larvicides suivantes qui peuvent être employées dans
la proportion de 1 pour 32,000 :
1° Savon mou, 100 parties ; huile légère de pétrole, 440 parties ;
eau, 100 parties ; soude caustique, 80 parties. L'huile de pétrole
doit être ajoutée lorsque le mélange des autres substances a été
chauffé à 100° C. Le produit final est une gelée épaisse qui peut
être rendue liquide par dilution dans l'eau ;
2° Savon mou, 20 parties ; huile légère de pétrole, 50 parties.
Donne un savon épais, ayant l'aspect d'une gelée ;
3° Huile de ricin, 50 parties ; soude caustique, 15 parties ; eau,
20 parties ; huile légère de pétrole, 170 parties. L'huile de ricin et
la soude caustique sont d'abord bouillies ensemble pour faire un
savon jaune-verdâtre, auquel le pétrole est ajouté. L'émulsion qui
en résulte est un liquide clair qui se conserve bien.
Poudres el inlusions végétales. — D'après M. J.-K. Thibault (204),
du bureau d'entomologie du Département de l'Agriculture des Etats-
Unis, des expériences ont. permis de découvrir un larvicide moins
cher que le pétrole brut et convenant pour les pièces d'eau des
jardins, les étangs à poissons et les rizières. Ce larvicide consiste
en diverses poudres végétales. Celle de pyrèthre est trop chère et son
action purement mécanique. Des mauvaises herbes et graminées de
presque toutes les espèces croissant dans le voisinage furent séchées
et, réduites en poudre suffisamment fine, donnèrent de très bons
résultats. Il n'est pas nécessaire de choisir une espèce particulière.
Une bonne poudre s'étale rapidement et uniformément, même si elle
est jetée par poignées. Il convient cependant mieux de l'appliquer
sous forme de jet. Une livre de poudre peut couvrir de 3,500 à
4,000 pieds carrés. Cette poudre n'est efficace que pendant quelques
minutes, mais elle est si fatale aux larves que celles-ci meurent en
quelques instants, même si on les transporte immédiatement dans
une eau non traitée. Complètement mouillée, la poudre perd son
efficacité. Les espèces de larves à siphon gros et court sont aisément
tuées, celles à siphon long et mince, Culex sp., sont plus résistantes.
D'autre part, M. W.-M. Aders (2) signale qu'à Zanzibar des essais
ont été faits en vue de déterminer l'action larvicide des feuilles
vénéneuses d'un arbuste : Tephrosia vogcli. Toutes les lan'es placées
dans une solution à 1 p. c. de pulpe faite de feuilles, moururent
en 12 heures. Toutefois, avant d'essayer cette substance sur une
grande échelle, l'action sur les animaux domestiques doit être expé-
rimentée.
Tourteau de nilre. — Le tourteau de nitre a été employé depuis
la guerre comme larvicide. C'est un sous-produit de la fabrication
du fulmicoton, un sulfate acide de soude impur, contenant environ
50 p. c. d'acide libre. Cette substance étant solide et partiellement
granulée, se dissout lentement. M. F.-P.W. Hough (91) dit que des
171
essais faits avec du tourteau de nitre ont prouvé que celui-ci tue
presque toutes les larves, mais n'empêche pas l'éclosion des œufs
de moustiques.
Les graminées et mauvaises herbes autour des mares sont égale-
ment détruites par l'acide.
M. C. W. Metz (146) fait remarquer que le tourteau de nitre ne
convient que là où il n'y a pas de danger d'empoisonner les per-
sonnes ou les animaux domestiques.
Xanthatcs. — ■ Suivant M. F.-M. Howlett (98), des recherches faites
aux Indes ont prouvé que les xanthates étaient très toxiques pour
les larves de moustiques.
Cyanure de potassium. — Sir R. Ross et M. Edie ont préconisé le
cyanure de potassium comme larvicide. A la dose de 1 pour 500,000,
il s'est montré efficace envers les larves de Culex et d'Anophèles.
Le cyanure était mélangé à du savon et le tout comprimé en tablettes.
M. Taylor (201), qui a expérimenté ce larvicide, dit qu'à la dose
préconisée par Ross et Edie, il détruit les œufs et les jeunes pupes
de moustiques, mais n'est pas aussi nuisible aux larves. Il doit évi-
demment être employé avec précautions et dans des eaux non potables.
M. E. Teichmann (202) a constaté que les larves peuvent être tuées
par la présence du gaz cyanhydrique au dessus de la surface de
l'eau ou par la dissolution de la cyanamide de soude dans l'eau.
Une solution à 1 pour 100,000 fraîchement préparée détruit larves
et pupes en 24 heures. Le gaz formé se diffuse rapidement dans l'air.
Les occasions d'employer ce larvicide sont évidemment peu fré-
quentes.
La dose indiquée par Ross et Edie (1/300,000) a été essayée à
Ceylan, mais il fut trouvé qu'une concentration beaucoup plus forte,
1 pour 57,000, était nécessaire et, à cette dose, l'emploi du cyanure
est dangereux.
Enfin, d"après les essais faits par Al. H. Priestley (165) au Queens-
land, l'efficacité du cyanure de potassium comme larvicide est accrue
par l'addition de très petites quantités d'acide sulfurique.
Créosote. — D'après AI. C.-W. Metz (146), des essais ont été faits
aux Etats-Unis pour utiliser les huiles de créosote comme larvicide.
Le créosote raffiné et le créosote commercial de couleur noire et
de consistance plus épaisse que le pétrole brut, sont appliqués sous
forme d'un jet vaporisé en brouillard, à l'aide d'une petite pompe
à main automatique, de la contenance d'un demi-gallon. Ce brouillard
tombe à la surface de l'eau et y flotte. Une quantité remarquablement
petite de cette matière, bien appliquée, tue les larves d'Anophèles.
Le créosote étant toxique pour les poissons et animaux domestiques,
devra être employé avec précaution.
Crésol. — AI. Hendiey (87), parlant de la malaria dans le Punjab
(Indes), dit qu'une faible solution de crésol saponifié, introduite
dans de petites agglomérations deau, détruit rapidement les larves
d'Anophèles, mais a moins d'action sur les pupes qui, plus résis-
tantes, ne sont tuées qu'après 24 minutes.
172
MM. J.-F. Mayne et W.-R. Jackson (145), dans une étude sur les
lai-vicides expérimentés en Macédoine, recommandent le crésol.
Employé au millionième ou même au dix-millionième, il tue toutes
les larves de Culex ; celles d'Anophèles demandent des solutions plus
fortes. Les pupes sont plus résistantes que les larves, mais le crésol
agit surtout sur les radeaux d'œuîs et sur les petites larves nouvel-
lement écloses, qui sont tuées par une dose d'un de crésol pour
100 millions d'eau.
Destruction de la nourri^ Dans la lutte contre les moustiques aux
ture des larves. stades larvaires, l'attention des chercheurs
s'est principalement portée sur la destruc-
tion directe des larves. Mais il existe un moyen détourné qui, dans
certains cas, pourrait se montrer efficace, c'est la destruction de
la nourriture des larves. D'après le Dr W.-M. Graham, les larves
de moustiques demandent, pour vivre et se développer, une quantité
constante d'une nourriture spéciale, consistant habituellement en
petites algues d'eau douce et, comme nous l'avons déjà dit, en
traitant de l'alimentation des larves, certaines de ces algues sont
très sensibles aux changements de densité et de teneur en sels
solubles de l'eau et probablement aussi à la quantité de lumière qui
pénètre jusqu'à elles et à la longueur d'ondes de celle-ci.
Les larves d'Anophèles (Pyretophorus) costalis, par exemple, se
développent dans de l'eau rendue partiellement opaque par la matière
en suspension et qui contient des algues mobiles. La matière en
suspension n'est pas éliminée par une centrifugation, mais peut être
précipitée par addition à l'eau de 3 pour cent de sel de cuisine. Par
la précipitation, l'eau devient claire, les algues mobiles deviennent
stationnaires, leur cytoplasme transparent se dissout dans l'eau et
les chloroplastes (corpuscules chlorophylliens) tombent au fond du
récipient. A la suite de la suppression de leur nourriture habituelle,
les larves contenues dans ce milieu deviennent cannibales- et se
dévorent entre elles.
Les moyens de destruction de la nourriture des larves n'ont pas
encore été étudiés, au point de vue de leur application pratique.
Des recherches de ce genre demanderaient, au préalable, une con-
naissance exacte des algues d'eau douce africaines, sujet sur lequel
on ne possède malheureusement encore que fort peu de renseigne-
ments (*).
(*) Dans les U. S. Public. Health Reports, n" 32, du 8 août 1919, M C. W. Metz
(147) donne quelques renseignements sur des recherches faites en vue de supprimer
les larves en détruisant leur nourriture.
Il fut de suite évident que cette opération était impossible, par suite de la
grande diversité des aliments qui conviennent aux larves. Les observations furent
faites sur les Anophèles punctipennis Say, A. qiiadrimaculatus Say et A. crucians
Wied.
La variété des matières alimentaires était si grande qu'il fut jugé inutile de les
dénombrer ou de les classer en matières animales ou végétales en organismes vivants
ou en substances mortes.
Les essais ont démontré qu'au plus l'eau est pure et stérile, au plus elle convient
aux larves d' Anophèle s, pomwi qu'une quantité suffisante de nourriture y soit présente.
173
Culture de certaines Les lentilles d'eau (Lemna spp.) (*), lors
plantes aquatiques poui
la destruction des lar
plantes aquatiques pour q^'djes recouvrent entièrement la surface
^,gg^ des eaux des mares, étangs, marais, fossés,
etc., peuvent faire disparaître les larves de
moustiques en les empêchant de venir respirer à la surface.
M. le professeur Laveran a rappelé, dans son Traité du Paludisme,
2^ édition (p. 546), que Centenni et Orta ont proposé de se servir
de la lentille d'eau pour la destruction des larves. Et il ajoute : «Il
est possible que ce procédé puisse être utile dans quelques cas
particuliers. »
M. le Dr F. Regnault (167) relate dans le Bulletin de Pathologie exo-
tique, de Paris, n° 10, de 1919. qu'en 1917. étant mobilisé à Ajaccio,
en Corse, il fit des essais de culture de lentilles d'eau dans des mores
à eau claire, possédant une grouillante population de larves, parmi
lesquelles celles d'Anophelcs. Il jeta dans ces mares un peu de bouse
de vache et de crottin de cheval, puis les ensemença avec quelques
lentilles. Celles-ci se multiplièrent, foisonnèrent, et les larves de
moustiques disparurent. Quand les matières organiques furent
épuisées, les lentilles périrent.
M. le Dr Regnault conclut en disant qu'il serait donc facile de
cultiver les lentilles d'eau. Dans la lutte contre le paludisme, cette
culture serait avantageuse pour les grandes mares où l'emploi du
pétrole est coûteux. La disparition des lentilles d'eau serait une
des causes de l'apparition du paludisme dans les pays ravagés par
la guerre.
M. B. Galli Valerio (72), dans ses observations sur les Culicidœ,
fait également la remarque qu'à Vidy (Lausanne), sur le lac de Ge-
nève, la lentille d'eau Lemna palustris, joue un rôle important en
enrayant le développement des Culicidse.
D'autre part. M. Fermi, C. (64), signale dons les Annali dlgiene,
de Rome, du .50 avril 1917, que Lemna pahistris fournit un moyen
efficace de couvrir la surface de l'eau, là où le pétrole ne peut être
employé. Il est facile de semer cette plante aquatique : il suffit d'en
jeter une poignée par dix mètres carrés pour obtenir une couverture
complète en trois à quatre semaines.
Enfin. M. E. Mac Gregor (\7>6) signale l'emploi possible, comme
destructrice des larves de moustiques d'Azolla filiculo'ides, une
plante aquatique de la famille des fougères, rérerninent introduite
du Canada en Angleterre. Cette plante s'étend très rapidement, cou-
vrant complètement la surface de l'eau par une masse spono-ieuse
de feuilles compactes. Il fut observé que les Anor)hrlr.<; ne pondaient
pas dans un réservoir d'expérience couvert d'.42o//fl filiruIoïde.<;. alors
qu'ils pondent volontiers dans d'autres réservoirs contenant d'autres
espèces de plantes aquatiques.
ENNEMIS DES LARVES ET PUPES DE MOUSTIQUES,
Les principaux ennemis des larves et pupos de moustiques sont
les prtissons. Ce sont eux qui. au point de vue pi-atique. présentent
la plus grande importance. Viennent ensuite les oiseaux d'eau, puis
les animaux inférieurs : larves d'insectes, petits crustacés, etc.
(*) Il existe en Belgique cinq espèces de Lemna : Lemna trisuica, L. minor,
L. Gibba, L. pol'jrrhi:a. e'. L. arrhiza.
174
Introduction de poissons Certains poissons, ordinairement de petite
culiphages. taille, son très utiles en réduisant le nom-
bre des larves et conséquemment aussi le
nombre des moustiques ; ils diminuent ainsi les chances de trans-
mission à l'homme des maladies communiquées par ces insectes.
Il est donc à conseiller, dans certains cas, lorsque, par exemple,
il est impossible de traiter les milieux de développement des larves
d'Anophèles par les substances larvicides ou par le drainage, d'y
introduire des poissons culiphages.
Mais tous les réservoirs où les larves de moustiques se développent
ne sont pas toujours habitables pour les poissons ; ils sont souvent
trop petits ou peu accessibles. Avant donc d'introduire ces derniers,
il faut vérifier si le milieu leur convient. (*)
Dans le choix des poissons susceptibles d'être placés dans les
eaux où les larves se développent, l'on sélectionnera surtout les
espèces qui, par leur nature, sont spécialenient adaptées à ces milieux.
Certaines formes seront principalement utiles dans les petites pièces
d'eau artificielles et les réservoirs ; d'autres conviendront mieux pour
les fossés, les mares vaseuses et les bords enherbés des rivières et
des lacs. Certains poissons vivent dans l'eau douce, d'autres dans
l'eau saumâtre ou salée, et quelques-uns sont capables de s'adapter
également aux divers milieux. On donnera la préférence, pour l'intro-
duction, aux espèces indigènes ou à celles acclimatées dans la région ;
aux espèces qui se multiplient rapidement, supportent bien les condi-
tions les plus variées et ont, par conséquent, une distribution étendue,
et surtout aux espèces qui recherchent naturellement leur nourriture,
en des localités où les larves abondent et qui la prennent à la surface,
où elles trouvent les œufs, larves et pupes des Anophcles et Culex.
Introduction des « Mil= En fait, les poissons ayant fait leurs preu-
**'*°^ ^^' vos, comme destructeurs de larves de mous-
tiques, sont encore peu nombreux. Le plus
connu de ces poissons est le « Millions », qui a pour habitat naturel
les eaux douces et saumâlres du Venezuela, de la Guyane, de Trinidad
et des petites Antilles (Sainte-Lucie, Saint-Vincent, la Barbade, la
Grenade, etc ) (*'^). Son nom scientifique e\a}Ci est Ijcbistes rcticulatus,
mais cette espèce a été également décrite sous les noms de Girardinus
poeciloides (Barbade), Girardinus guppyi (Trinidad), et Poecilia reti-
culata (Venezuela). Les femelles de «Millions» sont vivipares; les
mâles sont plus petits que les femelles et possèdent des niarques
ornementales, alors que les femelles ont une coloration uniforme.
Les « Millions » sont très prolifiques et leurs portées se succèdent
à des intervalles de quelques semaines.
D'après les notes de M. le Dr NichoUs (156), le « Millions » est
(*) M. Me Donald M'. M. (134) a observé à Antigoa (Antilles) que, malgré
l'abondance des petits poissoas dans les eaux libres de certaines mares, les larve® d^e
moustiques pullulaient dans les herbes et la végétation qui encombraient les bords.
Il en conclut que ces derniers doivent être tenus propres pour que les petits poissoms
puissent remplir leur rôle culiphage.
(**) Le nom vulgaire do ces poissons " Millioins » a sans doute pour originaire leur
phénoménale abondance dans les eaux qu'ils fréquentent.
175
excellent pour les grands tonneaux et réservoirs d'eau de pluie, et
il n'a aucune action nuisible sur leur contenu. L'eau d'un réservoir
d'une capacité de 5,000 gallons, dans laquelle un cerlain nombre
de ces poissons avait vécu pendant un mois, fut trouvée, à l'analyse,
suffisamment pure pour être utilisée comme boisson.
M. Nicholls a fait, à Sainte-Lucie (Antilles), des expériences inté-
ressantes sur l'adaptation des « Millions » à divers milieux et sur
leur pouvoir de destruction des larves. En voici un résumé :
1) — Une vingtaine environ de poissons péchés dans les marais
de Gros Islet furent introduits dans deux vieux tonneaux remplis
d'eau. Dans ces tonneaux, M. Nicholls éleva, avec succès, plusieurs
milliers de petits «Millions» qui furent, dans la suite, distribués
en divers endroits ;
2) — Au commencement, ces poissons ne pouvaient rester en vie
dans des réservoirs en fer. Toutefois, en mélangeant un peu d'eau
provenant de réservoirs rouilles, avec une grande quantité d'eau de
pluie et en augmentant graduellement dans la suite le pourcentage
d'eau rouillée, M. Nicholls obtint des « Millions » qui s'acclimatèrent
et se multiplièrent très bien dans des réservoirs en fer ;
3) — De la même façon, l'expérimentateur réussit à accoutumer
ces poissons à l'obscurité ;
4) — En ajoutant graduellement de l'eau provenant de marais
saumâtres, les « Millions » s'adaptent également à ce nouveau milieu ;
5) — M. Nicholls eut très difficile à maintenir en vie et à multiplier
ces poissons dans de l'eau à une température de 38° G. et plus.
Il y réussit en changeant continuellement l'eau, en ajoutant de la
nourriture fraîche et en exposant, chaque jour, aux rayons du soleil.
Il eut également des difficultés avec les températures basses, mais
l'expérience a prouvé, d'une façon concluante, que les « Millions »
peuvent être graduellement accoutumés à des variations thermomé-
triques allant de 38°6 à 12°75 G. Il est, de plus, fort possible que
ces poissons puissent résister à des températures encore plus élevées
ou plus basses, si celles-ci sont amenées d'une façon graduelle et en
y mettant le temps voulu ;
6) — N. Nicholls plaça six « Millions » dans un récipient à pétrole
rempli d'eau et contenant de nombreuses larves do moustiques ;
le jour suivant, ces larves étaient toutes dévorées. Il ne changea pas
l'eau ; au bout de trois semaines, il y avait 25 poissons. Peu après,
certains d'entre eux moururent. Us avaient ainsi vécu et s'étaient
multipliés dans deux ou trois gallons d'eau non renouvelée et
stagnante ;
7) - — Il est très difficile de donner dos chiffres exacts quant au
pouvoir destructeur des « Millions », car les poissons, ainsi que les
larves de moustiques, varient grandement de taille. Ce pouvoir est
toutefois énorme, M. Nicholls ayant constaté que deux ou trois
« Millions » peuvent rapidement détruire toutes les larves d'un
176
réservoir contenant 10,000 gallons d'eau, et tenir dans la suite, cette
eau complètement exempte de vies animales. (*)
Les « Millions » ont été expédiés de la Barbade dans les autres îles
des Antilles, ainsi qu'à Guayaquii (Equateur), en Guyane anglaise,
à la Jamaïque, à Bolivar (Venezuela), etc., en vue d'y réduire le
nombre de moustiques. Plusieurs envois de ces poissons ont été
également faits en Afrique du Sud, à l'initiative de la « South African
Anti-Malarial Association ». Deux lots reçus successivement à la
« Transvaal Trout Acciimatisation's Hatcheries », à Potchefstroom,
et à la « Pongola Rubber Estate Co », au Zoulouland, n'ont malheu-
reusement pas réussi, mais, par contre, un lot expédié aux établisse-
ments de pisciculture de Stellenbosch s'est bien développé, et les
résultats obtenus font espérer que ces poissons pourront s'acclimater
en Afrique du Sud et être introduits, prochainement, dans les cours
d'eau des régions malariées.
On a également essayé d'introduire les « Millions » à la Côte occi-
dentale d'Afrique, mais malheureusement les sujets sont morts en
route. Il ne faut pas perdre de vue, toutefois, que ces poissons vivent
dans dos îles où la faune aquatique est limitée et qu'ils auront bien
plus difficile à se maintenir dans les eaux africaines, riches en
espèces ichtyophages, et où la lutte pour l'existence est, par consé-
quent, plus âpre que dans leur contrée d'origine. Du reste, comme
nous le verrons plus loin, il ne manque pas de petits poissons africains
et même congolais qui font leur proie des larves de moustiques. (**)
Les Top=Minnows. Les Top-Minnows sont d'autres petits pois-
sons très recommandables pour la lutte
contre les moustiques. Ils sont vivipares et habitent le Mississipi et
les eaux fraîches et saumàtres de la Floride et du Texas. Leur nom
scientifiqueest Gambvsia aHinis et ils appartiennent à la famille
des Poeciliidae (voir fig. 96). Ils supportent très bien la captivité,
sont actifs, se nourrissent à la surface et recherchent leurs aliments
parmi la végétation et les débris, le long des berges des cours d'eau
et étangs qu'ils habitent. Ils sont très petits et peuvent, par consé-
quent, pénétrer dans les eaux très peu profondes, très près des rives
ou des sources, en des endroits inaccessibles aux poissons de plus
(») D'après M. H. A. Ballou M. Se, entomologiste du Département impérial
d'Agriculture pour les Indes occidentales anglaises, les Millions bien nourris ne sont
pas voraces, mais lorsqu'il sont depuis plusieurs jours à jeun, ils deviennent d'une
grande avidité. Un très petit poisson peut attaquer une grande larve de moustique
complètement développée et finir par la capturer après de multiples efforts. Même
lorsqu'ils sont gorgés jusqu'à distension, les Millions affamés continuent à faire de.s
efforts frénétiques pour capturer les larves, jusqu'à ce qu'ils ne soient plus capables
d'avaler leur dernière proie.
La femelle de Millions complètement développée, mesure de 35 à 40 millimètres de
longueur ; le m.âle est beaucoup plus petit.
(**) Le Département impérial d'agriculture pour les Indes occidentales anglaises
a publié, en 1908-09, plusieurs brochures intéressantes sur les Millions et leur utili-
sation pour la destruction des larves de moustiques. Deux d'entre elles ont été rédi-
gées par M. H. A. Ballou M. Se., le savant entomologiste du département. En. voici
les titres : Milliotis and Mosquitos, by H. A. Ballou M. Se, 16 p.. Impérial Départe-
ment of Agriculture for the West-Indies, Pamphlet, série 55, 1908 ; Millions and Mas-
quitos, by H. A. Ballou M. Se, 10 p., 4 fig. Rep. from West-Indian Bulletin, vol. IX,
n. 4, p. 182-90, 1909 ; Transportation of Millions, by Fr. Watts, 3 p., 1 fig., Imp. Dpt.
of Agric. for the West-Indies.
177
grande, taille. ComiTio nous l'avons dit, ils sont vivipares, et au
moment de la naissance, les jeunes sont donc suffisamment développés
pour échapper à la plupart des dangers encourus par les alevins
de poissons ovipares. Leur faculté de s'adapter à des conditions très
variées, de pénétrer en des endroits hors d'atteinte des autres poissons
Fig. 96. — Gambusia affinis, ou Top-Minnows. — Mâle à gauche,
femella à droite. — Grandeur naturelle. — Poissons culiphages nord-amé-
ricains, recommandables pour l'introduction dans les eaux infestées par
les larves de moustiques. (Cliché RadclilTej.
et leurs mœurs générales, font des Top-Alinnows une des meilleures
espèces de poissons à introduire dans les eaux infestées par les larves
de moustiques : Anophèles, Culcx, etc.
Les essais d'introduction de Gambusia aHinis aux îles Hawaii, faits
en 1905, ont parfaitement réussi. Plusieurs centaines de milliers de
poissons ont été élevés et distribués dans les étangs et mares de
l'archipel. Ils ont débarrassé l'eau des larves de moustiques et des
masses d'œufs de Culex pipiens flottant à la surface.
D'après M. A Seale (182), en 1915, M de ces poissons acclimatés
ont été envoyés d'Honolulu aux îles Philippines. II y en avait, en 1918,
plusieurs milliers dans les cours d'eau et marais de ces îles. Le
Gambusia uHinis se maintient dans les étangs, malgré la présence
d'espèces voraces, telles que Microptcvus salmonoides et les poissons
indigènes Opliiocephalus strialus et Therapon argenteus. Il n'y a pas
de doute, ajoute M. A. Seale, que, dans quelques années, ils auront
réduit le nombre de moustiques et qu'ils contribueront pour beaucoup
à éliminer la malaria des îles Philippines.
A Rio de Janeiro (Brésil), une espèce de Top-Minnow a également
été utilisée par le Service Public de Santé et a été placée dans les
tanks et autres réservoirs, là où l'emploi du pétrole était impos-
sible. (*)
(*) M. S. F. Hild^brand (99) dans le n. 21 des Public Health Reports (U.S.A.).
(23 mai 1919) publie certaines observations sur la valeur des poissons culiphages et
spécialement du Top-minnow, Gambusia affinis. Partout, où ce poisson a été intro-
duit, les larves ont été exterminées en un laps de temps très court, sauf dans le cas
où un abri suffisant leur était fourni par les feuilles ou tiges des plantes submergées.
Le nombre de poissons requis pour éliminer les larves d'une pièce d'eau est plus
petit lorsque cett^e pièce d'eau est libre de végétation aquatique et autres abris.
Les plantes qui offrent la protection la plus efficace aux larves, et qui, par consé-
quent, doivent être enlevées, sont une graminée aquatique Hydrochloa caroliniensis,
une espèce de Myriophyllum et des algues.
178
Autres poissons culipha=
ges américains.
En juillet 1915, le Bureau of Fisheries
du Département du Commerce des Etats-
Unis, a publié un étude très intéressante
de M. Lewis Radcliffe, scientiîic Assistant (166), sur les poissons qui
détruisent les larves des moustiques. M. Radcliffe y donne une liste
avec description, des principales espèces de poissons qu'il serait
possible d'introduire dans les eaux américaines infestées par les œufs,
larves et pupes des moustiques. Certaines d'entre elles ont déjà fait
leurs preuves ; d'autres sont proposées, parce que leurs mœurs géné-
rales sont semblables à celles d'espèces reconnues utiles.
L'auteur cite notamment, parmi les poissons habitant les eaux
douces, diverses espèces de Fundulus (voir fig. 97), (F.' diaphanus,
F. dispar,, F. notatus, F. chriisotu.'^, F. nothi), le Gambusia aHinis
Fig. 97. — Fundulus diaphanus. — Femelle. — Poisson culiphage
nord-américain. — Grandeur naturelle. (Cliché Radcliffe.)
(Top-Minnow), VUclcrandria lormosa, le Mollienisia latipinna, les
Enneacanthus obesus et gloriosus, le Mesogonistius chaetodon, le
Cenlrarchus macropterus, les Lepomis cyanellus et gibbosus, VElas-
soma zonatum, le Nolemigonus crysolcucas, le Labidesthes
^ ,-«î^^^*.
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^^^'
Fig. 98. - Carassius auralus. — Le poisson rouge ou poisson doré
ordinaire. — Excellent pour détruire les larves de moustiques. S'acclimate
et se propage partout avec facilité.
sicculus et le Carubsius auralus. Ce dernier (voir fig. 98) — le poisson
rouge ou poisson doré ordinaire — est extrènu>ment recommandable,
à cause de la facilité avec laquelle il détruit \q< larves de moustiques
dans les fontaines, les petits bassins artificiel? qui ne sont pas trop
179
encombrés par la végélalion, les réservoirs et même les citernes (*).
Comme poissons d'eau saumàtre ou salée, la liste comprend égale-
ment divers Fundulus (F. maialis, F. helerorliivs, F. fiimilis), deux
Lucania (L. parva et L. venustaj et Cyprinodon varicgafus (**).
Procédés de conservation Dans la brochure précitée, M. L. Radclifîe
et de transport des /^ggx ^^ji^^, également d'utiles indications
poissons culiphages. ^ < •,! i.. i»
sur les meilleurs procèdes a adopter pour
la conservation en vie, le transport et l'introduction dans les réser-
voirs, des petits poissons culiphages.
Les poissons seront facilement péchés, à l'aide de petits filets ou de
sennes à mailles serrées. On les introduira ensuite dans des bidons
à lait, remplis d'eau, d'une capacité de dix gallons (46 litres), en
prenant tous les soins possibles pour éviter de les endommager.
Un récipient de cette capacité peut facilement contenir 200 poissons
de moins de 12.5 cm. de longueur, ou 100 de 12.5 à 20 centimètres.
La cargaison sera expédiée aussitôt que possible et sera accompagnée
par un surveillant, chargé de veiller à ce que l'eau reste de tempé-
rature uniforme et à ce qu'elle soit bien aérée et changée aussi
souvent que nécessaire, pour tenir les poissons en vie et dans de
bonnes conditions. Dans les régions tempérées, il vaut mieux choisir,
pour le transport, le printemps ou l'automne que le milieu de l'été.
Le messager sera muni d'un thermomètre, d'un puisoir, d'un seau
de fer d'une capacité de quatre à cinq gallons (18 à 22.5 litres),
d'un tuyau de 2 cm. de diamètre et d'une longueur de 1.25 m. à
1.50 m., devant servir comme siphon, et d'une certaine quantité
de glace, si l'on craint des températures élevées pendant le voyage.
L'eau peut être aérée en en prenant une petite quantité à la fois dans
le récipient contenant les poissons, et en la laissant reloniber d'une
hauteur de 60 cm., ce qui entraîne de l'air jusqu'au fond du bidon.
On peut encore siphoner une partie de l'eau dans le seau et l'aérer
complètement, de la façon indiquée, avant de la reverser dans
le bidon. Si la température de l'eau est trop élevée, elle peut être
abaissée en ajoutant de la glace à l'eau siphonée dans le seau, et
en la ramenant ainsi à la température normale.
Le nombre de poissons à introduire dépend de la superficie de
l'agglomération d'eau à traiter. En tout cas. il vaut mieux en mettre
trop que trop peu. Dans un petit étang ou lac, il faudra mettre,
(*) D'après M. k D' G. A. Boulenger, F.R.S., conservateur au British Muséum,
il résulte de toutes les expériences faites, que c'est le poisson doré ou poisson rouge
ordinaire, qui est Le plus recommandable pour la destruction des larves de moustiques.
(**) D'après M. C. H. Kennedy (105), un petit minnow : Cyprinodon maciilarius,
abondant dans les étangs peu profonds et les fossés de Californie, peut être utile
comme culiphage, car il se nourrit de petits insectes aquatiques et de larves de Dip-
tères, spécialement de larves de Chironomides. Des minnows d'autres espèces ont été
introduits, avec grand succès, aux îles Hawaii, en vue de combattre la propagation
des moustiques.
Suivant M. W. C. Loftin, les ennemis les plus actifs des larves de moustiques en
Floride sont les minnows Gambusia affinis et Chaenobryttus grtlosus.
Enfin, d'après M. F. E. Chidesder (36), l'ennemi le plus vorace des larves de
moustiques dans les eaux saumâtres ou salées, est l'espèce américaine Fundulus heie-
roclitus. C-e poisson dévore malheureusement des larve.s de Dytiques (Dysticus) et les
punaises d'eau (Notonecta), qui sont elles-mêmes de grands destructevrs de larves de
moustiques, mais le nombre de ces insectes ainsi détruits est négligeable. Ce Fun-
duhis émigré en vastes hordes de l'océan dans les eaux saumâtres et même dans le«
eaux pre,?que douces. Les œufs peuvent être artificiellement fécondés et les jeunes
embryons sont remarquablement vigoureux, ce qui facilite beaucoup leur introduction
dans les cours d'eau et les marais.
180
au niininuini. une centaine de petits poissons pour obtenir un bon
résultat.
Poissons culiphages in= D'après M. H. C. Wilson (212), les espèces
diens et malais. suivantes de poissons indiens font leur proie
des larves de moustiques. Toutes les espèces
de Chela, spécialement les plus petites ; toutes les espèces de Rasbora ;
les petites espèces de Bariliits ; toutes les espèces d'Haplochilus et
les petites espèces de Barbus (convenant toutes pour les réservoirs,
grands étangs et marais). Pour les rizières, les puits et les petits
étangs, toutes les espèces de Chela, Uaplochihs et Polyacanthus,
ainsi que le Therapon iarbua, sont à conseiller.
M. W. R. Mac Donald recommande également, parmi les
poissons indigènes de la région de Madras : trois espèces d'Haplo-
chilus très voraces, des Chela, Rasbora daniconius et Therapon
iarbua. Cette dernière espèce n'est pas très répandue, mais elle est
très utile. Une expérience de peuplement des nombreux puits et
réservoirs servant à l'irrigation, faite conjointement au pétrolage
et à l'enlèvement des mauvaises herbes, a donne de bons résultats. (*)
Enfin, en ce qui concerne la Malaisie, notons que N.-H. Swellen-
grebel et J. M. H. Swellengrebel-de Graaî (198) ont signalé récemment
dans le Joum. ol Trop. Med. and Hyg., de Londres (1" avril 1920),
que dans l'archipel malais existent plusieurs espèces de petits pois-
sons culiphages, notamment VHaplochilus panchnx et, en moindre
abondance, YOphiocephnles striatus et le Dangila atvieri.
Ces petits poissons sont peu utiles dans les eaux salées ; par
contre, dans les eaux douces et surtout dans les rizières, ils peuvent
rendre des services. (**) (***).
(*) Le col. H. Hendley (87) dans son rapport sur la malaria au Punjab durant
l'année 1916, signale cependant qu'à Katas, dans la, citerne sacrée, les larves de
moustiques abondaient à côté d'innombrables poissons (Cirhina latia et Barbus terio)
qui, surtout lorsqu'ils sont jeunes, sont culiphages. Une constatation analogue fut
faite dans les bassins des jardins de Shalamar, à Lahore, où des poissons culiphages
avaient été artificiellement introduits. Dans ces mêmes bassins, des canards n'em-
pêchèrent nullement la multiplication des larves d' Anophèles.
D'après M. T. Southwell (Ann. Trop. Med. and Parasii., Liverpool, nov. 1920),
les plus importants poissons culiphages des eaux douces des Indes, sont les Haplo-
chilus panchax, H. melastigma et H. lineolattis. I! y a également de nombreuses
espèces de moindre importance, tels que: les Amhassis nama, A. ranga, Badis badis.
Barbus sp., Anabas scandens, etc.
(**) M. A. Peryassu, dans Saûde (Rio-de- Janeiro) de mars-avril 1919, cite comme
ennemis naturels des larves de moustiques, un certain nombre de poissons brésiliens,
tels que les Girardinus caiidimaculatus, Poecilia vopora, Glaridodon januarius et
Jenynosia Hneata.
(*'*) M. E.E. Austen (7), signale parmi les mesures prises contre les moustiques
en Palestine, au cours des campagnes de 1917-18, l'introduction d'un poisson culi-
phage (Tilapia nilotica).
M. A. W. J. Pomeroy (164), parlant de la prophylaxie de la malaria en 1918-19 à
Dar-es-Salam (Afrique orientale), écrit qu'au point de vue pratique, les poissons
culiphages qui conviennent le mieux sont les Top-minnows, ainsi que les Tilapia
nilotica, T. ovaia, T. natalensis, T. mossambica, Electris fusca, Gobius guvius, Fun-
duliis guentheri, Ambassis commersoni et Mugil macrolepis. Six poissons suffisaient
pour un réservoir fortement infesté, d'une capacité moyenne de 200 pieds cubes.
Enfin, d'après la Revue Horticole de l'Algérie (janv.-févr. 1920), (221), les pois-
sons ornementaux culiphages qui conviennent !e mieux pour les aquariums et pièces
d'eau en Algérie, sont le Cyprinodon iberus et diverses espèces de Chromis, Hemichro-
rnis et spécialement de Macropodus. Le Macropodus paradisi s'élève facilement en
captivité. Les adultes sont nourris de viande finement hachée et les allevins d'infu-
soires oui se développent sur des laitues mises dans un sac de mousseline et plongées
dans l'eau.
181
Poissons culiphages afri= Avant toutefois de tenter d'introduire el
'^^'"*' d'acclimater dans les eaux congolaises, les
petits poissons culiphages de l'Amérique,
des Indes ou d'autres contrées, il faut que des recherches sérieuses
soient faites au sujet des espèces culiphages africaines et surtout
indigènes au Congo belge. M. le Dr G. A. Boulengcr, F. R. S., conser-
vateur au British Muséum, qui a décrit une bonne partie des espèces
africaines de poissons d'eau douce, et notamment la majorité des
espèces congolaises nouvelles, a bien voulu nous signaler qu'il existe
de nombreuses formes africaines de petits Cyprinodontes, proches
parents des Girardinus (Millions), et qui ont, sans doute, des mœurs
similaires.
Dans son important Catalogue ol ihe Fresh Waler Fishes ol AIrica,
Vol. III, M. le Dr G. -A. Boulenger (21) a décrit un grand nombre
de petits poissons africains de la famille des Cyprinodontidae, appar-
tenant aux genres Cyprinodon, Tcllia, Fundulus, Haplochilus, Pro-
catopus et Lamprichlhys.
Les genres Cijprinodon et Tellia ne se rencontrent qu'en Afrique
du Nord. Par contre, dix-huit espèces de petits poissons du genre
Fundulus vivent dans les eaux douces et saumâtres de l'Afrique
centrale et méridionale, quoiqu'aucune n'ait encore été signalée au
Congo belge. Une des espèces les plus intéressantes, est Fundulus
gardneri Blgr.. récoltée dans le Bas-Niger et dont nous représentons
les deux sexes, fig. 95.
C'est le genre Haplochilus qui compte les petites espèces africaines
de poissons, les plus intéressantes à notre point de vue, car elles font
toutes, probablement, leur nourriture des larves de moustiques.
On connaît actuellement, en Afrique, 42 espèces d' Haplochilus,
dont les 18 suivantes ont été signalées au Congo belge :
llaplochilns pumilus (55 mm. .—Lacs Tanganyika et Victoria (voir fig. 95U
H. Christyi (50 mm.]. — Rivière Lindi;
//. Ferranti (50 mm.).— Kasai;
//. cnmeronensis (55 mm.).— Gabon, Bas-Congo;
H. Luiae (45 mm.)— Kasai (voir fig. 95);
H. sexfasciatus (100 mm.)— De Libéria au Congo;
//. Decorsii (40 mm.).— Ubanghi:
H. elegans (40 mm.). — Haut-Congo;
//. striatus (40 mm.). — Ogowe et Congo portugais;
H. spilauchen (70 mm.).— Bas-Congo;
H. Hutereaui (35 mm.).— Uele-Haut-Congo-Lac Moéro (voir fig. 95);
H. moeruensis (34 mm.). — Lac Moéro;
//. Kntangae (25 mm.).— Katanga (R. Lubumbashi près d'Elisabethville'
(voir fig. 95);
//. macrostigma (55 mm.).— Embouchure du Congo (Borna);
H. nigricans (47 mm.).— Uele (Dungu)-Haut-Congo;
//. miiltilascialus (45 mm.).— Kasai (Kondue) (voir fig. 95);
H. Chevalieri (48 mm.).— Stanley-Pool;
//. singa (45 mm.)— Borna.— R. Lindi.
182
Les genres Procalopus et Lam'pnchlhys ne comptent respectivement
chacun qu'une espèce : Pro( atopus nototaenia du Cameroun et du
Fig. 99. — Lampnchthys tanganicanus. — Poisson culiphage de la
famille des Cyprinodontides (135 mm. de longueur). — Récolté à Mpala,
siir le lac Tanganyika.
Bas-Niger, et Lamprichthys tanganicanus (135 mm.), récolté dans
le Lac Tanganyika (voir fig, 99).
La mission américaine Lang-Chapin (*), rentrée en 1917 aux
Etats-Unis, après un séjour de près de six années dans notre Colonie,
a également récolté cinq formes d'Haplochilus congolais, dont une
espèce nouvelle : Haplochilus platysternus (Î2Û à 55 mm.), pêchée
à Stanleyville, dans de petits ruisseaux forestiers se déversant dans
la Tshopo. Les quatre autres espèces étaient déjà connues. Ce sont :
H. elegans (Stanleyville, Farad je et Medje) ; H. spilauchen (Zambi,
dans les marais herbeux bordant le fleuve) ; H. multilasciatus
(Stanleyville, pools d'une rivière forestière, affluent de la Tshopo)
et H. singa ^Stanleyville).
En Afrique occidentale (Yaba, près de Lagos), le Dr W. M. Gra-
ham (78) a noté l'absence complète de larves de moustiques dans
des mares qui convenaient très bien à leur développement, mais qui
contenaient de nombreux petits poissons de l'espèce Haplochilus
Grahami. Ces petits poissons, d'environ 50 mm. de longueur, sont
très agiles, vivent dans des mares de quelques mètres carrés d'éten-
due et dévorent voracement les larves de moustiques. Ils possèdent
la faculté de sauter à une distance d'un ou deux pieds et de passer
ainsi d'une mare à l'autre. Ainsi chaque flaque d'eau, en marais ou
terrains inondés, peut être visitée par les Haplochilus Grahami et
débarrassée des larves. Des expériences ont prouvé à M. Graham
que si ces poissons sont placés, au nombre d'une douzaine, dans
un récipient contenant une centaine de larves de moustiques, celles-ci
disparaissent en une heure. Les pupes, par contre, n'ont pas été
attaquées, probablement parce que ces poissons ne sont pas accou-
tumés à les voir, les larves qui habitent les mêmes eaux qu'eux,
ne parvenant, sans doute, jamais à ce stade de développement.
(«) Fresh-water Fishes of the Congo Basin ohtained by the American Muséum
Congo Expédition, 1900-1915, by J. Treadwell Nichols and Ludlow Griscom. — Bu!I.
of the Americ. Mus. of N.H., Vol. XXXVII, Art. XXV. pp. 653-756, 26 nov. 1917.
183
Comme en Afrique, la plupart des agglomérations naturelles
d'eau contiennent des poissons-chats et autres poissons prédateurs,
qui détruisent tous les petits poissons, ce n'est que dans les mares
ne contenant pas de grands poissons que l'introduction des Haplo-
chilus pourra réussir. Ces Haplorhilus et leurs congénères pourront
également être essayés dans les tonneaux, réservoirs et tanks d'eau
de pluie, à condition de les empêcher, par un dispositif approprié,
de sauter hors de ces récipients.
Il est en tout cas certain qu'il existe dans les eaux douces de
notre Colonie, de nombreuses espèces de petits poissons qui pour-
raient utilement êtr'e employés qomme destructeurs de ilarves de
moustiques. Des recherches s'étendant à tous les ennemis des stades
larvaires des moustiques seraient donc très utiles ; elles ne compren-
draient pas seulement la détermination des espèces, mais également
l'étude de leurs mœurs et des expériences d'introduction dans les
réservoirs artificiels, en régions malariées (*).
Oiseaux aquatiques. L'utilisation des oiseaux aquatiques pour
la destruction des larves de moustiques a
été depuis longtemps préconisée. Suivant Friedrichs, les canards,
tout comme les poissons, débarrassent les étangs des larves, et
Sambon (180) a signalé, en 1902, les avantages que présentent, à ce
point de vue, les poules d'eau.
En 1913, M. le Dr Gebbing, directeur du Jardin Zoologique de
Leipzig, a proposé d'employer le canard sauvage (Anas boscas),
comme destructeur de larves. Dans un article paru dans « Frank-
(urter Zeitung » ((Œine neue Art der Muckenbekamplung »), il cite
plusieurs cas absolument probants et insiste sur la nécessité de pro-
téger cet oiseau. Tout récemment, le Dr S. G. Dixon, inspecteur
sanitaire en Pensylvanie, a fait ressortir par une expérience intéres-
sante l'utilité des canards dans la lutte contre la propagation de
la malaria. Deux digues furent établies dans un cours d'eau, à proxi-
mité l'une de l'autre, de façon à ménager aux larves de moustiques
deux réservoirs de développement identiques. Dans un de ces réser-
voirs, vingt canards furent lâchés, l'autre réservoir étant, par contre,
protégé contre les oiseaux aquatiques, mais amplement pourvu de
poissons rouges. Le résultat fut que, pendant plusieurs mois, il n'y
eut aucune larve dans le premier bassin, tandis qu'elles abondaient
(*) D'après M. J. C. Legendre, (112), à Madagascar, une station & été récemment
établie à Antananarivo, en vue d'élever deux variétés de carpes qui se nourrissent de
larves d'Anophèles et qui proviennent, l'une de France et l'autre de la Réunion. U
paraîtrait également que le Carassius auratus (le poisson rouge), introduit dans les
rizières, s'y multiplie rapidement, par suite de la haute température et de l'abon-
dance des larves. L'auteur signale que, dans un cas, le nombre de poissons passa en
cinq mois, de 1,300 à 18,000.
D'autre part, d'après M. A. F. Kennedy (104), l'utilisation de poissons cnliphages
a donné de bons résultats en Gambie (Afrique occidentale anglaise), et il a été
prouvé que l'introduction de poissons dans les puits est une meilleure mesure prophy-
lactique que le pla-cement de couvercles de toile métallique. Onze poissons, six de dix
centimètres de long et cinq de cinq centimètres, ont dévoré, en une journée, 2,100 lar-
ves, dans un drain contenant une couche de dix centimètres d'épaisseur d'eau. En
un cas, deux poissons dévorèrent trente larves en trois minutes. Toutes les expériences
signalées par M. Kennedy, tendent à prouver que, si les poissons sont convenablement
traités, leur capacité de destruction des larves de moustiques est très grande.
184
dans le second. Les canards ayant été finalement admis dans ce
dernier, détruisirent larves et pupes en 48 heures.
Ajoutons toutefois, au point de vue de l'utilité des canards, que
M. F. C. Bishop (17) fait remarquer que si ces oiseaux sont confinés
dans des cours à sol humide, ils font des trous qui constituent
d'excellents réservoirs de multiplication pour les moustiques, et sont
fréquemment cachés par les herbes.
Têtards. -Insectes aqua. , ^es têtards de batraciens, de même que
tiques, les batraciens adultes, dévorent probable-
ment une bonne quantité de larves de mous-
tiques. A Panama, toutefois, la présence de têtards ne réduisait pas
le nombre des larves dans les mares, et l'observation n'a pas, jusqu'à
présent, démontré leur utilité.
M. A. C. M. Chandler (34), de la station expérimentale agricole
de rOrégon (U. S. A.), a recommandé l'emploi, comme culiphages,
des salamandres !\otophtalmus loiosus de l'ouest des Etats-Unis, et
^olophtalmus viridescens du Nord-Est.
L'emploi de A. torosus est à conseiller, parce que cette salamandre
n'a pas d'ennemis, qu'elle peut vivrt dans presque toutes les eaux,
sauf celles qui sont trop sales, et dans toute espèce de récipients,
depuis le bocal jusqu'au lac, et qu'elle possède une capacité alimen-
taire énorme, combinée avec la faculté de pouvoir jeûner pendant
de longues périodes. Son élevage est lent, mais son transport et
sa distribution sont faciles.
Il est indiqué d'introduire cette salamandre dans les tonneaux
à eau de pluie, réservoirs, biefs de moulins, bassins ornementaux,
fossés d'irrigation, ainsi que dans les rizières de Californie.
Divers Coléoptères aquatiques et leurs larves (Dyticidés et Gyri-
nidés), ainsi que les larves aquatiques carnassières de Névroptères
(Libellules, Ephémères, etc.), détruisent beaucoup de larves de mous-
tiques et peuvent être très utiles dans les agglomérations d'eau où les
poissons ne peuvent vivre.
Il ne semble pas cependant que. dans la plupart des cas, leur
introduction soit nécessaire, car ces insectes ont une distribution
très étendue et sont suffisamment capables par eux-mêmes, dans
leur stade adulte ailé, de rechercher les pièces d'eau qui conviennent
au développement de leur progéniture. Par conséquent, leur absence
d'une mare signifierait, semble-t-il, tout simplement que, pour une
raison ou l'autre, ce milieu n'est pas favorable à leurs larves. Il
n'en est pas ainsi pour les poissons, qui ne disposent pas de moyens
de dispersion aussi complets.
Les punaises d'eau, du genre Notonecta, détruisent également
les larves de moustiques. Leurs mœurs culiphages ont déjà été signa-
lées par Willcocks, à Khartoum (*).
(*) M. J. \V. Scott Macfie (131) note qu'à Accra (Côte d'Or), les ennemis na-
turels des larves de moustiques sont très nombreux, les principaux étant des têtards,
des Notonectides, des Coléoptères aquatiques et des larves de libellules et d'éphé-
mères.
MM. Greiger J. C. et Purdy W. C. (74), parlant des rizièr^es de l'Arkansas, disent
que les larves carnassières, principalement d'Hydrophiîus, Dytiscus et de quelques
185
M. S. A. Smith (192) a souvent obscrvi'; que les larves aquatiques
de Chironomidés (Diptères), qui se construisent un tube entre les
filaments d'algues, dévorent les larves (VAnophclef; punctipennis Say.
De même, les larves de certaines espèces de moustiques, loin
d'être nuisibles, sont très utiles, en dévorant leurs congénères appar-
tenant à d'autres espèces. Tel est le cas, d'après M. F. W. Ed-
wards (60), pour le Toxorhynchites brevipalpis Theob, fort répandu
dans toute l'Afrique, et pour le Culex îigripes Grp.
Les larves des Megalorhinina sont toutes prédatrices. D'après
Peryassu et Bourroul, celles des espèces brésiliennes vivent dans
les petits récipients et les creux d'arbres et se nourrissent exclusive-
ment de larves de moustiques. Les Megalorhinina forment un groupe
de moustiques facilement reconnaissables à leur grande taille, leur
coloration brillante et leur longue trompe recourbée.
Autres ennemis des Iar> Certains crustacés d'eau douce sont éga-
ves. — Maladies et lement culiphages. M. le Dr NichoUs (156)
parasites. g observé à Ste-Lucie (Antilles), un petit
crustacé indéterminé, du sous-ordre des Décapodes, qui fait sa proie
des larves dans les petites mares des régions montagneuses. Six de
ces animaux, placés dans un récipient contenant plusieurs centaines
de larves de moustiques, les dévorèrent toutes en un jour.
D'autre part, aux Indes, M. H. C. Wilson (212) a signalé, comme
laisant leur proie des larves, des petits crustacés du genre Daphne,
ainsi, du reste, que les larves et adultes de Dyticidés et le Notonecte
glauque.
Un ver du genre Planaria est également un ennemi des larves de
moustiques. M. A. B. Lischetti (122), qui relate cette découverte dans
« Physis », de Buenos-Ayres (déc. 1919), dit que des expériences furent
faites avec 100 ce. d'eau potable, dans lesquels six vers Planaria,
introduits, reçurent 108 larves de Culex de 5 à 4 mm. de longueur;
en quatre heures, 106 de ces larves avaient été dévorées. Ces mêmes
six Planaria, transférés dans un autre récipient contenant 200 larves
de Culex de 4 à 5 mm. de longueur, les attaquèrent immédiatement,
les dévorant successivement, avec de courtes périodes de repos.
A minuit, nombre de larves étaient mortes ou mourantes, et, le matin
suivant, à 8 heures, toutes avaient disparu ou étaient accolées au
fond ou aux parois du récipient.
libellules, y sont assez abondantes pour enrayer quelque peu la propagation des
moustique-s.
M. Waterston J. (208), parlant de la distribution des moustiques en Macédoine,
dit que parmi les larves récoltées avec celles des moustiques, beaucoup étaiejit culi-
phages; divers Odonates, Ephémérides, Chrysops, ainsi que la népe cendrée et le
notonecte glauque.
M. S. G. Rich (168) signale que dans plusieurs rivières et étangs de l'Afrique
du Sud qu'il a examinés, il ne trouva que très peu de larves de moustiques, lorsque
les nymphes de libellules y étaient abondantes. D'autre part, dans les districts où
les moustiques étaient nombreux, il n'y avait que très peu de Libellules.
Enfin, M. Chidesder F. E. (37), parlant des dytiques comme destructeurs de
larves de moustiques, dit que dans des expérience? de laboratoire, une larve de
dytique introduite dans un petit bocal contenant des larves de moustiques, en dé-
truisit 434 en deux jour?. Toutefois, ces larves carnassières, qui peuvent réduire le
nombre de larves de moustiques là où elles sont très abondantes, sont incapables de
Jes faire disparaître complètement.
Il
186
Les mœurs alimentaires de ces Planaria sont ainsi décrites par
M. Lischetti :
« Les larves de moustiques sont attaquées lorsqu'elles sont suspen-
dues à la surface de l'eau pour respirer et qu'elles restent immobiles
pendant quelques secondes. Le ver applique un des lobes latéraux
de sa tête au siphon de la larve, auquel il adhère à l'aide de la
substance visqueuse dont il est recouvert. Si la larve essaie, à l'aide
de ses pièces buccales, de se dégager, celles-ci adhèrent également
au ver, qui, aussitôt qu'il a saisi sa proie, plonge avec elle jusqu'au
fond du récipient. Il troue ensuite un des segments et suce tout
le contenu du corps de la larve, ne laissant que la tête et la peau.
Les larves adultes, à cause de leur force, et les pupes, à cause de
leur vivacité, peuvent presque toujours échapper aux attaques
des Planaria.
Avant de pouvoir déterminer si ce ver pourrait être utilement
employé comme agent de destruction des larves de moustiques, des
renseignements plus détaillés quant à ses mœurs, sa distribution,
sa résistance aux diverses conditions de milieu, etc., sont néces-
saires.
— Les larves de moustiques sont également sujettes à certaines
maladies occasionnées, soit par des vers, soit par des protozoaires ou
encore par des organismes végétaux : diatomées, algues et champi-
gnons. D'après M. Nicholls (156), des larves infestées par ces derniers
organismes ont une apparence maladive ; elles manquent d'agilité,
sont difformes et ont perdu une partie de leurs poils ; elles meurent
d'habitude ou, si elles survivent, la durée de leur développement
est, en tout cas, fort prolongée.
Le Capitaine J. A. Sinton (190) a signalé récemment un parasite
Trématode des moustiques Anophèles, notamment d'A. funestus,
var. Listoni et d'A. culicifacies. Le ver était présent chez les deux
sexes de moustiques et également dans les larves d'A. culicilacies
et d'A. Willmori. Les moustiques mâles étaient beaucoup plus forte-
ment envahis que les femelles. (*)
D'après MM. W. S. Patton et F. W. Cragg (161), à Madras, le
Culex latigans Wied est communément infecté par VHerpelomonas
culicis. Les mâles de Culex latigans se groupent souvent durant
le jour, près des agglomérations d'eau situées à l'écart et y attendent
les femelles venant d'éclore. Leurs déjections contenant les parasites
tombent dans l'eau. Les Herpetomonas pénètrent avec les aliments
dans l'intestin des larves. Ils sont encore présents durant la nym-
phose et passent dans l'imago, où ils achèvent leur évolution et
produisent des formes capables d'infecter les larves de la seconde
génération.
Les larves du Stegomyia lasciata sont aussi très souvent infectées
(*) M. M. B. Soparkar (193) signale dans Indîan Jl of Med. Research de Cal-
cutta, qu'il lui a été possible d'infecter artificiellement des Anophèles et jusqu'à un
certain point des Culex, avec des Trémato-des encystés, trouvés sur les nageoires
de certains poissons d'eau douce, ainsi que dans le corps de mollusques, principale-
ment de Planorbis exustus.
Toutefois, Le développement de ces Trématodes ne semblait pas se poursuivre
dans le corps de l'hôte.
187
par une espèce ô'Herpetoinonas, ainsi que par un Spirochaele, ces
deux organismes se trouvant dans les tubes de Malpighi.
D'autre part, M. J. W. Scott Macfie (128) a récolté, en avril 1916,
à Accra (Cote d'Or), des larves de Siegonujia infectées par un cham-
pignon, formant des masses brunes dans le thorax ou l'abdomen
et qui a été identifié comme une espèce do Fusarium.
Une autre infection cryptoganiiquo des larves de Stegomyia
lasciata s'est produite dans un petit récipient où ces larves étaient
élevées. Elles étaient couvertes d'une masse ondulante d'hyphae, ne
pénétrant pas dans le corps, mais contrariant les mouvements et
la mue.
Il s'agissait ici de deux formes de champignons, une espèce de
\'ocardia et une autre forme indéterminée.
Enfin, en ce qui concerne les bacilles, il a été constaté, au cours
de recherches expérimentales faites en 1917 par M. C. Garin (73),
qu'un bacille, le bacille de Loutraz, occasionnait une épidémie
mortelle parmi les larves d'Anophèles maculipennis et d'A. bilur^
catus. La virulence de ce bacille était à son maximum lorsqu'il
venait d'être isolé de larves mortes. Les larves s'infectaient au cours
de la respiration à la surface de l'eau, où le bacille se multipliait.
II reste à vérifier si cet organisme est aussi fatal aux larves
d'Anophèles dans leur milieu naturel que dans des récipients de
laboratoire, et si la contamination artificielle des gîtes à larves
d'Anophèles donnerait des résultats pratiques.
Enfin, nous attirons l'attention sur l'utilité qu'il y aurait à faire,
dans notre Colonie, des recherches sur les ennemis inférieurs
(insectes, crustacés, vers, maladies et parasites) des larves de mous-
tiques.
MODE d'exécution DES MESURES ANTILARVAIRES.
Il est difficile aux particuliers d'entreprendre l'élimination en
grand des larves de moustiques, en vue de débanasser une région
de la fièvre malariale. Les travaux nécessités par le drainage des
terrains marécageux, et l'emploi en grand des substances larvicides
sont, en effet, trop coûteux et trop étendus pour être généralement
à la portée des possibilités individuelles. Les sociétés immobilières,
minières ou de chemins de fer, et surtout les municipalités et
le Gouvernement, seront mieux à même d'exécuter ces mesures
d'intérêt général, nécessitant des dépenses assez élevées et beaucoup
de main-d'œuvre (*).
(•) Les dépenses entraînées par l'exécution parfaite des mesures antilarvaires
dans une localité malariée, comprennent :
1. Les frais d'administration: dépenses des commissaires, appointements et
dépenses de l'inspecteur et de ses délégués ainsi que des commis;
2. Les frais d'inspection : dépenses faites pour la recherche des réservoirs de
développement des larves, comprenant, durant la saison de reproduction des mous-
tiques, un examen bimensuel de tout le territoire contaminé.
3. Les frais de destruction des larves, comprenant toutes les dépenses entraînées
par les opérations de drainage, comblement, épandage de pétrole, débroussements
et nettoyages, introduction de poissons, etc., nécessaires pour l'élimination des ré-
servoirs de développement.
188
Mais s'il est difficile à un particulier : rolon ou fermier, d'em-
pêcher les moustiques de se multiplier dans la région qu'il habite,
il peut, tout au moins, veiller à ce que les larves ne se développent
pas chez lui, de même qu'il peut se protéger efficacement, ainsi que
sa famille et ses serviteurs et ouvriers, contre la piqûre des mous-
tiques adultes. Nous avons indiqué précédemment, toutes les mesures
à prendre dans ce but ; les principales sont l'élimination de toutes
les petites agglomérations d'eau artificielles ou naturelles se trouvant
sur sa propriété et le placement d'écrans de toile métallique aux
portes, fenêtres et autres ouvertures des habitations.
L'organisation des efforts individuels, c'est-à-dire la coopération
de tous les propriétaires d'un district où règne le paludisme, peut
également aboutir à des résultats efficaces. Une telle association
pourra, soit prendre l'initiative de certaines mesures générales
d'assainissement, soit amener les services officiels à les entre-
prendre (*) (**). Finalement, là où le problème de la lutte contre
la malaria est une question vitale pour la région, les habitants
indifférents ou négligents, devront être forcés par la loi d'adopter les
précautions indispensables contre la propagation et la piqûre des
moustiques. Si l'on a su prendre, en Afrique du Sud notamment,
des «mesures draconiennes pour protéger le bétail contre certaines
maladies contagieuses transmises par les tiques, à plus forte raison
pourra-t-on prendre de semblables mesures pour protéger les
populations contre la fièvre malariale, transmise par les mous-
tiques (***).
Précautions à prendre ^r^^jg attirons spécialement l'attention sur
contre la malaria lors • . i>- x x x j u •
de la construction des ^'f" point, d importants travaux de chemin
chemins de fer. de fer étant projetés au Congo belge.
Depuis longtemps, il est reconnu que
les travaux publics, et spécialement la construction des chemins
de fer, augmentent les dangers de malaria, en créant des conditions
qui favorisent la multiplication des moustiques Anophèles.
(*) Dans le district de Los Molinos, en C-alifornie, la lutte contre les mous-
tiques a été organisée d'une manière originale, par un système de volontariat. Cha-
que travailleur volontaire fournit gratuitement ses services pour un jour et sou-
vent amène avec lui ses attelages. Ainsi, des fondrières ont été drainées, des dé-
pressions comblées ©t du pétrole a été répandu sur les mares d'eau stagnante.
(**) Pour la constitution et l'organisation d'associations anti-malariales, on
pourra consulter avec fruit la petite brochure publiée par l'Association antimala-
riale de l'Afrique du Sud et intitulée : Hnw to form and carry on local Anti-Mala-
rial Associations (Publ. n" 7, P. O. Box. 2879, Johannesburg, Afrique du Sud (222).
Cette brochure a été publiée en anglais et en néerlandais.
(***) M. le Dr .T. Rodhain (170), dans ses observations médicales recueillies parmi
les troupes coloniales belges pendant leur campagne en Afrique orientale (1914-1917),
parues dams le Bull, de la Soc. de Path. exot. de Paris de mars 1919, dit que la
malaria fut la cause d'un fort pourcentage de mortalité parmi 'es indigènes.
Les territoires du Ruanda-Urundi consistent princpalement en pâturages élevés,
montagneux, habités par des indigènes habitués à un climat relativement froid, où
la malaria est rare ou absente et qui savent par expérience que lorsqu'ils descendent
dans les plaines, ils en reviennent avec une fièvre tenace, qu'ils redoutent. Durant
la campagne de 1917, un certain nombre de ces indigènes furent employés comme
porteurs par les troupes belges ; mais oe système dut rapidement être abandonné, par
suite de la proportion élevée de décès et de cas de maladie causés par une malaria
de la forme tertiaire maligne.
189
M. R. C. Déiivaux (49) a étudié ce problème dans les U. S. Public
Ueallh Reports, n° 31, du 2 août 1918.
Parmi les conditions favorables à la propagation des Anophèles,
il faut citer : le creusement d'excavations non drainées, à proximité
des chantiers ou des localités densément peuplées ; la création de
fossés latéraux sans écoulement suffisant ; la construction de conduits
voûtés et de travaux en maçonnerie contrariant l'écoulement naturel
des eaux ; l'installation de réservoirs et tanks non étanches. mal
protégés contre l'accès des moustiques ou sans dispositif pour l'élimi-
nation du trop plein ; l'établissement de quais où stagnent les eaux
de pluie faute de pente, etc., etc.
La construction des voies ferrées amène aussi la dissémine li un
de la malaria par les déplacements d'équipes d'ouvriers fortement
infectés, qui sont transportés d'un endroit à l'autre et logés dans
des wagons où aucune disposition n'a été prise pour empêcher l'accès
des moustiques.
Pour résoudre ce grave problème, il faut modifier radicalement
les conditions existantes et prendre toutes les mesures nécessaires
pour que les nouveaux travaux soient exécutés de façon à cviler
la propagation de la malaria. Les dispositions à prendre de ce chef
relèvent les unes de la compétence de l'ingénieur, les autres de celle
du médecin ou de l'hygiéniste.
Dans le premier groupe sont compris : le drainage ou le comble-
ment des excavations et des terrains en contre-bas, partout où
la chose est praticable ; l'assèchement des quais, etc. ; le remjdace-
ment et la mise à niveau des conduits voûtés traversant les ren. biais
là où ces conduits ont été mal établis ; le curage et le nettoyage
régulier des fossés latéraux (enlèvement des mauvaises herbes et autres
obstructions) ; l'épandage de pétrole sur les flaques et pièces d'eau
qu'il n'est pas possible d'éliminer, surtout dans les agglomérations
et au voisinage de celles-ci, etc.
Les mesures sanitaires comprennent : l'organisation d'une cam-
pagne intensive de lutte contre les moustiques dans toutes les loca-
lités avoisinant la voie ferrée ; le traitement soigné et compl t de
tous les cas de malaria, de façon à prévenir le développemoit de .
fièvres malariales chroniques et à empêcher les rechutes ; la confection
des statistiques indispensables à l'établissement de mesures prophy-
lactiques efficaces ; l'éducation systématique du public ; la préveiition
de la malaria chez les équipes mobiles d'ouvriers par l'enploi
d'écrans de toik métallique protégeant les ouvertures des slee; ing-
cars et par l'utilisation préventive de la quinine ; la guérison - om-
plète des ouvriers avant leur renvoi à l'équipe ; la surveillance s 'vère
des ateliers mécaniques, de ceux de réparation et de constructio.'i du
matériel roulant, en vue d'éviter la multiplication des moustiques, etc.
L'emploi de semblables mesures sur la « Saint Louis and S )uth
Western Railroad », aux Etats-Unis, en 1917, a réduit les cas de
malaria de 59.4 pour cent.
190
Législations anti- En Italie, le Ministre de la Marine
malariales. g ^jj^^j^^ 1^ 21 février 1918, une série
de mesures prises dans le but d'intensifier la prophylaxie antimala-
riale sur le front de mer (220).
Des agents sanitaires spéciaux ont été nommés dans les secteurs
maritimes de Venise, Tarente et Valona. Leur mission comprenait l'in-
spection de travaux d'irrigation et l'établissement d'horaires de travail
permettant aux ouvriers de retourner dans les localités salubres avant
le coucher du soleil ; le curage et le nettoyage des canaux d'irrigation
existants, au printemps et en automne ; la recherche des lieux
de développement des larves à' Anophèles ; l'organisation d'épandages
réguliers de pétrole tous les quinze jours ; le placement de couvercles
sur les puits et citernes ; l'inscription des personnes souffrant de
la malaria ou en ayant souffert au cours des douze mois précédents ;
la prophylaxie à la quinine et autres mesures personnelles et l'exé-
cution de tous les petits travaux jugés nécessaires pour protéger
les postes militaires contre la malaria.
Ajoutons qu'il existe en Italie, en Grèce et en Roumanie, une légis-
lation antimalariale spéciale. D'après M. W. Mollow (150), une loi
semblable a été votée, en 1919, en Bulgarie.
CHAPITRE IV.
QUELQUES RÉSULTATS DES MESURES PRISES
CONTRE LES MOUSTIQUES.
Les premiers essais de lutte contre les moustiques, en vue de com-
battre la malaria et la fièvre jaune, furent entrepris au début du présent
siècle, à Cuba, par M. le Colonel Gorgas, et dans les colonies britanni-
ques de l'Est, par Sir Ronald Ross,
Les connaissances sur la biologie des moustiques étaient alors moins
complètes et moins précises qu'elles ne le sont actuellement. Les
moyens de destruction des adultes et des larves, aujourd'hui en usage
dans beaucoup de contrées, étaient alors à l'étude et leur mise en
pratique chaque jour perfectionnée, suscita bien des difficultés.
Néanmoins, les résultats dépassèrent toutes les espérances.
La campagne contre les La campagne entreprise à Cuba, par le
moustiques à La Ha= Colonel Gorgas et ses collaborateurs, fut
double. Une partie des efforts fut dirigée
vers la destruction du moustique de la fièvre jaune, et l'autre, vers
celle des Anophèles, propagateurs de la malaria.
La campagne contre la fièvre jaune débuta à La Havane, en février
1901. Les deux principales mesures prises furent la suppression de
tous les lieux de développement des larves, à l'intérieur des habitations
et dans leurs dépendances, et la destruction des moustiques adultes,
par des fumigations à la poudre de pyrèthre.
Pour l'élimination des réceptacles à larves, la ville fut divisée en
trente districts, surveillés chacun par un inspecteur assisté de deux
aides. La première inspection aboutit à la découverte de 26,000 réci-
pients à eau, servant de lieu de développement aux larves de mousti-
ques et notamment de Slegomrjia : leur suppression amena bien vite
une diminution correspondante du nombre des moustiques adultes
dans les maisons.
Les fumigations furent faites, sur une grande échelle, dans toutes
les habitations contaminées ou susceptibles de l'être et dans les hôpi-
taux. L'expérience démontra que pour une chambre bien calfeutrée,
la dose de poudre de pyrèthre à employer, était dd'une livre par mille
pieds cubes (25 mètres cubes), avec une durée d'action de trois heures.
192
Quant à la campagne antimalariale, elle nécessita l'adoption des
mesures suivantes, dont la mise en pratique débuta également au com-
mencement de 1901.
En premier lieu, une inspection générale fut faite, afin de rechercher
les principaux réceptacles à larves d'Anophèles, intéressant La Havane
et ses faubourgs. Les plus importantes de ces masses d'eau furent
d'abord traitées au pétrole, mais on s'aperçut bien vite, que cette opé-
ration était coûteuse et qu'il y avait mieux à faire. La plupart de ces
réservoirs furent alors drainés ou comblés, ce qui permit d'augmenter,
petit à petit, la superficie sous contrôle. D'autre part, des mesures
moins importantes furent également prises, notamment la recherche
des mares cachées, l'interdiction d'utiliser durant les pluies, certaines
parties de pâturages, afin d'éviter la formation d'empreintes par les
sabots des animaux domestiques, le nettoyage de la végétation le long
des rives des cours d'eau et des étangs, l'enlèvement des plantes aqua-
tiques, l'introduction de petits poissons, etc.
Résultats des deux cam= Les résultats furent rapides et excellents.
pagnes à La Havane. ^n an après le début de la campagne, la
fièvre jaune avait disparu de La Havane.
L'élimination de la malaria fut plus lente, mais les décès dus à cette
maladie ont été réduits dans d'énormes proportions. En effet, il n'y
eut, sur une population de 550,000 havanais, que 444 décès, de 1900
à 1910, alors que, durant les dix années précédentes (1890-1900), le
nombre de décès dus à la malaria s'était élevé à 5,643. En 1912, il
n'y eut en tout, que quatre décès par les fièvres malariales.
Les tableaux ci-dessous nous montrent, d'une façon frappante, les
grands progrès hygiéniques obtenus à La Havane, par la mise en pra-
tique des mesures contre les moustiques.
1. — Décès dus à la fièvre imnic.à La Havane (Cuba), de 1890 à 1902.
Années
Nombre, de décès
Années
Nombre de décès
Années
Nombre de décès
1890
308
1894
382
1898
139
1891
:sf,6
1895
553
1899
103
1892
357
1896
1,282
1900
310
1893
496
1897
858
Début
delà
campagne
!901
1902
18
Néant
Décès dus à la malaria, à La Havane (Cuba), de 1898 à 1912.
Années
Nombre de décès
Années
Nombre de décès
Années
Nombre de décès
1898
1899
1900
1901
1902
1,907
909
325
151
77
1903
1904
19C!5
1906
51
44
•A-î
l'6
23
'S
1910
1911
1912
19
6
15
12
4
193
La campagne contre les
moustiques dans risth=
me de Panama et ses
résultats.
Panama est quelque peu considéré actuel-
lement, comme le « La Mecque » de l'hygié-
niste. C'est dans la zone du canal, en effet,
que les mesures contre la propagation de
la malaria et de la i'iovre jaune ont reçu leur plus large application.
La destruction des moustiques et de leurs larves y a été poursuivie avec
une méthode admirable, et les résultats ont entièrement répondu à
l'attente.
Fig. lOÛ. — Courbe des décès dus à la malaria, dans la région du Canal
do Panama, de 1892 à 1909.
De 1892 à 1896, le taux moyen annuel des décès oscille autour de 200.
En 1897, les travaux du canal sont entamés, le -nombre d'ouvriers aug-
mente et le taux annuel des décès dus à la malaria monte rapidement,
pour atteindre 900, durant les années 1899-1900.
A partir de 1900, les effets des mesures contre les moustiques commen-
cent à se faire sentir et le taux annuel des décès baisse brusquement; il
est bien en-dessous da 100 en 1903 et est réduit à presque rien en 1909.
Il est à noter que les cas de malaria non suivis de décès, proportionnel-
lement beaucoup plus nombreux, suivent la même courbe.
Partout dans la zone, les efforts de l'ingénieur ont été secondés par
ceux de l'hygiéniste et c'est grâce à cette étroite collaboration que le
gigantesque travail de percement de l'isthme a été achevé en un mini-
mum de temps et avec un minimum de pertes de vies humaines.
Deux exemples permettront de se rendre mieux compte de la situation
sanitaire de l'isthme, avant la campagne américaine :
Le premier, cité par M. Malcolm Watson (209), se rapporte au temps
de l'entreprise française : il paraîtrait que. de 1881 à 1889. la morta-
lité due à la fièvre jaune, à la malaria et à d'autres maladies, parmi
les travailleurs employés par les Français, s'est élevée à 22,189, soit
un taux annuel moyen de décès de 240 pour mille.
Le deuxième est plus ré; ent : 1906. Cette année, il y eut parmi les
253 soldats américains stationnant à Camp EUiot. 796 cas de malaria,
soit un (aux cradmi^^sion aux hôpitaux de 3.315 pour mille. De même,
parmi les 450 hommes stationnés à Mount Hope et prenant une dose
de quinine par jour, il y eut 100 pour cent de cas de malaria.
194
C'est en 1904 que le « Depaiiment of Sanitation » de la zone de
Panama, commença ses travaux. Ce Département avait à sa tête le
colonel (actuellement médecin-général) Gorgas, et était divisé en trois
sous-départements, ayant respectivement comme chefs : M. Le Prince
(travaux préventifs), le colonel Mason (hôpitaux et dispensaires), et
le Dr Darling (travaux scienlifiques). L'œuvre accomplie de 1904 à
1914, par ces techniciens et leurs dévoués collaborateurs, mérite tous
les éloges. Elle servira de modèle à toutes les entreprises d'assainisse-
ment à effectuer sous les tropiques. Les difficultés suscitées par la
topographie, les conditions climatériques, les changements constants
dus aux travaux de terrassement, le caractère de la population et
ses déplacements, ainsi que par les conditions sociales des travailleurs,
contribuèrent à rendre la tâche très ardue.
Nous avons, en maints endroits, dans le chapitre précédent, exposé
quelles ont été les méthodes adoptées dans la zone du canal, pour
détruire les moustiques. Contre le Stegomijia de la fièvre jaune, ce
furent la suppression des réceptacles artificiels à l'intérieur des habi-
tations et les fumigations. Contre les Anophèles, la protection des
maisons et autres locaux par des écrans de toile métallique ; la capture
des moustiques adultes ; la suppression des agglomérations naturelles
d'eau, par nivellement et surtout par drainage à fossés ouverts, souvent
renforcés par un bétonnage ; le curage et la régularisation d'écoule-
ment des rivières, ruisseaux, fossés et rigoles ; le traitement des pièces
d'eau par aspersion à l'huile lourde de pétrole et l'emploi de distribu-
teurs de pétrole automatiques, empêchant la propagation des larves
dans les eaux courantes ; l'utilisation d'un larvicide concentré, effi-
cace, là où le pétrole était sans effet, etc., etc.
Z600
Fig. 101. — Courbe des décès dus à la malaria, à Ismaïlia (Canal de
Suez), de- 1891 à 1909.
De 1891 ù 1902, le taux des décès varie, mais il est toujours très élevé.
A partir de 1903, on commence à appliquer les mesures antimalariales;
la chute de la courb'^ est frappante.
En 1906, il n'y a plus de décès dus à la malaria.
195
Nous n'avons plus h revenir sur ce sujet ; le lecteur trouvera dans
l'ouvrage de M.VI. J.-A. Le Prince et A.-J. Orenstein (117) ; « Mosquito
Control in Panama, » que nous avons si souvent signalé, tous les ren-
seignements utiles.
Voyons maintenant les résultats. Les tableaux suivants, relatifs à
la malaria, seront plus instructifs à ce sujet, que de longues considé-
rations.
Le premier tableau, nous donne le taux général de la mortalité parmi
les ouvriers du canal, de 1904 à 1913. Il nous montre que, malgré
l'augmentation constante du nombre dos travailleurs, le taux des décès
n'a cessé de diminuer.
Années
Nombre
d'ouvriers
Décès
Taux des
décès pour
1000
Années
Nombre
d'ouvriers
Décès
Taux des
décès pour
1904
1905
1906
1907
1908
6,213
16,512
26,547
39,238
43,891
82
427
1,105
1,131
571
13.26
25.86
41.73
28.74
13.01
1909
1910
1911
1912
1913
47,167
50,802
48,876
50,893
56,654
502
."^58
539
467
473
10.64
10.98
11.02
9.18
8.85
Le deuxième tableau, nous montre la baisse qui s'est produite dans
le taux annuel des décès dus à la malaria, de 1907 à 1912, parmi^ les
travailleurs de la commission du canal, divisés en ouvriers américains,
autres ouvrier? blancs et ouvriers de couleur.
Taux annuel pour mille des décès dus à la Malaria.
Années
Ouvriers et employés
américains
Autres ouvriers
blancs
Ouvriers de couleur
1906
1907
1908
1909
1910
œ
106
1,10
0,17
0,00
0,66
032
4,68
5,20
3,84
2,16
3,53
1,41
7,80
415
0,98
0,73
0,93
0,57
0,23
Le troisième tableau, donne le nombre d'admissions dans les hôpi-
taux pour cause de malaria, le chiffre total de la main-d'œuvre et le
taux d'admission pour mille ouvriers.
Années
Nombre de cas
de Malaria
Main-d'œuvre
Taux d'admission
par mille
1906
21.739
26,705
821
1907
16.753
39,313
424
1908
12.372
43,890
282
1909
10.169
47,167
215
1910
9.487
.50,802
187
1911
8.987
48,876
184
1912
5.623
50,893
110
1913
4.284
56,654
76
19G
Enfin, le quatrième tableau, nous montre, pour l'ensemble des tra-
vailleurs, le taux mensuel des admissions aux hôpitaux, occasionnées
par la malaria.
Pourcentage mensuel moyen des cas de
Malaria parmi les travailleurs
Pourcentagre mensuel moyen des cas de
Malaria parmi les travailleurs
1906
1907
19C8
1900
6.8:5 pour cent.
3.61
2.36
l.Sl
1910
1911
1912
1913
1.55 pour cent.
1.54
0.92
0.64
Si la malaria n'a pas été complètement extirpée de la zone du canal,
elle a, en tout cas, été réduite dans de très fortes proportions. C'est là
un progrès hygiénique incontestable (*).
Quant à la fièvre jaune, le résultat a encore été plus complet. Depuis
la dernière épidémie, qui s'est produite en 1904-05 et qui a occasionné
84 décès pour 246 cas, cette maladie n'a plus fait d'apparition dans
la zone de Panama.
(*) IJn autre exemple de suppression de la malaria, est celui d'Ismaïlia, sur le
canal de Suez. Le nombre de cas de malaria s'y élevait, en 1891, à 2,590 ; en 1897, à
2,089 ; en 1898, à 1,545 ; en 1899, à 1,545 ; en 190O, à 2,284 ; en 1901, à 1,990 et en 1902, à
1,561. Cette année 1902, la campagne contre la malaria fut entamée, et en 1903, le
nombre de cas était tombé à 214. En 1904, il n'était plus que de 90 et de 37 en 1905.
L-'année suivante, la maladie était complètement vaincue et n'a plus reparu depuis.
(Voir le diagramme, fig, lOl.J
CHAPITRE V.
MÉTHODES DE RÉCOLTE, DE CONSERVATION
ET D'ÉTUDE DES MOUSTIQUES
Les recherches scientifiques sur les moustiques, qui ont été faites
jusqu'à présent dans notre Colonie, sont peu nombreuses. Rares sont
les personnes qui ont récolté des spécimens de ces insectes, et le nom-
bre de déterminations effectué est, par conséquent, très restreint pour
l'étendue du territoire. Il est donc probable que beaucoup d'espèces
congolaises, ne sont pas encore cataloguées.
Nous ne voulons pas dire par là, que, pour réussir au Congo belge
une campagne contre les moustiques, il est indispensable de déterminer,
au préalable, toutes les espèces qui attaquent l'homme et de connaître
quelles sont celles qui sont susceptibles de transmettre des maladies.
Nous savons déjà, qu'en pratique, le moyen le plus simple de lutte
consiste à éviter la piqûre de tous les moustiques et à détruire indis-
tinctement tous les insectes adultes qui hantent les habitations et toutes
les larves qui pullulent dans les agglomérations d'eau, se trouvant dans
un certain rayon autour de celles-ci.
Néanmoins lorsque, dans une région donnée, on entamera la lutte
contre les moustiques pathogènes, on évitera beaucoup d'hésitations
dans le choix des mesures les plus efficaces, en étant fixé, autant que
possible, sur les points suivants, qui demandent des recherches scien-
tifiques :
1.) — Quelles sont les espèces de moustiques adultes qui hantent les
habitations ? Présence des Anophèles et du Stegoniyia ?
2.) Parmi les espèces d'Anophèles qui hantent les habitations,
y en a-t-il qui sont susceptibles de transmettre la malaria ?
3.) — Quel est le pourcentage d'Anophelrs malariens infectés?
4.) — A quelles espèces appartiennent les larves de moustiques qui
se développent : a) dans les petits réservoirs artificiels existant dans
les habitations et au voisinage immédiat de celles-ci ; b) dans
les agglomérations naturelles d'eau, se trouvant dans un rayon de
moins d'un mille des localités infectées ?
L'identification des moustiques est un travail à réserver aux spécia-
listes. Comme ceux-ci résident en Europe, il faudra donc recueillir sur
place, des spécimens de moustiques, en nombre suffisant, .et leur en
faire l'expédition, accompagnés de tous les renseignements complé-
mentaires nécessaires. Pour les larves et pupes, la meilleure méthode
consiste à les élever et à recueillir les individus parfaits qui en pro-
viennent, ainsi que les peaux de mue. Ces spécimens seront également
expédiés en Europe, pour détermination.
198
Nous donnons, ci-dessous, certaines indications pratiques pour la
récolte, la conservation et l'expédition des spécimens d'individus par-
faits, larves et pupes de moustiques. Nous y joignons quelques notes
sur la détermination de l'infection des moustiques Anophèles et l'éle-
vage des moustiques au laboratoire.
A. — RECOLTE, CONSERVATION ET EXPEDITION
DES SPÉCIMENS DE MOUSTIQUES (*).
Objets nécessaires. Les objets nécessaires pour la récolte, la
conservation et l'expédition des moustiques
sont les mêmes que ceux employés pour tous les diptères. Ils compor-
tent des filets et autres appareils de capture, des boîtes à pilules à fond
de verre, des tubes à essai, un flacon à cyanure, quelques pinceaux
en poils de chameau (n°^ 1 et 2), des pinces droites et incurvées, des
aiguilles emmanchées, une bonne loupe de poche, des épingles ento-
mologiques et du liège.
Le lilet de chasse sera acheté ou, à défaut, pourra être confectionné
d'une des manières suivantes :
a) Courbez en cercle un solide morceau de fil métallique (du fil télé-
graphique par exemple) et introduisez les deux extrémités dans un
bâton. Le cercle aura environ 50 cm. de diamètre. Attachez au fil
métallique une poche en mousseline, ayant environ 60 cm de longueur
et se terminant brusquement au sommet ; la couture sera laissée du
côté extérieur, de façon à ne pas ménager intérieurement une retraite
dans l'ourlet pour les moustiques ;
b) Procurez-vous un tube en forme d'Y, dont les deux branches obli-
ques ont un trou d'un calibre plus étroit que celui de la branche prin-
cipale et tordez ces branches à angle droit. Passez un jonc ordinaire
dans les branches obliques et un bâton solide dans la branche princi-
pale pour servir de manche. Le jonc est ensuite courbé en cercle auquel
on attachera la poche comme indiqué précédemment, la base de celle-ci
formant ourlet, au travers duquel le jonc sera passé. Ce dernier
modèle constitue un filet portatif, solide et peu coûteux.
La poche sera en gaze verte, en mousseline ou en tulle. La gaze
verte devra être bien trempée dans l'eau avant usage, afin d'enlever
l'empois d'amidon, dont la raideur abîme les moustiques à organes
délicats. Le tulle est plus solide et plus souple, mais plus coûteux.
Pour parer aux accidents, l'on emportera une poche de rechange.
Le filet de pêche sera léger et à mailles très serrées. Il pourra être
remplacé par une louche ou un autre récipient en émail blanc.
Les boîtes à pilules à fond de verre sont indispensables pour rap-
porter en vie des insectes aussi fragiles que les moustiques. Les meil-
leures dimensions varient entre 2.5 et 5 cm. de diamètre. Avant de
s'en servir, on percera dans le couvercle, un petit trou, à l'aide d'une
(*) Nous avons consulté, pour la rédaction de ce chapitre : 1° Handbook of In-
structions for Collectors, British Muséum (Natural History), p. 81 et sniv. : « How to
collect Mosquitoes ? » ; Instructions to Collectors. — Entomological Research Com-
mittee (Tropical Africa). — Impérial Bureau of Entomology, London, 1911.
199
forte épingle. Dans les conlrées tropicales, il est à conseiller de revêtir
entièrement ces boîtes en carton, avec de la percale, afin d'éviter
qu'elles ne soient détériorées par les pluies.
Les tubes à essai serviront au transport des larves et pupes récoltées.
Ils serviront aussi à la conservation de celles-ci. dans l'alcool ou le
formol. Dans ce cas, les bouchons seront de bonne qualité et recouverts
de cire, pour empêcher l'évaporation du liquide conservateur.
Le llacon à cyanure sera, soit acheté, soit préparé sur place. Voici
une bonne méthode de préparation, recommandée par VEnlomological
Research Committee (Tropical Alrica). Dans un flacon à large goulot,
on verse une couche de plâtre de Paris, d'une épaisseur variant de
6.5 à 12.5 mm. Celle-ci est recouverte de petits morceaux de cyanure
de potassium, sur lesquels on verse une nouvelle couche de 6.5 mm.
de plâtre sec ; le tout est ensuite recouvert d'une dernière couche de
plâtre humide, ayant une consistance pâteuse. Comme la combinaison
chimique du plâtre avec l'eau dégage de la chaleur, on chauffera le
flacon en le plongeant dans l'eau chaude, avant de verser la dernière
couche de plâtre ; sans cette précaution, le verre pourrait se fendre.
Les précautions suivantes sont à prendre en utilisant un flacon â
cyanure :
1). — Dans les contrées humides, ajouter une bonne quantité de
papier absorbant, légèrement froissé (papier de journaux ou papier
buvard mince). Ce papier prend l'humidité exsudée par la surface plâ-
trée et empêche les insectes de s'abîmer par les chocs ;
2). — Le bouchon sera bien rodé et ne sera enlevé qu'au moment de
l'introduction ou de l'enlèvement des insectes ;
5). — Dans les localités sèches, la force du flacon s'affaiblit souvent.
Il faudra alors, pour lui rendre son efficacité, gratter légèrement la
surface, ou y verser quelques gouttes de vinaigre ou d'eau gazeuse ;
4). — Les insectes devront être enlevés du flacon à cyanure aussitôt
après leur mort (d'habitude au bout de cinq minutes).
Comme les moustiques sont des insectes très délicats, il n'est pas
à conseiller de les introduire en cours de route, dans le flacon à
cyanure ; il est préférable de les rapporter en vie dans les boîtes à
pilules et de les tuer au laboratoire, dans un grand bocal à cyanure,
préparé de la façon indiquée plus haut.
Les pinceaux en poils de chameau serviront à manier les petits spé-
cimens ; les pinces incurvées sont destinées à tenir les épingles ; les
pinces droites et les aiguilles emmanchées servent à disposer convena-
blement les pattes et les ailes des exemplaires piqués.
La loupe de poche aura un grossissement de dix à quinze diamètres ;
des loupes plus fortes sont rarement utiles. Les épingles recomman-
dées par le British Muséum sont du n° 20 ; elles sont courtes et très
fines. Une ou deux pièces de liège ou de moelle, d'environ 10 x 10 cm.,
sont également nécessaires, pour effectuer les opérations de piquage.
Si l'on emploie, pour conserver les spécimens piqués, les boîtes' en
bois du commerce, celles-ci recevront une bonne couche de peinture-
émail ou de vernis. Cette précaution est nécessaire, en saison sèche,
sous les tropiques, pour éviter qu'elles ne se fendent ou ne se déjettent.
Trur l'expédition par la poste, on pourra utiliser des boîtes à cigares
vides, garnies au fond de feuilles de liège et renforcées, intérieure-
200
meut, par de petits morceaux de bois cloués dans les coins et destinés
à supporter les extrémités du couvercle. De même, des bandes trans-
versales de toile seront fixées, à l'aide de petits clous, au fond et au
couvercle de la boîte.
Capture des spécimens de Dans la récolte des moustiques adultes,
moustiques. ^^^ ^.^^^ ^^ j^ détermination des espèces, la
capture et la manipulation des spécimens
devront se faire avec beaucoup de soins. Comme des caractères spéci-
fiques importants sont fournis par les écailles, les pattes et les
ailes, celles-ci ne pourront être ni arrachées ni abîmées. Les mousti-
ques peuvent être capturés à l'intérieur des habitations ou au dehors.
Certaines espèces de moustiques seront recueillies durant le jour,
dans les bois ombreux ou les forêts ; d'autres préfèrent les terrains
découverts, marécageux, où on les rencontre en grand nombre, aussi-
tôt après le coucher du soleil. Pour la capture au dehors, on se servira
du filet à poche de gaze et on transférera les spécimens capturés dans
les boîtes à pilules, en prenant grand soin de ne pas leur arracher
les pattes ; on ne pourra introduire qu'un seul spécimen vivant dans
chaque boîte.
Dans les maisons, les moustiques Anophèles passent le jour au
repos, dans les coins sombres. Au crépuscule, la plupart des mousti-
ques volent vers les fenêtres, où il est aisé de les prendre un à un, soit
à l'aide de petits pièges à main, tels que celui de M. Griffitts, décrit
précédemment, soit à l'aide d'une boîte à pilules, au fond de laquelle
on fixe fermement une petite bande de papier buvard. Sur cette bande,
on verse une goutte ou deux de chloroforme ou d'ammoniaque. La
boîte est ensuite placée sur un moustique au repos sur la fenêtre ; en
quelques secondes, l'insecte est anesthésié, et peut être transféré dans
le flacon à cyanure, où il est tué. La boîte sera alors placée sur un
a'utre moustique, et ainsi de suite. De cette façon, en peu de temps,
l'on pourra recueillir une bonne série do spécimens.
Les moustiques se réunissent souvent, durant le jour, sous le
chaume, à l'intérieur des huttes indigènes, et on peut les y capturer
en quelques coups de filet. L'attention sera également attirée sur les
espèces de moustiques qui piquent les animaux domestiques.
Comment tuer les mous= Les moustiques rapportés en vie, dans
tiques capturés? ^^ j^^j^gg ^ pilules, seront tués dans le fla-
con à cyanure. A cette fin, on introduira
dans un grand flacon à cyanure, la boîte, dont le couvercle aura été
quelque peu soulevé, de façon à laisser une ouverture de quelques mil-
limètres. Le flacon à cyanure sera ensuite bouché, et l'insecte ne sera
laissé en contact avec les vapeurs toxiques que pendant le temps
strictement suffisant pour le tuer (cinq minutes environ). Dès que le
spécimen est mort, on le déposera avec précaution sur une feuille de
liège ou de moelle et on le touchera aussi peu que possible, les mani-
pulations nécessaires pour arranger les ailes et les pattes étant faites
avec une aiguille emmanchée. Les moustiques tués dans les boîtes à
pilules pourront y être laissés jusqu'au moment du piquage.
201
Modes de conservation Les moustiques seront, de préférence,
Nombrrde''s"p1cime7s l^.'^V''^'' \^^'l'^ ''î' ^' conservation dans
requis. I alcool ou le tormol ne convient pas pour
les spécimens à identifier ; elle n'est néces-
saire que pour les insectes destinés aux dissections anatomiques.
Lorsqu'on récolte des spécimens d'une espèce de moustiques, on
prendra, si possible, une demi-douzaine au moins d'exemplaires de
chaque sexe, pour être piqués.
Les moustiques devront êtiv traités aussitôt que possible après leur
mort, car ils deviennent rapidement secs et raides et, dans cet état,
ils se brisent, au moindre allourhemcnt. et leur expédition est impos-
sible.
Les spécimens conservés à l'état sec peuvent être envoyés en Europe,
piqués ou non piqués. Voyons d'abord comment il faut piquer les
moustiques.
Comment faut=il piquer Les moustiques peuvent être piqués dans
les moustiques? ^^.^■^^ positions, de façon à montrer : 1)— la
face dorsale ; 2) — la face ventrale, et
5) — une face latérale. Si l'on dispose d'un bon nombre de spécimens,
on en piquera environ la moitié, sur le côté du thorax, de façon à faire
voir une des faces latérales de l'insecte,
La méthode la plus usitée, jusqu'à présent, consistait à piquer les
spécimens de moustiques, à l'aide d'épingles fines, sur de petits dis-
ques en carton, supportés eux-mêmes par des épingles plus grosses.
Ce procédé n'est cependant pas à conseiller, car, lorsque des si)éci-
mens ainsi piqués sont placés dans une boîte, les disques pivotent sur
leur support et abîment les exemplaires voisins.
11 faudra donc piquer les moustiques de la manière ordinaire, en
poussant la pointe de l'épingle fine au milieu du thorax, du côté dorsal.
L'insecte sera glissé aux deux tiers de la hauteur de l'épingle, de façon
à ménager, en dessous, une prise facile aux pinces recourbées.
On disposera ensuite, aussi bien que possible, les pattes et les ailes.
Les ailes devront former un certain angle avec le corps, au lieu de res-
ter fermées, et les pattes devront être placées symétriquement. Cette
opération sera faite aussi délicatement que possible, à l'aide d'une
aiguille emmanchée, et on prendra bien soin de ne pas arracher les
poils et Ifs écailles. Comme les tissus se contractent par le séchage, il
faudra vérifier une ou deux fois, au cours des jours suivants, les spé-
cimens récemment piqués, et remettre en place les pattes ou ailes qui
se sont déplacées.
Pour piquer les spécimens devant montrer la face ventrale ou une
face latérale, on procédera de la même façon que pour la face dorsaele.
Les ailes et les pattes devront toujours être disposées d'une manière
symétrique.
Les annotations seront inscrites sur une petite étiquette accompa-
gnant le spécimen. Si ces annotations sont semblables pour un certain
nombre de spécimens, il suffira de les indiquer pour deux ou trois et
d'attacher aux autres une petite étiquette portant le même numéro
d'ordre. Un moyen plus simple encore consistera à dessiner au crayon,
sur le fond de la boîte contenant les spécimens piqués, une ligne circu-
laire, qui englobe tout le groupe.
12
202
Conservation à l'état sec Lorsqu'on voyage rapidement, on peut
sans piquage. conserver les spécimens de moustiques sans
les piquer, dans des boîtes à pilules ou des
boîtes à allumettes. Suivant les dimensions de la boîte, on placera, au
fond, un ou plusieurs spécimens, entortillés chacun dans du papier à
cigarettes ou du papier de soie. On étendra ensuite au-dessus d'eux,
un morceau de papier de soie, qui donnera une pression suffisante pour
empêcher les heurts, tout en n'écrasant pas les spécimens.
On peut également se servir d'ouate pour l'emballage, en l'utilisant
de la manière suivante. On prend une petite quantité d'ouate, qu'on
étire jusqu'à en former un léger flocon, qu'on place dans la boîte à
pilules, de façon à la remphr aux deux tiers. On dispose les moustiques
sur ce matelas, en ayant soin de les distribuer très également et de ne
pas les serrer trop les uns contre les autres. On étend ensuite une nou-
velle couche très mince d'ouate étirée, sur les insectes, mais sans exer-
cer aucune pression. Il faut strictement éviter de comprimer les spé-
cimens et d'employer de l'ouate non étirée. Les spécimens secs et rigi-
des ne peuvent jamais être emballés de cette façon.
Pour prévenir l'invasion des moisissures et les attaques des insectes,
il faudra verser une ou deux gouttes d'acide phénique ou de créosote
sur le côté interne du couvercle de la boîte. Il faut éviter d'employer
trop de créosote, car il en résulterait une décoloration permanente des
spécimens.
On ne mettra évidemment dans une boîte, que des spécimens appar-
tenant à une même espècie, et toutes les données intéressantes (date et
lieu de récolte, etc.) seront inscrites, soit à l'extérieur de la boîte, soit
sur une étiquette placée à l'intérieur ou collée sur le couvercle.
On peut également se servir, pour emballer les spécimens non
piqués, d'enveloppes de papier souple.
Attaque des spécimens Dans les contrées tropicales, les spéci-
par les insectes et les j^Qjig, d'insectes piqués sont rapidement at-
taqués, au cours de la saison humide, par
les moisissures. Comme les insectes moisis sont pratiquement sans
valeur pour l'étude scientifique, les collections devront être expédiées
le plus vite possible en Europe.
Pour combattre les moisissures, les mites et insectes, les boîtes de
spécimens piqués pourront être frottées intérieurement avec un mor-
ceau d'épongé ou un tampon d'ouate imbibé de créosote ou d'un
mélange composé en parties égales de créosote et d'une solution satu-
rée de naphtaline dans du chloroforme.
Si l'on ne dispose pas de ces produits, ou bien comme précaution
supplémentaire, on pourra fondre, dans une cuiller en fer ou dans un
tube à essai, une petite quantité de naphtaline, qui sera ensuite versée
dans un coin de la boîte, où elle adhérera fermement. La naphtaline
et le camphre peuvent également être utilisés en morceaux, qui seront
maintenus fixement, mais il vaut mieux de mettre de la naphtaline
dans un petit sac- de mousseline, qui sera attaché très solidement dans
un coin de la boîte, pour éviter des déplacements dont le résultat serait
désastreux.
203
Dans le cas de boîtes contenant des insectes non piqués, entourés de
papier, d'ouate, etc., la naphtaline peut également être utilisée comme
agent de préservation. Quelques gouttes de créosote ou d'acide phénique
seront versées sur le fond de la boîte avant la mise en place des spéci-
mens et quelques gouttes également à l'intérieur du couvercle, lorsque
la boîte est remplie. Le créosote ne peut jamais être en contact direct
avec les insectes, car il peut les décolorer d'une manière permanente.
Sous les tropiques, les fourmis peuvent également attaquer les collec-
tions d'insectes non surveillées. Elles ne pénètrent pas dans les boîtes
préparées de la façon indiquée plus haut (créosote et naphtaline), mais
il est à conseiller cependant d'isoler les tables sur lesquelles les spé-
cimens se trouvent, en en plaçant les pieds dans des soucoupes remplies
de pétrole. L'eau ne sera pas employée dans ces soucoupes, car nous
savons qu'elle servirait presqu'invariablement de milieu de développe-
ment aux larves de moustiques. Au Brésil, on protège les boîtes à insec-
tes contre l'invasion des fourmis, en enduisant le pourtour extérieur de
la fente d'ouverture et tout autre endroit possible de pénétration, avec
de l'huile d'Andiroba et en répétant cette opération aussi souvent que
nécessaire.
Un autre bon moyen de défendre les collections contre les fourmis
et autres insectes, dans les contrées tropicales humides, consiste dans
J'emploi d'une cage de séchage, suspendue au plafond de la hutte ou de
la tente. Cette cage peut être facilement confectionnée à l'aide de vieilles
caisses d'emballage et de quelques décimètres carrés de toile métalli-
que à mailles serrées, destinée au fond et au devant de la cage. Les
cordes de suspension devront passer au travers d'une petite calebasse
contenant du pétrole ou mieux encore de la naphtaline, afin d'empê-
cher les fourmis de descendre du plafond et d'atteindre ainsi les collec-
tions. Cette cage devra être facile à démonter et avoir environ 50 cm.
de longueur, 30 cm. de hauteur et 20 cm. de largeur.
Récolte et conservation Les Stades larvaires des moustiques se-
itl.?'pV°'"„ln^l*"!f; ^ont récoltés dans toutes les eaux où ils se
larves et pupes de , , ,
moustiques. développent.
Nous avons donné, au cours des chapitres
précédents, suffisamment de détails sur la diversité des réservoirs natu-
rels ou artificiels choisis par les moustiques pour se développer, pour
qu'il soit inutile de revenir encore sur ce sujet. Répétons seulement
qu'aucune agglomération d'eau, si petite et si cachée soit-elle, ne doit
être négligée.
Les pontes seront recherchées à la surface de l'eau ou immédiatement
au-dessus de celle-ci, sur les parois des récipients. Les larves venant
respirer à la surface et les pupes qui y flottent seront pêchées, à l'aide
d'un filet léger ou d'une louche en émail blanc.
Lorsque les moustiques sont élevés au laboratoire, les peaux de mue
des larves et les enveloppes pupales vides seront toujours soigneuse-
ment récoltées, car elles constituent d'excellents éléments pour la déter-
mination scientifique.
Les larves et pupes récoltées vivantes, seront tuées, puis conservées
dans l'alcool ou le formol. On les tuera en les plongeant pendant quel-
ques instants dans l'eau bouillante, puis en les mettant dans l'alcool
204
faible (deux tiers d'alcool pour un tiers d'eau). Après y avoir séjourné
deux ou trois semaines, jusqu'à ce qu'elles soient complètement laffei-
mies, elles seront ensuite placées dans de l'alcool plus fort.
Si l'on emploie le formol, une solution à 4 p. c. (c.-à-d. une partie de
la solution commerciale ordinaire à 40 p. c, dans neuf parties d'eau)
est suffisamment forte pour tuer et conserver les spécimens.
Les larves et pupes (conservées dans le formol ou dans l'alcool) seront
introduites dans de petits tubes de verre, qui seront ensuite bouchés ;
les bouchons pourront être revêtus de cire, mais cette précaution n'est
pas absolument indispensable ; chaque tube contiendra un morceau de
papier, sur lequel seront écrites au crayon toutes les données utiles :
localité, date, origine (eau douce, saumâtre ou salée), nom du collec-
teur, etc., avec, si possible, un renvoi à des spécimens piqués de l'in-
secte parfait, permettant de faire l'identification. Pour l'expédition en
Europe, les tubes seront emballés dans de l'ouate, dans une petite boîte
métallique.
Il est à peine besoin d'ajouter que chaque espèce sera placée dans
un tube séparé.
Annotation des observa= Qn ne saurait assez insister sur la grande
*'®"^* importance qu'il y a, à joindre aux spéci-
mens récoltés, toutes les indications possi-
bles. Nous avons déjà dit de quelle façon les étiquettes seront jointes
aux insectes piqués, conservés en boîtes ou plongés dans l'alcool.
Rappelons que ces étiquettes doivent porter les mentions suivantes :
1) — Nom de la localité, — Pour les villages indigènes, fermes, etc..
le nom sera accompagné des indications nécessaires pour repérer sur
la carte : orientation, distance approximative d'une ville, rivière ou
montagne bien connue, etc. ;
2) — Altitude ;
3) — Date de la récolte : jour, mois, année ;
4) — Nom du collecteur ;
5) — Toutes brèves indications présentant de l'intérêt, telles que :
« Rare, » « Très abondante dans le district et très importune le soir. »
« N'est abondante que dans les parties marécageuses découvertes, »
« Ne s'éloigne jamais des habitations, » etc.
Lorsqu'il s'agit d'insectes piqués et que les données à inscrire sur
les étiquettes sont identiques pour toute une série de spécimens, il
suffira d'attacher une étiquette complète à un ou deux exemplaires,
les autres portant seulement un numéro d'ordre ou un petit carré
de papier d'une couleur déterminée. Lorsque des moustiques auront
été capturés accouplés, le fait sera soigneusement indiqué et chaque
insecte portera sur son étiquette, la mention respective : A in cop.
avec Ai » — « Ai in cop. avec A. »
Des indications plus longues relatives à la biologie des moustiques
capturés seront toujours très utiles. Elles seront inscrites dans un
carnet spécial, sous un numéro correspondant à celui des spécimens.
Elles porteront notamment sur :
'205
a) — la biologie des mousliques adultes : Distribution et abondance
locales. — FréquoncG dans les habitations et aux environs de celles-ci.
— Moments d'activité et variations saisonnières. — Mœurs alimentai-
res des femelles. — Fréquence des prises de sang. — Mœurs alimen-
taires des mâles. — Portée du vol. — Durée de la vie. — Résistance
au froid, à la chaleur, etc. — Conditions de la copulation. — Mode et
moment de ponte. — Ennemis naturels, etc.
b) — la biologie des stades larvaires : Lieux de développement. —
Œufs et éclosion. — Mœurs et nourriture des larves. — Sortie de
l'imago. — Influence des agents extérieurs, favorables ou défavorables,
sur les œufs, larves et pupes. — Durée du cycle vital. — Ennemis natu-
rels, etc.
Emballage et expédition \ous savons déjà que pour éviter l'enva-
en Europe. hissement par les insectes et moisissures
des collections recueillies dans les pays
chauds, il faut les expédier le plus rapidement possible en Europe.
Pour contenir les spécimens piqués, on se servira d'une boîte entomo-
logique ou, à défaut, de toute autre petite boîte solide, telle qu'une boîte
à cigares, par exemple, préparée pour l'expédition coiiime indiqué page
(199), et dans le fond de laquelle on fixera fermement une feuille de
liège. Pour prévenir Les dégâts par les moisissures et les mites, on
suivra soigneusement les conseils donnés au paragraphe traitant de
l'attaque des collections par ces ennemis. Les plus grandes précautions
devront également être prises pour empêcher que les spécimens ne se
détachent et ne soient cahotés d'un côté à l'autre, pendant le voyage.
Un seul spécimen détaché peut abîmer sans remède tous les autres
spécimens contenus dans la boîte. Les épingles seront donc fixées
aussi fermement que possible dans la feuille de liège. Elles seront
enfoncées de telle façon, que toutes les têtes se trouvent au même
niveau, et sur celles-ci une feuille de itapier sera étendue.
La boîte à insectes piqués, ainsi préparée, sera ensuite bien enve-
loppée dans de l'ouate, des copeaux, de la sciure de bois ou de la
mousse, et placée dans une boite plus grande, bien emballée pour
l'expédition en Europe. S'il s'agit d'insectes conservés à sec, sans
piquage, dans des boîtes à pilules ou des boîtes à allumettes, toutes
ces boîtes seront également placées dans une boîte plus grande et plus
solide et entourées d'ouate ou d'autres matériaux de rembourrage.
Quant aux tubes contenant des larves et pupes conservées dans l'al-
cool, ceux-ci, bien bouchés, seront emballés séparément dans de l'ouate
ou, ce qui est préféralile, dans du cria de cheval ou des copeaux.
B. — RECHERCHE DES MOUSTIQUES ANOPHELES INFECTÉS.
ELEVAGE DES MOUSTIQUES AU LABORATOIRE .
Pour déterminer si des moustiques Anophèles sont infectés par la
malaria, il faut disséquer leurs glandes salivaires et leur estomac.
M. le Prof. .1. W. W. Stephens, M.D., de l'Ecole de Médecine tropicale
de Liverpool (19 i). a publié, il y a quelques années, dans le Builetin
2U6
o| Entomological Research, d'excellentes indications au sujet de cette
dissection (Methods (or detecling Sporozoits and Zygotes in Mosquitoes
infected with Malaria). Nous les reproduisons ci-dessous, dans l'espoir
qu'elles pourront être utiles à ceux de nos lecteurs qui sont déjà quel-
que peu versés dans les recherches parasitologiques.
Capture et traitement a) — Choisir un village ou toute petite
î'^l^f "tVheirTn; agglomération de huttes indigènes, où l'in-
fectés, en vue de la lection malanale a été déterminée chez les
dissection. enfants, soit par l'examen du sang, soit par
la palpation de la rate ;
h) — Les Anophèles adultes, ainsi que les Culicines, sont trouvés
dans Its huttes et maisons, près du foyer, derrière les rideaux, dans
les armoires, derrière les vêtements, dans les vieilles bottes, dans les
tas de décombres : vieilles bouteilles, déchets et ordures de toutes
sortes, ainsi qu'au chaume du toit, où ils sont souvent suspendus par
centaines, à la paille couverte de suie et aux toiles d'araignée. Si l'on
n'en découvre pas, on remuera le chaume avec un bâton, car les Ano-
'pheles y sont parfois profondément cachés. On examinera également
les dépendances, les étables, les tas d'herbes séchées dans les granges,
ainsi que l'extérieur des moustiquaires (tôt le matin) ;
c) — On peut souvent capturer les moustiques Anophèles, par cen-
taines, dans les tuyaux d'écoulement des eaux et sous les ponts et pon-
ceaux ;
d) __ Enfin on peut placer des pièges. Ceux-ci peuvent être faits à
l'aide de grandes boîtes à biscuits vides, garnies intérieurement d'un
feutrage et dont le couvercle est entre-bâillé. Les moustiques y cher-
chent un refuge, au lever du soleil.
Pour prendre un moustique Anophèles, il suffit de placer lentement
sur lui un tube à essai ; on bouche ensuite le goulot, en y glissant un
tampon d'ouate. S'il est nécessaire d'avoir une cinquantaine de spé-
cimens, il vaut mieux, pour gagner du temps, employer une cinquan-
taine de tubes à essai, plutôt que de se servir toujours du même tube,
et de transférer les moustiques, au fur et à mesure de la capture, dans
une bouteille. Si cependant, on ne dispose pas de suffisamment de
tubes à essai, il faudra utiliser la bouteille. Dans ce cas, celle-ci devra
être complètement sèche, car s'il y a la moindre humidité, les mousti-
ques collent au verre par les ailes et meurent bientôt.
Comme on connaît encore d'une manière très peu exacte, quelles
sont véritablement les espèces de moustiques Anophèles qui transmet-
tent la malaria, il est nécessaire d'identifier ou de faire identifier les
spécimens qu'on dissèque. Un examen soigneux, à la loupe, permet-
tra de déterminer, presqu'avec certitude, si tous les Anophèles capturés
sont de la même espèce. On en retiendra une douzaine par exemple,
y compris quelques mâles, pour être examinés par un spécialiste. On
les tuera dans les tubes à essai, en versant une goutte de chlorofornio
sur le tampon d'ouate. On les mettra ensuite dans une boîte à pilules
ou une boîte à allumettes, garnie au fond, d'une couche d'ouate bien
étirée et très légèrement tassée et on les recouvrira d'une autre couche
d'ouate étirée, pour éviter les chocs. Si possible, on versera une goutte
207
de créosote ou de naphtaline fondue, à l'intérieur du couvercle de cha-
que boîte, pour empêcher l'invasion des moisissures. Une étiquette
indiquant où et quand le spécimen a été capturé et le nom de l'expédi-
teur, sera collée à l'extérieur de la boîte, puis celle-ci sera immédiate-
ment expédiée.
Les moustiques Anophèles, capturés en vue de la dissection et tenus
en vie dans les tubes à essai, seront simplement tués par choc, c'est-à-
dire en frappant, avec les tubes qui les contiennent, de petits coups
secs sur le genou. Il est bien entendu que ce procédé ne pourra pas
être employé pour les spécimens destinés à l'identification, car la plu-
part des écailles des ailes sont détachées par les secousses. L'insecte
tué, sera ensuite placé sur une lamelle de verre et le tenant par une
une aile, on arrachera avec une aiguille emmanchée ou des pinces,
l'autre aile et les pattes. Il faudra veiller à ne pas arracher par erreur
la trompe.
Dissection des glandes a) — Placez le moustique apprêté, dans
sahvaires. ^^^^ goutte d'eau salée (1 p. c. de sel), sur
une lamelle de verre, de façon à ce qu'il se
trouve sur le côté droit, la trompe dirigée vers vous (voir fig. 102). Ne
mettez pas trop de solution salée sur la lamelle, car les glandes, lors
de leur extraction, peuvent être
entraînées par l'eau et se per-
dre. Rappelez-vous que ces glan-
des se trouvent juste au point
d'origine de la première paire
de pattes ;
b) — Placez la lamelle sur
un morceau de papier blanc,
car vous disséquez un objet
noir. Prenez dans chaque
main, une aiguille emmanchée
et tenez-les presque horizon-
tales. Placez la pointe de l'ai-
guille gauche sur le thorax pour
le fixer et celle de la droif'^ au
dos de la tête (fig. 102), et exer-
cez avec cette dernière aiguille,
une série de tractions douces, lentes, sur la tête, pendant environ
une demi-minute ;
Cl) — Si cette opération a été faite soigneusement (et toute personne
ayant quelque délicatesse de toucher peut réussir 99 fois sur 100), un
morceau de tissu blanc restera attaché à la tête : celui-ci contient les
glandes ;
d) — Examinez avec une loupe d'un demi pouce, en se rappelant
qu'on doit, pour voir un objet non coloré, fermer presque complète-
ment le diaphragme. Les glandes sont brillantes, ont la forme de doigts
et sont un peu tordues ; elles se projettent à l'extrémité de la tête ; il
se peut qu'on ne voit que leurs bouts au milieu d'un muscle çrris ou
de corps gras (voir fig. 103) ;
Fig. 102. — Diagramme montrant
le mode d'extraction des glandes sa-
livaires d'un moustique. (Dessin de
M. H. F. Carter.)
208
■ e) — Séparation de la tête. — Mettez l'aiguille gauche sur la tête et,
avec la droite, coupez ou arrachez le tissu blanc contenant les glandes
(N. B. — Veillez à ce qu'à ce moment, la solution salée ne soit pas des-
séchée et à ce que les glandes ne collent pas à l'aiguille).
Examen des glandes. a) _ Disséquées de cette façon, les glan-
des sont généralement tout à fait libres, mais même si elles sont
encore attachées à un bout de tissu, il est inutile de les en séparer.
Il n'est pas nécessaire que les six lobes soient présents, la présence
de trois est considérée comme suffisante. Il faudra noter, à l'aide d'un
faible grossissement, la position exacte sur la lamelle (voir fig. 103) ;
b) — Si la solution saline est devenue trouble, on tirera avec précau-
tion les glandes dans une goutte fraîche de solution, placée sur la
lamelle, en se rappelant que dans le champ d'un microscope, la droite
réelle d'un objet devient sa gauche et vice-versa ;
c) — Placez une lamelle couvre-objet sur la préparation ;
d) — Examinez avec un grossissement moyen. Une immersion dans
l'huile n'est pas
nécessaire pour
découvrir les spo-
rozoïtes, car ceux-
ci ont une lon-
gueur égale à en-
viron deux fois le
diamètre d'un glo-
bule rouge ;
Fig. 103. — Aspect des glandes salivaires d'un e) — ■ Dans une
moustique. (Fortement agrandies.) (D'après J. W. ^^Hg préparation
W Stephens.) t - i.
fraîche, on peut
voir les sporozoïtes. par centaines, sous la forme de bâtonnets incurvés,
minces, plutôt brillants (voir fig. 104). Le diaphragme sera convena-
blement réglé.
Coloration des Sporozoïtes.
a) ■ — Enlevez la lamelle couvre-objet ;
Fig. 104.
Stephens.)
Sporozoïtes dans les glandes salivaires (D'après J. W.W.
h) — Séchez aussi rapidcniont que possible (sur une flamme) ;
c) — Fixez dans l'alcool, pendant quelques minutes (cinq suffisent) ;
d) — Colorez au Romanowsky ou au Leishman, etc., dix minutes au
plus. Comparez soigneusement les sporozoïtes des cas de fièvre quarte,
fièvre tierce simple et fièvre tierce maligne. Examinez également, s'il
n'y a pas présence de sporozoïtes mâles, femelles ou non sexués.
Dissection de l'intestin \.-B. — Les moustiques capturés dans
moyen (estomac). j^g huttes, devront être au préalable tenus
en captivité durant deux ou trois jours,
afin de leur permettre de digérer tout le sang absorbé. Sans cette pré-
caution, il est presque impossible de voir les zygotes.
a) — Placez le moustique (soit un nouveau, soit celui dont on a déjà
extrait les glandes salivaires), sur le dos, dans une goutte de solution
saline propre. Entaillez ou déchirez avec une aiguille la paroi chiti-
neuse du corps, de chaque côté, le plus près possible de l'extrémité.
Placez l'aiguille gauche sur le thorax et avec l'aiguille droite sur l'ex-
trémité postérieure, exercez une traction douce, comme précédemment ;
htitJu^Ayti
C|>.Ctl.m
^*>1< llf,lc
Sutlltn.
Fig. 105. — Aspect microscopique de l'intestin moyen (estomac), mon-
trant la structure cellulaire et les zygotes. (D'après J. W.W. Stephens.)
bj — Si cette opération est bien faite, tous les viscères sont extraits,
c.-à-d. : œsophage et jabots, intestin moyen (estomac), tubes de Mal-
pighi (cinq), intestin postérieur, ovaires (deux , etc. Lorsqu'on relâche
la tension, l'intestin moyen prend l'aspect d'un sac, en forme de bou-
teille ; "
c) — Coupez l'intestin moyen, juste en dessous de l'insertion des
tubes de Malpighi. Sectionnez également, l'extrémité supérieure de
l'œsophage, auquel peuvent encore être attachés les jabots ou divi-r-
ticula, reconnaissables aux bulles de gaz (CO^), qu'ils contiennent ;
d) — Enlevez de la lamelle tous les fragments, sauf l'estomac. Ajou-
tez une goutte fraîche de solution saline. Placez le couvre-objet et
210
pressez doucement, de façon à aplatir l'estomac. Examinez, en prenant
soin d'ajuster convenablement le diaphragme ;
e) — Si l'on connaît la structure normale de l'estomac, il n'y a pas
de diffificultés à trouver les zygotes (voir fig. 105) (*).
7j — Les plus jeunes formes sont des corps nettement ovales ou
arrondis, de 6-7 microns, environ les dimensions d'un globule rouge,
contenant des granules de pigment nettement visibles ;
2) — Les formes plus grandes ont une paroi distincte (oocystes),
«t conservent encore du pigment, nettement apparent ;
3) — Les plus grands oocystes ont perdu leur pigment et sont des
cysles nettement définis (40-60 microns), remplis de centaines de
corpuscules en forme de faucilles (sporozoïtes), qui s'échappent à la
rupture.
Coloration des zygotes. — a) — • Introduisez, à l'aide de papier
buvard, un peu de solution de formol à 10 p. c. sous le couvre-objet,
et enlevez ensuite ce dernier avec précauiion : restomac y restera pro-
bablement attaché ;
b) — Lavez à l'eau ;
c) — Colorez légèrement, à l'aide du bleu méthylène ;
d) — Lavez à l'eau, deshydratez et éclaircissez au xylol ;
e) — Montez dans le baume ; on obtient ainsi facilement de bonnes
préparations.
Antres parasites pouvant être rencontrés au cours de la dissection.
M. le Prof. Stephens note : 1) — Des Trematodes, encystés dans le
thorax ou libres dans l'estomac. — 2) — Des Nematodes, dans le thorax
ou la cavité abdominale. Dans les muscles thoraciques, on peut égale-
ment trouver des embryons de filaires. — 3) — Des Sporozoaires :
a) — Masses de corpuscules, en forme de saucisses, dans les glandes
salivaires : b) — Sporocystes contenant huit spores : c) — Gregarines
(libres dans l'estomac ou encystés dans les tubes de Malpighi). —
4) — Des Flagellés. En grand nombre dans l'intestin. Ce sont des
formes Crifhidia. — 5) — Des micro-organismes et Nosema, dans les
diverticula. — 6) — Des ectoparasites. Les formes larvaires rougeâtres
de mites d'eau (Hydraehnidae) sont communes. Stades adultes inconnus.
But de l'élevajje des lar= L'élevage des larves de moustiques au
ves de moMstiques au laboratoire peut servir :
laboratoire. ., a l. • j j n
1) — A obtenir des spécimens adultes
pour l'étude scientifique : ceux-ci sont plus frais et mieux conditionnés
que les individus capturés, qui sont souvent quelque peu abîmés ; (**)
2) — A déterminer à quelles espèces d'Anophèles ou de Culex appar-
tiennent les larves et pupes. les caractères spécifiques des adultes
étant souvent plus faciles à distinguer que ceux des stades larvaires ;
3) — A faire des observations ou des expériences sur l'évolution des
larves et les mœurs des moustiques adultes.
(*) Si les zygotes sont rares (1-2), on les trouvera à l'extrémité postérieure de
l'estomac, tout prè? fies tubes de Malpiiïhi,
(**) Les spécimens adultes, obtenus par élevage des larves au laboratoire.ne seront
tués que douze heures après leur sortie de l'enveloppe pupale, afin de laisser à la
chitine 1« temps de durcir.
211
Récolte des larves et pu- La récolte des larves et pupes de mousti-
pes pour 1'"' — -^^ -•■
laboratoire.
pes pour l'élevage au ^^^^^ ^^ jg^.^ ^^ jjj^j j^^^^ ^ ^^^■^^ç^ mailles,
OU mieux encore à l'aide d'une louche ou
d'un puisoir en émail blanc, les larves étant plus facilement visibles
sur un fond clair. On pourra encore se servir des pièges indiqués en
notre page 140.
Nous rappelons que les larves et pupes d'Anophèles, sont des orga-
nismes fragiles, qui demandent à être délicatement manipulés. De
plus, comme beaucoup de larves ne se développent pas ou meurent
en captivité, il faudra en prendre un nombre suffisant pour parer à
des pertes toujours élevées. *
Transport des larves et Pour transporter en vie les larves et pu-
P"P^*' pes. on pourra se servir de flacons à large
goulot, ne contenant pas plus de 2,5 cm.
d'eau et bien abrités du soleil. Il ne faudra pas réunir trop de larves
dans un même flacon.
S'il y a trop d'eau, trop de larves ou si le soleil échauffe le flacon,
beaucoup périssent pendant le transport. Une faible hauteur d'eau
permet aux larves de venir, sans effort, respirer à la surface.
M. J. C. Legendre (113), a signalé récemment à la Société de Biologie
de Paris, les bons résultats qu'il a obtenus, en expérimentant un nou-
veau moyen de transport des larves de moustiques.
Des larves de Culex récoltées on décembre, dans un fossé, furent
extraites de l'eau et placées dans les conditions suivantes : (1) — Une
couche de larves entre deux couches de mousse humide (a) dans une
boîte sans couvercle ; (b) — dans une boîte avec couvercle percé de
trous ; (2) — Trois couches de larves, séparées par des couches de
mousse humide, dans une boîte hermétiquement fermée.
Les boîtes furent ouvertes après cinq jours, et les larves, replacées
dans l'eau, reprirent leur activité et parurent se développer normale-
ment. Cette expérience a démontré, que les larves de Culex peuvent
rester vivre au moins cinq jours hors de l'eau, dans un récipient fermé,
ce qui facilite grandement leur transport.
Conservation en vie des Les larves et pupes à élever au laboratoire
iTi'U* moustiques t i^^égg ^3„g jgg bocaux, flacons à
au laboratoire. , ' , , , . . . '
large goulot ou autres récipients contenant
de l'eau et dans lesquels elles pourront poursuivre leur évolution. Ces
récipients seront recouverts de gaze ou de mousseline.
Tous ceux qui ont fait dos oxpériences sur les larves do moustiques,
ont constaté combien il est difficile de les conserver vivantes en capti-
vité. M. le Dr Darling. chef des laboratoires de recherches du Départo-
ment d'Hygiène de Panama, a imaginé un procédé qui permet, paraît-il,
aux larves de se développer. Il consiste à injecter, doux fois par jour,
dans l'eau des réservoirs, de fins jets d'air, qui rafraîchissent lo liquide
et en renouvellent l'oxygène.
•212
Conservation en vie des n est souvent nécessaire, pour effectuer
moustiques adultes. .j^^ expériences de prise de sang et de trans-
mission des maladies ou des observations
biologiques, de conserver en vie, au laboratoire, des moustiques
adultes.
S'il s'agit d'adultes provenant de larves élevées au laboratoire, on
laissera échapper dans des « cages à piqûres » ceux qui viennent
d'éclore. Les cages utilisées par MM. Walker, E. L. et Barber, M. A.
(207), aux Philippines, consistaient en verres de lampe, placés chacun
dans un vase de Pétri rempli de sable lavé et constamment imbibé
d'eau. L'extrémité supérieure était fermée par de la mousseline. Lors-
que les moustiques n'étaient pas nourris de sang, on leur donnait des
raisins ouverts, placés extérieurement sur la mousseline. La propreté
était maintenue par de fréquents changements d'eau, de nourriture, et
même de cages.
A Panama, le renouvellement du stock de moustiques adultes néces-
saire aux travaux biologiques, s'effectuait, en récoltant les Anophèles
vivants, dans les maisons de divers villages, et en les envoyant ensuite
au laboratoire.
Il fut trouvé essentiel, pour que les moustiques adultes arrivent dans
de bonnes conditions, de les tenir rigoureusement à l'abri du soleil,
de la pluie et dts forts courants d'air, pendant le transport. Ces insec-
tes paraissaient succomber rapidement, lorsqu'ils étaient exposés à un
vent sec, causant une évaporation qui leur était fatale. Si le transport
s'effectuait dans des cages complètement couvertes de papier, il y avait
peu de pertes.
11 existe différents modèles de « cages à piqûres », destinées à conser-
ver les moustiques en captivité, tout en leur permettant d'effectuer
des prises de sang. Les plus simples sont des récipients de verre à
large goulot, fermés par de la mousseline. D'autres, tels ceux de
MM. Walker, E. L., et Barber, M. A., consistent en des verres de lampe,
agencés comme décrit plus haut.
M. Christophes conseille d'employer, de la façon suivante, de sim-
ples bocaux de verre à large goulot, tels que bocaux à confitures et
autres, fermés par un bouchon à vis.
Après avoir lavé et séché le bocal, on y place diagonalement une
bande de carton, puis on le renverse sur son bouchon, qui contient
une petite quantité d'eau et quelques bandes de papier filtre. Les
moustiques introduits dans le récipient, se déposent sur le carton et
y restent au repos. Pour les nourrir, le goulot ouvert du bocal est placé
sur l'avant-bras, ce qui se fait en glissant sous l'ouverture une feuille
de carton et en la retirant lorsque le bocal est en place. L'opération
inverse est faite pour replacer le bocal sur le bouchon. Les bocaux
contenant les moustiques vivants, devront être étiquetés et placés dans
une armoire. Par temps froid, ils seront conservés dans des incuba-
teurs, à une température d'environ 24° C. Ils seront vérifiés journel-
lement et les moustiques morts, ainsi que le papier filtre souillé,
seront régulièrement enlevés.
On peut encore utiliser, pour la conservation des moustiques adultes,
de petites cages de bois, de forme parallélépipédique, ayant environ
213
15 cm. de longueur, 10 cm. de largeur et 10 cm. de hauteur. Ces
cages sont fermées, sur deux côtés, par de la mousseline ou de la toile
n.étallique et un trou muni d'un bouchon, permet l'introduction des
itisectes. Il existe deux modèles de ces cages, l'un destiné au transport
(toile métallique), et l'autre à l'alimentation (mousseline). Ces cages
ont été construites, d'après les indications de Sir David Bruce, par la
maison Baird et Tatlock. de Londres. Elles sont destinées aux tsétsés,
mais peuvent également servir aux moustiques.
En dehors des prises de sang, les moustiques adultes sont ordinai-
rement nourris dans les cages, à l'aide de bananes mûres. Le Dr Dar-
ling a trouvé toutefois, que la banane provoquait la formation, dans
l'estomac du moustique, de fermentations acides, fatales à l'insecte.
Les dattes et les raisins, avec un peu d'eau, constituent de meilleurs
aliments, qui conservent plus longtemps les moustiques en vie.
215
RÉSUMÉ.
Principales mesures de protection à prendre dans [es pays chauds^
contre les moustiques qui transmettent des maladies.
1. — Les moustiques sont nuisibles parce qu'ils piquent, sucent le
sang et peuvent transmettre à riiomme des maladies contagieuses,
dont la plus connue au Congo est la malaria ;
2. — Les moustiques les plus dangereux, sont ceux qui vivent dans
le voisinage de l'homme et pénètrent dans les maisons. Les uns atta-
quent jour et nuit (femelle du Stegomyia de la fièvre jaune), les autres
au crépuscule ou durant la nuit seulement (femelles des Anophèles
de la malaria) ;
3. — Les larves de tous les moustiques vivent dans l'eau. Celles
des Anophèles de la malaria, se développent dans les agglomérations
Naturelles d'eau, qui ne sont pas trop profondes et ne sont pas trop
encombrées par la végétation (mares et marais, étangs, bords des
rivières et des lacs, flaques d'eau, etc.). Les larves du Stegomyia de la
fièvre jaune et celles des divers autres moustiques domestiques se
développent à l'intérieur des habitations et dans leurs dépendances,
dans tous les petits récipients artificiels contenant de l'eau : vases,
tonneaux, citernes, boîtes vides, bouteilles cassées, etc.
Protection contre la piqûre des moustiques
Pour se protéger contre la piqûre des moustiques, en régions mala-
riées, les moyens suivants sont conseillés :
1. — Construire sa maison à bonne distance (un kilomètre au
moins) de toute masse d'eau contenant des larves. Il faut également
s'éloigner à plus de 400 mètres des agglomérations indigènes, les
nègres étant des fovers d'infection malariale pour les blancs (voir
p. 82) ;
2. — Dormir dans des lits ou tentes pourvus de moustiquaires en
bon état. Les rideaux de la moustiquaire seront soigneusement repliés
sous les matelas, de façon à ne laisser aucun interstice permettant
l'accès des moustiques (voir p. 94) ;
3. — Fermer hermétiquement toutes les ouvertures de sa maison :
portes, fenêtres, vérandas, bouches d'aérage, cheminées, par du tissu
métallique, ayant de 7 à 8 fils par centimètre (voir p. 96) ;
4. — Se frotter, avant de s'endormir, les parties découvertes du
corps (figure, cou, mains), avec une lotion dermique, à base d'huiles
essentielles, qui éloigne les moustiques (voir p. 82) ;
5. — Faire un usage journalier de quinine. Le Dr C. Christy recom-
mande une dose de 25 centigrammes de quinine, prise à 40 heures
du soir.
216
Destruction des moustiques adultes.
Il est important de détruire indistinctement tous les moustiques
adultes qui hantent les habitations. A cette fin, on pourra utiliser :
a) Des fumigations à l'aide de substances dont la fumée ou les
vapeurs tuent les moustiques. Les plus recommandables de ces substan-
ces sont : les poudres de pyrèthre (1 livre par 25 m^ d'air), l'anhydride
sulfureux (2 livres de soufre par 25 ni^ d'air), le crésyl ( gr. par ni'
d'air), un mélange de camphre et d'acide phénique (75 à 100 gr. par
23 m' d'air), etc. (voir p. 110) :
b) Des aspersions avec liquides culicides. à base de savon (voir
page 115) ;
c) Des appareils de capture : pièges à main, servant à prendre les
moustiques dans les chambres, avant de se coucher, et pièges fixes,
placés à demeure dans les locaux infestés par les moustiques Anophèles
et où ces derniers se réfugient pendant le jour (voir p. 117).
Il faut également protéger tous les ennemis naturels des moustiques
adultes. Les principaux sont les chauves-souris, les oiseaux insectivores,
les lézards et grenouilles, les araiunées. les libellules, les fourmis, etc.
(voir p. 123).'
Destruction des larves de moustiques
Pour détruire les larves de moustiques, on peut, soit supprimer les
agglomérations d'eau dans lesquelles elles se développent soit tuer les
larves elles-mêmes.
A. SUPPRESSION DES MILIEUX OU SE DÉVELOPPENT LES LARVES.
Cett-. suppression peut se faire :
1. — En recherchant à l'intérieur des habitations, dans les cours
et dépendances, tous les endroits où séjourne de l'eau : vases, ci-
ternes, tonneaux, gouttières obstruées, abreuvoirs, rigoles, etc., et
en les traitant d'une manière appropriée. On pourra, par exemple,
les vider, les nettoyer, les enlever, les couvrir, les retourner, suivant
les cas (voir page 128).
Il faudra également inspecter soigneusement tous les terrains avoi-
sinant les habitations, ainsi que les tas d'ordures et de décombres.
On y trouvera beaucoup de réservoirs à larves, tels que boîtes à con-
serves vides, vieilles casseroles, tessons de bouteilles, coques et coquil-
les vides, etc., qui retiennent des quantités, même minimes, d'eau de
pluie.
2. — En débroussant les cours ainsi que les terrains vagues qui se
trouvent dans Its agglomérations ou dans leurs environs immédiats.
Cette opération permet de découvrir tous les petits endroits favorables
au développement des larves de moustiques ; de plus, elle chasse les
moustiques adultes, qui se réfugient pendant le jour dans la végétation
basse et les hautes herbes (voir p. 121).
2)7
5. — En comblant, dans un certain rayon autour des habitations,
loutes les petites dépressions pouvant contenir l'eau des pluies : petites
mares, flaques d'eau, etc. Comme matériaux de remplissage, il faut
employer des terres perméables (voir p. 141) ;
4. — En drainant par fossés ouverts ou conduites bétonnées, les
marais, terrains marécageux ou inondés, se trouvant à moins d'un
kilomètre des habitations. Cette opération, bien exécutée, est radicale,
mais elle est souvent coûteuse (voir p. 142);
5. — En débarrassant de leur végétation, les berges des cours
d'eau, les rives des étangs et des lacs et en enlevant les plantes aquati-
ques qui servent de refuge aux larves (voir p. 150) ;
6. — En nettoyant les rigoles, fossés, drains et petits cours d'eau,
et en régularisant leur écoulement (voir p. 143).
B. DESTRUCTION DES LARVES
1. — Le procédé le plus employé, pour détruire les larves, dans les
flaques, mares et pièces d'eau qui ne peuvent être asséchées par com-
blement ou drainage, consiste dans l'épandage à la surface, d'une
mince couche de pétrole brut (mazout) ou autre (voir p. 151).
Le pétrole tue les larves, en les empêchant de venir respirer à la
surface et probablement aussi en les empoisonnant.
Sous les climats tropicaux, il faut en moyenne de 10 à 20 .^rammes
de pétrole par mètre carré de surface liquide. L'application devra
se faire toutes les semaines ou au minimum tous les dix jours. Une
boîte à lait condensé remplie de pétrole, est suffisante pour recouvrir
d'une couche uniforme, une mare d'environ 20 mètres carrés
(voir pp. 157-158).
Pour les petites pièces d'eau, il suffira de verser le pétrole en un
point quelconque de la rive ou de le lancer à la volée dans la direction
du vent. Pour les plus grandes surfaces, on se servira d'appareils
spéciaux : pompes et pulvérisateurs. Il existe également des appareils
distributeurs automatiques, pour l'épandage du pétrole sur les eaux
courantes (voir p. 159).
2. • — On peut encore empoisonner les larves dans les eaux, en y
versant dos produits larvicidcs spéciaux (voir p. 1G2).
5. — Enfin, la destruction des larves dans les réservoirs, tanks
d'eau de pluie, mares et étangs, peut encore se faire en y introduisant
de petits poissons qui en font leur nourriture. Il existe dans les eaux
congolaises, de nombreuses espèces de petits poissons culiphages.
(voir p. 181).
13
219
APPENDICE
CLEF POUR LA DÉTERMINATION DES ESPÈCES AFRICAINES
D'ANOPHELES
Dressée par M. F. W. Edwards, B. A., F. E. S.
Assistant au Département d'Entomologie du Briiish Muséum
(Natural History) de Londres (*).
ANOPHELES AFRICAINS
1 — Thorax à écailles largement elliptiques
distinctes (excepté chez A. Christiji.j;
palpes de la femelle avec écailles irré-
gulièrement dressées; abdomen ordi-
nairement plus ou moins écaillé 2
Thorax revêtu de poils ou d'écaillés
étroites, semblables à des poils;
écailles des palpes de la femelle ordi-
nairement comprimées; abdomen sans
écailles sur la face dorsale 13
2 — Ecailles abdominales manifestement
présentes sur tous les segments 3
Ecailles abdominales absentes ou si pré-
sentes, confinées aux segments ter-
minaux (« Nyssorhynchus ») 8
3 — Ecailles abdominales formant des
touffes latérales saillantes distinctes
I Nyssorhynchus ( = CeUiaj j 4
Ecailles abdominales ne formant pas de
touffes (Neocelliaj 9
4 — Dernier article des tarses postérieurs
clair, ou au moins à pointe claire 5
Dernier article de tous les tarses en-
tièrement foncé 7
5 — Dernier article des tarses antérieurs et
médians entièrement foncé; espèce
jaunâtre, plutôt grande (5-6mm.) (") 1 pharoensis (§) (*")
Dernier article des tarses antérieurs et
médians clair ou à pointe claire;
espèces plus petites et moins jaunes
(4,5mm. ou moins) 6
6 — Dernier article de tous les tarses, com-
plètement jaune; les autres articles
régulièrement annelés de noir et de
jaune; espèce très petite (3mm.) 2 cinetus
Dernier article de tous les tarses à poin-
te blanche, les autres articles non an-
nelés; espèce plus grande 3 JacoM
7 — Tarses postérieurs entièrement noirs 4 argenteolobatus
(•) Cette clef, d-int nous donnons la traduction, a été publiée dans le numéro de
novembre 1912, du Btilletin of Entomological Research de Londres. (Vol.III,Pt.3,p.241.)
(**) Sauf indication contraire, les mesures donnent la long:ueur du corps, à l'ex-
clusion de la trompe.
(***) Les espèces connues comme transmettant la malaria, sont indiquées par le
signe (§).
220
Quatre premiers articles des tarses pos-
térieurs avec anneaux blancs à l'ex-
trémité 5 squaniosus
8 — Dernier article des tarses blanc; petite
espèce {3.5mm.) 6 maculicosta
Dernier article des tarses non blanc;
grande espèce (7mm.) 7 Christyi
9 — Tarses postérieurs entièrement foncés;
trois bandes blanches aux palpes de la
femelle, les deux premières étroites. 8 bnmnipes
Deux ou trois derniers articles des tarses
postérieurs blancs lU
10 — Palpes avec quatre bandes blanches
étroites; écailles des ailes lancéolées;
pattes tachetées 9 aureosquamiger
Palpes à trois bandes, les deux der-
nières plutôt larges; les écailles des
ailes beaucoup plus étroites Il
11 — Fémurs et tibias tachetés de blanc 12
Fémurs et tibias sans taches blanches 10 rulipes
12 — Palpes tachetées de blanc 11 maculipalpin (§)
Palpes sans taches blanches 12 pretoriensis
13 — Abdomen avec des touffes latérales
d'écaillés très longues et minces, sur
chaque segment (Christyaj 13 implexus
Abdomen sans touffes d'écaillés laté-
rales 14
14 — flfcailles des ailes principalement jaunes;
les taches noires sur les nervures très
réduites, mais trois marques noires
longues ei une courte sur la costa et
la première nervure, les deux pre-
mières presque réunies 15
Ailes non marquées de cette façon 16
15 — Les 2 3/4 derniers articles des tarses
postérieurs blancs 14 Theileri
Les derniers articles des tarses posté-
rieurs foncés 15 Wellcomei
16 — Ailes avec au moins trois taches pâles
sur le bord antérieur (les espèces dou-
teuses sont comprises dans la division
suivante (Muzomyiaj 17
Ailes avec au plus deux taches pâles sur
le bord antérieur 36
17 — Derniers articles des tarses postérieurs
blancs; pattes tachetées 10 natalensis
Derniers articles des tarses postérieurs
non blancs 18
18 — Fémurs et tibias plus ou moins tachetés
de blanc; tarses distinctement an-
nelés aux jointures 19
Fémurs et tibias n'ayant pas de taches
blanches j:3
19 — Métatarses postérieurs avec environ
cinq anneaux blanchâtres, étroits et
bien marqués; palpes de la femellp
avec quatre anneaux blancs étroits. 17 ardensis
Métatarses postérieurs sans anneaux
distincts; palpes de la femelle avec
trois anneaux blancs, le dernier
large 18 costalis (§)
20 — Troisième nervure avec trois surfaces
foncées et deux claires: palpes du
mâle avec la massue princii)alement
221
jaune, comme chez costalis 19 paUidopaIpi
Troisième nervure ayant seulement
deux surfaces foncées (près de la base
et de la pointe), ou entièrement foncée 21
21 — Palpes de la femelle, à pointes blanches;
base de la première cellule fourchue,
plus près de l'extrémité de l'aile que
celle de la seconde cellule; espèce
petite, très foncée 20. nili
Palpes de la femelle, avec trois ou qua-
tre anneaux blancs 22
22 — Troisième nervure en grande partie
(lunestus, forme type et culici[aciesl
ou complètement foncée; mesonotum
revêtu de poils 23
Troisième nervure en grande partie pâle 26
23 — Tarses postérieurs avec des anneaux
pâles bien distincts; champ des ailes
avec quelques taches pâles 21 longipalpis
Pattes entièrement foncées 24
24 — Champ des ailes entièrement foncé;
aucune écaille pâle, même à la base
des cellules fourchues 22 rhodesiensis
Taches pâles présentes à la base des
cellules fourchues, même chez les
spécimens les plus foncés 25
25 — Espèce la plus claire, méditerranéenne
et orientale 23 cuHci(acies (§)
Espèce la plus foncée (très variable);
éthiopienne 24 lunestus (§)
26 — Palpes de la femelle à pointes noires "'
Palpes de la femelle à pointes blanches
(chez A. cinereus, les écailles blanches
de la pointe sont faciles à enlever!; le
mesonotum avec des écailles étroites,
mais bien distinctes ^"
27 — Pas d'écaillés foncées sur la première
cellule fourchue ou sur la branche
antérieure de la seconde 25 impunctus
Taches foncées présentes (quoique par-
fois petites) sur la première cellule
fourchue 28
28 — Le revêtement du mesonotum consistant
en poils 26 hispanioln (§)
Le revêtement du mesonotum consistant
en écailles étroites 29
29 — Troisième et quatrième taches costales
plus petites: première cellule fourchue
principalement à écailles pâles 27 rhaudoyei
Troisième et quatrième taches costales
plus larges; première cellule fourchue
principalement à écailles foncées... 28 multicolor
30 — Dernier article des palpes de la femelle
en grande partie foncé, mais pâle à
chaque extrémité: grande espèce,
ayant une longueur d'aile d'environ
5mm 29 cinereus
Dernier article des palpes de la femelle
en crrande partie ou totalement blanc 31
31 — Tarses foncés; anneau médian des
palpes de la femelle plutôt étroit 32
Tarses avec articulations pâles 33
32 — Longueur moyenne des ailes: 3.8mm. 30 Iransvnalensis
Longueur moyenne des ailes: 3mm. 24 lunestus (§)
222
33 — Grande espèce (environ 5mm.), méditer-
ranéenne 31 superpictus
Plus petite; éthiopienne; les anneaux
médian et terminal clairs des palpes
de la femelle sont presque égaux et
plutôt larges; articles des tarses avec
des anneaux jaunâtres étroits 34
34 — Espèce grande, foncée (3,5 à 4,5mm.);
troisième et quatrième taches costales
plus grandes 32 Marshalli
Espèce plus petite et plus claire (3 à
3,2mm.); troisième et quatrième taches
costales plus petites 35
35 — Une tache noire à l'extrémité de l'aile 33 Pitchlordi
Pas de tache noire à l'extrémité de
l'aile 34 ilavicosta
36 — Thorax revêtu d'écaillés étroites; taches
claires des ailes plus nombreuses 37
Thorax revêtu de poils (sauf les écailles
près du bord antérieur); ailes très
foncées ou tout au moins d'une cou-
leur uniforme 39
37 — Les deux dernières bandes des palpes
(chez la femelle) presqu'égales et plu-
tôt larges — comme chez A. Marshalli.
articles des tarses avec, à l'extrémité,
des anneaux blancs plutôt larges. 35 Ausleni
Palpes de la femelle avec quatre anneaux
blanchâtres étroits; l'article terminal
ayant au milieu un anneau foncé 38
38 — Nombreuses écailles fourchues jaunes
sur la tête; pattes foncées, tarses à
peine annelés 36 dislinctus
Pas d'écaillés fourchues jaunes sur la
♦ête; fémurs et tibias tachetés de
blanc; tarses distinctement annelés
aux jointures 18 costalis var. mêlas
39 — Deux ou trois derniers articles des tarses
postérieurs blancs; femelle avec une
touffe d'écaillés sur le côté ventral du
dernier segment abdominal (Myzo-
•rhynchusj 37 mauritianus (paludisj (§)
Derniers articles des tarses postérieurs
non blancs; femelle sans touffe
d'écaillés ventrales 40
40 — Espèces noirâtres; ailes avec quelques
taches pâles 41
Espèces plus claires; ailes sans aucune
tache pâle 42
41 — Palpes de la femelle à écailles irrégu-
lièrement dressées; écailles pâles des
ailes présentes, surtout sur les 4™»,
5me et G'oe nervures 38 umbrosus (§)
Palpes de la femelle à écailles com-
primées : écailles pâles des ailes moins
nombreuses et présentes, surtout sur
la première nervure 39 Smithii
42 — Ailes avec taches foncées formées par
accumulation d'écaillés 40 maculipennis
Ailes sans aucune tache foncée ; 43
43 — Première cellule fourchue plus longue
que la seconde 41 algeriensis (§)
Cellules fourchues d'égale longueur. 42 antennatus
223
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE
DES ESPÈCES AFRICAINES D'ANOPHELES.
ESPECES
COLONIES OU L ESPECE A ETE
SIGNALÉE
A. pharœnsis Theob.
A. cinelus, Newst. et Carter.
A. lacobi., Hill et Hayd.
A. argenteolobaius, Gough.
A. squamosus, Theob.
A. maculicosta, Beck.
A. Christyi, Newst. et Carier.
A. brunnipes, Theob.
A. aureosquamiger, Theob.
A. rulipes, Gough.
A. maculipalpis, Giles.
A. pretoriensis, Theob.
A. implexus, Theob.
A. Theileri, Edw.
A. Wellcomci, Theob.
A. naialensis, Hill et Hayd.
A. ardensis Theob.
A. costalis, Theob.
A. pallidopalpi, Theob.
A. nili, Theob.
A. longipalpis, Theob.
A. rhodesiensis, Theob.
A. culicifacies, Giles.
Egypte, Soudan, Gambie, Côte de
l'Or, iNigérie N. et S., Togo, Congo
belge, Angola, Rhodésie S., Baie de
Delagoa, .Madagascar, .A.sie occiden-
tale. (*)
Achanti.
Natal.
Transvaal, Rhodésie N. E.
Egypte, Soudan, Nigérie N., Sierra-
Leone, Côte de l'Or, Angola, Natal,
Transvaal, Rhodésie S., Nyassaland,
Afrique orientale anglaise, Zanzibar,
Madagascar.
Egypte.
Ouganda, Afrique orientale anglaise
(Njoro et Nairobi).
Angola.
Transvaal.
Afrique orientale anglaise, Côte de
l'Or, Nigérie N. et S.
Transvaal, Rhodésie S., Angola, Congo
belge, Nigérie N., Afrique orientale,
Maurice, Indes.
Transvaal, Natal, Côte de l'Or (Nord),
Asie occidentale.
Ouganda, Nyassaland.
Transvaal, Nigérie.
Soudan, Nigérie N., Angola.
Natal.
Natal.
Espèce commune dans toute rAfrique
(région éthiopienne) et dans les îles voi-
sines. Asie occidentale.
Sierra-Lsone.
Soudan, Nigérie N. et S., Togo.
Afrique orientale anglaise, Nyassa-
land.
Rhodésie S., Transvaal, Sierra-Leone,
Asie occidentale.
.\lgérie, Asie occidentale, Indes.
(•) Par Asie occidentale nous entendons l'Asie minea-e, la Syrie, la Palestine,
l'Arabie, la Mésopotamie, la Perse, le Turkestan, l'Afganistan et le Baloutchistan.
Christophers S. R. a donné un aperçu de la faune anophelieane de ces régions dans
Indian Jl. Med. Res., Calcutta, d'avril 1920 (A. Sumtnary of récent Observations
on the Anophèles of the Middle East).
224
ESPÈCES
COLONIES ou l'espèce A ÉTÉ
SIGNALÉE
A. lunestus, Giles.
Espèce distribuée dans toute VAirique
(région éthiopienne), mais plus com-
mune en Afrique occidentale.
n A. impunctus, Dônitz.
Egypte.
n A. hispaniola, Theob.
Algérie, Espagne.
(*) A. Chaudoyei, Theob.
Algérie, Chypre, Indes.
n A. multicolor, Camb.
Suez, Le Caire.
A. cinereus, Theob.
.\den, Afrique orientale anglaise, Rho-
désie S., Transvaal, Natal, Cap, Asie
occidentale.
A. transvaalensis, Carter.
Afrique orientale anglaise, Transvaal»
Natal.
A. superpictus, Grassi.
Mashonaland (?) Asie occidentale.
A. Marshalli, Theob.
Ouganda, Afrique orientale anglaise.
Nyassaland, Rhodésie S., Transvaal,
Angola.
A. Pitchfordi, Giles.
Zoulouland, Angola, Congo .belge^
Ouganda.
A. llavicosta, Edw.
Nigérie N.
A. Austeni Theob.
Angola.
A. distinctus, Newsl. et Carter.
Rhodésie N. E.
A. mauritianus, Grandpré
Espèce distribuée dans toute l'Afrique,.
Ipaludis, Theob.)
mais peu commune.
A. umbrosus, Theob.
Côte de l'Or, Nigérie S., Congo belge
(Coquilhatville 1910), Cameroun. Etats
malais.
A. Smithii, Theob.
Sierra-Leone.
A. macuUpennis, Mg.
Algérie, Tunisie, Egypte (?), Europe,
Amérique du Nord (?), Asie occidentale.
A. algeriensis, Theob.
Algérie.
A. antennatus, Beck.
Egypte. (")
(») D'après le Dr L. H. Gough (Bidl. Entom. Research, VoL V, 1914-15, pp.l53-
135), les quatre espèces: A. impunctus, A. hispaniola, A. Chaudoyei, A. multicolor ,
sont toutes synonymes A' A. multicolor Camb. et de plus, l'espèce asiatique A. (My
zomyia) turkhudi est égatement la même.
(**) D'après le Capt. P. H. Bahr (11), on rencontre également en Egypte, A.
(Myzomyia) turkhudi (Egypte) et A. palestinensis (Sergenti) (Egypte, Algérie,
Espagne), et d'après M. G. Sterey (1%), A. bifurcatus L.
BIBLIOGRAPHIE
I. — Liste des Ouvrages et Travaux cités.
i\.-B. — Cette liste ne donne que les ouvrages et travaux cités dans
la brochure. Elle ne peut être considérée comme une bibliographie
complète sur les moustiques, qui prendrait un grand nombre de
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— Ouvrages Généraux.
Dans la liste ci-après, nous donnons quelques-uns des principaux
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renseignements plus complets sur la biologie des moustiques ou sur
certains moyens de lutte contre ces insectes.
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Yellow-Fever and its Prévention; a Manual for médical Siu-
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III. — Mémoires concernant les Moustiques
ET les maladies QU'iLS TRANSMETTENT,
PUBLIÉS PAR l'Ecole de Médecine tropicale de Liverpool.
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Ronald Ross, C.B., F.R.S., F.R.C.S. 2 s. 6 d.
2.— Report of the Malaria Expédition to Sierra-Leone (1899). By Ronald
Ross, D.P.H., M.R. es.; H.E. Annett, M.B., D.P.H., and E.E.
Austen. 21 s.
3 et i.— Report of the Malaria Expédition ta Niqeria (1900). Bv H. E.
Annett, M. D., D.P.H.; the late J. E. Dutton, M.B., Ch.B., and
J.FL Elliott, M.D.— Part I : Malanal Fever etc. 10 s. 6 d.—
Part IL Filariasis.
5 ,.|, 6.— Pari I : Flrsl Proqiess Beporl on Ihc Cumpaifin auaitisl Mosqiii-
toes in Sierrâ-Leone (1901). By Major R. Ross, F.R.C.S.,
D.P.H., F.R.S.— Part II : Second progrcss Beport nn the Cam-
vaign against Mosquitoes in Sicrra-Leone. By M. Logan Tay-
lor, M. B.
7.— Report ai the Yellow Fever Expédition ta Para (1900). By H. E. Dur-
ham, M.B., F.R.C.S., and the Ints Walter Myers, M. B. 7 s. 6 rt.
S.— Report on the Sanitary Condition of Cape Coast Town (1902). By M.
Logan Taylor, M. B., Ch. B. 1 s.
d.—Report on Malaria at Ismailia and Suez (1903). By Ronald Ross,
F.R.C.S., D.P.H., F.R.S., C.B. 1 s.
-iO.— Report ol the Malaria Expédition io the Gambia (1902). By the late
J.E., Dutton, M.B., Ch. B. 15-s.
11.— The Anti-Malaria Measures at IsmaUia (1904). By Rubcrt Boycc, M.B.,
F.R.S. Is.
1^.— Report on Ihc SanUalion and anli-malarial Measures in Practice in
Bathurst. ('onakry and Freeloxun (1905-. By Rubert Boyce,
M.B., F.R.S. , Arthur Evans, M. R., C.S., and H. Herbert
Clarke, M.A., B.C., 5 s.
\Z.— General Sanitalion and anti-malarial Measures in Sekondi, the Gold-
Uelds and Kumessi, and a Comparison between the Condi-
tions o{ European Résidence in India. By Lieut.-Colonel Giles
7 s. 6d.
li:—Yelloio Fever Prophylaxis in New Orléans in 190.5. By Rubert Boyce,
M.B., F.R.S. 5 s.
15.— I.— L« Prophylaxie de la Malaria dans les principaux postes die
VEtat Indépendant du Congo. By the late J. Everett Dutton,
M.B., and John L. Todd, B.A., M.D.
IV. — Périodiques'
Oans la listo ci-après, nous donnons les principales publications
pctiodiques, dans lesquelles paraissent couramment des études sur
les moustiques el les maladies qu'ils transmettent.
FRANCE.
Annales de VInstitut Pasteur, fondées par E. Duclaux, Masson et Cie,
Paris. Paraissant depuis 1887.
Bulletin de VInstitut Pasteur, fondé en 1903, Institut Pasteur, Paris.
Archives de Parasitologie publiése par le Prof. R. Blanchard, depuis 1898,
Paris.
Bulletin de la Société de Pathologie exotique, fondé en 1908, Institut Pas-
teur, Paris.
Comptes rendus de la Sociale de Biologie de Paris, Masson et O^, Paris.
ANGLETERRE ET COLONIES.
Annals o/ Tropical Medicine and Parasitology (front 1907), Liverpool
School of Tropical Medicine.
Parasitology, edited by G. H. F. Nuttall, F.R.S. and A. E. Shipley, F.R.S.,
Cambridge University Press, Cambridge.
The Journal of the London School of tropical Medicine, published from 1912,
by the London School of tropical Medicine.
The Journal of tropical Medicine and Hygiène, published from 1898, Lon-
don.
Bulletin of the Yellow Fever Bureau, LiverpooL
Tropical Diseases Bullelin, published from 1912, by Uie Tropical Diseases
Bureau, Impérial Inslitute, London S. W. (bi-mcnsuel).
Bullclin ol Enlomological Research, published from 1910 by Ihe Impérial
Bureau of Enlomology, British Muséum (Nalural History),
Cromwell Road, London, S. W. (trimestriel).
The Revicw ol applied Enlomology, Séries B, Médical and Velerinary, pu-
blished from 1912, by Ihe biipcrial lîureau of Entomology,
89, Queen's Gaie, London, S. W. 7.
Iiiilian Journal o[ Médical Research, Calcutta, India.
lirports ol the Wellcome tropical Research Laboratories ai ihe Gordon
Mémorial Collège, Khartoum, Vol. A, Médical (Anglo-Egyptian
Sudan), Bailliéra, Tindall & Co\. London.
l'iihlifdlidiis i)( the South african anti-malarial Association, .loliuimesburg,
Soulli Africa.
ETATS-UNIS.
Journal ol inleclious Diseases, Chicago, tUS.A.
MiUtary Surgeon, Washington, U.S. A.
American Journal ol tropical Diseuses and préventive Medicine, New
Orléans, U.S.A. ,
\'ew Orléans Médical and Siirgciy Journal, New Orléans, U.S.A.
Public Health Reports, issued by the Public Health Service, Washington,
U.S.A. (hebdomadaire).
Tlie Journal ol Economie Entomologij, Editor, Dr. E. P. Felt, State Euto-
mologist of New York.
Bulletins and Circulars of ihe Enlomological Bureau, U. S. Départ, of
Agriculture, Washington, U.S..\.
Tlic Panama Canal Record, Balboa Heights, Canal Zone, Isthmus of
Panama (hebdomadaire).
PhilippiJic Journal ol Science, Manila, Philippines.
ALLEMAGNE.
Archiv. lur SchiUs xmd Tropenhygiene, fondées en 1900, Leipzig (mensuel).
Ce.ntralhlatt fur Buktcriologie, Parasitenkunde and Infchiions Krankhei-
len, fondé en 1887, léna.
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Geneeskundig Tydscluilt voor Nederlandsche Indië, Batavia, Ned. Indië.
MedelceUngen Burgerlijk Geneestkundigen Diensl Nederlandscli-Indii', Bij
tavia en Welte\Teden (.Java) Ned. Indië.
La Malariologia, Napoli, Italia.
Malaria e Malattie dei Paesi Caldi, Roma, Italia.
Brazil-Medico Rio de Janeiro, Brazil.
Memoriû l7istituto Osicaldo Cruz, Rio de Janeiro, BrazU.
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